René Char
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront.
in Rougeur des matinaux
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Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront.
in Rougeur des matinaux
Vous voulez les misérables secourus.
Je veux la misère supprimée.
Ne permettez plus que les hommes politiques stigmatisent l'insupportable violence faite aux individus alors qu'ils la suscitent sciemment, dès l'enfance, vulgarisant, au nom de la rentabilité, un élevage concentrationnaire où, parqués de vingt-cinq à trente par classe, les écoliers se trouvent crétinisés par les principes de compétition et de concurrence, soumis aux lois de la prédation, initiés au fétichisme de l'argent, confits dans la peur de l'échec, infestés par l'arrivisme, livrés à des fonctionnaires amers et mal payés, moins enclins à nourrir la curiosité des jeunes générations qu'à se venger sur elle de leurs infortunes. Les collectivités d'enseignants, de parents et d'élèves n'ont-elles pas le pouvoir d'imposer des normes scolaires répondant, non à la rentabilité des malversations budgétaires, mais au souci de confier à un grand nombre d'accompagnateurs d'apprentissage, aussi avides d'enseigner que de s'instruire, de petits groupes d'enfants et d'adolescents à qui rien de ce qui est humain ne demeurera étranger ?
Si elles ne l'ont pas, qu'elles le prennent ! Qu'elles exigent, à contre-courant des coupes et des concentrations opérées par l'économie parasitaire, la multiplication de petites écoles, permettant à l'enseignant d'individualiser son enseignement et de propager jusque dans le milieu familial et social cette intelligence sensible du vivant, seule capable de décourager la barbarie !
in Pour l'abolition de la société marchande pour une société vivante
Ceux qui croient que le pouvoir est amusant
confondent "pouvoir" et "abus de pouvoir".
Le poète descend du songe
in la revue Microbe n°84
Le temps ne passe pas, il monte rejoindre le grand fluide, le « tout-temps » qui se dilate et ne peut qu’accueillir le courant des objets, des êtres et des mots lâchés comme buée dans le feu du soleil.
in Fou trop poli
C'est sinistre la jeunesse. On peut tout et on ne peut rien. J'aime encore mieux avoir mal aux pieds et sentir que la mécanique s'enraye. Dans ces ruines, j'ai l'esprit libre. Mais à vingt ans...
in Le directeur de l'Opéra
Degas avait raison de dire qu'« il faut décourager les arts ». Les hommes qui doivent créer créeront en dépit de tous les obstacles. Ce sont des hommes-fleuves : on n'arrête pas les fleuves.
in La peinture
(Note de cg : et les femmes ? Est-ce qu'on arrête les femmes fleuves ? non ne me dites pas que les femmes sont des rivières qui se jettent dans les bras des fleuves... Qu'importe la taille du lit (de l'eau), c'est le courant qui compte, créons, créons...)
Nous n’agissons pas, nous sommes agités,
affirme le fou dans son hamac.
in Fou trop poli
la lune couvait tranquillement son œuf dans la buée du grand vent
in Fou trop poli
Ce qu'il faut de saleté pour faire une fleur !
in Le calepin d'un flâneur
Je te déteste d'amour.
in Trois coups sous les arbres
divisez en dansant le claquement des fouets
Ce qui ne peut danser au bord des lèvres
- s'en va hurler au fond de l'âme.
in L'autre visage
Au fond, la poésie est une sorte de magie opérative. Ce n'est pas une science, mais un art, un faire initiatique, un pouvoir d'autotransformation sans que l'on puisse en identifier la source. Le poète n'en est pas le maître ou le démiurge. Il n'est que l'instrument ou le porte-parole du silence qui le hante . Il est habité par ce qui le traverse et le dépasse. Le poète, disait Jean Carteret, est l'homme le plus troué du monde.
in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science