Bernard Mazo
Qui écrit
M’écrit
Mystérieuse
Instance
Qui n’est
Qu’une absence
De nom
in L’hostilité mortelle de l’inconnu
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Qui écrit
M’écrit
Mystérieuse
Instance
Qui n’est
Qu’une absence
De nom
in L’hostilité mortelle de l’inconnu
Accroitre le territoire de sa voix, à la force d’une conscience opiniâtre. On ne sait jamais la saveur d’un songe, la surprise d’une perle noire de courses tardives, au cœur de la forêt qui envoûte et enveloppe, comme une armure d’écorces et de murmures. Là-haut, derrière chaque ronce, chaque pierre, chaque brin d’herbe, un monde qui s’impatiente.
in L’immobile serti de griffes
Je suis le cauchemar littéraire qui te guette du fond d’une poubelle.
in Le projet terreur
La piste comme au cirque. Un grand rond plein d’accessoires.
Des bêtes féroces, des jongleurs, des clowns, des illusionnistes.
Des néons éblouissants jour et nuit. La piste mais sans sciure,
Sans bravos. Déguisements blancs, bleus, noirs, gris, verts,
Uniformes de flic, de matons, de trouffions, de pompiers,
Complets, gris, noirs, bleus, cols blancs des servitudes
in Crispations
Ensemble vide
Pris aux mots des faiseurs de miracles,
Collé aux murs de leurs phrases lisses,
Au dérisoire bancal du sens abâtardi,
Avenir inexistant,
Entre-deux virtuel,
Passerelle d’ondes multicolores
Sur laquelle vous boitez en aveugle,
Sanglés dans les reflets,
Dormant les yeux ouverts.
in Crispations
Barbelés, miradors, camps de tôle,
Des ventres affamés, des noyés,
Un océan de noyés,
Des électrocutés,
Des cadavres,
Des montagnes de cadavres
Occultés.
Des portes, des cadenas, des serrures.
Pas de clé, pas de clé, pas de clé.
in Crispations
Et chaque jour
Qui commence
Dans sa clarté
Lustrale
M’infuse
Au plus profond
De l’être
Comme
Un accord secret
Avec les pulsations
Infinies
De l’univers
in L’hostilité mortelle de l’inconnu
Au carrefour à cent bras,
Rien n’est droit et tout penche.
Et pourtant,
On y va,
Sans jamais se tromper,
Car une lumière noire scintille,
Au fond des yeux fermés.
in Crispations
Regard des peuples dont la guerre se souvient
Regard des histoires mortes sous l’écorce des défaites
Qu’un pont de mémoire rassemble leurs vignes
Et leurs vagues aux crêtes du sang humain
Regard de vive vallée où la rivière déplie son rêve
Regard fertile des peuples du désert
Quand le vent lève l’ondulation des femmes
Regard d’un outremonde à la croisée des couleurs
Délivre-nous des murailles et des digues
Contre les racines de l’arc-en-ciel
Regard des antilopes et des gazelles
Où l’amour prend sa source et sa gorgée de bleu
Où le poème prélève son huile et le feu de son rhum
Regard des découvreurs, des prophètes et des fous
Faisant du monde un seul troupeau
Un seul vaisseau luisant d’étoiles
Habille les terres de voiles multicolores
Et de courants fraternels
Poète de la vigie, du minaret, de la tour de Babel
Tressant les langues au fleuve de toute vie
Sache que même la haine a besoin du regard.
Regard du vertige de l’autre et du graffiti des miroirs
Regard du mensonge de la sève pure
Regard des cavaliers tenant la bride de l’éclair
Ouvre la terre aux rayons de l’amour
Comme un soleil à partager.
in Regards de feuillage
A chaque réveil matinal
Pointe en moi une identité choisie et mesurée
La suspecte être celle de la veille
Ce qu’il reste d’une mer, la roche tatouée de squelettes, la fantasmagorie plus dure, plus molle que la chair. Elle écarte des plaies qui rêvent de coups de rasoir. Ce rouge, ces ventres sioux tournés vers le ciel, c’est l’assurance de grandir un peu.
in L’immobile serti de griffes
Je mime l’indifférence. Multiplie les feintes, les chutes contrôlées. Je camoufle ma soif. Fais mine d’ignorer les étendues rases.
in L’immobile serti de griffes
Le bond hors du tragique : ce je peux de tout l’être
Qui tend vers son essence, fouille l’origine,
Pour ne pas dépérir, pour ne pas mourir
Comme une voix dévoyée, la source oubliée, peut-être même interdite.
in cobra sous le chant, médusé, dansant, conquis pour un instant…
Les murs m’ont inoculé l’obsession du dehors
Là au lendemain de l’orage et parmi ces verts si neufs je vais. Je marche. En silence. Un silence aussi léger que funambule. Tout propre. Au-dessus du plateau, le vent joue à gonfler ses ballons blancs. Le chemin file comme une montgolfière.