József Árpád Koppay
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Je suis la hantise des hommes. J’ai placé Lilith sur le trône. En Lion. Orgueilleuse Lilith, combien de mâles te faut-il encore ? Jamais tu ne seras assouvie, car tu ne cherches que la libération. Et voici un soleil qui vient s’opposer à toi, t’éclairer toi, l’obscure. Un soleil à la peau noire pour t’éclairer, toi, la plus noire des noires. J’en ai marre de toi, tu es cruelle, drapée dans tes douleurs immémoriales. Sans concession. Celui qui te dominera devra être plus cruel que toi et moi j’en ai marre, alors refaisons le rite et que je sois libérée enfin. Pouvoir aimer. Je ne connais pas mes limites, faut-il vraiment les connaître pour ne plus se sentir perdu en soi même ?
cg in Journal 2006
EN NERFS ET EN BOSSES
BIEN EN CHAIR
COMBLER LA FOSSE
Mordre
Les grappes de nuit lourdes amères
Mordre
Jusqu’au sang le soleil
Mordre la peau
Punir les marques
Du temps irrespectueux
Abîmer pour abîmer
Creuser le vertige
Sculpter un scalpel
Dans le silex des os
Fendre le fruit
Profaner sa chair
D’un rite animal
D’un rire rupestre
Injecter au cœur
Un virus de vie
Clarté sereine
Éblouissement
Orageuse beauté
De l’entraperçu
Gravir un bout d’éternité
Était-ce bien la peine ?
Plaie obscure de la nuit
Dans nos paumes accolées
Rêve bu au carreau du destin
Est-ce en creusant que l’on ouvre un espace ?
À coup de langues de pioche
Tirer du sensible un semblant de sens
Ou tout au moins l’essence
Le sacre du réel
L’homme qui brûle
Dit à l’homme qui pleure :
Elève-toi !
Jette la dépouille du monde
Et danse !
cg in Mystica perdita, 2009
(in Eskhatiaï, Ed. de l'Atlantique 2010)
Non, la révolte me tord,
Moi l’on ne m’aura pas, moi je résisterai.
Curieuse façon de s’encourager
Que de penser à tous ceux qui n’ont pas été les plus forts
Je veux les supprimer, ne plus être le jouet
De ces fatalités inexprimées, de ce sort
Que je voudrais étrangler
Ou bien pulvériser en le tenant à bras le corps.
L’idée s’étend, tout devient chaotique.
Ma main s’appesantit en des combats stupides.
Oh ! je voudrais quelques obscur narcotique
Qui me délivre de cette guerre sordide.
Sublimes qui vont à travers l’hébétude
Cherchant à percer le brouillard abject et sale,
Qui sont traqués dans leur solitude,
Se confient parfois à un espèce de journal.
Voyage au bout de ma nuit. Journal d’une instabilité psychique. La lune plonge et baise avec Neptune. Rythme. Énergie. Son. Vibration. Euphonies incantatoires. Parfois la route est large et resplendissante, tellement que les yeux se ferment, éblouis. En profiter pour faire pénétrer le vent du large dans les poumons. Se mettre au diapason. Ne l’avais–je pas dis ? « Je trouve la paix sur les ailes d’un délire ». J’explore entre deux avenues de soleil, des catacombes étrangement familières. Je suis au-dessous de la ligne de flottaison. Faire confiance. On ne risque jamais rien de plus que sa vie. Naître, c’est risquer sa vie. Je me fraie un passage entre deux falaises, c’est parfois d’une étouffantes lenteur, puis soudain les rapides et la navigation à l’instinct. Prise de risque oui, mais nulle part où débarquer, alors il faut continuer, louvoyer entre les falaises abruptes, immenses. C’est une naissance longue, compliquée, douloureuse mais qu’importe, il ne s’agit toujours que d’ici et maintenant. Je m’épouvante d’un rien, je me réjouis d’un rien, c’est un genre d’équilibre, de grand écart. La vie n’est-elle pas un grand écart ? Buissonnière d’essence. Il me faut encore changer de peau, ma peau d’âme, la peau intérieure, grand ménage. Une période riche, parfois atrocement dérangeante… La peur jugulante. De nouveau crever d’anciens yeux pour déciller les nouveaux, me traquer dans les moindres recoins. Je suis le pisteur, je flaire mes déjections morales, me suis à la trace de mes compromissions, me fouette l’ego parce que j’aime ça. C’est comme une douche glacée en plein hiver dans la montagne.
cg in Journal 2005
Tout condamné à vivre aura la tête bourrée
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes ;
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle de tes yeux, de tes yeux ouverts ;
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers…
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige de ta salive qui mord
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord
Et, chavirant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la Mort !
Rien n’est plus fragile
Que le bonheur sans illusion
Se séparer. Les pissenlits en graines, réfractaires aux vœux, nous manquons de souffle. Se séparer. Être dans l’instant d’un bourdonnement qui passe, faire taire les pensées, l’espoir, le désespoir. Se séparer. Arrêter les pensées ? Impossible ! Elles tournent, tournent, infernal manège, on n’en veut pas, on n’en veut, à l’autre. Un bourdon sur ma peau, doux, mais aussitôt la peur, ancestrale peut-être, de la piqûre.
cg in A la loupe, tout est rituel