Gustave Roud
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Dans cette interview puissante et éclairante, Caroline du Saint, autrice et réalisatrice du documentaire L’Usine des animaux (Arte) et du livre Le Déni français, démonte méthodiquement les mécanismes qui empêchent de voir la réalité de l’élevage industriel en France. Ce grand mensonge, à base d’images rassurantes de vaches dans les prés et de récits de petites fermes familiales, est largement relayé par l’industrie, les politiques, la publicité… mais aussi par notre propre désir de croire que tout va bien. Caroline du Saint s’appuie sur son enquête internationale, son expérience de terrain (France, Pologne, Vietnam, États-Unis…), et une analyse historique, politique, économique et psychologique, pour révéler un déni collectif aussi puissant que dévastateur.
"Le 3 septembre paraîtra le numéro 19 de La Déferlante intitulé « S’informer en féministes ». À cette occasion, cet été, nous donnons la parole à des personnes qui s’engagent pour une information fiable et indépendante. Premier d’une série de quatre : le témoignage de Shrouq Aila, journaliste palestinienne à Gaza qui, dans des conditions extrêmement difficiles, couvre le génocide en cours pour de nombreux médias français, dont le groupe France Télévisions ou Mediapart"
Shrouq Aila a 31 ans, elle est journaliste, productrice et réalisatrice, mère d'une petite fille, son mari, le journaliste Rushdi Sarraj a été tué dans un bombardement israélien en octobre 2023.
Il faut lire son témoignage, ici : https://revueladeferlante.fr/shrouq-aila-mon-regard-est-une-fenetre-sur-gaza/
Paru chez Points, coll. Point poésie, éd. 2022
Un de ces jours
j’arracherai la porte
et me mettrai debout à sa place
afin de m’interdire de sortir
vers la fosse du monde
Mazen Maarouf
Cette anthologie pose un acte fort : réunir les plumes les plus prometteuses de la nouvelle poésie palestinienne, rompre le silence en redonnant une voix à celles et ceux qui vivent aujourd’hui dans la pénombre de l’impasse, presque invisibles, en tout cas inaudibles. S’y révèle un champ poétique entièrement renouvelé, espace sans limites où tout est encore possible : écrire, aimer, rêver, voyager loin, penser librement.
« Jamais auparavant nous n’avions eu, venant de l’aire culturelle à laquelle ces femmes et hommes appartiennent, une poésie s’inscrivant avec autant de naturel dans ce qui se fait de plus pertinent, de plus percutant en matière de poésie contemporaine. »
Abdellatif Laâbi
La tristesse n'est rien d'autre qu'un mur qui s'élève entre deux jardins.
in Le sable et l'écume
Les enfants qui s’arrachent à nous
Et le sillage qu’ils laissent
in Un carré de poussière
https://www.editionsducommun.org/products/un-carre-de-poussiere
Dans la revue Terrestre, traduction réalisée par Nicolas Haeringer de « The rise of end times fascism », un long article de Naomi Klein et Astra Taylor paru dans The Guardian le 13 avril 2025.
"La mouvance des cités-États privées n’en croit pas ses yeux1. Pendant des années, elle a défendu l’idée radicale que les ultra-riches, rétifs à l’impôt, devraient créer leurs propres fiefs high-techs – qu’il s’agisse de pays entièrement nouveaux sur des îles artificielles dans les eaux internationales (des « implantation maritimes ») ou de « villes libres » dédiées aux affaires, telles que Próspera, une communauté fermée adossée à un spa de l’ouest sauvage sur une île du Honduras2.
Pour autant, en dépit du soutien de figures majeures du capital-risque telles que Peter Thiel et Marc Andreessen, leurs rêves libertariens radicaux ne cessaient de s’enliser : il semble que la plupart des riches qui ont un peu d’estime d’eux-mêmes ne souhaitent en réalité pas vivre sur des plateformes pétrolières flottantes, même s’ils y paieraient moins d’impôts. Quand bien même Próspera serait un lieu de villégiature agréable, propice à des « améliorations » physiques3, son statut extra-national est actuellement contesté devant les tribunaux.
Ce réseau autrefois marginal se retrouve aujourd’hui brusquement à frapper à des portes grandes ouvertes, au cœur même du pouvoir mondial.
Le premier signe que la chance tournait remonte à 2023, quand Donald Trump, alors en pleine campagne, sortait de son chapeau l’idée d’organiser une compétition, qui déboucherait sur la création de dix « villes libres » sur des terres fédérales. À l’époque, ce ballon d’essai est passé inaperçu, noyé dans le déluge quotidien de déclarations outrancières. Mais depuis que le nouveau gouvernement a pris ses fonctions, ceux qui aspirent à créer de toutes pièces de nouveaux pays mènent une campagne de lobbying intense, déterminés à ce que l’engagement de Trump devienne réalité.
« À Washington, l’ambiance est vraiment électrique », s’est récemment enthousiasmé Trey Goff, le secrétaire général de Próspera, après s’être rendu au Capitole. La législation ouvrant la voie à de nombreuses cités-États privées devrait être finalisée d’ici la fin de l’année, affirmait-il alors.
Inspirés par leur lecture tronquée du philosophe politique Albert Hirschman, des personnalités comme Goff, Thiel et l’investisseur et essayiste Balaji Srinivasan promeuvent ce qu’ils appellent « l’exit » – soit le principe selon lequel ceux qui peuvent se le permettre auraient le droit de se soustraire aux obligations de la citoyenneté, en particulier aux impôts et aux réglementations contraignantes. En remodelant et renouvelant les vieilles ambitions et les anciens privilèges des empires, ils rêvent de briser les gouvernements et de diviser le monde en havres hyper-capitalistes. Ceux-ci seraient dépourvus de démocratie, sous le contrôle exclusif des ultra-riches, protégés par des mercenaires privés, servis par des robots intelligents et financés par les cryptomonnaies.
On pourrait penser qu’il y une contradiction à ce que Trump, élu sur son programme-étendard « l’Amérique d’abord », accorde du crédit à cette vision de territoires souverains dirigés par des milliardaires rois divins. De fait, on a beaucoup parlé des luttes de pouvoir que mènent Steve Bannon, porte-parole du courant MAGA [Make America Great Again, ndt], fier populiste patriote, contre les milliardaires ralliés à Trump qu’il traite de « technoféodalistes » qui « n’ont rien à foutre de l’être humain » – et encore moins de l’État-nation. De fait, les conflits au sein de la coalition bancale et bizarroïde montée par Trump sont à l’évidence légion, et ont récemment culminé à propos des droits de douane4. Pourtant, les visions sous-jacentes ne sont pas forcément aussi incompatibles qu’elles n’en ont l’air.
Pour le dire crûment, les personnes les plus puissantes au monde se préparent pour la fin du monde, une fin dont elles accélèrent frénétiquement l’arrivée.
Le contingent des « aspirants créateurs de pays » envisage très clairement un avenir défini par les chocs, les pénuries et l’effondrement. Leurs domaines privés, ultra-modernes, ne sont rien d’autre que des capsules de sauvetage fortifiées, conçues pour qu’une petite élite puisse profiter de tout le luxe imaginable, et bénéficie de chaque opportunité d’optimisation humaine susceptible de leur offrir, ainsi qu’à leurs enfants, un avantage décisif dans un avenir de plus en plus barbare. Pour le dire crûment, les personnes les plus puissantes au monde se préparent pour la fin du monde, une fin dont elles accélèrent frénétiquement l’arrivée.
En soi, ce n’est guère différent de la vision, plus orientée vers les masses, de « nations forteresses », qui définit la droite dure partout dans le monde, de l’Italie à Israël en passant par l’Australie et les États-Unis. À l’ère des périls permanents, les mouvements ouvertement suprémacistes de ces pays veulent transformer ces États relativement prospères en bunkers armés. Des bunkers dont ils sont déterminés à brutalement expulser et emprisonner les êtres humains indésirables (même si cela passe par un confinement à durée indéterminée dans des colonies pénitentiaires extra-nationales, à l’instar de l’île de Manus5 ou de Guantánamo). Leurs promoteurs sont également sans pitié dans leur volonté de s’accaparer violemment les terres et les ressources (eau, énergie, minerais critiques) qu’ils estiment indispensables pour absorber les chocs à venir.
Pawel Czerwinski sur Unsplash.
Au moment où les élites de la Silicon Valley, autrefois laïques, découvrent Jésus, il est remarquable que ces deux visions – l’État-privé à pass-priorité et la nation-bunker à marché de masse – partagent tant avec l’interprétation fondamentaliste Chrétienne de l’Enlèvement biblique, soit le moment où les fidèles sont censés être élevés au paradis, vers une cité dorée, tandis que les damnés seront abandonnés ici-bas, pour endurer la bataille apocalyptique finale.
Si nous voulons être à la hauteur de ce moment critique de l’histoire, nous devons admettre que nous ne faisons pas face à des adversaires similaires à ceux que nous connaissons. Nous faisons face au fascisme de la fin des temps.
(...)
Suite à lire ici :
https://www.terrestres.org/2025/07/16/la-montee-du-fascisme-de-la-fin-des-temps
Extrait du Ep "je parle de si loin" https://mtmgmt.ffm.to/jeparledesiloin...
Spoken word, beats old school. Poésie parlée, musique. Hommage au "Last Poets", vidéo poème. Réalisé par Pascal Gary aka phormazero https://www.phormazero.com/
Marc Tison : Texte voix-musique https://marctison.wordpress.com/
Marc Bernard : Musique-réalisation sonore
Texte " Je parle de si loin / Des lambeaux de bruits blancs Aux fréquences animales / De la fissure entre colère et désir Il faut crier si fort / Je parle de si loin Je te reconnais à l’odeur des brulures Dans des décharges de métal / Sur les enchevêtrements de fibres optiques Saturées de mémoires Je reconnais par l’amour qui se lie / Serrés sont les corps Je parle de si loin entre l’assourdissement des commentaires et l’aphonie du dedans /Les écouteurs du silence sont flanqués aux oreilles Nous des lemmings décimés / exclus des flamboyances crépusculaires / Brulant l’horizon qu’on ne rattrape plus Malcom X / Aimé Césaire / Battaient aux tempes L’armature des siècles Je parle de si loin / Entre mes doigts et la terre qu’ils tiennent / Les nuages indolents au ciel / Mon insignifiance et les révolutions à faire "
Bleu si bleu de Méditerranée noyé dans
nuages noirs sursautés d’uranium & plutonium
paysage frappé par astéroïde
cratères d’une quinzaine de mètres hôpitaux
mi hospices pour résidents de l’enfer mi
mouroirs & morgues les médecins se cachent
pour pleurer
ailleurs
pont aérien & secours d’urgence accompagnés
de grandes déclarations à propos de
"valeurs universelles" comprendre :
Valant pour tous sauf ceux ghettoïsés emmurés
Ici
ni eau ni nourriture ni carburant & électricité
(& pas de médicaments d’aucune sorte)
Ici
à mains nues les hommes cherchent
dans les décombres s’il reste des survivants
& retirent de petits corps
Gaza, Palestine
Plaie saignante où aigles & monstres d’acier
ont établi leurs quartiers de la Mort
rendre la terre stérile effacer toute trace
de culture & vergers
abattre des arbres de famille plusieurs fois
centenaires
Ahmad est parti (il y a soixante-quinze ans juché
sur les épaules de son père il parcourut la piste
des larmes menant de Yaffa au sud
harcelés par les soldats pillards)
Youssef & Samir ses aînés aussi
avec femmes enfants petits-enfants
tous partis
Gaza, Palestine
oasis heureuse avant
il y a si longtemps avant
l’arrivée de ceux venus de
l’autre côté de la mer
aujourd’hui
cimetière d’enfants au bord de la Méditerranée
sur les écrans du monde entier
agonise l’Humanité
N’ai rien vu de l’automne
n’ai rien vu cette année
n’ai pas vu l’automne se déployer
l’acacia flamboyer les grues
s’envoler
n’ai rien vu que bombes
& encore plus de bombes sur Gaza
en flammes
ni eau, ni nourriture ni carburant & électricité
ni acacia flamboyant ni grues en partance
seulement déluge phosphorique
avec débordant au milieu de la folie
le grand fleuve vivant aux bras multiples
des enfants de Gaza
leurs petits corps qui n’auront pas eu le
temps de grandir
leurs rêves qui n’auront pas eu le temps
de fleurir
leurs petits corps fleurs de sang
leurs rêves envolés sur les airs du vent
n’ai rien vu de l’automne cette année
n’ai pas dit adieu aux feuilles d’or aux grues
dire adieu adieu adieu à toute chose
comme ils le font là-bas parents & enfants
qui se prennent dans les bras chaque nuit
& se disent adieu avant de s’endormir
Peut-être aurons-nous la chance d’être à nouveau réuni
dans une autre vie une vie qui ne sera pas
ghettos & bantoustans prisons bombes
& extinction
Cet enfer provoqué pour lequel il est devenu si difficile de poser des mots tellement ils s'y épuisent en vain...
Merci à jlmi et Au hasard de Connivences
https://auhasarddeconnivences.eklablog.com