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RÉSONNANCE & COPINAGES

  • Roméo Bondon - Élisée Reclus et la solidarité terrestre

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    aux éditions Le Passager clandestin, août 2025, 128 p., 12 euros. 

     

     

     

    "Tous les combats doivent être menés en même temps, selon Élisée Reclus, géographe libertaire, anarchiste, féministe et végétarien. Le géographe Roméo Bondon dédie un livre à la « solidarité terrestre » du penseur.

    Grand voyageur, géographe visionnaire, militant socialiste puis anarchiste, Élisée Reclus (1830-1905) fut l’un des savants majeurs du XIXe siècle, dont la renommée fut comparée de son vivant à celle de Jules Verne et Alexander von Humboldt.

    Après une relative éclipse au XXe siècle, ses textes font l’objet d’un regain d’intérêt — militant et académique — depuis quelques années. Dans un petit livre publié le 22 août, Élisée Reclus et la solidarité terrestre (éd. Le Passager clandestin), Roméo Bondon, lui-même géographe, présente la vie et l’œuvre de cet intellectuel avant-gardiste, agrémenté de plusieurs extraits à la tonalité écologiste."

    Lire la suite avec l'interview de l'auteur ici : 

    https://reporterre.net/Elisee-Reclus-ne-faisait-pas-de-hierarchisation-entre-les-luttes

     

     

     

  • Claire Touzard - Folie et résistance

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    https://www.editionsdivergences.com/livre/folie-et-resistance

    Paru en mai 2025

     

     

    Introduction de l'auteur :

     

    Le 9 juin 2023, je suis sortie de chez la psychiatre. Je me sentais terrifiée, soulagée, et déçue à la fois. Cette spécialiste qui avait travaillé à l’hôpital Sainte-Anne me confirmait l’intuition que j’avais eue, après quatre ans de quête : j’étais atteinte d’un trouble bipolaire. J’étais soulagée et terrifiée parce que ce mot, « bipolarité », tout en sonnant comme une sentence, apportait aussi une explication. Mais j’étais, dans le même temps, contre l’idée d’une catégorisation. Je me sentais un peu piégée par cette étiquette. Paradoxalement, elle incarnait un point de départ. Elle me déculpabilisait aussi de cette incapacité à aller mieux ces derniers temps. Je pouvais enfin relire des années d’enfers psychiques, de trous dans ma vie sociale, professionnelle, à l’aune de ce terme. Il était un liant, un révélateur tout en étant terriblement effrayant car réducteur. Il m’ôtait une partie de moi, de ma liberté d’être. Il me plaçait quelque part – dans une case pas tant médicale que sociale.

    La folie.

    J’étais déçue car ce diagnostic allait sans doute conforter mes détracteur·ices. Tandis que je traversais le parc jouxtant le cabinet, et alors que je scrutais la statue en pierre curieuse d’un vieux type alpha, je pensais surtout à cela. Que l’on allait peut-être moins me prendre au sérieux désormais, ou qu’on allait lire mes idées ou engagements politiques à travers cette maladie. Cela n’a d’ailleurs pas tardé. Quelques jours plus tard, je déjeunais avec une connaissance. Je savais que cette personne scrutait mes prises de position d’un œil critique. Cela faisait plusieurs mois que je défendais la libération de la Palestine et que je dénonçais le génocide à Gaza. Je participais à des actions, des œuvres collectives, des plateaux télé sur le sujet – recevant, vu les amalgames ambiants, mon lot de harcèlement. La première chose qu’elle me dit, quand je lui fis part de mon diagnostic, fut :

    « Ah voilà, je savais bien qu’il y avait une explication à ton obsession pour la Palestine ! »

    Elle paraissait rassurée et arborait un air triomphal. Son intuition avait été la bonne. Si je défendais les opprimés et dénonçais des milliers de morts de civils, un génocide qui touchait soixante pour cent de femmes et d’enfants, selon Amnesty International, c’était bel et bien que j’étais atteinte, d’un point de vue psychique. On ne pouvait pas, selon sa lecture du monde, être lié·es de trop près à cette cause – non pas parce qu’elle ne lui parais- sait pas juste, mais parce qu’elle vous faisait forcément perdre en réputation, mettait en danger vos contrats, votre travail, votre sécurité. Et que pour elle, comme pour des millions de personnes, c’était cela qui était devenu « raisonnable » et sensé.

    Le confort.

    Plusieurs questions ont alors fusé dans mon esprit. Je me suis demandé comment nous avions abouti à ce système de valeur dans lequel la raison était de taire le génocide de dizaines de milliers d’innocents, tandis que la folie serait de s’ériger contre. Je me suis aussi interrogée sur un éventuel lien entre mes troubles psychiques et ma résistance.

    Le contexte social accentuait-il cette « anormalité » qu’on me prêtait ? Visiblement, mon trouble tranchait avec une apathie ambiante – il était donc intéressant à analyser comme une rupture. Une force politique. Qui plus est, la lutte pour la Palestine s’était imposée à un moment où je me réparais physiquement et psychologiquement. J’ai vu dans la lutte pour cette population oppressée une nécessité plus globale de réparation mondiale. La Palestine était un gouffre dans lequel s’immisçaient et se mêlaient les traumatismes des minorités et les douleurs collectives, un gouffre qui mettait en lumière le fascisme globalisé. La Palestine était une des pires horreurs colonialistes que j’allais vivre, moi, femme née dans les années 1980 : en direct sur nos écrans, on assistait à un massacre en masse de civils que normalisaient nos démocraties. Contrairement à l’Irak et à d’autres crimes de l’Occident, je pouvais voir sur mon téléphone ces crimes filmés en temps réel – ainsi que le décalage entre cette violence inouïe et les discours médiatiques qui tendaient à le minorer, voire l’effacer.

    Avec cette dissonance cognitive, le monde avait perdu la raison. Nous assistions à une révélation de la folie : elle s’exposait et se propageait, grâce à Internet, donnant l’impression d’une accélération d’évènements de façon quasi hallucinatoire.

     

    (...)

     

    Suite de cette très passionnante introduction à lire ici :

    lmsi.net/Vous-avez-dit-folie

     

     

    2.3-1568x1046-2640948628.jpgClaire Touzard a été diagnostiquée d'un trouble bipolaire au moment où son engagement politique allait croissant. Dans ce récit à la fois personnel et politique, l'autrice de Sans Alcool s'intéresse à la folie, un concept désuet en psychiatrie mais encore d'usage courant, qui pourrait rassembler, en une forme de communauté politique, les personnes neuroatypiques ou atteintes de troubles psychiques. L'autrice nous montre que notre santé mentale est instrumentalisée par les dirigeant.e.s, pour mieux ériger en norme une vraie déraison : capitaliste, colonialiste et patriarcale. Or notre folie peut être un outil de résistance et de libération. Elle explore une vision du soin différente, politique, à travers les voix des plus grand.e.s activistes, de la poétesse Audre Lorde au mouvement Black Panthers. Et si notre réparation passait par une révolution intellectuelle et collective ?

    Claire Touzard est journaliste et grand reporter.

     

     

  • Philippe Godard

    « Ce système nous a proposé jusqu’à maintenant d’accumuler, de vivre à fond dans l’avoir. Et il a acheté notre complicité, alors que des êtres humains n’avaient même pas la possibilité de vivre décemment. Cette misère s’étend à tout être vivant. La terreur d’État, l’asservissement industriel, l’abêtissement capitaliste et la misère sociale nous frappent toutes et tous. Insidieusement et continuellement, ces forces néfastes divisent notre être intime. Une partie de nous se voit subrepticement contrainte à être le bourreau de notre autre moi, celui qui rêve, sait et veut que ce monde ne soit pas celui-là. Combien d’entre les citoyens tentent difficilement de défaire la nuit ou pendant leur maigre temps libre ce dont ils ont été complices chaque jour travaillé ? »

    C’est ce qu’on peut lire dans un manifeste anarchiste dans les années 2008-2009 pendant la crise des subprimes.

     

    in L'anarchie ou le chaos

     

     

  • Maria Kakogianni

    Ère d’encre.
    L’heure où le merle chante au milieu des conquêtes et des migrations.
    L’heure où la réalité dépasse la fiction et celle-ci sort ses griffes.
    Le soleil est en train de croquer la ligne ondulante d’horizon.
    Les couleurs font tache sur tout ce qui voudrait être ou avoir une limite. Chair et pierre, corps, viande, esprit.
    Il y a un enfer fêlé pour chaque amour empêché, chaque enfant qui n’arrive pas à dormir, et chaque monde qui n’en finit pas de finir. 

     

     

  • Hommage à Abdelmajid Kaouah (1950-2025)

    Je relaie un message reçu ce jour de Christian Saint-Paul à qui je demandais il y a quelques temps s'il avait des nouvelles d'Abdelmajid qui ne répondait plus à mes mails depuis un bon moment. J'ai eu la joie de le rencontrer en plus de le lire quand je l'avais invité à une soirée poésie que j'organisais à St Cirq-Lapopie en 2008, ça date. Journaliste et poète, il était à l'origine entre autre d'une anthologie de poésie algérienne, Quand la nuit se brise, parue chez Points en 2012. Je l'avais publié dans ma revue en mai 2007. C'est vraiment avec beaucoup de tristesse que j'apprends son envol pour je l'espère de meilleures dimensions, ce monde lui, perd une très belle personne.

     

    Je plante mon arbre
    là où l’eau broie la chevelure du soleil
    écartelé entre deux ateliers de violence
    et c’est l’amour sur les chemins parallèles
    des hommes
     

    in Par quelle main retenir le vent

     

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    St Cirq-Lapopie, le 2 septembre 2008

     

    Voici sa présentation qui figure dans Nouveaux délits n°23, mai 2007 :

     

    Abdelmadjid Kaouah est né le 25 décembre 1950 à Aïn-Taya, près d'Alger. Il est journaliste de profession. Correspondant de divers journaux algériens francophones (Les Soir d’Algérie, Le Quotidien d’Oran) et chroniqueur littéraire (Notre Librairie, littératures du Sud, Paris).. Il produit durant plusieurs années des émissions radio de culture et de société et dans la presse écrite. Titulaire d’une Maîtrise consacrée à la poésie algérienne de langue française suivie d’un D.E.A. inachevé sur Mohammed DIB (Université Toulouse Le Mirail). Il publie depuis les années 70 chez Alif (en Tunisie), les éditions du Stencil en Algérie notamment : Trois télégrammes d’amour et un poème pour les enfants, De toute manière et en France. Son recueil Par quelle main retenir le vent, préfacé par Tahar Djaout en 1986 évoquant ce qu'aurait pu être l'Algérie si les poètes avaient eu la parole, est réédité suivi de La Jubilation du jasmin par les éditions Noir & Blanc ainsi que L'Ombre du livre. Il obtient le prix Sernet 1995 des Journées internationales de poésie de Rodez pour La Maison livide (éd. Encres Vives, Toulouse). En 1999, il publie Le Nœud de Garonne (éd. Autres Temps, Marseille). Figure dans de nombreuses anthologies poétiques. Il a publié aux éditions Autres Temps une anthologie : Poésie algérienne francophone contemporaine  (coll. "Temps poétique", 2004). Dernière publication : Le Cri de la mouette quand elle perd ses plumes (Encres Vives, mars 2006). La violence qui a frappé son pays dans les années 90 l'a poussé à l'exil en région toulousaine où il vit aujourd’hui. En voie de parution : Que pèse une vitre qu’on brise ; Suite suédoise ; Sarabande amoureuse.. Sa douleur favorite : « elle est toute baudelairienne : c'est l'implacable spleen. »

     

     

     

    Message reçu ce matin de Christian Saint-Paul :

    "J'avais beau savoir depuis qu'il ne donnait plus de nouvelles, que les courriels demeuraient sans réponse, que nous allions perdre le grand poète algérien Abdelmajid Kaouah, apprendre son décès survenu à Perpignan le 20 juillet 2025, me plongea dans le désarroi. 

    Je ne pouvais plus retarder la submersion de la tristesse et étouffer tous les souvenirs des moments heureux que nous avions partagés.

    Michel Cosem (1939 - 2023), d'emblée, dès les premiers temps de l'exil de ce poète algérien fuyant son assassinat programmé durant la guerre civile d'Algérie dans les années 1990 (+ de 100 000 morts), l'a accueilli à Encres Vives.

    1. Kaouah, journaliste de profession, était un homme de radio. Je fus son invité à son émission à Radio Soleil, puis, plus tard, l'invité régulier - souvent avec la comédienne Danièle Catala -  de son émission à Canal Sud à Toulouse.

    Lui, devint un familier de mon émission "Les poètes" à Radio Occitanie.

    Je l'ai fait rencontrer le poète franco-israélien Michel Eckhard-Elial et il était présent à la Bibliothèque du Musée Georges Labit à Toulouse, lorsque ce dernier est venu présenter les éditions Levant

    Il participa à un colloque de l'Académie des jeux floraux à l'Hôtel d'Assézat sur la poésie des rives de la Méditerranée.

    Il m'adressait les articles qu'il faisait paraître dans les journaux en Algérie et je les diffusais aux amis et les mettais en ligne un temps sur le site de l'émission "Les poètes".

    Le soir, après l'émission, je le raccompagnais en voiture aux Pradettes lorsqu'il demeurait à Toulouse. Puis, il s'installa dans la ville de Carbonne et était tributaire des horaires de train.

    Des années de complicité, d'amitié, jusqu'à son silence que j'ai respecté, désemparé devant la maladie.

    Sa pudeur et son courage furent la marque d'un homme d'exception.

    Camusien, c'était avant tout un homme de paix qui s'est investi en entier dans l'essor de la poésie algérienne de langue française, lui consacrant la parution d'une anthologie.

     

    A la rentrée d'automne, je ferai écouter de nouveau sa voix en rediffusant une des émissions dont il était le sujet à Radio Occitanie, celle de l'année 2014 où il était venu accompagné de la journaliste et femme de radio Leila Boutaleb.

     

    Vous trouverez en PJ le commentaire de cette émission que vous pouvez écouter en cliquant sur : https://lespoetes.site/emmission/2014.html et en allant à l'émission POETES 07.

     

    Vous trouverez également un document sur Abdelmajid Kaouah de Habib Samrakadi, enseignant universitaire et directeur d'Horizons Maghrebins.

    Je termine sur un poème de A. Waberi originaire de Djibouti, dont Majid aimait l’extrême simplicité et qui pouvait le définir dans sa passion de la poésie : 

    Abdourahman Waberi « Quand on n’a que la terre et autres recueils » éditions Points

    extrait de « Oser se faire terre » poème « En Sicile » :

     

    A mes yeux, la poésie n’est pas

    une réjouissance solitaire

    Juste le moyen d’émouvoir le plus grand nombre

    Depuis l’enfance je me sens différent

    J’ai appris aussi à cultiver ma ressemblance

    avec tous,

    Offrir à chacun et à chacune mon chapelet de perles

    Le miel de mon cahier

    Nourrir le fil qui mène aux autres

    Là est le chemin qui mène à la beauté

    La bonté

    La Beauté

    Sur la table je trouve un mot

    des plus énigmatiques

    MPP

    Même pas peur

    Le nouveau dicton de ma moitié

     

    Christian Saint-Paul  
    https://lespoetes.site"

     

     

  • Hind Joudeh

     

    Une poétesse en temps de guerre

    Que peut bien vouloir dire être poète en temps de guerre ?
    Cela veut dire que tu dois t'excuser
    t'excuser sans compter
    auprès des arbres en flammes
    des oiseaux sans nids
    des maisons pilonnées
    des énormes crevasses au mitan des rues
    des enfants pâles
    avant et après la mort
    et auprès de chaque mère triste ou trépassée
    [...]

     

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    Hind Joudeh, né à Gaza en 1983

    in Anthologie de la poésie Gazaouie d'Aujourd'hui

    (textes traduits par Abdellatif Laâbi et réunis par Yassin Adnan),

    éd. PointPoésies, 2025

     

     

     

     

  • Friedrich Nietzsche

     

    Il se dresse fièrement tout en haut de la pyramide du progrès universel, et en posant dessus la clé de voûte de sa connaissance, il a l’air d’apostropher la nature soumise alentour : “Nous sommes au but, nous sommes le but, nous sommes la nature achevée.” Européen superfier du dix-neuvième siècle, tu as la tête qui fume ! Ton savoir n’achève pas la nature, mais il tue la tienne. 

     

    in Utilité et inconvénient de la connaissance historique pour la vie, 1874

     

     

  • Entetien avec Caroline du Saint

     

    Un-Deni-francais-Enquete-sur-l-elevage-industriel-2039841350.jpgDans cette interview puissante et éclairante, Caroline du Saint, autrice et réalisatrice du documentaire L’Usine des animaux (Arte) et du livre Le Déni français, démonte méthodiquement les mécanismes qui empêchent de voir la réalité de l’élevage industriel en France. Ce grand mensonge, à base d’images rassurantes de vaches dans les prés et de récits de petites fermes familiales, est largement relayé par l’industrie, les politiques, la publicité… mais aussi par notre propre désir de croire que tout va bien. Caroline du Saint s’appuie sur son enquête internationale, son expérience de terrain (France, Pologne, Vietnam, États-Unis…), et une analyse historique, politique, économique et psychologique, pour révéler un déni collectif aussi puissant que dévastateur.