Julia Kivelä
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Des femmes se réunissent dans un sauna à fumée. Dévêtues, enveloppées par les volutes, elles se confient les unes aux autres. Elles racontent leurs histoires d’amour et évoquent leurs désirs intimes. Elles décrivent aussi leurs souffrances et la violence des hommes. Matérialisant ces récits en un hors-champs sidérant, le premier long-métrage de Anna Hints est un hymne puissant à la sororité.
Au cœur des forêts estoniennes, au bord d’un lac, se trouve une petite cabane en bois. Elle est dotée d’un poêle recouvert de pierres, dont la fumée s’échappe à l’intérieur de la pièce. De temps à autre, de l’eau jetée sur la roche brûlante produit de l’air chaud chargé de vapeur et un fouet de branches de bouleau stimule les corps. C’est dans ce sauna à fumée traditionnel que se réunissent des femmes de tous âges. Dévêtues, enveloppées par les volutes, elles détendent leurs muscles comme leur esprit. Dialoguant sans tabou, dévoilant leurs secrets, elles parlent de sexualité, de maternité, d’amour, de deuil, de souffrance et de la violence des hommes. Mais dans le sauna, il n’existe aucun jugement, seulement de l’acceptation.
Récompensé du Prix de la mise en scène documentaire au Festival de Sundance, Smoke Sauna Sisterhood est le premier long-métrage de la cinéaste estonienne Anna Hints et le fruit de sept ans de travail. La réalisatrice a tourné les sublimes images de ce film dans l’intimité d’un sauna à fumée de la communauté võro du sud-est de l’Estonie, dont la tradition est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Montrant en clair-obscur les corps de celles qui écoutent plutôt que celles qui parlent, telles des toiles de peinture ténébreuses, la cinéaste fait exister leurs histoires bouleversantes en hors-champ et révèle les vertus thérapeutiques de la sororité. À la fois inspirante et révoltante, l’expérience cinématographique immersive qui en résulte constitue un hymne féministe et universel.
Aucune vie ne ressemble à une autre et la douleur n’est pas toujours visible, quantifiable, sauf quand elle est si collective qu’on ne peut plus l’ignorer. Aucune vie ne ressemble à une autre, certaines sont tellement pleines de ces épreuves qui jettent à terre, rouent de tant de coups que cela semble n’avoir plus aucun sens. Les épreuves cependant qui nous tordent, nous forgent de l’intérieur jusqu’à parfois toucher la grâce. Toujours au bord pourtant de basculer, grâce ou folie, la frontière est si fine. En ce début d’année où il est de coutume de souhaiter et s’entre souhaiter, mes pensées vont vers toutes celles et ceux qui souffrent dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leur vies, dans le corps des êtres qui leur sont chers. Mes pensées se ruent vers celles et ceux qui vivent dans la peur, la terreur, l’horreur, celles et ceux qui sont accablé-e-s par les injustices, celles et ceux qui éprouvent une solitude inhumaine, celles et ceux qui ont le cœur en miettes, l’âme mutilée, celles et ceux qui sont oubli-é-e-s, piétiné-e-s, humili-é-e-s, écrasé-e-s, broyé-e-s, perdu-e-s, poussières… Et je me souhaite — car qui suis-je pour dire à d’autres ce qui leur est nécessaire ? — je me souhaite, donc, le courage de garder dignité quoiqu’il arrive et le sens du respect, la volonté d’être juste, d’accepter ce qui en moi est fragile et blessé, ce qui chemine dans les ténèbres et la force d’endurer ce qui me tord, me forge, me polit et qui, peut-être à la longue, finira par me sublimer. Aucune vie ne ressemble à une autre mais la vie est une seule et même énergie qui nous traverse, nous anime, qui que nous soyons, où que nous soyons : humains, animaux, végétaux et même, à leur façon, les pierres de cette Terre qui n’en peut plus de nous. C’est ce que je ressens au plus profond de moi. Tout est vibration, tout porte un message alors je voudrais veiller toujours mieux à celui que moi-même je porte et transmets à travers mes pensées, mes choix, mes actions, mes mots, mes cellules… Veiller sur les causes car il est toujours trop tard quand il s’agit de réparer de néfastes conséquences… J’essaie de ne pas me décourager trop vite ou trop longtemps. Aucune vie ne ressemble à une autre, que chacune soit belle et sereine comme un lever de soleil, un chant d’oiseau à la nuit tombée, un vin d’amour à partager.
CGC
Étant donné que nous avons des cellules qui sont les filles des premières cellules de la vie, nous avons en nous de façon singulière toute l'histoire de la vie... nous avons l'univers en nous.
Edgar Morin
Nouveaux Délits 77 - Janvier 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustrateur : Corinne Pluchart Correcteur : Élisée Bec
Le temps
est une chaise au soleil, et rien de plus.
Chaque seconde, 500 millions de neutrinos me traversent
et 3 milliards si je m'allonge.
Et la vie serait ennuyeuse ?
in en cours