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CITATIONS - Page 161

  • Cédric Le Penven

     

    Nous deux dans la tourmente d’un sentier périlleux, cernés par la marée montante de la nuit, de toute part assaillis par des chimères, donnons-nous la main. Voilà un ciel entier qui s’entrouvre et nous inonde.

       

     in L’immobile serti de griffes

     

     

  • Anne Mounic

     

    Voici l’essence du tragique : l’impuissance du geste, la passivité

     De celui qui se refuse, à lui-même avant d’en priver les autres,

     Ce qu’il devrait aimer sans contrepartie, le geste de la minute

     Et l’oubli du geste, de la minute et de tout le reste,

     Pour une joie partagée, sans préjugés, ni regrets, ni même pitié de soi.

     

     in cobra sous le chant, médusé, dansant, conquis pour un instant…

     

     

  • Anne Mounic

    La chute ?

     Contempler le devenir, sans le braver.

      

    Et qu’importe ce qui nous est dû.

     Le ressentiment n’est que repli sur soi.

      

    in cobra sous le chant, médusé, dansant, conquis pour un instant…

     

     

  • Cédric Le Penven

     

     Accroitre le territoire de sa voix, à la force d’une conscience opiniâtre. On ne sait jamais la saveur d’un songe, la surprise d’une perle noire de courses tardives, au cœur de la forêt qui envoûte et enveloppe, comme une armure d’écorces et de murmures. Là-haut, derrière chaque ronce, chaque pierre, chaque brin d’herbe, un monde qui s’impatiente.

      

     in L’immobile serti de griffes

     

     

  • Jean Gédéon

     

    La piste comme au cirque. Un grand rond plein d’accessoires.

     Des bêtes féroces, des jongleurs, des clowns, des illusionnistes.

     Des néons éblouissants jour et nuit. La piste mais sans sciure,

     Sans bravos. Déguisements blancs, bleus, noirs, gris, verts,

     Uniformes de flic, de matons, de trouffions, de pompiers,

     Complets, gris, noirs, bleus, cols blancs des servitudes

     

      in Crispations

     

     

     

     

  • Jean Gédéon

    Ensemble vide

     Pris aux mots des faiseurs de miracles,

      

    Collé aux murs de leurs phrases lisses,

     Au dérisoire bancal du sens abâtardi, 

      

    Avenir inexistant,

     Entre-deux virtuel,

      

    Passerelle d’ondes multicolores

     Sur laquelle vous boitez en aveugle,

      

    Sanglés dans les reflets,

    Dormant les yeux ouverts.

     

     

      in Crispations

  • Jean Gédéon

     

    Barbelés, miradors, camps de tôle,

     Des ventres affamés, des noyés,

     Un océan de noyés,

     Des électrocutés,

     Des cadavres,

     Des montagnes de cadavres

     Occultés.

     

     Des portes, des cadenas, des serrures.

       

    Pas de clé, pas de clé, pas de clé.

     

       in Crispations

     

     

  • Bernard Mazo

    Et chaque jour

    Qui commence

     

    Dans sa clarté

    Lustrale

     

    M’infuse

    Au plus profond

    De l’être

     

    Comme

    Un accord secret

     

    Avec les pulsations

    Infinies

    De l’univers

     

     

    in L’hostilité mortelle de l’inconnu

     

     

     

  • Jean Gédéon

    Au carrefour à cent bras,

     Rien n’est droit et tout penche.

      

    Et pourtant,

     On y va,

     Sans jamais se tromper,

     Car une lumière noire scintille,

     Au fond des yeux fermés.

     

     in Crispations

     

     

     

     

     

     

  • Ernest Pépin

    Regard des peuples dont la guerre se souvient

    Regard des histoires mortes sous l’écorce des défaites

     Qu’un pont de mémoire rassemble leurs vignes

     Et leurs vagues aux crêtes du sang humain

      

    Regard de vive vallée où la rivière déplie son rêve

     Regard fertile des peuples du désert

     Quand le vent lève l’ondulation des femmes

     Regard d’un outremonde à la croisée des couleurs

     Délivre-nous des murailles et des digues

     Contre les racines de l’arc-en-ciel

     Regard des antilopes et des gazelles

     Où l’amour prend sa source et sa gorgée de bleu

     Où le poème prélève son huile et le feu de son rhum

     Regard des découvreurs, des prophètes et des fous

     Faisant du monde un seul troupeau

     Un seul vaisseau luisant d’étoiles

     Habille les terres de voiles multicolores

     Et de courants fraternels

     

    Poète de la vigie, du minaret, de la tour de Babel

     Tressant les langues au fleuve de toute vie

     Sache que même la haine a besoin du regard.

     Regard du vertige de l’autre et du graffiti des miroirs

     Regard du mensonge de la sève pure

     Regard des cavaliers tenant la bride de l’éclair

     Ouvre la terre aux rayons de l’amour

     Comme un soleil à partager.

     

     in Regards de feuillage