Serge Pey
Avec ce que tu fais de ta langue,
je te dirai ce que tu fais de ta société
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Avec ce que tu fais de ta langue,
je te dirai ce que tu fais de ta société
J’aimerais bien partir d’ici
Retrouver l’empreinte d’une crinière
Dans le vent
Un galop d’avant la parole
Il me suffirait pour cela
De siffler
Lascaux
Un cheval y manquerait.
in Triptyque du veilleur
Quand je suis arrivé
C’était à peu près comme ça
Je n’ai pas trouvé ça très intéressant
J’ai pensé partons et j’ai fait demi-tour
Mais je n’étais venu par aucun chemin
Je n’étais pas venu du tout
J’avais toujours été là
in Traction Brabant 53
le poète est un bestiaire monstrueux un zoo une réserve naturelle une pampa à nu d’improbables croisements ensauvagent la nuit, une banquise lézardée où le blanc et le sang s’empoignent dans les silences
in Les yeux des chiens
ILS
Tombent amoureux
Comme pour rire
ILS
disent que ce n`est pas drôle
in Mais qui sont-ils ? Minicrobe 33
Et ses poèmes lie-de-vin
de fond de bouteilles
avec ses visions ahuries
qui grimpent au mur comme des souris
Je pèse mes chaînes
Je savoure mes poisons
et l’eau simple des gouttières
fait des trous dans ma maison
in Sous les couteaux des horloges
Sur le plan spirituel, toute douleur est une chance ; sur le plan spirituel seulement
in pensées étranglées
Sur le lit
Le temps file
Comme une souris grise
Il grignote des dents
Des glottes et des rêves
in Penser maillée
Si toute porte se ferme c’est qu’elle peut aussi s’ouvrir
Écrire, effraction dans la voix de l’autre
in Promesse achevée à bras nus
Unique ambition : être à hauteur de l’instant.
in Disponibilité
J’aimerais pourtant encore une dernière fois
marcher sur le sentier
qui va vers nulle part
même vers une grange pleine de foin
qui sent les brebis et la camomille
même vers une touffe de châtaigniers
vers un ancien feu allumé par des chasseurs
vers l’empreinte d’un ours
le long d’un ruisseau de rouille
in Vous qui passez par Roncevaux
Je cherche toujours à communiquer quelque chose d’incommunicable, à expliquer quelque chose d’inexplicable. Ce n’est peut-être rien d’autre, au fond, que cette fameuse peur dont je parle si souvent, mais étendue à tout : peur du grand et du petit ; peur convulsive de dire un mot. Peut-être pourtant, à vrai dire, cette peur n’est-elle pas uniquement peur, mais aussi désir passionné de quelque chose de plus grand que tout ce qui la provoque.
il veut tout dire de l’univers abrupt
qui se précipite en lui en cascades violentes
il étouffe il ahane il aspire il chante
il meurt il est mort sa voix de caverne dorée
habite des demeures qui n’existent plus, le poète est hanté
in Les yeux des chiens