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CITATIONS - Page 9

  • Lionel Mazari

    J'en ai vu passer des saisons
    entre le champ et la maison.
    Enfant perdu hors du chemin,
    les maïs me donnaient la main.
    J'ai vu s'envoler des vivants
    dans les chambres s'ouvrant aux vents ;
    de verte étable à rouge forge
    avec de l'orge dans la gorge.
    J'en ai vu sécher des semaines,
    le linge étendu, joies et peines,
    semailles, graines de poussière
    parmi des filets de lumière.
    J'en ai vu sauter bien des êtres 
    de l'étable par la fenêtre.
    Les tournesols faisaient la gueule
    aux soleils cachés dans les meules.
    J'en ai vu boiter des années
    de la porte à la cheminée.
    Vieil orphelin d'épouvantail,
    les blés me tenaient par la taille.


    in L'impossible séjour, 15 septembre 2022

     

     

     

  • Mary Oliver

     

    Un jour, tu as su enfin
    ce que tu devais faire, et tu t’es lancée,
    malgré les voix autour de toi
    qui continuaient à crier
    leurs mauvais conseils,
    malgré toute la maison
    qui s’est mise à trembler
    et tu as senti la vieille corde
    à tes chevilles.
    « Répare ma vie ! »
    criait chaque voix.
    Mais tu ne t’es pas arrêtée.
    Tu savais ce que tu devais faire,
    malgré le vent qui arrachait
    de ses doigts raides
    les fondations elles-mêmes,
    malgré leur mélancolie,
    terrible.
    Il était déjà bien
    tard, la nuit était agitée
    et la route couverte de branches
    cassées et de pierres.

     

     

  • Guénane Cade

     

    Se fondre au fond d’un bar ne suffit plus
    même refait le monde a mauvaise haleine
    même avec beaucoup d’eau
    accoster au comptoir ne lave plus l’âme
    le rêve rame

     

     

     

  • Heptanes Fraxion

     


    feuilles mortes 
    il a fallu qu'elle apprenne vite à grandir et elle a vite appris 
    y a des vies qui demandent ça
    elle a mal dormi 
    ses mauvaises habitudes et ses rêves l'ont réveillée 
    des yeux d'animaux l'observaient qui brillaient sur l'autre rive 
    elle décide de rester sale 
    la chatte bien sauvage 
    elle vire deux-trois trucs superflus et de suite tout redevient simple 
    feuilles mortes comme autant d'oiseaux morts
    elle va manquer cette fête où les conversations semblent toujours écrites à l'avance 
    et où elle connaît déjà la plupart des questions 
    trop de gens impossibles à détester 
    trop de gens impossibles à aimer 

     

     

  • Murièle Modély

     

    parfois on colmate     
    on fait un enfant ou deux, et      
    on utilise leurs rires ou leurs larmes comme plâtre       
    cela marche un temps, puis ils grandissent 
    ils s'en vont sur les chemins tracer leurs propres entailles    
    avec des pierres coupantes
    alors on reste un peu triste        
    sauf les dimanches   
    quand on se retrouve tous ensemble à table       
    à tenter de remplir à la cuillère ou d'une phrase  
    nos trous


     

     

  • Alexandre Cabanel - Contemplation - 1848

    Alexandre Cabanel Contemplation, 1848 .jpg

     

    Sésame dévêtu.

    Le berger est il gardien des berges ? Au verger trouve-t-on des verges ?

    Qu’est-ce qui coule de source ? Comment peut-on envisager l’inconnu ? Souriant ?

    Y a-t-il mieux à faire que de contempler les mésanges ? 
    Plus bon que la joie défroissée, toute en crinière douce ? 

    Il y a bien sûr plus que l’instant dans nos têtes casiers.

    Que pourrais-je faire pour mes cheveux ? 
    C’est si important que ça la coiffure ?

     

    in Le poulpe et la pulpe

     

     

     

  • HF Thiéfaine

     

    Au souffle brumeux des vipères
    elle me montre du doigt la sphaigne
    où tritons, salamandres en guerre
    se battent au milieu des châtaignes
    tu sais déjà me murmure-t-elle
    qu'il faut séduire pour mieux détruire
    et dans un geste et des bruits d'ailes
    elle disparaît dans un sourire
    puis elle revient et me poursuit
    depuis des siècles et ma mémoire
    au fil des brouillards et des nuits
    se perd dans les ombres du soir