Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

RÉSONNANCE & COPINAGES - Page 3

  • Paul Celan

     

    Le poème peut être une bouteille jetée à la mer, abandonnée à l'espoir - certes souvent fragile - qu'elle pourra un jour, quelque part, être recueillie sur une plage, sur la plage du cœur peut-être.

     

     

  • Ludovic Frobert - Quelques lignes d’utopie - Pierre Leroux et la communauté des « imprimeux » (Boussac,1844-1848)

     
     

    Frobert_Imprimeux_UNE150_v4.jpgEntre narration historique et fictive, ce récit retrace la naissance, la vie et la mort de la communauté utopique des « Imprimeux » qui s’est développée autour de deux activités : une imprimerie, puis une ferme. Rassemblée autour de la figure de Pierre Leroux, cette association entre industrie et agriculture s’est développée dans une petite commune de la Creuse – Boussac – entre 1844 et 1848, et réunit pas moins de quatre-vingts membres à son apogée.

    Typographe, maçon, journaliste, mais aussi philosophe, homme politique et théoricien du socialisme, Pierre Leroux était l’ami de George Sand. En plus de lui dédier Spiridon, cette dernière le soutien financièrement dans son installation. En 1843, dans la foulée de l’obtention de son brevet d’imprimeur, Leroux installe donc ses presses au sein d’un ancien hospice, où il fabrique des revues à l’image de ce siècle : politiquement effervescentes.

    Soucieux de convertir en acte sa pensée socialiste, il invité son frère – également typographe – à diriger l’imprimerie à ses côtés. Peu à peu se constitue une colonie de travailleurs basée sur l’autosuffisance et l’égalité salariale. Jusqu’à ce que la révolution de 1848 en sonne le glas : Pierre Leroux proclame la République, est élu maire de Boussac puis député de la Seine ; il quitte alors la Creuse, laissant l’imprimerie aux mains de ses camarades.

    Afin de reconstituer l’existence, aussi brève qu’intense, de la communauté des imprimeux, Ludovic Frobert met à contribution sa propre imagination pour compléter les matériaux historiques qu’il a rassemblés. Évoquant autant les petits que les grands évènements, l’aventure des idées que la réalité quotidienne, il redonne vie aux échanges, discussions et polémiques que cette cohabitation a fait naître. Il ravive le souvenir d’un homme dont les idées et l’œuvre ont marqué ses plus illustres contemporains – dont Karl Marx et Jean Jaurès – mais dont l’image s’est peu à peu effacée.

     

    En savoir plus : https://agone.org/livres/quelques-lignes-dutopie

     

     

  • Eric JULIEN - Kogis, le chemin des pierres qui parlent

    9782330163389.jpgJ'ai connu l’association Tchendukua dès sa naissance en octobre 1997, fruit d’une rencontre improbable, en 1985, entre l’alpiniste et géographe Éric Julien et des communautés autochtones de la sierra Nevada de Santa Marta en Colombie qui lui avaient alors sauvé la vie. S’en était suivie une promesse qu’il mettra dix ans à tenir. Il relate cette histoire dans son premier livre sur le sujet, Le chemin des neuf mondes, paru en 2001 et un film dont j’ai toujours la VHS. J’avais été immédiatement passionnée par les Kogis et ce qu'ils ont à nous apprendre car, les peuples premiers et moi, c'est une longue histoire que je ne m'explique pas mais qui remonte à mon enfance, avec toujours cette cruelle sensation d'être née chez l' « ennemi »... et surtout avec la profonde certitude que ces peuples avaient les savoirs et les réponses donc nous avions besoins pour sauver cette planète et nous sauver nous-mêmes. J'ai donc soutenu Tchendukua, participé à l'époque où je le pouvais (au rachat des terres ancestrales notamment) tout comme j’ai soutenu l’association Survival International et d’autres encore pendant de très longues années. Maintenant les autorités spirituelles des Kogis, viennent en France, ce n’est pas la première fois mais cette fois, ce n’est pas seulement pour nous rencontrer dans des salles de conférence en ville mais pour ausculter nos terres, nos montagnes et nous dire à leur façon, à quel point elles sont malades et comment les aider. Ce n'est pas du folklore, c'est de la connaissance, séculaire, très précise, qui est confrontée aujourd'hui à celle de différents scientifiques ouverts d'esprit (ça semble une lapalissade et pourtant... hélas non), et ce livre relate le fruit de cette extraordinaire expérience, la première d’une série qui je l’espère va se répandre partout (trois États américains appliquent déjà de telles techniques pour mieux préserver les forêts) et pour moi, l’exaltante confirmation, encore une fois, de mon plus profond et ressenti qui m’habite et me guide depuis aussi loin que je puisse me souvenir. 

     

    Kogis, le chemin des pierres qui parlent, Éric Julien (Actes sud, coll. Voix de la Terre, 2022).

    https://www.actes-sud.fr/catalogue/nature-et-environnement/kogis-le-chemin-des-pierres-qui-parlent

     


    "À l’heure des grands déséquilibres écologiques,économiques et sociaux, ce livre raconte l’histoire d’une improbable rencontre. En 2018, deux Mamas et une Saga, autorités spirituelles des Indiens kogis (Colombie), ont participé avec une vingtaine de scientifiques français à la réalisation d’un diagnostic croisé de santé territoriale du Haut-Diois, petit territoire de la Drôme. Au cours de ces quelques semaines véritablement extra-ordinaires, des échanges féconds, tout en délicatesse et respect mutuel par- delà les différences culturelles, ont permis l’émergence fragile d’une nouvelle pensée, d’un nouveau paradigme, en alliance avec ce vivant qui nous traverse, nous porte et nous fait vivre.


    Le dialogue est une réinvention permanente, signe de conscience et de maturité des sociétés, des organisations qui le permettent, le pratiquent et le transmettent. Il révèle que, seuls, nous ne sommes rien, que les autres, humains et non humains, nous renseignent sur ce que nous ne savons pas ou plus de nous, et qu’ensemble tout est possible.


    Alors que l’on déplore aujourd’hui une véritable crise de sens et un désarroi croissant, et si écouter les “voix de la Terre” nous permettait de retrouver les “voies de la guérison” et de la résilience ?"

     

     

    Une soixantaine de scientifiques et experts, dont Cédric Villani, ont signé cette tribune que je retranscris ci-dessous pour appeler à faire dialoguer connaissances des peuples autochtones et savoirs scientifiques pour soigner ensemble la Terre. 


    Vous aussi, vous pouvez signer cet appel au dialogue, pour changer notre rapport au vivant et mieux prendre soin de nos territoires : https://www.change.org/p/faire-dialoguer-connaissances-ancestrales-et-savoirs-scientifiques-pour-soigner-la-terre


    « Il y a 500 ans, les conquistadors débarquaient sur les côtes caraïbes de l'actuelle Colombie. Dans son essai Le Rêve mexicain ou la Pensée interrompue (1988), Jean-Marie Gustave Le Clézio se prend à imaginer : et si les Espagnols avaient choisi le dialogue avec les civilisations amérindiennes plutôt que leur écrasement, la modernité en aurait-elle été changée ?

    Parmi ces civilisations précolombiennes, l'une des plus brillantes était celle des Tayronas. Cinq siècles plus tard, les Kogis, leurs héritiers directs, qui ont survécu à la barbarie et préservé leur culture en se repliant dans les hautes vallées de la Sierra de Santa Marta en Colombie, nous interpellent : «Nous avons confiance dans le fait que si nous partageons les connaissances que nous avons reçues de nos lointains ancêtres, nous pourrons ensemble trouver un chemin qui, au-delà de nos différences, permettra de préserver l'harmonie du monde et de tous ses habitants. En tant que Kogis, c'est un pont que nous voulons tendre vers vous pour le dialogue et la compréhension commune ».

    Saurons-nous saisir la main tendue ?


    Notre Terre est «malade»… Les constats sont précis, des remèdes connus. Et pourtant aucune inflexion à la hauteur des enjeux ne se dessine. «Rien n'est inventé, parce que la nature a déjà tout écrit. L'originalité consiste toujours à revenir aux origines». Et si, pour affronter cette crise écologique, on tentait d'invoquer les origines comme le suggérait Antonio Gaudi, l'architecte catalan ? Et si le dialogue avec les peuples autochtones, qui n'ont jamais perdu ce lien d'alliance avec la nature, était une porte d'entrée ? Pour Éric Julien, géographe et fondateur de l'association Tchendukua Ici et Ailleurs, « l'histoire de la vie nous rappelle, vivants parmi les vivants, que nous avons besoin de la terre, de l'eau, de l'air pour poursuivre notre chemin». Ne serait-il pas temps de remettre le vivant au cœur de nos pensées, de nos analyses et de nos actions ? Bien qu'ils ne représentent que 5% de la population mondiale, les peuples autochtones habitent des territoires où se concentrent 80% de la biodiversité de la planète (Banque mondiale, 2008). Parmi ces sociétés, les Kogis se considèrent les gardiens de la «Terre Mère» et jouent un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité et des écosystèmes de la Sierra Nevada de Colombie. Leurs savoirs ancestraux ont été reconnus patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO en 2022. Pourraient-ils nous aider à comprendre, prendre soin et réveiller la mémoire de nos propres territoires ? C'est le sens de leur main tendue.

    Croiser nos savoirs et leurs connaissances pour élargir notre regard en retissant notre lien organique avec la nature, telle est l'ambition de Shikwakala, le diagnostic croisé de santé territoriale initié par l'association Tchendukua. En 2018, une première expérimentation était lancée dans la Drôme : une vingtaine de scientifiques et experts dialoguaient avec quatre représentants du peuple Kogi. Une première historique au cours de laquelle des représentants de ces sociétés, qui étaient autrefois qualifiées avec condescendance de «sauvages» ou «primitives», venaient à notre rencontre au cœur de nos territoires pour partager avec nous, leurs «petits frères», leur connaissance du vivant. Les premiers résultats se sont avérés aussi étonnants que déroutants, avec deux constats sous forme d'évidence : l'expertise des Kogis s'applique hors de leur territoire ; ils disposent bien de connaissances qui nous sont étrangères.


    Cette nouvelle rencontre approfondira le dialogue unique engagé depuis 2018 entre connaissances ancestrales et savoirs scientifiques. En avril 2023, six scientifiques français passaient deux semaines avec les Kogis dans les montagnes de la Sierra, sans visée ethnographique mais dans une démarche respectueuse de dialogue. Parmi eux, Cédric Villani, mathématicien médaillé Fields : « Moi qui suis, dans le monde des idées, un serviteur du projet exponentiel – la croissance indéfinie du savoir – je me suis senti bousculé comme rarement quand il a fallu tenter de traduire notre savoir livresque et dispersé en un conte à taille humaine. Où trouver la signification enfouie dans la masse des connaissances ? ».


    Le dialogue, signe de maturité d'une société, peut contribuer à faire émerger de nouvelles clés de lecture, un nouveau regard sur ce que le monde moderne a choisi d'appeler «la nature» ou «l'environnement». Du 25 septembre au 17 octobre, un second diagnostic croisé de la santé de nos territoires réunit cinq Kogis et une cinquantaine de scientifiques et experts de différentes disciplines. De Genève à Paris, en passant par la Corse, ils parcourront des sites très urbanisés et fragilisés, avec un regard particulier pour le Rhône et la question de l'eau.


    Cette nouvelle rencontre approfondira le dialogue unique engagé depuis 2018 entre connaissances ancestrales et savoirs scientifiques. Il ne s'agit ni d'idéaliser les peuples autochtones ni de dénigrer la modernité, la science et ses avancées. Mais dans notre époque de déséquilibres et d'incertitudes, comme le suggère le sculpteur italien Miguel Angelo Pistoletto, de tenter de prendre le meilleur de ces deux mondes, le naturel et l'artificiel, pour essayer d'inventer d'autres voies. À rebours de la logique historique des rapports Nord/Sud, continuer à poser les jalons d'un véritable échange interculturel et, peut-être, redécouvrir la puissance de ces savoirs sensibles que nos cultures occidentales ont tant occultés.


    500 ans après l'arrivée des conquistadores… il n'est pas trop tard ! »

     

    L’association Tchendukua : https://www.tchendukua.org/

     

     

     

     

     

     

  • Joseph Delteil 

     

    Là règne un homme qu'on appelle le Paysan. Les Tranchées, c'est affaire de remueurs de terre, c'est affaire de paysans. C'est l'installation de la guerre à la campagne, dans un décor de travaux et de saisons. Les Tranchées, c'est le retour à la terre.
    En fait, il restait surtout des paysans dans les tranchées. A la mobilisation, tout le monde était parti gaiement. Se battre, le Français aime ça (pourvu qu'il y ait un brin de clairon à la cantonade). L'offensive, la Marne, la course à la mer, un coup de gueule dans un vent d'héroïsme : ça va, ça va ! Avec un sou d'enthousiasme, on peut acheter cent mille hommes. Mais après les grandes batailles, dès qu'on s'arrêta, lorsque vint l'hiver avec ses pieds gelés, et la crise des munitions aidant, l'occasion, la chair tendre, les malins se débinèrent. Chacun se découvrit un poil dans les bronches, un quart de myopie, et d'ailleurs une vocation chaude, une âme de tourneur. Les avocats plaidèrent beaucoup pour l'artillerie lourde. Les professions libérales mirent la main à la pâte. Ce fut un printemps d'usines.

    Le paysan, lui, resta dans les Tranchées.

    Il se tient là, dans son trou, tapi comme ces blaireaux, ces fouines qu'il connaît bien. Creuser le sol, ça le connaît, n'est-ce pas ! Il creuse, de Dunkerque à Belfort, des lignes profondes. De l'époque des semailles jusqu'au mois des moissons, il creuse. A l'heure où le raisin mûrit, à l'heure où le colza lève, il creuse. Il creuse, dans la longue terre maternelle, des abris comme des épouses, des lits comme des tombes. Chaque tranchée est un sillon, et chaque sape un silo. Ces boyaux, ils sentent la bonne cave. Mille souvenirs champêtres fleurissent dans les entonnoirs. La terre est une grande garenne. Les copains soufflent comme des vaches à l'étable. Le flingot a un manche de fourche. Et toutes ces armes industrielles, ces engins nouveaux comme des étoiles, ces crapouillots à quatre pattes, ces lance-mines et ces tas d'obus fauves, tout a un grand air animal, un air d'animaux à cornes. La lune est toujours la lune des prairies. Il y a un merle sur une gueule de canon. De la pluie, de la pluie qui fait germer les avoines. Et le vent des tuiles passe sur les hommes de chair.

     

    extraits des Poilus (1926), Grasset

     

    Merci jlmi !

     

     

     

  • Désir et rébellion, L'art de la joie - Goliarda Sapienza par Coralie Martin (2023)

    affiche-art-de-la-joie-1105x1500.jpg

    Ce film nous offre une rencontre inédite avec Goliarda Sapienza, l’autrice culte de L’art de la joie et son héroïne insoumise Modesta, pour révéler la charge révolutionnaire, subversive et même scandaleuse de ce chef-d’œuvre incontournable de la littérature du 20ème siècle, refusé pendant près de 30 ans par les éditeurs italiens et finalement publié en France, dix ans après sa mort. Les trajectoires de ces deux femmes désirantes s’entremêlent vers une même puissance émancipatrice : la joie d’écrire sa propre vie. 

     

    En ce moment sur Arte : 

    https://www.arte.tv/fr/videos/113602-000-A/desir-et-rebellion-l-art-de-la-joie-goliarda-sapienza

     

    Voir aussi : http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2023/02/24/goliarda-sapienza-l-art-de-la-joie-6429991.html

     

     

     

     

     

     

     

  • Quand les jeunes et les scientifiques dialoguent avec les Kogis

    J'ai connu Tchendukua dès sa naissance, passionnée par les Kogis et ce qu'ils ont à nous apprendre. Les peuples premiers et moi c'est une histoire que je ne m'explique pas qui remonte à mon enfance, avec toujours cette cruelle sensation d'être née chez l'ennemi... mais donc j'ai soutenu, participé à l'époque où je le pouvais (au rachat des terres ancestrales notamment), maintenant les Kogis viennent ici ausculter nos terres, nos montagnes, nous dire à quel point elles sont malades, ce n'est pas du folklore, c'est de la connaissance, séculaire, extraordinaire, qui est confrontée aujourd'hui à celle de scientifiques ouverts d'esprit (ça semble une lapalissade et pourtant... hélas non), bref, c'est juste essentiel :

     

     

     

     

  • C'était il y a 20 ans...

    "Quelques oranges émergent de la terre... Ici, les oranges ne sont pas accrochées à des branches, elles sortent de terre. Ici on ne cueille pas les oranges, on les déterre.Ces orangers de Gaza mis à bas, détruit, enfouis sous terre par les bulldozers israéliens sont, comme les oliviers arrachés de Cisjordanie, une image du peuple palestinien, que l'armée israélienne veut arracher à sa terre. Quand elle ne peut pas arracher, elle enfouit. Mais comme ces oranges qui restent à fleur de terre et donnent couleur au terrain détruit, les Palestiniens continuent à vivre et à résister à cette occupation sauvage, puisqu'à côté des orangers et des palmiers arrachés, des fraises rouges et joufflues semblent narguer les machines destructrices."
    Iman Abu Kmil, 15 ans, 2003


    C'était il y a 20 ans, en 2003, avec leur professeur Ziad Medoukh, les élèves du collège Ramla, collège public de jeunes filles situé dans un quartier défavorisé à Gaza, participent à la Journée de la Terre en Palestine par des poèmes, récits, histoires... écrits en français et dédiés à tous les francophones solidaires de la Palestine. 


    Que sont devenues ces jeunes adolescentes ? Où sont-elles aujourd'hui ?