Kamel Yahiaoui
pour que ma main déboîte l'armure de la mélancolie
l'astre des lueurs se doit d'être au rendez-vous
je signerai pour sûr la flamme du courage
mon chat sur mon dos je creuserai l’abcès du soleil
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pour que ma main déboîte l'armure de la mélancolie
l'astre des lueurs se doit d'être au rendez-vous
je signerai pour sûr la flamme du courage
mon chat sur mon dos je creuserai l’abcès du soleil
Où est l'ombre
d'un objet appuyé contre le mur ?
Où est l'image
d'un miroir appuyé contre la nuit ?
Où est la vie
d'une créature appuyée contre elle-même?
Où est l 'empire
d'un homme appuyé contre la mort ?
Où est la lumière
d'un dieu appuyé contre le néant ?
Dans ces espaces sans espace
est peut-être ce que nous cherchons.
in Poésie et Réalité
Et je remonte toujours de mes enfers
roulement cyclique
création et destruction
mort et renaissance
ne font qu'un
rien ne meurt rien ne naît
juste un changement d'état
de l’éternité impertubée
in en cours
je sors de la forêt d’amour
avec à ma peau cousue
les runes de mes avatars
le chant tatoué
de chacun de mes noms
volé au désir d’être l’autre
Rusé renard me regarde passer de loin
entre les pattes des grands pins
Rusé renard porte dans sa gueule le don secret
de mon seul vrai nom mort
in L'impossible séjour
Je m’efforçais de revoir ses cheveux flottants
estompés dans le décor,
résille d’astres
subtil réseau de la nuit dépeignée…
in Extraits d’Aveux non avenus, 1930
Briser la gangue des douleurs passées,
Ôter délicatement les peaux de tristesse,
N’en garder qu’une digne retenue,
L’espoir doux d’une possible renaissance.
Raffermir légèrement le fragile,
Irriguer intensément ce qui palpite,
Ressentir à nouveau la soif,
S’ouvrir à la vie qui frémit.
j'écouterai le bruissement d'un rêve courant les champs
je fredonnerai la chanson des labours d'hiver
sur mon chemin un oiseau sifflera l'air du festin des vergers
le soir venu j'irai saluer mon cheval au ruisseau des tendresses justes
sur lui je courrai jusqu'à l’étouffement de ma peur
je partirai loin loin loin des démangeaisons de la gueuse
j'écouterai le feu d'une caresse d'une jouissance d'une peau
la vie porte en elle les biens et les méfaits des hommes
je me réserve à la clarté de l'âme
On n’atteint pas l’illumination en imaginant des figures de lumière,
mais en portant à la conscience l’obscurité intérieure.
Que c’est curieux, on résiste victorieusement aux larmes, on se « tient » très bien, aux minutes les plus dures. Et puis quelqu’un vous fait un petit signe amical derrière une vitre, on découvre, fleurie, une fleur encore fermée la veille, une lettre tombe d’un tiroir, et tout tombe.
in Lettre à Marguerite Moreno
Les révélations se succèdent, et les oracles d’aujourd’hui se nomment politique, économie de marché ; ses sibylles travaillent à des futurs conformes et leurs crédos s’enfoncent dans nos gorges, raillant la bestialité de nos tripes.
in Une brèche dans la tapisserie des ombres
Au square
des hommes en cravate
réclament des miettes
aux petits oiseaux
in L’année du pied-de-biche
L’État est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : Moi l’État, je suis le peuple.
in Ainsi parlait Zarathoustra, 1885