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CITATIONS - Page 159

  • Su Tung po (XIème s.)

     

    décrivant ce qui se passe

     
    bientôt la fin des prunes jaunes, le son de la pluie se fait rare
     le sentier est couvert de mousse, le vert gagne mon vêtement
     un vent violent se lève, la petite fenêtre n'a pas été fermée à temps
     pétales de fleurs et manuscrits de poèmes ensemble s'envolent

     

     

  • Wang Wei (701-761)

     la villa de la rivière Wang

     
    bientôt un an que je ne me suis rendu sur la montagne de l’est
     de retour juste aux semailles des champs au printemps
     sous la pluie la couleur verte des herbes semble teinte
     au-dessus de l’eau les fleurs rouges des pêchers sont sur le point
        de s’enflammer
     Yu lu, le moine mendiant, érudit des soûtras,
     et le Vieux bossu, le sage du village !
     je m’habille à la hâte, sandales à l’envers, pour aller les voir
     joyeux ensemble nous parlons, nous rions, devant mon humble porte



     in le plein du vide

     

     

  • Poème de Lu Tung (IXème s.), surnommé le "Fou du thé"

     

    la première tasse humecte lèvres et gosier
     la deuxième tasse chasse solitude et mélancolie
     la troisième tasse va fouiller mes entrailles desséchées
     n'y trouvant que cinq mille rouleaux d'écrits
     à la quatrième tasse transpire une légère sueur
     les contrariétés de toute ma vie,
     par tous les pores de ma peau, se dissipent
     la cinquième tasse purifie chair et os
     la sixième tasse me fait communier avec les immortels
     la septième tasse, peut-être n'aurais-je pas dû la boire
     aussitôt un vent frais naît sous mes aisselles

     

     

  • Tao Yuan ming (4ème s.)

     

    consultant le Classique des montagnes et des mers

     

    c'est le début de l'été, herbes et arbres poussent
     les arbres prospères qui entourent la maison étendent leur ombrage
     les oiseaux se réjouissent d'y trouver refuge
     j'aime ma hutte moi aussi
     comme j'ai déjà labouré et même semé,
     j'ai du temps pour lire mes livres
     mon allée est à l'écart, loin des grandes avenues,
     même les carrosses des vieux amis font demi-tour
     joyeux je bois le vin printanier,
     et cueille des légumes dans le potager
     une pluie légère vient de l'est,
     un bon vent arrive avec elle
     je feuillette l'Histoire du roi de Chou,
     promène mon regard sur les gravures des montagnes et des mers
     le temps de baisser la tête et de la relever, j'ai parcouru l'univers
     pour se réjouir, que faut-il de plus ?

     

     

  • Po Chu yi (772-846) "celui qui jouit du ciel"

     

    on laisse sortir poulets et chiens, ils dansent
    on laisse faire les enfants, ils s'amusent
    assis oisivement, à l'ombre des sophoras,
    le poitrail à l'air face au vent du soir
    le chanvre trempe dans l'eau de l'étang
    les dattes sèchent au soleil
    hommes et chose, quelle harmonie!
    c'est là que demeure le vieillard de la campagne

     

     

     

     

     

     

  • Lu Yu (1125-1210), "le vieil homme qui n'en fait qu'à sa guise"

     

     l'air de l'automne souffle comme une flûte claire

    à la taverne la bannière est hissée, on peut y acheter à crédit

    je chante joyeusement en traversant le petit marché

    à mon chapeau bas est épinglée une fleur sauvage

    une fille de la rivière me garde des crabes frais

    un vieux jardinier m'offre des courges tardives

    qui devinerait que le vieillard oisif

    fait de sa vie une longue ivresse?

     

     

     

     

  • Octavio Paz

     

    Il faut rêver à haute voix, il faut chanter jusqu'à ce que le chant s'enracine, tronc, branches, oiseaux, astres,  chanter jusqu'à ce que le chant engendre et que sourde de la côte du dormeur l'épi rouge de la résurrection,  l'eau de la femme, la source pour boire et se voir et se reconnaître et se reprendre, la source pour se savoir homme, l'eau qui se parle à elle même dans la nuit et nous nomme de notre nom... la vie et la mort ne sont pas des mondes contraires, nous sommes une seule tige avec des fleurs jumelles, il faut désenterrer la parole perdue, rêver vers l'intérieur vers l'extérieur, déchiffrer le tatouage de la nuit et regarder midi dans les yeux, lui arracher son masque, se baigner dans le soleil et manger les fruits de la nuit,  épeler l'écriture de l'étoile et du fleuve, écouter ce que disent le sang et la marée,
    la terre et le corps, revenir au point de départ...

     in La jarre cassée dans Liberté sur Parole

     

     

  • Patrick Devaux

    la nuit

     est

    une larme

     à comètes

      

    tu peux

     fermer

     les volets

     poète

     

     la chauve-souris

     est là

     

     

    qui authentifie

     ton paraphe

     de ciel

     

     

    in Ecailles de nuit

     

     

     

     

     

     

  • Cédric Le Penven

     

    Si les routes venaient à rejoindre leur destination, l’enfant gagnerait les étendues d’herbe rase sur le causse. Là où l’horizon est une mère allongée qui fait signe. Là où le vent lave l’affront des tables de cuisine rance. Là où les pierres sont trouées comme nos mains à force de chercher des pépites de chair dans la furie des ondes.

     

       in L’immobile serti de griffes

     

     

  • Jean Joubert

     

    Là, sur sa chair, s’apaiseraient

     Les longues fièvres.

     Egaré, tu rêvais de boire sur sa bouche

     Le baiser,

     L’âpre poison.

     

     in Eternité de la rose

     

     

  • Andrea Montiel

    Du néant je suis prisonnière

     Du néant je suis prisonnière.

     

     Je cherche les mots pour nommer toutes choses

     et quelques gestes obscurs pour illuminer le sentier.

      

    Les sous entendus sans loi comparaissent

     et on marche à tâtons vers des lendemains sans nom.

      

    On n’a pas de nom.

     Tout au plus un domicile solitaire

     dans un quartier de rencontres fortuites.

     

     Pendant ce temps les jours se décantent

    dans l’écroulement irrépressible et muet

     de la vie qui poursuit sa route vers la mort.

     

     Je m’approche d’elle et ose la caresser.