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RÉSONNANCE & COPINAGES - Page 5

  • RIP Klee Benally

    Klee Benally ....qui a quitté ce monde trop jeune, le 30 décembre dernier à 48 ans. Artiste navajo, auteur, réalisateur et surtout infatigable activiste écolo et pour la défense des droits, de la culture autochtone et de la terre, il avait fondé à 14 ans avec son frère et sa sœur, le groupe punk Blackfire.

     

    Il a publié No Spiritual Surrender: Indigenous Anarchy in Defense of the Sacred.

     

     

    son dernier film  :

     

    https://kleebenally.com/

     

     

  • Gharib Asqalani  - Les oiseaux dans le ciel de Gaza

                 

    JL Millet 2004.jpg

     jlmi 2020 

     

    Il n’y a pas d’oiseaux dans le ciel de Gaza,

    aucun vent ne porte les plumes de leurs ailes,

    aucune brise n’apporte la senteur des saisons.

    Les saisons : portes de sang à l’infini.

    A Gaza, l’air est lourd

    triste

    pollué

    occupé.

    Les gens ne considèrent plus les corbeaux

    et les hiboux comme les oiseaux de malheur,

    les corbeaux noirs ont abandonné les cimes des cyprès et ont cessé de croasser,

    les hiboux ne trouvent plus dans les arbres

    assez d’obscurité pour s’y réfugier pendant le jour,

    les ailes des chauves-souris se sont déchirées

    à cause des débris d’explosions.

    A toute heure, les avions bourdonnent dan l’espace,

    filment ce qui se passe sur le sol,

    enregistrent les mouvements des gens,

    même dans leurs chambres à coucher,

    sur les pauvres tables des déjeuners.

    A Gaza,

    la situation annonce une nudité forcée,

    sans honte ni scandale,

    sinon celle des Israéliens,

    à chaque instant,

    tous les jours,

    il n’y a de présence que pour les hurlements des Apache,

    des F16 et des Cobra, s’il y a lieu.

    Dans les airs, la mort guette les gens,

    les bêtes,

    les oiseaux,

    les maisons,

    l’asphalte des rues qui ne sont plus goudronnées.

    Le gibier c’est un enfant 

    un homme 

    une femme 

    une ruelle qui dort sur sa faim,

    ses blessures et ses morts.

    L’assassinat à Gaza est devenu un rite

    quotidiennement renouvelé qui dispense son éclat,

    l’assassiné 

    le martyr ferme ses paupières dans un repos éternel

    sans se demander si ses membres se sont dispersés ou ont éclaté.

    La situation à Gaza c’est le siège.

    La situation c’est la mort et les questions à propos d’une patrie.

    La situation à Gaza c’est la recherche d’une fleur

    dans les méandres des cauchemars,

    un archet et un rebab (*) qui laissent fuser un air fissuré sur une corde cassée 

    fixée.

     

    (*) le rebab est un instrument de musique à cordes frottées

     

     

    Merci à jlmi

    http://auhasarddeconnivences.eklablog.com/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Sylvie Rouat

     

    Notre Univers est composé de structures filamentaires de matière noire s’entrelaçant en un réseau cosmique dont les points de croisement concentrent les galaxies en amas.

     

    in Euclid : une première plongée époustouflante dans les abysses cosmologiques, Sciences et avenir, 7 novembre 2023

     

  • Jan Richardson

    I cannot tell you
    how the light comes.
    What I know
    is that it is more ancient
    than imagining.
    That it travels
    across an astounding expanse
    to reach us.
    That it loves
    searching out
    what is hidden
    what is lost
    what is forgotten
    or in peril
    or in pain.
    That it has a fondness
    for the body
    for finding its way
    toward flesh
    for tracing the edges
    of form
    for shining forth
    through the eye,
    the hand,
    the heart.
    I cannot tell you
    how the light comes,
    but that it does.
    That it will.
    That it works its way
    into the deepest dark
    that enfolds you,
    though it may seem
    long ages in coming
    or arrive in a shape
    you did not foresee.


     

     

    Je ne peux vous dire 
    comment vient la lumière.
    Ce que je sais,
    c'est qu'elle est plus ancienne 
    que l'imagination.
    Qu'elle voyage 
    à travers un espace stupéfiant 
    pour nous atteindre.
    Qu'elle aime rechercher
    ce qui est caché
    ce qui est perdu
    ce qui est oublié
    ou en danger
    ou en souffrance.
    Qu'elle a une affection pour le corps
    pour trouver son chemin vers la chair
    pour tracer les contours des formes
    pour éclairer à travers l'œil,
    la main, 
    le cœur.
    Je ne peux vous dire 
    comment vient la lumière,
    mais peux vous assurer qu'elle vient.
    Qu'elle le fera.
    Qu'elle se forera une voie
    dans l'obscurité la plus profonde
    qui vous enveloppe,
    même si cela peut sembler
    prendre une éternité à venir
    ou arriver sous une forme
    que vous n'aviez pas prévue.

     

    traduit par moi-même

     

     

  • Anne Dufourmantelle

    La douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable.

    Elle ne peut se trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer.

    La douceur est politique. Elle ne plie pas, n'accorde aucun délai, aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s'accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l'humain.

    De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière.

     

    in Puissance de la douceur

     

     

     

  • Georges de Cagliari

    LA BEAUTÉ

     

    Sous les pieds du désert, la beauté prend patience.

    Elle naîtra peut-être de l’épine dans le talon d’un nouveau-né,

    ou d’un foisonnement d’oracles à l’embouchure du silence,

    ou du parfum d’un trait entre le cri de l’œil et l’hégémonie des couleurs,

    mais toujours à partir d’un rien, comme une montagne d’un chant de pâtre.

    La beauté naîtra !

    Aussi évidente qu’un lait de brume sur l’aréole des matins.

    Elle aura pour berceau l’espace et le confinement,

    la laideur et le ciel marin,

    tout ce qui fait le sang de son enfantement.

    Contre les sentences des codes,

    malgré les griffons noirs assis sur les marches du trône,

    la beauté naîtra par surprise,

    par violence ou détournement,

    ou par magie d’esprit, dans la bure épaisse d’une folie élaborée !

    Et ce sera tresses d’azur dans l’échancrure des grottes

    et ce sera l’effarement des dunes,

    confites dans la comptabilité béates des ondulations.

    La beauté naîtra !

    Que les vagues le disent aux plages pachydermes :

    quelle que soit sa mature, elle accostera sur nos ères comme un galion d’épices pour l’ivresse des vents de terre,

    et ce sera jeux de vitrail dans la composition des pistes neuves à fouler.

    Qu’on l'assène aux masques assoupis sous la férule des beffrois !

    Ils peuvent faire rouler les dés,

    ils peuvent biseauter les cartes,

    la beauté viendra du dehors,

    par le chemin inexploré,

    par la douve vouée à la fermentation des herbes,

    par les premiers mots de l’enfant devant la porte condamnée !

    La beauté viendra.

    Déjà, des géométries impalpables s’instaurent entre le geste ancien et le battement d’ailes,

    déjà dans les pierres grises, une oasis mûrit .

    Regarde mieux !

    Non pas le cavalier et sa fanfare d’orgueil, mais la sculpture du vent entre sa monture et le ciel.

    Regarde mieux !

    Tu seras ébloui comme au commencement.

     

    in Cécité pour mieux voir, éd. de la Musaraigne

     

     

     

     

  • Stranieri Ovunque

    Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande raciste, les migrations ne concernent que pour 17 % les riches pays du Nord, et concernent tous les continents (en particulier l’Asie et l’Afrique) ; ce qui signifie que pour chaque pays pauvre, il s’en trouve un encore plus pauvre d’où fuient des migrants. La mobilisation totale imposée par l’économie et les États est un phénomène planétaire, une guerre civile non déclarée et sans frontière : des millions d’exploités errent dans l’enfer du paradis marchand, ballottés de frontière en frontière, enfermés dans des camps de réfugiés, encerclés par la police et l’armée, et gérés par les organisations dites de charité — complices des tragédies dont elles ne dénoncent pas les causes réelles dans le seul but de profiter de leurs conséquences —, entassés dans les « zones d’attente » des aéroports ou dans les stades, enfermés dans des camps […] pour être enfin ficelés et expulsés dans l’indifférence la plus totale. »

     

     in Partout des étrangers

     

     

  • Georges Didi-Huberman & Niki Giannari

    (...) Après tout, les réfugiés ne font que revenir. Ils ne « débarquent » pas de rien, ni de nulle part. Quand on les considère comme des foules d’envahisseurs venus de contrées hostiles, quand on confond en eux l’ennemi avec l’étranger, cela veut surtout dire que l’on tente de conjurer quelque chose qui, de fait, a déjà eu lieu : quelque chose que l’on refoule de sa propre généalogie. Ce quelque chose, c’est que nous sommes tous des enfants de migrants et que les migrants ne sont que nos parents revenants, fussent-ils « lointains » (comme on parle des cousins). L’autochtonie que vise, aujourd’hui, l’emploi paranoïaque du mot « identité », n’existe tout simplement pas et c’est pourquoi toute nation, toute région, toute ville ou tout village sont habités de peuples au pluriel, de peuples qui coexistent, qui cohabitent, et jamais d’« un peuple » autoproclamé dans son fantasme de « pure ascendance ». Personne en Europe n’est « pur » de quoi que ce soit — comme les nazis en ont rêvé, comme en rêvent aujourd’hui les nouveaux fascistes — et si nous l’étions par le maléfice de quelque parfaite endogamie pendant des siècles, nous serions à coup sûr génétiquement malades, c’est-à-dire « dégénérés ».


     
     in Passer, quoi qu’il en coûte