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CITATIONS - Page 160

  • Patrick Devaux

    la lune

     épluche

     les rideaux

     de la chambre

     à fantômes

      

    quand

     elle troue

     de son ombre

      

    l’oscillation

     des ifs

      

    ferme

     les yeux

     et

     pense

     à

     moi

      

    aussi

     l’hiver

     

     je brillerai

     dans ta nuit

      

    jusqu’à

     faire

     scintiller

    de neige

      

    tes paupières

      

    in Ecailles de nuit

     

     

  • Han Shan

     

    je vois les hommes de ce monde,
     perdus, perdus, arpentant les chemins de poussière,
     sans comprendre ce qu'ils sont en train de faire
     comment s'en sortir ?
     les jours fastes, combien en tout ?
     parents et amis ne sont proches qu'un court moment
     mille mesures d'or ?
     incomparable, être pauvre sous un arbre

     

     

  • Bernard Mazo

    J’ai égaré

     Ma vie

      

    A travers

     L’aveugle succession

     Des jours

      

    La sourde fascination

     Des saisons

      

    Mot après mot

     Dans le vertige

     De l’écriture

      

     in L’hostilité mortelle de l’inconnu

     

     

  • TaoYuang Ming (365-427), dit "le maître des cinq saules", aussi appelé Tao Ch'ien

     

     

    cueillant des chrysanthèmes à la haie de l'est

    le cœur libre j'aperçois la montagne du sud

    dans les lueurs du crépuscule la montagne a belle allure

    les oiseaux qui volent ensemble y retournent

    dans tout cela réside une signification profonde

    sur le point de l'exprimer, j'ai déjà oublié les mots

     

    in l'homme, la terre, le ciel
    enfin je m'en retourne

     

     

     

     

  • Patrick Devaux

     

      

    chaque matin

     tôt

       

    s’ouvre

     une fleur

       

    elle se tait

     dans la providence

     du hasard

     

      et

     

      pour

     te trouver

      

    je met

     mon doigt

       

    dans sa rosée

     

     

     

  • Li Po (701-761, Chine)


    au crépuscule je redescends la montagne émeraude
     la lune sur la montagne accompagne mon retour
     je me retourne pour regarder le chemin que j'ai emprunté
     une sombre, sombre étendue de pics bleus
     avec la lune ensemble nous arrivons à ta demeure paysanne
     un jeune garçon ouvre le portail en branchages
     parmi les bambous verts je pénètre dans un sentier secret
     les lianes effleurent mon vêtement
     joyeuse est notre conversation dans cet endroit reposant
     du bon vin, ensemble nous devisons et levons nos coupes
     longuement nous chantons, le vent murmure dans les pins

       notre chant achevé, le Fleuve céleste est déjà presque effacé
     je suis ivre, tu es heureux aussi
     joyeux nous oublions les intrigues du monde

       

    in buvant seul sous la lune l'immortel banni sur terre

     

     

  • Jean-Claude Mulleman

    On a beau contre eux

     Multiplier les prisons

     Mobiliser les censures

     Les mots…

      

    Il y a déjà plus assez de baillons

     Les garrots font défaut

     Et jaillissent à nouveau comme un fleuve

     Les mots…

      

     in A Marcos Ana - Encres Vives n°41 (1964)