Patrick Devaux
calme
nuit
de
transparence
tellement
calme
et
tellement
grise
que
j’écoute
mes tempes
in Ecailles de nuit
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calme
nuit
de
transparence
tellement
calme
et
tellement
grise
que
j’écoute
mes tempes
in Ecailles de nuit
humains
il y avait
du monde
dans les cercles
le long des routes
ou alors
il y avait
comme
ce désir
de retourner
à Stonehenge
in Ecailles de nuit
pour faire du feu
le vent m'apporte
assez de feuilles mortes
Ah ! Nuit plus que nuit,
Parfum de gouffre
Et souffle bas d’un spectre.
Et l’égaré,
Au creux de l’insomnie,
Supplie en vain le coq
De convoquer le jour.
in Eternité de la rose
les montagnes et le jardin
aussi s'invitent
dans le salon d'été
à Kyoto rêvant de Kyoto
décrivant ce qui se passe
bientôt la fin des prunes jaunes, le son de la pluie se fait rare
le sentier est couvert de mousse, le vert gagne mon vêtement
un vent violent se lève, la petite fenêtre n'a pas été fermée à temps
pétales de fleurs et manuscrits de poèmes ensemble s'envolent
la villa de la rivière Wang
bientôt un an que je ne me suis rendu sur la montagne de l’est
de retour juste aux semailles des champs au printemps
sous la pluie la couleur verte des herbes semble teinte
au-dessus de l’eau les fleurs rouges des pêchers sont sur le point
de s’enflammer
Yu lu, le moine mendiant, érudit des soûtras,
et le Vieux bossu, le sage du village !
je m’habille à la hâte, sandales à l’envers, pour aller les voir
joyeux ensemble nous parlons, nous rions, devant mon humble porte
in le plein du vide
la première tasse humecte lèvres et gosier
la deuxième tasse chasse solitude et mélancolie
la troisième tasse va fouiller mes entrailles desséchées
n'y trouvant que cinq mille rouleaux d'écrits
à la quatrième tasse transpire une légère sueur
les contrariétés de toute ma vie,
par tous les pores de ma peau, se dissipent
la cinquième tasse purifie chair et os
la sixième tasse me fait communier avec les immortels
la septième tasse, peut-être n'aurais-je pas dû la boire
aussitôt un vent frais naît sous mes aisselles
automne profond
mon voisin
comment vit-il ?
in à Kyoto rêvant de Kyoto
consultant le Classique des montagnes et des mers
c'est le début de l'été, herbes et arbres poussent
les arbres prospères qui entourent la maison étendent leur ombrage
les oiseaux se réjouissent d'y trouver refuge
j'aime ma hutte moi aussi
comme j'ai déjà labouré et même semé,
j'ai du temps pour lire mes livres
mon allée est à l'écart, loin des grandes avenues,
même les carrosses des vieux amis font demi-tour
joyeux je bois le vin printanier,
et cueille des légumes dans le potager
une pluie légère vient de l'est,
un bon vent arrive avec elle
je feuillette l'Histoire du roi de Chou,
promène mon regard sur les gravures des montagnes et des mers
le temps de baisser la tête et de la relever, j'ai parcouru l'univers
pour se réjouir, que faut-il de plus ?
on laisse sortir poulets et chiens, ils dansent
on laisse faire les enfants, ils s'amusent
assis oisivement, à l'ombre des sophoras,
le poitrail à l'air face au vent du soir
le chanvre trempe dans l'eau de l'étang
les dattes sèchent au soleil
hommes et chose, quelle harmonie!
c'est là que demeure le vieillard de la campagne
l'air de l'automne souffle comme une flûte claire
à la taverne la bannière est hissée, on peut y acheter à crédit
je chante joyeusement en traversant le petit marché
à mon chapeau bas est épinglée une fleur sauvage
une fille de la rivière me garde des crabes frais
un vieux jardinier m'offre des courges tardives
qui devinerait que le vieillard oisif
fait de sa vie une longue ivresse?
le rouge à lèvres
ma bouche a oublié
ah! l'eau de la source
in bonzesse au jardin nu
(poème composé le jour de son ordination comme bonzesse de l'école de la Terre pure)
Il faut rêver à haute voix, il faut chanter jusqu'à ce que le chant s'enracine, tronc, branches, oiseaux, astres, chanter jusqu'à ce que le chant engendre et que sourde de la côte du dormeur l'épi rouge de la résurrection, l'eau de la femme, la source pour boire et se voir et se reconnaître et se reprendre, la source pour se savoir homme, l'eau qui se parle à elle même dans la nuit et nous nomme de notre nom... la vie et la mort ne sont pas des mondes contraires, nous sommes une seule tige avec des fleurs jumelles, il faut désenterrer la parole perdue, rêver vers l'intérieur vers l'extérieur, déchiffrer le tatouage de la nuit et regarder midi dans les yeux, lui arracher son masque, se baigner dans le soleil et manger les fruits de la nuit, épeler l'écriture de l'étoile et du fleuve, écouter ce que disent le sang et la marée,
la terre et le corps, revenir au point de départ...
in La jarre cassée dans Liberté sur Parole
la nuit
est
une larme
à comètes
tu peux
fermer
les volets
poète
la chauve-souris
est là
qui authentifie
ton paraphe
de ciel
in Ecailles de nuit