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CATHY GARCIA-CANALES - Page 198

  • Pat Ryckewaert

     

    Blessures faites à l’enfant

    entailles dans l’écorce et l’aubier

    à le faire mourir ou à le rendre fou

    frêle racine au sombre dessein

    dans une terre de safre

    flou de la mémoire et du ciel

    l’eau de pluie sur les plaies.

    Blessures faites aux femmes

    à les rendre dociles

    à les fendre

    dans leur unité et leur désir.

    Blessures d’amour

    à priver de sève et de sens

    à faire couler le sang

    assoiffer à jamais la bouche.

    Blessures de l’attachement

    quand tout ne tient qu’à un fil

    qui ne relie à rien

    la peau sans odeur

    le silence des yeux et des gestes.

    Blessures de la langue

    celle qui nous fait sujet

    celle qui nous fait vivant

    celle qu’on n’a pas entendue

    celle qu’on n’a pas parlée

    parole enroulée dans la gorge

    ou écrasée entre deux dents.

    Blessures à priver d'air

    à essouffler le cœur et l'en vie

    .

     in À la folie

     

     

  • Andrei Tarkovski

    N’aie pas peur. La mort n’existe pas. Non, il y a la peur de la mort, et c’est une peur affreuse. Parfois, elle pousse les gens à faire des choses qu’ils ne devraient pas. Mais combien les choses seraient différentes si seulement nous pouvions cesser de craindre la mort.

     

    in Le Sacrifice, son dernier film

     

     

  • Angélique Ionatos - Optimisme (Et si l'arbre brûle)

     

    "

    Ma mère Angélique Ionatos s’est éteinte ce mercredi 7 Juillet.
    J’ai du mal à trouver les mots, ils étaient si importants à ses yeux, elle qui leur a dédié sa vie.
    Et puis comment résumer une carrière comme la sienne, comment parler de la mère qu’elle était.
    Elle a façonné la définition de l’artiste à mes yeux, et son départ me laisse un vide immense tout en ayant conscience qu’il sera à jamais comblé par son œuvre, éternelle, et essentielle et évidemment par mes souvenirs.
    Elle s'inscrit à jamais dans la dynastie des plus grands artistes de son époque, des plus grandes, des plus audacieux et des plus audacieuses.
    Pour elle, l’artiste devait témoigner de son temps, et résister.
    C’est ce qu’elle a fait continuellement.
    Pour elle encore, la poésie était mère de tous les arts, et comme disait René Char, poète si cher à ses yeux, à ceux de mon père, et aux miens “Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la beauté, toute la place est pour la beauté”
    Ses mots, ou ceux qu’elle a empruntés à d’autres, résonneront à jamais comme un guide et ne résonnent que plus fort, comme jamais auparavant, depuis qu’elle est partie.
    Elle me manque déjà terriblement, mais je l’imagine aux côtés de ses pairs, de mon père, quelque part en Grèce sans aucun doute.
    Le regard d’aigle c’était mon père, et elle définitivement les effusions de mésanges, René Char, encore.
    Son héritage dépasse l’entendement, mon amour pour elle aussi"
     
    Alexis Sevenier
     
     
     
     

     

  • Valerie Vie

    La malédiction d'un président, penché sur le berceau des jours de son peuple " c'est la guerre" prend forme. Jamais amis n'auront été plus déchirés. Jamais familles plus opposées. Nous irons jusqu'à enfermer les nôtres réfractaires. Nous les parquerons. L'histoire, nous la connaissons par cœur, nous l'avons tant et tant vécue. Les deux camps seront sourds à l'autre jusqu'au sang. Pour un virus, on tuera les familles, les activités, la santé. Pour éviter 0.01 mort on en fera 100. Sans hésiter.
    Ce n'est pas un "Corona"virus qui a nuit à nos vies, c'est un logos nouveau : la mort est évitable, la mort sera de ta faute. La tienne et celle de tous les autres. Tu as le pouvoir d'un dieu, celui de sauver, si tu restes assis devant ton écran à faire exactement ce qu'on te dicte.
    Dicte moi, maldicte moi, bénédicte moi mais dicte moi, moi qui n'ait plus le sens des mots, cachés dans des livres trop vieux, trop lointains. Moi qui suis incapable de lire, dis moi quoi dire quoi croire, quoi voir : que j'abandonne mes pères seuls en mouroir ? Oui de suite. Amen. Que je masque mon enfant en pleine croissance. Oui de suite. Amen. Que j'empêche tout malade de se soigner ? Oui de suite. Amen. Que j'injecte un produit dont j'ignore tout dans n'importe quel bras ? Oui de suite. Amen. Que j'enferme celui qui refuse l'injection ? Oui de suite. Amen.
    Et je m'exécute. Et de s'exécuter. Exécution.
    Jamais, de tout temps il n'y eut plus de survivants sur la planète à une pandémie.
    Vous l'a-t-on dit une seule fois ?
    Une fois, juste pour vous faire du bien ? Non? Dommage, ce sont les mots qui soignent.
    Et ce sont les mots qui tuent.
     
     
    .
     

  • Catherine Durand - Au fond de tes bois

     


    Devant toi se lève l’aurore
    Elle frôle les draps
    L‘inertie est douce quand tu dors
    Le reste attendra
    Mais comme il fait sombre
    Au fond de tes bois

    Tous les jours tu te tairas encore
    Sans même savoir pourquoi
    Tu retarderas tous les remords
    Ils se colleront à tes pas
    Sortant à moitié nue dehors
    Car tu préfères avoir froid
    Ce qu’on ignore ne nous tue pas

    Comme un vent fou du Labrador
    Qui s’essouffle en toi
    Mille et une pages que tu perfores
    Sans écrire quoi que ce soit
    Un roman de plomb
    À chacun de tes bras

    Tous les jours tu te tairas encore
    Sans même savoir pourquoi
    Tu retarderas tous les remords
    Ils se colleront à tes pas
    Sortant à moitié nue dehors
    Car tu préfères avoir froid
    Ce qu’on ignore ne nous tue pas 

     

     

     

  • Jenna Barton

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    « Aussi pâles que la lune, aussi nombreux que les étoiles », racontait sa grand-mère lorsqu’ils étaient lui et ses frères et sœurs, pas encore sortis de la tanière. « Les Hommes étaient des créatures sans pelage, ni plume, très faibles à la naissance. Il fallait d’innombrables lunes avant qu’ils ne sachent se déplacer à quatre pattes, mais très vite, ils se tenaient sur deux pattes seulement et grandissaient en direction du ciel. C’était des êtres extrêmement rusés, habiles, qui habitaient de solides abris. Excellents chasseurs, disait encore la grand-mère, ils ne craignaient ni l’eau, ni la foudre de feu, ni aucune autre créature à part l’ours. Les Hommes, racontait-elle encore, vivaient en bonne entente avec nous, jusqu'au jour très ancien où une épaisse couche de glace recouvrit la terre. Le gibier se fit alors de plus en plus rare. Les Hommes ne voulurent plus partager et commencèrent à nous chasser aussi, rompant ainsi nôtre vieux pacte d’amitié. »

     

    in Le rêve du loup