Saïd Mohamed
La dentelle des jours nous pousse à faire escale
dans les ports aux romances inachevées,
à chercher dans la multitude des petits riens
ces choses de peu qui manquent le plus.
in L’éponge des mots
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La dentelle des jours nous pousse à faire escale
dans les ports aux romances inachevées,
à chercher dans la multitude des petits riens
ces choses de peu qui manquent le plus.
in L’éponge des mots
Je longe le long sillon qui conduit aux morts muets.
Je songe à la neige, aux chevaux de feu,
à l’hiver des paroles.
Je vois des bois brûlés, des vaisseaux échoués,
des mouettes prises par le gel.
Je longe le fleuve de sang et de larmes
qui traverse les inquiétantes ruines.
Je sens l’odeur des prédateurs, l’urine
de la hyène, la matière fécale des jeunes bébés.
J’écris à partir d’un noyau de nuit.
J’écris à partir d’une tranchée noyée de boue.
J’écris corde au cou.
La trappe déjà tremble sous mes pieds.
Je longe le marbre froid qui donne le frisson
et chante une très étrange et vieille chanson,
qui dit qu’aujourd’hui et pour toujours
le ver est dans le fruit.
J'ai reçu la vie comme une blessure et j'ai défendu au suicide de guérir la cicatrice.
Paroles du Thibet
Il est dit autrefois
Qu'errant éperdue dans l'informe
Eparse dans l'obscurité
La pauvre ombre sans graisse du mort
La bouche pleine de terre
Dans le noir sans mémoire tourbillonne il fait froid
L'espace ne connaît que le glissement glacé des larves
in Sacre et massacre de l’amour
Du vieux foetus aïeul
A notre mère putride
La pourriture aïeule
En robe de phosphore
in Sacre et massacre de l’amour
Voyage au bout
de l’inguérissable
où les dieux se sont perdus
où l’homme demeure
en transe éblouie
au centre de l’obscur
in Dans la tanière obscure du soleil (Encres Vives 398)
ILS
font dans
la dentelle
ILS
aiment aussi
faire dans les bois
Ils ne sont pas difficile.
in Mais qui sont-ils ? (Minicrobe 33)
Tiens, je te donne mon silence.
Une pousse de rien, immense dans le verbe taire.
Une petite marguerite que l’on piétine.
Une fleur un peu
Une fleur beaucoup
Une fleur contre la tempe.
c’est le déluge rouge
charrieur de sorts
immondes poupées molles
pendues, ventrues, barbues
aux fenêtres désertes
in Avec l’hiver
C’est un vide en perpétuels évitements, des coups d’œil déparés, exigus,
des caps toujours tenus, hypnotiques
Les rêves rebroussent chemin, étouffés sous les pas heurtés de la ville ;
les rêves éventrés gisent sur les pavés standards
in A travers l’écran (Traction Brabant n°40)
quand au fond des choses il n'y a plus de fond, mais simplement rien
derrière l'ombre, la nuit et la douleur
& être le survivant d'une lumière qui n'est plus de ce monde
qui marche dans le vent meurt dans la tempête
écrasé dehors anéanti dedans et recroquevillement dans la valve de cet écroulement & disparaître dans le miroir noir de l'éclipse de ce monde
& le risible lèche sa plaie
chaque signe n'est qu'une fente d'encre entrée dans le néant de la conscience afin de la maintenir béante comme un trou
& un dernier moignon de conscience va céder
in Notes et Fragments
Le manque se croit-il désir ?
in Promesse achevée à bras nus
Bien sûr qu’elle avait eu envie de baisser les bras, de rentrer dans ces rangs bien droits, bien rassurants, bien sagement préparés pour toi des que tu montres ta tête. Bien sûr que la facilité avait été tentante, la banalité attestée est tellement plus confortable que le contre-courant ! On t’aime quand tu commences à ressembler à tout le monde ! Tu oublies qui tu es, pour quoi tu es, et ceux qui pensent à ta place se font un plaisir d’organiser tes limites. On te coule dans le moule sans qu’un poil ne dépasse, tu es reconnu !
in La femme en vol
L’horreur d’apercevoir un homme là où on pouvait contempler un cheval
in Pensées étranglées
ILS
disent toujours
la vérité
Je veux dire
qu`ils se taisent
souvent
in Mais qui sont-ils ? (Minicrobe 33)