Marcus McAllister - Condenser - 2023
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LA BEAUTÉ
Sous les pieds du désert, la beauté prend patience.
Elle naîtra peut-être de l’épine dans le talon d’un nouveau-né,
ou d’un foisonnement d’oracles à l’embouchure du silence,
ou du parfum d’un trait entre le cri de l’œil et l’hégémonie des couleurs,
mais toujours à partir d’un rien, comme une montagne d’un chant de pâtre.
La beauté naîtra !
Aussi évidente qu’un lait de brume sur l’aréole des matins.
Elle aura pour berceau l’espace et le confinement,
la laideur et le ciel marin,
tout ce qui fait le sang de son enfantement.
Contre les sentences des codes,
malgré les griffons noirs assis sur les marches du trône,
la beauté naîtra par surprise,
par violence ou détournement,
ou par magie d’esprit, dans la bure épaisse d’une folie élaborée !
Et ce sera tresses d’azur dans l’échancrure des grottes
et ce sera l’effarement des dunes,
confites dans la comptabilité béates des ondulations.
La beauté naîtra !
Que les vagues le disent aux plages pachydermes :
quelle que soit sa mature, elle accostera sur nos ères comme un galion d’épices pour l’ivresse des vents de terre,
et ce sera jeux de vitrail dans la composition des pistes neuves à fouler.
Qu’on l'assène aux masques assoupis sous la férule des beffrois !
Ils peuvent faire rouler les dés,
ils peuvent biseauter les cartes,
la beauté viendra du dehors,
par le chemin inexploré,
par la douve vouée à la fermentation des herbes,
par les premiers mots de l’enfant devant la porte condamnée !
La beauté viendra.
Déjà, des géométries impalpables s’instaurent entre le geste ancien et le battement d’ailes,
déjà dans les pierres grises, une oasis mûrit .
Regarde mieux !
Non pas le cavalier et sa fanfare d’orgueil, mais la sculpture du vent entre sa monture et le ciel.
Regarde mieux !
Tu seras ébloui comme au commencement.
in Cécité pour mieux voir, éd. de la Musaraigne
Je veux nicher dans le suc du vrai, pas autre part.
Je ne veux que ça. Je n’aspire qu’à ça.
Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande raciste, les migrations ne concernent que pour 17 % les riches pays du Nord, et concernent tous les continents (en particulier l’Asie et l’Afrique) ; ce qui signifie que pour chaque pays pauvre, il s’en trouve un encore plus pauvre d’où fuient des migrants. La mobilisation totale imposée par l’économie et les États est un phénomène planétaire, une guerre civile non déclarée et sans frontière : des millions d’exploités errent dans l’enfer du paradis marchand, ballottés de frontière en frontière, enfermés dans des camps de réfugiés, encerclés par la police et l’armée, et gérés par les organisations dites de charité — complices des tragédies dont elles ne dénoncent pas les causes réelles dans le seul but de profiter de leurs conséquences —, entassés dans les « zones d’attente » des aéroports ou dans les stades, enfermés dans des camps […] pour être enfin ficelés et expulsés dans l’indifférence la plus totale. »
in Partout des étrangers
(...) Après tout, les réfugiés ne font que revenir. Ils ne « débarquent » pas de rien, ni de nulle part. Quand on les considère comme des foules d’envahisseurs venus de contrées hostiles, quand on confond en eux l’ennemi avec l’étranger, cela veut surtout dire que l’on tente de conjurer quelque chose qui, de fait, a déjà eu lieu : quelque chose que l’on refoule de sa propre généalogie. Ce quelque chose, c’est que nous sommes tous des enfants de migrants et que les migrants ne sont que nos parents revenants, fussent-ils « lointains » (comme on parle des cousins). L’autochtonie que vise, aujourd’hui, l’emploi paranoïaque du mot « identité », n’existe tout simplement pas et c’est pourquoi toute nation, toute région, toute ville ou tout village sont habités de peuples au pluriel, de peuples qui coexistent, qui cohabitent, et jamais d’« un peuple » autoproclamé dans son fantasme de « pure ascendance ». Personne en Europe n’est « pur » de quoi que ce soit — comme les nazis en ont rêvé, comme en rêvent aujourd’hui les nouveaux fascistes — et si nous l’étions par le maléfice de quelque parfaite endogamie pendant des siècles, nous serions à coup sûr génétiquement malades, c’est-à-dire « dégénérés ».
in Passer, quoi qu’il en coûte
L.
Bille_pinceau_peintre_acidulé_modèle
Roule tes billes et mange ton pinceau, grogne entre ses dents la modèle, agacée par l’univers prévisible acidulé du mec empapillonné qui se prend pour un peintre, même pas du dimanche, adulé par sa maman.
B.
*
Granulés, silices, billes acidulées, le goût du bonbon emporte l’inspiration du peintre, les pieds dans l’eau. La jolie dame et ses pinceaux, trace légèrement les couleurs sur les ailes des nœuds papillons. On regarde à partir de ses modèles, cette vie colorée à travers les images de son esprit.
J.
*
Assis sur son tabouret, les pieds dans l'eau tiède, le peintre pose ses pinceaux. Ébloui de soleil, il s’échappe, emporté par le souvenir du chapiteau de son enfance. Il ne voit plus son modèle mais les nœuds-papillons du clown blanc et les billes acidulées du jongleur qui roulent à ses pieds, torrent de larmes de feu.
O.
*
Alors que la peintre fait une pause, son modèle glisse sur un tapis de billes acidulées, si lentement, que nul ne s’aperçoit, qu’en douce, il s’est éclipsé du tableau. La peintre, après avoir bu son café, n’a alors plus retrouvé que la plage nue, le ciel, la mer, les falaises au loin, les nuages et les petits nœuds papillons dans son ventre, à leur tour, se sont envolés. La voilà qui se fige, le pinceau en l’air, avant de plonger à son tour dans la plus profonde sérénité.
C.
*
La peintre a des couleurs acidulées dans la tête. Billes multicolores et papillons de pacotille virevoltent d’un modèle à l’autre. Ses yeux et ses pinceaux n’arrivent pas à suivre le cheminement de ses pensées vagabondes. Son tableau, fade, la déçoit. Encore une fois.
L.
O.
Voilette_souris_plastique_embrasement_colombe
Est-ce que tu sais que les colombes naissent dans les choux ? demande la nonne sous sa voilette-cornette. J’ai oublié de faire ma toilette ce matin et ma petite souris n’est pas en plastic, glousse-t-elle entre deux embrasements. Je ne suis pas prête pour le miracle de l’immaculée conception, même en pays créole.
B.
*
Personnages de plastique enlacés, tragiques et si froids, peut-on voir un peu de vie dans ces deux-là ? Tout comme les charmants représentants ecclésiastiques, cornettes voilettes et col blanc, fou d’amour, fou de dieu.
Dans le jardin d’éden, pousse les choux ?? Il y a dans cet embrasement, la souris et la colombe qui se demandent ce qu’ils foutent là.
J.
*
Avec une voilette, l’embrasement des sens aurait été moindre et le blasphème moins grand. On est loin des contes de fées, des bébés qui naissent dans les choux, des mignonnes bestioles de dessins animés : souris, panthère rose et autres colombes froufroutantes. La princesse est une poupée en plastique au pied d’un bidonville.
L.
*
Un baiser à la volée, à la volette, à la voilette et vole la cornette, colombe dans les choux, triste panthère, blonde plastique, nous sommes tous des créoles incrédules, des cavaliers de la plaine, des maisons à l’abandon. Noces improbables, un rongeur pour témoin. Elle sourit la souris ? Nul ne le sait et peu importe. Un baiser, crie la souris, un baiser pour un paradis ! et tout le monde d’applaudir au moindre embrasement mais à la fin, c’est le vide qui gagne.
C.
*
Dans la vaste plaine d’un monde déchu, sœur Marie et Don José convolent en premières noces sous le regard atterré d’une icône en plastique. Pas de voilette pour Marie mais la cornette des bons et mauvais jours. Pour témoins, la souris verte qui courait dans l’herbe et les colombes de la paix . Elles naissent dans les choux, c'est bien connu ! Nous sommes tous des créoles ; embrasement des idées reçues, les cahiers au feu et la maitresse au milieu.
O.
B.
Aujourd’hui baptême de l’enfant aux yeux noirs. L’eau et le feu effacent les péchés, dit-on ! La prière et les gris-gris favorisent la rédemption... Ce soir, des hommes emmitouflés de duvet ressemblent à des vierges.
Tous vont s’agenouiller pour un nouveau monde, restez assis, tous ces efforts de pacotille ne mènent à rien !
J.
*
Le feu s’est éteint. Les mains, les bras protecteurs, n’atténuent pas le reflet de duvet noir dans les yeux de l’enfant. Il a le regard à l’envers malgré les dieux, les prières. Il a connu le baptême pourtant, le bain sacré. La rédemption passera peut-être par le rire quand l’enfant et le petit singe joueront ensemble.
L.
*
Retirer la botte du malheur
duvet noir séculaire sur les pays en guerre
baptême du feu pour les enfants
aucun signe de rédemption
sous les bombes
quelle croyance pour quel Dieu ?...
O.
*
Baptême… Après le feu, la cendre, à après la cendre, l’eau glacée. « On fera de toi un homme, mon fils ! » mais le fils ne veut pas reprendre la botte du père et il agite le duvet noir de ses ailes. Il y a des héritages qui sont trop lourds à porter, le fils veut voyager, le fils veut s’envoler et aller chercher ailleurs une rédemption pour sa lignée. Après le feu, la cendre, après la cendre, l’eau glacée pour laver les crimes des seigneurs de guerre et fortifier les corps des anges de paix.
C.
*
Enfile ta botte et tiens-toi tranquille, ordonne la guenon à l’homme dont l’enfant au regard noir plonge dans l’eau si glacée du baptême que le feu de la rédemption embrase la culotte de l’idole, dont le duvet, caché à cet instant, promet une charge contraire à l’honneur masculin.
B.
J.
Crabe_voyeur_culotte_chute_insecte
La présence d’un crabe dans la culotte d’une star est toujours un signe prometteur dans le regard voyeur de pères obsédés par la chute de reins lascive d’une blonde offerte au regard, comme la fleur à l’insecte.
B.
*
L’insecte, comme un voyeur, s’immisce dans la culotte de la femme à la chute de rein indécente. Elle aime bien jouer toute seule au jeu du crabe à cinq pattes face à son miroir. C’est son péché mignon.
L.
*
Miroir, mon beau miroir, dis-moi si je suis la plus belle… J'ai tant espéré…mais des promesses, des espoirs, toujours ! J'ai eu beau exposer mes fesses et mes jolies culottes au regard des voyeurs, je ne suis pas devenue une star pour autant. Anéantie par le crabe, ma vie fut une suite d’épreuves. Chute de mes rêves. Ils se sont envolés avec les insectes fous…
O.
*
J’ai un crabe dans la culotte et des insectes qui grouillent sur ma chute de rein… L’effet que me font vos regards de voyeurs ! J’en ai connu des hommes, les prometteurs : tu seras une star entre mes mains me disait l’un, je serai un bon père, me disait l’autre, chaque jour je t’offrirai des fleurs me chuchotais celui-là, dès que je t’ai vue, je t’ai reconnues, me susurrait celui-ci, j’étais la femme de leur vie, toujours mais je ne supportais pas leurs pinces dans ma culotte, leurs petites pattes velues sur mes reins, les morsures à leurs promesses, d’être la star de leurs salle de bains alors j’ai choisi d’être la femme de ma vie et de vivre libre et en paix. J’ai brisé tous mes miroirs.
C.
*
Les crabes et insectes chemisés d’or et de perles chatouillent la chute de rein de la star. Il existe un monde perdu où l’on cite le Cid
Ah ! mon père ! Hélas ! pleurez ! pleurez mes yeux ! Tombez triste rosée qu’un rayon de soleil ne doit jamais tarir ! Pleurez mes yeux !
Tous ces yeux rivés dans la culotte !! Non ce ne sont pas des voyeurs, ni des voyous, ils pleurent et ils admirent. C’est tout. T'as de beaux yeux tu sais...
J.
C.
Fer_tragique_roubignoles_aise_hypnose
Tragique destinée de roubignoles, même pas en fer et pourtant gonflées d’aise et de satisfaction, comme les biscoteaux du type sûr de son pouvoir d’hypnose. Heureusement, le chat dans la main de l’homme et l’oiseau dans mes yeux – ah merde, c’est l’inverse – savent que l’amour se fait en solitaire.
B.
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Le chat, aux yeux tragiques et interrogateurs, fixe les roubignoles du lion, je pense qu’il en rêve... « Peut-on avoir des attributs aussi sympathiques, se dit-il "...Enfin rien n’est plus beau pense Eve, même son amant les envisage. Mais vraiment une séance d’hypnose sera nécessaire pour le consoler.
J.
*
Madame Irma, avec l’aide de son chat, te met en état d’hypnose. À l’aise, décontracté du slip, les roubignoles en liberté, tu te laisses dériver loin du tragique de l’univers. Au réveil, les quatre fers en l’air, tu te demandes si les plus belles déclarations d’amour se font en solitaire.
L.
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C'est l'histoire tragique d'un chat despote qui a chassé tous ceux qui prenaient leurs aises auprès de sa maîtresse. Exhiber leurs roubignoles au soleil pour sentir la caresse du vent semblait leur obsession, il avait leur attitude en horreur ! Il les aurait dévorées volontiers, mais il n'allait pas croiser le fer avec tous les amants qui se présentaient. Il essaya de s'intéresser aux oiseaux comme le font ceux de sa race. Pas motivé et dépressif, il tenta l'hypnose. Il n'a hélas pas supporté la dernière séance, il est mort, l’état de conscience altéré, toujours perclus d'amour.
O.
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Mâle fort, mâle alangui, mâle à l’aise, mâle à roubignoles de fer, mâle de rêve, mâle d’enfer, et tourne, tourne la Terre ! Tragiques romances qui font chercher l’envol, alouette piégée dans les miroirs… à tout ça je préfère les yeux de mon chat noir, hypnose volontaire, les plus belles déclarations d’amour, se font en solitaire.
C.
Merci à toutes et à l'année prochaine !!!