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CITATIONS - Page 7

  • Murièle Modély

     

    parfois on colmate     
    on fait un enfant ou deux, et      
    on utilise leurs rires ou leurs larmes comme plâtre       
    cela marche un temps, puis ils grandissent 
    ils s'en vont sur les chemins tracer leurs propres entailles    
    avec des pierres coupantes
    alors on reste un peu triste        
    sauf les dimanches   
    quand on se retrouve tous ensemble à table       
    à tenter de remplir à la cuillère ou d'une phrase  
    nos trous


     

     

  • Alexandre Cabanel - Contemplation - 1848

    Alexandre Cabanel Contemplation, 1848 .jpg

     

    Sésame dévêtu.

    Le berger est il gardien des berges ? Au verger trouve-t-on des verges ?

    Qu’est-ce qui coule de source ? Comment peut-on envisager l’inconnu ? Souriant ?

    Y a-t-il mieux à faire que de contempler les mésanges ? 
    Plus bon que la joie défroissée, toute en crinière douce ? 

    Il y a bien sûr plus que l’instant dans nos têtes casiers.

    Que pourrais-je faire pour mes cheveux ? 
    C’est si important que ça la coiffure ?

     

    in Le poulpe et la pulpe

     

     

     

  • HF Thiéfaine

     

    Au souffle brumeux des vipères
    elle me montre du doigt la sphaigne
    où tritons, salamandres en guerre
    se battent au milieu des châtaignes
    tu sais déjà me murmure-t-elle
    qu'il faut séduire pour mieux détruire
    et dans un geste et des bruits d'ailes
    elle disparaît dans un sourire
    puis elle revient et me poursuit
    depuis des siècles et ma mémoire
    au fil des brouillards et des nuits
    se perd dans les ombres du soir

     

     

     

     

  • Jiddu Krishnamurti (1895 -1986)

    "Il est très important de sortir seul, de s'asseoir sous un arbre - non pas avec un livre, pas avec un compagnon, mais par soi-même - et d'observer la chute d'une feuille, entendre le lappage de l'eau, le chant des pêcheurs, Regardez le vol d'un oiseau, et de vos propres pensées alors qu'ils se poursuivent dans l'espace de votre esprit.
    Si vous êtes capable d'être seul et de regarder ces choses, vous découvrirez des richesses extraordinaires qu'aucun gouvernement ne peut taxer, aucune agence humaine ne peut corrompre, et qui ne peut jamais être détruite." (...)
    "Vous est-il déjà arrivé de rester assis, très tranquillement, les yeux clos, à suivre le mouvement de votre pensée ? Avez-vous observé le fonctionnement de votre pensée - ou, plutôt, votre esprit s'est-il regardé agir, rien que pour voir quelles sont vos pensées, quels sont vos sentiments, pour voir comment vous regardez les arbres, les fleurs, les oiseaux, les gens, comment vous répondez à une suggestion ou réagissez à une nouvelle idée ? Avez-vous déjà fait cela ? Si tel n'est pas le cas, vous passez à côté de quelque chose d'essentiel.
    Connaître le fonctionnement de notre esprit est l'un des buts essentiels de l'éducation. Si vous ignorez comment réagit votre esprit, si votre esprit n'est pas conscient de ses propres activités, jamais vous ne découvrirez ce qu'est la société. Vous aurez beau lire des ouvrages de sociologie, étudier les sciences sociales, si vous ignorez comment fonctionne votre propre esprit, vous ne pourrez pas réellement comprendre ce qu'est la société ; car votre esprit en fait partie: il est la société. Vos réactions, vos croyances, votre assiduité au temple, les vêtements que vous portez, les choses que vous faites ou que vous ne faites pas, ce que vous pensez - c'est de tout cela qu'est faite la société: elle est la réplique de ce qui se passe dans votre propre esprit. Votre esprit n'est donc pas distinct de la société, pas plus qu'il n'est distinct de votre culture, de votre religion, de vos différents clivages de classes, des ambitions et des conflits communs à la majorité des gens. C'est tout cela, la société, et vous en faites partie. Il n'existe pas de « vous » distinct de la société.
    Or la société cherche toujours à contrôler, à modeler, à mouler la pensée des jeunes. Dès votre naissance, dès les premières impressions que vous recevez, votre père et votre mère ne cessent de vous dire ce qu'il faut faire et ne pas faire, ce qu'il faut croire et ne pas croire, on vous dit que Dieu existe, ou qu'il n'y a pas de Dieu, mais que l'État existe et qu'un certain dictateur en est le prophète. Dès l'enfance, on vous abreuve de ces notions, ce qui signifie que votre esprit, qui est très jeune, impressionnable, curieux, avide de connaissances et de découvertes, est petit à petit enfermé, conditionné, façonné de telle sorte que vous allez vous conformer aux schémas d'une société particulière, au lieu d'être un révolutionnaire. Et comme cette habitude d'une pensée formatée s'est déjà ancrée en vous, même si vous vous « révoltez » effectivement, c'est sans sortir du cadre des schémas établis. A l'image de ces prisonniers qui se révoltent pour être mieux nourris, avoir plus de confort - mais en étant toujours dans l'enceinte de la prison.
    Lorsque vous cherchez Dieu, ou que vous voulez découvrir ce qu'est un gouvernement équitable, vous restez toujours dans le cadre des schémas de la société qui dit: « Telle chose est vraie, telle autre est fausse, ceci est bien et cela est mal, voici le leader à suivre, et voilà les saints à prier. » Ainsi votre révolte, comme la prétendue révolution suscitée par des gens ambitieux ou très habiles, reste toujours limitée par le passé. Ce n'est pas cela, la révolte ; ce n'est pas cela, la révolution: il s'agit là simplement d'une forme exacerbée d'action, d'un combat plus courageux que d'ordinaire - mais toujours dans le cadre des schémas établis. La vraie révolte, la vraie révolution consiste à rompre avec ces schémas et à explorer en dehors d'eux.
    Tous les réformateurs - peu importe qui ils sont - ne s'intéressent qu'à l'amélioration des conditions dans l'enceinte de la prison. Jamais ils ne vous incitent au refus du conformisme, jamais ils ne vous disent: « Abattez les murs de la tradition et de l'autorité, franchissez-les, dépouillez-vous du conditionnement qui emprisonne l'esprit. » Or la véritable éducation consiste à ne pas simplement exiger de vous la réussite aux examens en vue desquels on vous a bourré le crâne, ou la retranscription de choses apprises par cœur, mais à vous aider à voir les murs de cette prison dans laquelle votre esprit est enfermé.
    La société nous influence tous, elle façonne notre pensée, et cette pression extérieure de la société se traduit peu à peu sur le plan intérieur ; mais aussi profond qu'elle pénètre, elle agit toujours de l'extérieur, et l'intérieur n'existe pas pour vous tant que vous n'avez pas brisé l'emprise de ce conditionnement. Vous devez savoir ce que vous pensez, et savoir si c'est en tant qu'hindou, musulman ou chrétien que vous pensez - c'est-à-dire en fonction de la religion à laquelle vous vous trouvez appartenir. Vous devez être conscients de ce que vous croyez ou ne croyez pas. C'est de tout cela que sont faits les schémas de la société, et si vous n'en prenez pas conscience, vous en êtes prisonniers, même si vous croyez être libres.
    Mais dans la plupart des cas, nous ne nous préoccupons que d'une révolte circonscrite à l'enceinte de la prison ; nous voulons de meilleurs repas, un peu plus de lumière, une plus grande fenêtre pour voir un plus grand pan de ciel. Nous nous inquiétons de savoir si les intouchables devraient avoir accès au temple ou non ; nous voulons faire disparaître cette caste particulière, mais en l'éliminant nous en créerons une autre, une caste « supérieure » ; nous restons donc prisonniers, et en prison il n'y a pas de liberté.
    La liberté est hors des murs, hors des schémas établis de la société ; mais pour s'en libérer, vous devez en comprendre tout le contenu, c'est-à-dire comprendre votre propre esprit. C'est l'esprit qui a créé la civilisation actuelle, cette culture ou cette société esclave de la tradition, et si l'on ne comprend pas son propre esprit, se révolter simplement en tant que communiste, socialiste, ou que sais-je encore, ne présente guère d'intérêt. Voilà pourquoi il est si important d'avoir cette connaissance de soi, d'être conscient de tous ses actes, toutes ses pensées et tous ses sentiments - et c'est cela l'éducation, n'est-il pas vrai ? Car lorsque vous êtes pleinement conscients de vous-mêmes, votre esprit devient très sensible et très vif.
    Faites cette expérience - pas un jour quelconque dans un lointain avenir, mais demain ou cet après-midi: s'il y a trop de monde dans votre chambre, ou s'il y a foule chez vous, partez tout seuls vous asseoir sous un arbre ou au bord du fleuve, et observez tranquillement comment fonctionne votre esprit. Ne cherchez pas à le corriger, ne dites pas: « C'est bien, c'est mal », mais regardez-le simplement comme vous regarderiez un film. Quand vous allez au cinéma, vous ne faites pas partie du film ; les acteurs et les actrices, oui, mais vous, vous n'êtes que spectateurs.
    De la même façon, observez comment fonctionne votre esprit. C'est vraiment très intéressant, beaucoup plus que n'importe quel film, parce que votre esprit est le résultat global de l'ensemble du monde et il contient toutes les expériences vécues par les êtres humains. Vous comprenez ? Votre esprit est l'humanité, et lorsque vous saisirez cela, vous aurez en vous une immense compassion. De cette compréhension surgit un immense amour: alors vous saurez, en voyant de jolies choses, ce qu'est la beauté."

     

    in Conformisme et révolte

     

     

     

  • Asai Ryōi

    Vivre uniquement le moment présent,
    se livrer tout entier à la contemplation
    de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier
    et de la feuille d’érable… ne pas se laisser abattre
    par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître
    sur son visage, mais dériver comme une calebasse
    sur la rivière, c’est ce qui s’appelle ukiyo.

     

    in Les Contes du monde flottant

     

     

     

     

  • Jean Bédart

    Nous étions l’un devant l’autre dans ce lac enchanté et la toison rougie de la forêt nous encerclait. On aurait dit que le cosmos entier voulait s’amuser dans nos corps.

     

    in Marguerite de Porète

     

     

  • Jean Bédard

     

    L’amour est beaucoup plus un jeu d’enfants que tu ne le crois. En revanche, les jeux d’enfants sont beaucoup moins des jeux d’enfants que tu ne le penses.

     

    in Marguerite de Porète