René Char
L'homme fut sûrement le vœu le plus fou des ténèbres ; c'est pourquoi nous sommes ténébreux, envieux et fous sous le puissant soleil.
in Feuillets d'Hypnos
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L'homme fut sûrement le vœu le plus fou des ténèbres ; c'est pourquoi nous sommes ténébreux, envieux et fous sous le puissant soleil.
in Feuillets d'Hypnos
… « mais les dieux, où sont-ils, les pauvres ?
- à la cave ;
Et n’en remontent que la nuit, chercher dans la poubelle
de quoi manger un peu. Les Dieux
ont tourné le coin de la rue. Les dieux
commandent humblement un grog à la buvette de la gare
et vomissent au petit jour contre un arbre. Les dieux
voudraient mourir. »
Si un homme, qui n’a vu que pendant un ou deux jours, se trouvait confondu dans un peuple d’aveugles, il faudrait qu’il prit le parti de se taire ou de passer pour un fou.
in Lettre aux aveugles
Les colombes ne demandent qu’à s’envoler,
qu’à aveugler l’azur.
in Le Centenaire
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront.
in Rougeur des matinaux
Vous voulez les misérables secourus.
Je veux la misère supprimée.
Ne permettez plus que les hommes politiques stigmatisent l'insupportable violence faite aux individus alors qu'ils la suscitent sciemment, dès l'enfance, vulgarisant, au nom de la rentabilité, un élevage concentrationnaire où, parqués de vingt-cinq à trente par classe, les écoliers se trouvent crétinisés par les principes de compétition et de concurrence, soumis aux lois de la prédation, initiés au fétichisme de l'argent, confits dans la peur de l'échec, infestés par l'arrivisme, livrés à des fonctionnaires amers et mal payés, moins enclins à nourrir la curiosité des jeunes générations qu'à se venger sur elle de leurs infortunes. Les collectivités d'enseignants, de parents et d'élèves n'ont-elles pas le pouvoir d'imposer des normes scolaires répondant, non à la rentabilité des malversations budgétaires, mais au souci de confier à un grand nombre d'accompagnateurs d'apprentissage, aussi avides d'enseigner que de s'instruire, de petits groupes d'enfants et d'adolescents à qui rien de ce qui est humain ne demeurera étranger ?
Si elles ne l'ont pas, qu'elles le prennent ! Qu'elles exigent, à contre-courant des coupes et des concentrations opérées par l'économie parasitaire, la multiplication de petites écoles, permettant à l'enseignant d'individualiser son enseignement et de propager jusque dans le milieu familial et social cette intelligence sensible du vivant, seule capable de décourager la barbarie !
in Pour l'abolition de la société marchande pour une société vivante
Ceux qui croient que le pouvoir est amusant
confondent "pouvoir" et "abus de pouvoir".
Le poète descend du songe
in la revue Microbe n°84
Le temps ne passe pas, il monte rejoindre le grand fluide, le « tout-temps » qui se dilate et ne peut qu’accueillir le courant des objets, des êtres et des mots lâchés comme buée dans le feu du soleil.
in Fou trop poli
C'est sinistre la jeunesse. On peut tout et on ne peut rien. J'aime encore mieux avoir mal aux pieds et sentir que la mécanique s'enraye. Dans ces ruines, j'ai l'esprit libre. Mais à vingt ans...
in Le directeur de l'Opéra
Degas avait raison de dire qu'« il faut décourager les arts ». Les hommes qui doivent créer créeront en dépit de tous les obstacles. Ce sont des hommes-fleuves : on n'arrête pas les fleuves.
in La peinture
(Note de cg : et les femmes ? Est-ce qu'on arrête les femmes fleuves ? non ne me dites pas que les femmes sont des rivières qui se jettent dans les bras des fleuves... Qu'importe la taille du lit (de l'eau), c'est le courant qui compte, créons, créons...)
Nous n’agissons pas, nous sommes agités,
affirme le fou dans son hamac.
in Fou trop poli
la lune couvait tranquillement son œuf dans la buée du grand vent
in Fou trop poli
Ce qu'il faut de saleté pour faire une fleur !
in Le calepin d'un flâneur