Proverbe turc
Pour l'amour d'une rose, le jardinier est le serviteur de mille épines
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Pour l'amour d'une rose, le jardinier est le serviteur de mille épines
Dans notre langue, on appelle un clown Heyoka. Il est l’homme qui fait tout à l’envers, met le haut en bas, les choses sens dessus dessous, dit oui pour non.
N’importe qui peut être changé en Heyoka, que cela lui plaise ou non. Il suffit de rêver aux oiseaux du tonnerre, à la foudre, et en se réveillant le matin, on est devenu un Heyoka.
Être contraire apporte l’honneur mais aussi la honte. On devient possesseur d’un pouvoir, mais il faut en payer le prix. Un Heyoka se comporte bizarrement.
Il dit oui quand il veut dire non. Il monte son cheval à l’envers. Il porte ses mocassins ou ses bottes en se trompant de pied. S’il arrive, c’est pour partir.
S’il fait chaud, il frissonne, s’enfouit sous les couvertures, fait un grand feu et déclare qu’il meurt de froid. L’hiver, quand vraiment il gèle et que la tempête fait rage, le Heyoka transpire ; il enfile un maillot de bain et déclare qu’il va nager pour se rafraîchir.
Deux Heyoka étaient assis sur un rocher au bord d’un lac. Il se mit à pleuvoir. Ils dirent : « Dépêchons-nous de nous mettre à l’abri ». Et ils sautèrent ensemble dans le lac.
Un contraire s’appelait L’Aplatisseur. On le voyait toujours muni d’un marteau, essayant d’aplatir des objets ronds ou incurvés, comme des assiettes à soupe, les balles, les anneaux, les roues de charrettes, les œufs. Ma grand-mère avait une lampe à pétrole avec un grand verre cylindrique ; il l’a aplati.
Il n’est pas facile d’être un Heyoka. Mais il est encore moins facile d’en avoir un dans sa famille !
Les Heyoka préservent les hommes de la foudre et des orages et leurs facéties, qui font rire, sont sacrées. Selon la tradition des Sioux, les « Êtres du Tonnerre » ou « Oiseaux-Tonnerre » détiennent le plus grand des pouvoirs, celui de la foudre, et nul œil humain n’a jamais pu les voir. Ils n’apparaissent que dans les visions des Saint-Hommes. Néanmoins, tout individu qui rêve du tonnerre ou des éclairs, ou de tout autres symboles qui leur sont attachés, se retrouve investi des pouvoirs des Oiseaux-Tonnerre (Wakinyan), les Grands Êtres Ailés.
Il devient, à partir de ce moment, un Heyoka, un « rêveur de tonnerre ». Ce dernier n’est pas un Homme-Médecine ordinaire. C’est un « contraire », un clown sacré qui fait tout à l’envers. La raison de cet étrange comportement dérive certainement de la croyance universelle qui veut que l’univers des esprits soit situé « à l’envers du nôtre ».
John Fire Lame Deer, Wicasha Wakan (homme-médecine en lakota), membre de la Société des Heyoka
Lutter contre la faim en transformant nos systèmes alimentaires, pour permettre à tous et toutes d’accéder à une alimentation saine et choisie, le tout en favorisant une agriculture durable et un revenu juste des agriculteur·ices : c’est le projet de la sécurité sociale de l’alimentation, imaginé sur le modèle du régime général de la sécurité sociale, fondé après la Seconde Guerre mondiale par Ambroise Croizat. Une trentaine d’expérimentations sont en cours à Bordeaux, Lyon, Rennes, Paris ou encore Cadenet. Pour ce nouvel épisode de Bouffe de là, Nora Bouazzouni reçoit Pauline Scherer, sociologue et intervenante en recherche-action, qui copilote depuis deux ans la caisse alimentaire commune de Montpellier.
Résumé dans l'article ici : https://www.auposte.fr/securite-sociale-de-lalimentation-maintenant/
À mon corps d’enfant :
Charge-toi des douceurs de ces années tendres et lointaines. Charge-toi pour les jours à venir, lorsque la tempête et les Polices voudront te réduire à l’abandon. Et peut-être était-ce là ta manœuvre, mon ami ? Peut-être toute ta douceur était-elle destinée à me permettre d’accueillir plus tard une violence sans précédent.
in Les chants du placard
« Que moi, Lili, je suis essentielle et que j’ai droit à cette vie dont j’ai fait la preuve en vivant 14 mois. On peut dire que 14 mois ce n’est pas beaucoup mais pour moi c’est comme toute une vie humaine, entière et heureuse. »
Lili Elbe in Man into Woman, 1933
« (…) c'est un œil dur, qui cherche dans notre corps, nos expressions, notre démarche, nos imperceptibles mouvements, des signes de notre masculinité ou de notre féminité antérieure. »
Tal Madesta in La fin des monstres
« - Corbeau, t'es un garçon ou une fille ?
- Croa, croa
J'ai rigolé et je me suis allongée sur le dos. Le ciel était d'un bleu profond. Je m'imaginais que j'étais couchée sur des nuages de coton blanc. La terre était humide dans mon dos. Le soleil était chaud, l'air était doux. Je me sentais heureuse. La nature me serrait contre elle et semblait ne me trouver aucun défaut. »
Leslie Feinberg In Stone Butch Blues
« Brouiller les cartes.
Masculin, féminin ? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. S’il existait dans notre langue, on n’observerait pas le flottement de ma pensée. Je serais pour de bon l’abeille ouvrière. »
Claude Cahun in Aveux non avenus, 1930
« Au lieu de dire que le genre est ceci ou le genre est cela, reconnaissons que le mot genre a des dizaines de sens qui y sont intégrés. Il s’agit d’un amalgame de corps, d’identités et d’expériences de vie, d’impulsions inconscientes, de sensations et de comportements dont certains se développent organiquement et d’autres sont façonnés par le langage et la culture. Au lieu de dire que le genre est une seule chose, commençons par le décrire comme une expérience holistique. »
Kate Bornstein, in Gender Outlaws: The Next Generation
"Ne m’étiquette pas ! Je ne suis pas celui que tu crois et peut-être que sur ma tête ne tiennent pas les étiquettes que tu aurais voulu poser. Je ne dis pas ça pour m’opposer, mais parce que pas plus que tu ne m’appartiens, je ne t’appartiens. Mais s’il est vrai qu’il ne faut pas se laisser définir par autrui, il faut aussi oser dépasser ses propres auto-représentations nourries souvent de nos biais cognitifs…
Petit garçon, il fallait être baptisé, faire son catéchisme, aimer ses parents, travailler pour avoir des bons points.
Je n’étais pas baptisé. Pour certains copains dans la cour de l’école, c’était impossible. Je serais mort. Ils demandèrent l’avis du « meilleur de la classe » qui réfléchit longuement à la question, me fixa et prononça (véridique) son avis d’expert : « non, c’est possible, mais il ira en enfer ! »
J’avais beau revendiquer à huit ans ne pas croire en Dieu, la menace pesait sourdement sur mon destin. Pire encore, mes parents étaient divorcés – à l’époque c’était rare- et j’avais, comble de la subversion, avoué publiquement détester mon père. Cela choquait mais je ne pouvais révéler ce qu’il avait pu faire sous mes yeux à ma mère ou plus tard à ma sœur. Une petite voix en moi, celle de l’injustice, fit de moi un petit garçon qui ne voudrait jamais s’identifier au patriarcat, même si je ne savais pas dire ce que c’était.
Au collège, j’étais bon à l’écrit. Alors il « fallait » que je ne sois pas matheux. Au lycée, une professeure écrivit : « aime l’Histoire, n’aime pas la géographie« . Que devais-je faire avec cette sentence ? Pourtant, j’aimais beaucoup la géographie…
Fonctionnaire on m’accorda le sérieux de la fonction publique. Il fallait pour être engagé que le maire signe « un certificat de bonne moralité ». Je me conformai donc au risque de mettre en tension certains aspects de ma vie qu’il convenait de dissimuler alors qu’ils n’avaient rien de répréhensibles : « cache tes sentiments amoureux. »
Il me fallut quitter l’étroitesse d’esprit des campagnes d’alors pour me « libérer » dans la capitale. Mais la « tolérance » vous colle des étiquettes sur le front. Je fus présenté aux diners amicaux de l’une de mes tantes adorées, comme son « neveu gay ». Ça partait d’une bonne intention, ça faisait bien dans le décor des années quatre-vingts, mais je me sentais réduis à mes préférences amoureuses dans des sous entendus parfois à la limite du graveleux.
Plus tard encore, en charge d’une fonction administrative, on me prêta un pouvoir dont je ne disposais pas et même de revenus qui ne me furent jamais dévolus. On s’imaginait que j’étais forcément du côté « du ministre » ou que j’avais trahi ma classe pour quelques honneurs…
Retraité – quel mot englobant et réducteur- on m’imagina éclusant ma vie en loisirs sans fin dormant sur un matelas de billets. Billevesées bien sûr ! Et parfois, il m’est arrivé, il m’arrive encore, de me glisser dans le paysage en portant l’uniforme tranquille qui permettra que mon rôle social se trouve identifié et que « ça passe » en discrétion…"
(...)
Un texte très intéressant et très juste qui résonne pour moi, à lire dans son intégralité (important) sur le blog de l'auteur : https://vincentbreton.fr/ne-metiquette-pas/
Avec la voix de Denis Lavant sur un texte de Marc Sastre.
Réalisé par Sylvain Luini.
Musique Guillaume Navar.
Des confins du cosmos à notre intimité, de la consumation à la consommation, de la fatalité des choses à la destruction raisonnée, une réflexion sur la dépense, sur ses limites, sur nos limites.
réalisé par Sylvain Luini
extrait live (2019) de "Celui qui nous sépare"
Du féroce plein le buste
des mâles reconstruisent les ligues.
Caucasiens.
Latins.
Amnésiques.
La tour de France n’est pas bonne vigie
quand l’Europe est province.
J’y vois des prisonniers en mal de horde
jouer aux matons.
Celui qui nous sépare
poésie
Les Fondeurs de Briques, 2018
46 pages avec CD 10 titres
Winona LaDuke est une femme politique ojibwe américaine, née en 1959, membre du Parti vert, romancière et essayiste. Elle s'est engagée pour la récupération des terres amérindiennes, le développement économique communautaire et les droits des femmes.
Sid Mills, un Yakima, vétéran du Vietnam
Russell Mean & Leonard Crow Dog
The blessing - Crow Dog, medecine man et leader spirituel
« Nous sommes venus et nous vous avons combattu. Nous avons pris vos terres. Nous avons signé des traités que nous avons rompus. Nous avons volé les minéraux de vos collines sacrées. Nous avons gravé les visages de nos présidents sur votre montagne sacrée. Nous avons pris toujours plus de terres, et puis nous avons pris vos enfants, et avons essayé de façonner votre langue. Nous avons essayé de supprimer la langue que Dieu vous a donnée. Nous ne vous avons pas respecté, nous avons pollué votre terre. Nous vous avons fait du mal de bien des manières. Mais nous sommes venus vous dire que nous sommes tellement désolés. Nous sommes à votre service et demandons votre pardon. »
Wes Clark Jr., fils d’un ancien général de l’armée américaine, à genoux devant Leonard Crow Dog, lundi 5 décembre 2016 lors d'une une célébration de repentance réunissant 500 personnes.
Le contexte :
Dimanche 4 décembre 2016, des milliers de vétérans venus de tout le pays s'étaient donnés rendez-vous à Standing Rock, pour soutenir les indiens, et ont pacifiquement protesté contre le passage d’un nouvel oléoduc sur leur terre, mettant en péril leurs ressources en eau. Cet événement organisé par Wes Clark Jr., le fils d’un ancien général de l’armée américaine s’est achevé le lendemain avec une cérémonie de repentance. Wes Clark Jr. a alors demandé pardon à genoux à l’emblématique chef spirituel Leonard Crow Dog. Les autorités fédérales ont stoppé la construction du très controversé oléoduc, suite aux protestations croissantes de près de 2000 vétérans américains au côté des populations natives. Brian Cladoosby, le président du Congrès national des Indiens d’Amérique avait déclaré :
« Mes mains se lèvent à tous les protecteurs de l’eau qui se sont dressés pour protéger les droits des traités tribaux et de protéger la Terre Mère… Nous vous remercions de vous être tenus debout pour Standing Rock. »