Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CATHY GARCIA-CANALES - Page 1334

  • Il fut un temps ... l'ailleurs, Damien Corbet

    Cardère Ed. 2011, 80 p. 15 €. ISBN 978-2-914053-56-3 . 

     

    Il fut un temps ... l'ailleurs, Damien Corbet

    Alors il y a quelque chose qui m’a intriguée dès les premières pages du livre, c’est l’âge de l’auteur. Né en 1991, est-il indiqué en quatrième de couverture, soit à peine 20 ans et cette écriture pourtant dénonce un vécu de plusieurs vies déjà, quelque chose qui tiendrait du juif errant imbibé de beatnik ! Etrange recueil oui, qui nous entraîne en divers lieux dans un défilé chronologique, d’abord comme à travers le prisme d’anciens clichés que l’auteur aurait retrouvés dans une vieille malle voyageuse ou quelques tableaux dénichés chez un antiquaire…

    Cela commence à « Rio de Gens’héros », le 1er janvier 1750 :

    Sur les tambours pulpeux du visage des hommes, les femmes lançaient l’envie d’un mouvement de bassin. Il y avait des jeunes à qui l’on conte l’amour comme le plus beau des sacres, qui couraient dans les rues, le cœur au bout d’une canne à pêche.

    Puis Saint-Pétersbourg en 1763 :

    Il est 16 heures et le ciel tombe déjà. On oubliait les places les jours de pendaison, on oubliait les virtuoses funambules, un cheveu sur la langue, et l’on laissait la scène aux astres, se pendant aux cordes d’un tableau sinistre ; le soir est un spectacle.

     

    Et Belle-Ile où le 27 mai 1823, « Sur le quai, lorsque le vent soufflait et chantait, coincé aux creux des pierres, il y avait une femme qui courait après son châle et son châle après le vent ».

     

    Au gré de la lecture, nous remontons donc le temps, de port en fête, de guerre en défaite, et attrapons le tournis du vent et de la valse, d’images en images nous tournoyons, un peu hagards, traversés de foudres poétiques d’une maturité évidente.


     

    Les murs crachent le jour comme un appel à l’aide puis s’étouffent au clair de lune. Les hommes s’étendent, certains pendus, valsant aux mélodies du vent, et d’autres s’arment de cordes pour faire tomber le ciel.

     

     

    Après Singapour 1892, Minnesota 1905, le Paris occupé de 1944 et d’autres lieux encore, nous retrouvons presque avec soulagement le quai du présent où nous pourrons, pensons-nous, rencontrer enfin cet auteur prodige qui déjà nous disait, le 14 décembre 1999, « Bienvenue dans ma chambre».

     

    Mais non ! Ne voilà t-il pas que le temps nous dépasse, et sans reprendre souffle, 2010, 2045, 2096 et puis à nouveau Singapour, 1992, Ephèse 1956, Marrakech 1820, avec la sensation de courir après l’auteur qui lui-même erre, navigue, valse contre le sein des femmes, « femmes des rues, femmes du monde » qui ne sont peut-être qu’une seule et même…


    Se retrouver face à une femme, c’est être retenu en éveil par une énigme.


    Et qui pourrait s’appeler Juliette, le 18 octobre 2275 :


     

    C’était

    Avant-hier

    Peut-être même demain

    Peut-être

    Trop tard

    D’avoir compris

    Quand il était bien trop tôt

    Pour te laisser partir


     

    Le 17 mars 2368, l’auteur avoue « Je crois que je suis perdu »… Nous aussi et nous y avons pris goût.


     

    Alors on cherche,

     

    On se noie

    Au fond d’un verre

    D’une branche d’un

    Métier

    Poche’tronc

    Au point d’prendre racine

    ...

     

    (…) Alors on s’imagine, seul une sèche à la main, les femmes en mosaïques, les cœurs en italiques, un penchant pour l’alcool et les baisers satins.

     

    (…) Alors on cherche… un chemin pour se perdre encore plus, et prendre l’espérance des bateaux papiers…


     

    Et on cherche encore en septembre 2453, et qu’importent les dates, et qu’importe le temps, hier, demain, aujourd’hui, fuite et poursuite, quête et renoncement.


     

    J’ai regardé les hommes se laisser mourir d’amour lorsqu’ils tournaient page après page le visage de leur femme, lorsque pétale après pétale, ils espéraient blanchir leurs erreurs dans les plis d’une paupière.

    On voyait des hommes dans les rues la tête sautant au ciel comme des bouchons de champagne les soirs de fête, et même après la mort, demander les étoiles.


     

    Que Venise soit « un cimetière où les rêves se meurent de peur d’être communs » en octobre 2537 ne nous surprend plus, car en « Août 2686, quelque part, enfin je crois, lorsque les têtes tombent sur un lit telle une ville qu’on brode de périphériques, alors on part, le regard loin derrière, lorsqu’au passé les âges s’estompent sur un parterre de briques… »


     

    Et l’auteur nous laisse écartelés entre les siècles, avec quelques remugles d’odeurs, de celles qui collent aux voyageurs, et difficile là de ne pas avoir une pensée pour Rimbaud, une autre pour Kerouac. L’auteur donc, nous lâche comme ça, « là où le temps n’a pas d’emprise… quelque part… » sur cette phrase superbe et assassine :


    « La sagesse n’est qu’une perfection de l’égocentrisme ».


     

    Cathy Garcia

     

     

    A propos de l'écrivain

    Damien Corbet

    Depuis qu’il est né en 1991, Damien Corbet écrit. Dans sa chambre, au café, au lycée, en mangeant, en lisant, en dormant, en marchant, seul ou accompagné, à la plume ou au clavier, Damien écrit, sola gratia. Une obsession, une respiration exclusive qu’il partage avec quelques jeunes amis. Il suit obstinément une règle digne du plus ultra des luthériens, sola scriptura : écrire dix textes par jour. Son écoute musicale, permanente et éclectique, sola musica (de Bach au hard-rock, en passant par la pop, le jazz, etc.), s’entend dans son écriture, juste, naturellement précise et étonnamment mûre. Pour se faire connaître, il « poste » régulièrement une toute petite partie de sa production sur divers forums de l’Internet et sur son propre site (http://archange-poetique.kazeo.com).

     

    A lire aussi sur la Cause Littéraire :

    http://www.lacauselitteraire.fr/il-fut-un-temps-l-ailleurs-damien-corbet.html


  • Jardin du Causse lu par Christian Degoutte

    Il est grand temps que je vous dise tout le plaisir que j’ai pris à la lecture de votre Jardin du Causse. Surtout que ça fait déjà un joli moment que je l’ai lu, même si j’ai mis bien du temps à le commander ! Mais je pense que vous êtes comme moi : on croule sous les sollicitations, donc on (je) a besoin de laisser mûrir les choses - donner du temps au désir, si je peux oser cette formule, donner du temps au désir dans cette époque où la satisfaction de tout doit être immédiate (oui : doit, la satisfaction immédiate est devenue un droit ! -j’ironise). La jouissance d’aujourd’hui, on dirait, est un peu comme les avions qui tracent dans le ciel de votre jardin…

    En plus cette attente allait bien à votre ouvrage, puisque la patience, les aléas, les bontés du temps en sont le moteur unique. Ajoutons-y les mains de la jardinière, et le beau désordre créé par l’enfant. Que serait la vie des « grands » si les enfants n’y venaient pas semer le désordre ? Les graines de demain, quoi !

    Votre livre est bien comme les jardiniers sont, qui vous prennent le bras pour faire le tour de leur modeste pays (modeste, c‘est les jardiniers qui le disent), nommant au passage chaque plante (par petites touches, comme votre écriture, sans rien qui pèse ou qui pose comme dit le poète) donnant des nouvelles de telle ou telle pousse ; un peu comme on le fait d’un enfant : il a bien grandi depuis la dernière fois. Il manque d’eau. Les inquiétudes qu’ils ont par rapport à l’école du ciel, etc. Nommant donc, et vous confiant (sans vous regarder vraiment, en se penchant sur des pivoines par ex.) quelque préoccupation intime, quelque souci qui les travaille continuellement.

    Oui vraiment j’ai pris bien du plaisir dans votre jardin. J’y serais bien resté plus longtemps…

    Christian Degoutte

  • Ma page Evazine

    Evazine est une aventure collective qui s'est  développée lentement au fil de "rencontres improbables" de poètes et d'artistes de bonne volonté sur les voies mystérieuses et browniennes d'Internet.
     
    À n'en pas douter, là où la poésie est dérisoire 
    la société est une société des amis du crime, 
    les hommes y vivent et meurent ensemble en enfer.
    Marcelin Pleynet « Poésie et Politique », L'Infini, n°73 



    Voici donc ma page de contribution à cette aventure

    et n'hésitez pas à vous promener sur le site pour y dévouvrir tous les autres aventuriers évaziniens, et avec un grand remerciement à l'éclaireur dévoué du site, sans qui rien ne serait, mon ami Jean-Louis Millet.
     
     
     
     
     
     
    Et allez donc visiter aussi ses deux autres sites :
     
     
    le superbe Zen Evasion http://www.zen-evasion.com/
    et les essentielles Voix Dissonantes http://jlmi.eklablog.com/

  • Jardin du causse lu par Jean-Louis Bernard

     

    « Jardin du Causse » est un livre solaire, à l’écoute des saisons de l’année et de celles du cœur. Volupté de respirer les senteurs et le vent, de faire route avec les fruits, fleurs et orages, de s’incorporer aux éléments en une cérémonie païenne sans cesse renouvelée. Il y a aussi, tenace, l’épine de l’absence qui vient, à régulières intervalles, tarauder la joie. Douceur-douleur : ces deux quasi-jumelles hantent ces superbes textes ; la poésie est manque, la poésie est désir, les deux sont là, exacerbés (Héraclite : « la vie est une harmonie de tensions ») pour nous donner à lire un bijou poétique.

     

    Jean-Louis Bernard, mars 2011

  • Damier du destin, Gilles Lades

    Encres Vives n°386, septembre 2010

    Note publiée sur : http://www.lacauselitteraire.fr/damier-du-destin-gilles-lades.html

     

     

    Damier du destin, Gilles Lades

    Dans Damier du Destin, les pions deviennent des oiseaux et les joueurs abandonnent le jeu des miroirs, ne reste qu’une ample respiration, un fil qui se déroule, à la fois fragile et solide car il noue une éternité à une autre

    la vallée vouée à ton silence
    à ton frisson qui s’arrête à mi-mort
    à l’étrange paix de la clôture sans limite
    du ciel qui tombe en semaisons de lettres
    livres ouverts pulvérisés
    fragments de phrases tous égaux indifférents
    que le vent même a quittés

    Quel beau poème ciselé come une pierre,  le sculpteur s’appelle Temps et même lui finit par disparaître pour ne laisser que la pierre, qui devient douce, douce et lisse au toucher de l’eau, douce et légère au toucher de l’air

    On serait prêt
    parfois
    à jeter sa vie avec les vieux papiers
    les années gravées
    dans les encres fantômes


    Quel beau chant de vie pour saluer l’ombre de la mort qui simplifie et allège, décille le regard sur l’essentiel


    on deviendrait cette eau de crête

    docile à la première pente

    on serait ce sculpteur

    dont le bras va choisir
    s’il tranche ou non le poignet du héros


    La mort, toujours présente, l’autre face des choses que même l’enfant pressent…


    voici que les murs tirent

    leurs doigts noirs sur l’été

    (…)


    il écoute le sang

    claquer comme la peur
    entre les piliers de pierre


    L’ombre sans laquelle nous ne pourrions goûter la lumière, mais contre laquelle nous jouons sur le damier du destin


    victoire sur l’ombre loup

    qui rampe sous les armoires
    en fixant les cendres


    Quel beau poème traversé de douleur aussi, de perte, que les mots distillent avec pudeur


    le ruisseau longe à l’infini l’histoire des absents


    l’arrivant

    devine au craquement de l’air
    que l’on est mort ici d’attendre le visage
    qui donnerait un sens à toutes ces fenêtres


    Mais toujours l’envol, l’immensité où se perdre pour se ressourcer


    le souffle efface

    véhicules avions paroles
    repousse les oiseaux
    vers l’aveuglement bleu
    vaste comme l’exil


    Oui il s’agit bien là d’une « Odyssée d’être », d’un


    texte dévoré de suspens

    qui nous emporte et nous garde
    sur une barque mince


    et d’une traversée qui doit se faire, de soi vers soi, de l’ombre à la lumière


    la faille est à franchir

    absolument
    l’abîme bleu et  froid


    et d’un chant que les poumons offrent à une nature qui n’a pas besoin de nous.


    Le poète maîtrise ici parfaitement cet art du silence et de la contemplation, dans un monde où nous ne faisons que passer, laissant nos quelques « traces piétinées » d’infatigables bâtisseurs


    silence d’anciennes familles

    histoire
    ouverte au forceps
    bâtie au cordeau
    la pierre, l’arcade, l’écusson


    Mais toujours sur ce damier du destin, les pions deviennent oiseaux, et les joueurs abandonnent le jeu des miroirs


    L’oiseau

    le sang de l’oiseau
    l’aile
    a l’aigu de sa force
    face au vent

    l’oiseau cabré

    figure
    du destin en attente

     

    Cathy Garcia

     

  • J’ai les ailes de l’aigle blanc de Christian Saint-Paul

    Encres Vives éd. n°384, Juillet 2010

    J'ai les ailes de l'aigle blanc



    Ce long poème, qui commence ainsi :

    « En moi j’ai découvert
    ce miroir noir
    qui dissout l’inutile »


    se lit d’un seul coup, sans presque reprendre souffle, tellement il nous tient suspendus à la beauté et à la fluidité des mots, à ce langage qui est lui-même souffle. Le chevalier dont il est question n’ignore pas dans sa quête que la vie et la mort puisent à la même source, et l’homme qui écrit, fait de ses mots des ailes, qui le portent, le transportent, tel l’aigle blanc et noir. Et alors même que l’esprit connaît le moyen de s’élever, l’homme reste lucide cependant à sa condition de tâtonneur terrestre.


    Il sait les masques, et le nécessaire dépouillement.


    « Simplement sans trop chanceler
    s’arrachant aux rêves suicidaires
    des mauvaises journées de la ville
    détruire sa propre identité
    étreindre son ennemi
    soulever les sarcophages
    et vider la mort de ses masques


    livrant les os au bec
    De l’aigle blanc et noir »


    Il sait la vanité, la fragilité.


    « La destinée petit à petit s’installe
    cœur de fer
    brisant la nuque de la sagesse
    à cet endroit vide
    non couvert par l’armure des certitudes »


    Il sait la lumineuse exaltation du don et les chutes inévitables, il sait la nécessité de la confrontation avec l’ombre.


    « Il retourne à l’oppressante
    Conjuration des ombres et du fleuve »

    Il sait le doute et l’esquive, et surtout, surtout, il sait que rien n’arrête la roue du temps.


    « Et l’aigle ne compte plus son âge
    son vol crisse
    dans la misère osseuse »


    Nul besoin d’analyser ce que Christian Saint-Paul nous révèle ici, sinon qu’il s’agit tout simplement de la vie, nul besoin de creuser les symboles, simplement entrer dans le fleuve du recueil et en ressortir à la fin lavé, illuminé de l’intérieur et en imaginant l’auteur comme en paix avec lui-même.

     

    Cathy Garcia

     


    Christian Saint-Paul, est un poète véritablement passionné de poésie, de la poésie qui met l’humain et la relation à l’autre au premier plan. Il anime depuis plus de 25 ans l’émission, « Les Poètes » (le jeudi de 20h30 à 21h) sur Radio Occitanie (98.3 Mhz) avec son compère Claude Bretin et de nombreuses émissions ont été consacrées à la poésie du monde. On peut les réécouter ici :
    http://www.lespoetes.fr/emmission/emmission.html

    Il avait créé sa revue, « Florilège », avec un autre poète, Michel Eckhard, dans le courant des années soixante. Brel avait accepté de les parrainer. Nous sommes encore avant 68, Christian Saint-Paul entre alors à Sciences Po, mais s’engage aussi activement dans la lutte antifranquiste. Il créera une autre revue, « Poésie toute » et plus tard encore en 1983, « Le Carnet des Libellules » où il publiera de nombreux auteurs.

    Christian Saint-Paul a aussi publié :
    Les peupliers (Jeune Force Poétique Française éd., 1966)
    Les murènes monotones (Jeune Force Poétique Française éd., 1967)
    L’homme de parole (Caractères éd., 1983), préface de Michel Eckhard
    Prélude à la dernière misogynie (De Midi éd., 1984), avant-propos de Jean Rousselot, couverture illustrée par Gil Chevalier et illustrations intérieures de Jean-Pierre Lamon et de Lucie Muller.
    Les murènes noyées (Carnets des Libellules éd., 1985)
    Les murènes monotones (De Midi/Poésie Toute éd., 1987)
    Transgression (Carnets des Libellules éd., 1987), préface de Claude Vigée
    A contre-nuit (La Nouvelle Proue éd., 1988), préface de Jean-Pierre Crespel
    Tendre marcotte (Carnets des Libellules éd., 1988), avant-propos de Michel Eckhart
    Les ciels de pavots (Encres Vives éd., 1991)
    Pour ainsi dire (Encres Vives éd., 1992), préface de Jean Rousselot
    Akelarre, La lande du bouc (Encres Vives éd., collection Lieu N°108, 2000)
    L’essaimeuse (Encres Vives éd., 2001)
    Ton visage apparaît sous la pluie (Encres Vives éd., collection Encres Blanches N°61, 2001), couverture illustrée par Patrick Guallino, postface de Alem Surrre-Garcia
    L’unique saison (Poésies Toutes éd., 2002), préface de Gaston Puel, postface de Monique-Lise Cohen
    Des bris de jours (Encres Vives éd., 2003), couverture illustrée par Christian Verdun, postface de Michel Cosem
    L’enrôleuse (Encres Vives éd., 2006), postface de Georges Cathalo
    Tolosa melhorament (Encres Vives éd., collection Lieu N°184, 2006), édition bilingue occitan/français, postface de l’auteur.
    Entre ta voix et ma voix, la malachite noire de la voix d’une morte (Multiples, 2009)
    Les plus heureuses des pierres (Encres Vives éd. N°361, 2009)
    Vous occuperez l’été (Cardère éditions)
    Hodié mihi, cras tibi (Encres Vives éd., Collection Lieu n°217, 2010)

     

  • Tu t'en vas de Magali Thuillier et Nos parcelles de terrain très très vague de Marlène Tissot

    Tu t’en vas,  de Magali Thuillier, publié en 2004 aux Ed. du Dé Bleu. 


    Tu t’en vas. Un titre qui déjà marque le ton, non pas une injonction, mais un constat. Le constat clinique d’une réalité contre laquelle l’auteur ne peut rien. Tu, c’est la grand-mère de la narratrice et ce livre qui s’adresse à elle, raconte à travers ce dialogue à sens unique, un double départ. Le premier, c’est le faux-départ, mais aussi le plus douloureux, le plus insupportable, je dirais même littéralement le plus dégueulasse. La grand-mère tant aimée ne s’habite plus, elle n’est plus là « Une étrangère s’est glissé dans ton corps. Elle prend ta voix. Elle vit chez toi. Elle me vouvoie. Je ne lui réponds pas. J’attends que tu reviennes. Reviens ». C’est la maladie, l’Alzheimer, jamais citée, mais décrite, à petites touches implacables, presque à contre cœur, comme on évacue un peu de pus d’une plaie pour ne pas que l’infection se propage, envahisse tout, jusqu’à la moindre parcelle d’amour.
    C’est la maladie qui peu à peu voile et vole la grand-mère adorée. « Pas voir les signes de la maladie. Pas les voir. Pas voir. Au revoir. Pas tout de suite. Pas ma grand-mère. Pas toi. Pas moi. Pas ».

    Lire la suite ici : http://www.lacauselitteraire.fr/tu-t-en-vas-de-magali-thuillier.html

    Nos parcelles de terrain très très vague de Marlène Tissot aux Ed. Asphodèle - 7 € Asphodèle-éditions. 

    Marlène Tissot ! J’ai eu la grande joie de publier plusieurs fois dans la revue Nouveaux Délits, la première fois dans le numéro 6 (juillet 2004), et qui sera également dans le numéro 39 (avril 2011). Son écriture, faussement légère, mais véritablement sincère, raconte la vie, la vraie, celle de tous les jours, avec des mots qui tapent au cœur de la cible, c’est-à-dire ton cœur à toi, lectrice-lecteur. Marlène, vous ne la trouverez pas dans les salons, mais plutôt dans la cuisine. Marlène c’est la perle qui tombe d’un paquet de chips, c’est le talent à la fois le plus naturel et le plus discret qui soit. Marlène, c’est à petites touches, une peinture du quotidien, sans fard, sans fioriture, mais avec une maîtrise parfaite de la lumière et une grande lucidité. Derrière ce qui pourrait sembler fragilité, tristesse, il y a une grande force, celle de prendre de front ce qui est, avec un sens aigu de l’observation, et d’en extraire tout le jus pour en tirer un peu de ce sublime nectar de poésie. De quoi nourrir les jours… « Les jours qui s’échouent, avec parfois leur gueule de déchet, sur l’étendue incertaine de nos terrains très très vagues ». Elle a donc publié en 2010, « Nos parcelles de terrain très très vague » aux Ed. Asphodèle dans la très attachante collection Minuscule. A lire et à relire.

     

    Lire la suite ici : http://www.lacauselitteraire.fr/nos-parcelles-de-terrain-tres-tres-vague.html

     



  • Jardin du Causse, lu par Jacmo

    Cathy Garcia : JARDIN DU CAUSSE (Ed. de l’Atlantique)

     

    C’est le journal d’un jardin. De février à novembre. Un potager qui vit tout au long des saisons entre graines et fruits, entre pousse et cueillette. Mais Cathy Garcia connaît aussi bien les légumes que toutes les plantes euphorbe, plantain, potentille rampante qu’elle sait peindre à la façon d’une aquarelliste. L’hellébore dresse ses grappes de cloches vertes et fétides, premières constellations jaune d’or des ficaires. Les fleurs, la botanique rythment les jours qui passent. Mais c’est aussi le journal des oiseaux, des  papillons, voire des avions qui tournent autour et au-dessus du jardin et du causse. Ces morceaux de ciel mobiles qui enchantent ou dérangent. C’est encore le journal d’une enfant qui apprend et s’éveille en se confrontant aux herbes et aux bestioles dans un même petit périmètre d’envol. C’est enfin et surtout le journal d’une femme qui jardine et pouponne, mais qui laisse entre nature et maternité passer quelques nuages sentimentaux. Cœur lourd, vaine rage.trop d’émotions, trop vives, jardin intérieur dévasté. Elle s’interroge : Envie de pouvoir être fière des hommes. // Faut-il qu’ils soient morts pour être admirables ? Cette peine sait jouer des armistices : la paix n’est pas un état mais une victoire sur soi, une trêve dans la guerre intime.  Elle peut aussi faire preuve d’humour : Un moucheron met fin à ses jours dans ma narine droite Enfin, comme une résolution finale : La pluie, de ses caresses, fait jouir le potager. Et puis l’hiver arrive, on referme le jardin du causse.                   

     

    Jacmo (à paraître dans la revue Décharge n°150 – juin 2011)

  • Celle qui manque lu par Georges Cathalo

     

    Cathy GARCIA : Celle qui manque  (Asphodèle éd., 2011), 52 pages, 7 euros, 23 rue de la matrasserie 44340 Bouguenais.

    C’est chez une nouvelle et discrète maison d’édition que Cathy Garcia a le bonheur de voir paraître cette longue suite poétique. Autour du manque fondamental qu’elle ne craint pas d’aborder, ce sont d’autres manques secondaires qui vont être déclinés. Ce qui ailleurs tournerait à la confession pleurnicharde résonne ici tout autrement grâce à la richesse des mots et « des valises et des valises de vocabulaire ». Ce recours au langage précis est difficile  et troublant car « les mots clés ont des serrures », surtout lorsque Cathy Garcia se fixe un but utopique : « J’atteindrai le mot ultime ». Elle reconnaît pourtant qu’écrire « n’est pas le but, seulement un chemin », une recherche et une quête. Elle se livre à des aveux qui lui permettent d’avancer : « j’ai trop manqué d’amour » et « je ne suis toujours pas guérie ». Avec ce beau petit livre, « celle qui manque aujourd’hui ne manque de rien », errant « de désert en désert où elle s’entête à croire aux fleurs », à l’art, à l’écriture et à la poésie, « ce vent chargé de fadaises ».

     

    Georges Cathalo

  • Atelier poésie et art plastique au collège d'Orlinde

    Pour suivre le déroulement et les productions de l'atelier poésie et art plastique que je mène tout au long de cette année scolaire au Collège d'Orlinde à Bretenoux (Lot) avec des élèves de quatrième, rendez-vous sur le site de l'association Nouveaux Délits :

     

  • Appel à souscription pour l'Anthologie n°5 de "Visages de poésie"

    COUVERTURE 5.jpg

     

    Ed. Rafaël de Surtis

    avec un portrait réalisé par Jacques Basse et un poème manuscrit dédicacé de :

     

    ALBERTI ALLAIN-GUESDON ALCOVERE ANDRIOT BADIN BAQUE BARBOSA BENEDETTO BERTHIER BERTRAND BLANC BLANCHET BLONDEAU BRES CAPMAL CASAURANG CHARTIER CHASSEFIERE CHATY CHERBONNIER CHINONIS COUVE COUNARD CZAPKA DAVID DEGOUTTE DESPAX DESY DEVAUX DIF DIRMEIKIS DORIO DUBOST DUMAS DUPUIS DUQUESNOY DUTRAIT ENDERLI ESTEBE-HOURSIANGOU EYRIES FELIX FICHTEN FIGEAC FOREST FUSTIER GARCIA GASPARD GAUCHER GAVARD-PERRET GICQUEL GIL GONNET GRACQ GUIGOU  HA-MINH-TU JAKOBIAK KREMBEL LACOUCHIE LAFORCE LASSAQUE LE CLEAC’H  LE LIBOUX LEMAIRE LERNER LEVESQUE MALTAVERNE MAREMBERT MATHARAN MEFFRE METGE MONNEREAU MÚÑEZ-TOLIN  NICOLAS OKOUNDJII ORSINI OUAKNINE OUELLET PADELLEC PAPA PETIT J.M.  PETI M.  PLEAU POUZOL POZIER PRIVAT RENAUD RIERA ROLLAND SAINT-JULIA  SAINT-PAUL  SALCES SALEHZADA SEGURA TISSOT VAN MELLE VEILLEUX VELAY VOCANSON WAHL

     

    Broché – 16 x 21 – Illustré noir et blanc                                                                 

    ISBN –978-2-84672-186-8   

     

    100 Poètes, 100 Poèmes signés

    400 pages – 25 € en librairie

     

    Bon de souscription ci-joint à 20 € : SOUSCRIPTION Tome 5.doc

    Livrable à partir du 3ème trimestre 2011

     

    et je suis ravie d'en être aux côtés de personnes qui me sont chères !

     

     

    Site : www.jacques-basse.net

  • Celle qui manque lu par Murièle Modély

    9782918329138.jpg

     

    Les poèmes de Cathy Garcia disent la langue éruptive.
    Voilà il faut que les mots coulent.
    Regarder le manque, creuset où la voix de la poètesse se déroule, éructe
    Il y a une urgence, un impératif à briser le silence.

    "J'ai grandi ligotée, baillonnée sous le joug maternel, avec cette injonction qui résonne toujours et encore "Ne réponds pas ! ".
    Aussi qu'on veuille bien excuser cet irrépressible besoin d'avoir mon mot à dire."

    A briser et à maîtriser aussi.
    De la nécessité mais aussi du dérisoire d'écrire.
    Car les mots ne peuvent et doivent dire ce que l'on est.

    "Ecrire. Ecrire quoi ? Tourner, tourner la même soupe, une connerie christique s'imaginant offrir ses tripes. Manquer de pudeur ? Mais c'est bien pire que ça ! Montrer ses fesses sans culotte, certes c'est osé, mais les montrer sans peau ?"

    C'est un cri, où peu à peu le "je" se pose/ pause.
    Il faut une voie en soi et dans le monde.

    "Ecrire n'est pas un but, seulement un chemin. Il faut trouver cette autre chose, essentielle. L'énergie vive."

    Et un bel apaisement parcourt les dernières pages

     "Par les veines de la terre, sa chair, ses vertèbres résonantes, je suis reliée.

    Reliée vive."

    Ce livre me parle, me parle... pour diverses raisons
    Alors je vous en parle, moi aussi.

     

    http://l-oeil-bande.blogspot.com/2011/02/celle-qui-manque-cathy-garcia.html