Jean Joseph Rabearivelo
Limon tu es et t’en souviens;
mais tu es en vérité l’enfant de cette ombre parturiente
qui se repaît de lactogène lunaire
in Traduit de la nuit
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Limon tu es et t’en souviens;
mais tu es en vérité l’enfant de cette ombre parturiente
qui se repaît de lactogène lunaire
in Traduit de la nuit
Trois jeunes apprentis agriculteurs se lancent dans une exploitation agricole écologique à l'éthique irréprochable. Entre espoirs et désillusions, labeur et épuisement, idéaux et pression financière, « Nouvelles graines » retrace leur parcours initiatique et dresse le portrait sensible et sans fard d'un retour à la nature rattrapé par la réalité du terrain.
Rien de bon n’est jamais sorti des reflets de l’esprit se mirant en lui-même.
in Ainsi parlait Zarathoustra, 1885
Klee Benally ....qui a quitté ce monde trop jeune, le 30 décembre dernier à 48 ans. Artiste navajo, auteur, réalisateur et surtout infatigable activiste écolo et pour la défense des droits, de la culture autochtone et de la terre, il avait fondé à 14 ans avec son frère et sa sœur, le groupe punk Blackfire.
Il a publié No Spiritual Surrender: Indigenous Anarchy in Defense of the Sacred.
son dernier film :
jlmi 2020
Il n’y a pas d’oiseaux dans le ciel de Gaza,
aucun vent ne porte les plumes de leurs ailes,
aucune brise n’apporte la senteur des saisons.
Les saisons : portes de sang à l’infini.
A Gaza, l’air est lourd
triste
pollué
occupé.
Les gens ne considèrent plus les corbeaux
et les hiboux comme les oiseaux de malheur,
les corbeaux noirs ont abandonné les cimes des cyprès et ont cessé de croasser,
les hiboux ne trouvent plus dans les arbres
assez d’obscurité pour s’y réfugier pendant le jour,
les ailes des chauves-souris se sont déchirées
à cause des débris d’explosions.
A toute heure, les avions bourdonnent dan l’espace,
filment ce qui se passe sur le sol,
enregistrent les mouvements des gens,
même dans leurs chambres à coucher,
sur les pauvres tables des déjeuners.
A Gaza,
la situation annonce une nudité forcée,
sans honte ni scandale,
sinon celle des Israéliens,
à chaque instant,
tous les jours,
il n’y a de présence que pour les hurlements des Apache,
des F16 et des Cobra, s’il y a lieu.
Dans les airs, la mort guette les gens,
les bêtes,
les oiseaux,
les maisons,
l’asphalte des rues qui ne sont plus goudronnées.
Le gibier c’est un enfant
un homme
une femme
une ruelle qui dort sur sa faim,
ses blessures et ses morts.
L’assassinat à Gaza est devenu un rite
quotidiennement renouvelé qui dispense son éclat,
l’assassiné
le martyr ferme ses paupières dans un repos éternel
sans se demander si ses membres se sont dispersés ou ont éclaté.
La situation à Gaza c’est le siège.
La situation c’est la mort et les questions à propos d’une patrie.
La situation à Gaza c’est la recherche d’une fleur
dans les méandres des cauchemars,
un archet et un rebab (*) qui laissent fuser un air fissuré sur une corde cassée
fixée.
(*) le rebab est un instrument de musique à cordes frottées
Merci à jlmi
http://auhasarddeconnivences.eklablog.com/
rien que tenir face
aux trous dans les plaines
ne pas glisser sur
le carrelage d'écailles, la danse déjà
cassée de nos propres monstres.
Notre Univers est composé de structures filamentaires de matière noire s’entrelaçant en un réseau cosmique dont les points de croisement concentrent les galaxies en amas.
in Euclid : une première plongée époustouflante dans les abysses cosmologiques, Sciences et avenir, 7 novembre 2023
Le temps
est une chaise au soleil, et rien de plus.
I cannot tell you
how the light comes.
What I know
is that it is more ancient
than imagining.
That it travels
across an astounding expanse
to reach us.
That it loves
searching out
what is hidden
what is lost
what is forgotten
or in peril
or in pain.
That it has a fondness
for the body
for finding its way
toward flesh
for tracing the edges
of form
for shining forth
through the eye,
the hand,
the heart.
I cannot tell you
how the light comes,
but that it does.
That it will.
That it works its way
into the deepest dark
that enfolds you,
though it may seem
long ages in coming
or arrive in a shape
you did not foresee.
Je ne peux vous dire
comment vient la lumière.
Ce que je sais,
c'est qu'elle est plus ancienne
que l'imagination.
Qu'elle voyage
à travers un espace stupéfiant
pour nous atteindre.
Qu'elle aime rechercher
ce qui est caché
ce qui est perdu
ce qui est oublié
ou en danger
ou en souffrance.
Qu'elle a une affection pour le corps
pour trouver son chemin vers la chair
pour tracer les contours des formes
pour éclairer à travers l'œil,
la main,
le cœur.
Je ne peux vous dire
comment vient la lumière,
mais peux vous assurer qu'elle vient.
Qu'elle le fera.
Qu'elle se forera une voie
dans l'obscurité la plus profonde
qui vous enveloppe,
même si cela peut sembler
prendre une éternité à venir
ou arriver sous une forme
que vous n'aviez pas prévue.
traduit par moi-même
La douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable.
Elle ne peut se trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer.
La douceur est politique. Elle ne plie pas, n'accorde aucun délai, aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s'accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l'humain.
De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière.
in Puissance de la douceur
LA BEAUTÉ
Sous les pieds du désert, la beauté prend patience.
Elle naîtra peut-être de l’épine dans le talon d’un nouveau-né,
ou d’un foisonnement d’oracles à l’embouchure du silence,
ou du parfum d’un trait entre le cri de l’œil et l’hégémonie des couleurs,
mais toujours à partir d’un rien, comme une montagne d’un chant de pâtre.
La beauté naîtra !
Aussi évidente qu’un lait de brume sur l’aréole des matins.
Elle aura pour berceau l’espace et le confinement,
la laideur et le ciel marin,
tout ce qui fait le sang de son enfantement.
Contre les sentences des codes,
malgré les griffons noirs assis sur les marches du trône,
la beauté naîtra par surprise,
par violence ou détournement,
ou par magie d’esprit, dans la bure épaisse d’une folie élaborée !
Et ce sera tresses d’azur dans l’échancrure des grottes
et ce sera l’effarement des dunes,
confites dans la comptabilité béates des ondulations.
La beauté naîtra !
Que les vagues le disent aux plages pachydermes :
quelle que soit sa mature, elle accostera sur nos ères comme un galion d’épices pour l’ivresse des vents de terre,
et ce sera jeux de vitrail dans la composition des pistes neuves à fouler.
Qu’on l'assène aux masques assoupis sous la férule des beffrois !
Ils peuvent faire rouler les dés,
ils peuvent biseauter les cartes,
la beauté viendra du dehors,
par le chemin inexploré,
par la douve vouée à la fermentation des herbes,
par les premiers mots de l’enfant devant la porte condamnée !
La beauté viendra.
Déjà, des géométries impalpables s’instaurent entre le geste ancien et le battement d’ailes,
déjà dans les pierres grises, une oasis mûrit .
Regarde mieux !
Non pas le cavalier et sa fanfare d’orgueil, mais la sculpture du vent entre sa monture et le ciel.
Regarde mieux !
Tu seras ébloui comme au commencement.
in Cécité pour mieux voir, éd. de la Musaraigne
Je veux nicher dans le suc du vrai, pas autre part.
Je ne veux que ça. Je n’aspire qu’à ça.