Georges Bataille - La nuit est ma nudité
Poème extrait de L’Éternelle Revue n°2, 1944
et publié dans la revue Les Hommes sans Épaules n°36 - second semestre 2013
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Poème extrait de L’Éternelle Revue n°2, 1944
et publié dans la revue Les Hommes sans Épaules n°36 - second semestre 2013
You are a woman. Skin and bones, veins and nerves, hair and sweat.
You are not made of metaphors. Not apologies, not excuses.
Madre, vieja mapuche, exiliada de la historia
Hija de mi pueblo amable
Desde el sur llegaste a parirnos
Un circuito eléctrico rajó tu vientre
Y así nacimos gritándoles a los miserables
Marri chi weu!!!!
en lenguaje lactante.
Padre, escondiendo tu pena de tierra tras el licor
Caminaste las mañanas heladas enfriándote el sudor
Somos hijos de los hijos de los hijos
Somos los nietos de Lautaro tomando la micro
Para servirle a los ricos
Somos parientes del sol y del trueno
Lloviendo sobre la tierra apuñalada…
In Mapurbe
Mère, vieille Mapuche, exilée de l'histoire
Fille de mon peuple aimable
Depuis le sud tu es arrivée à nous enfanter
Un circuit électrique a tranché ton ventre
Et ainsi nous sommes nés
En criant aux misérables
Dix fois nous vaincrons !!!
Dans un langage nourri au sein.
Père, en cachant ta peine de terre dans la liqueur
Tu as marché dans les matins glacés refroidissant ta sueur
Nous sommes enfants des enfants des enfants
Nous sommes les petits- fils de Lautaro prenant le micro
Pour le servir aux riches
Nous sommes parents du soleil et du tonnerre
En pluie sur la terre poignardée..
In Mapurbe
(trad. Cathy Garcia)
* Mapurbe : de nombreux Mapuche vivent en Patagonie, tout au sud du Chili, dans la ville de Bariloche. Les jeunes y ont créé un mouvement punk d'un genre particulier, le 'mapurbe', qui veut dire à la fois 'mapuche' et 'urbain'.
Me vuelvo a comer mis lágrimas.
¿A quién le puedo preguntar,
por qué hay quienes viven bien y quienes viven muy mal?
¿Si no hay una respuesta concreta, que puedo entender de esta realidad?
¿cómo la enfrento?
Nosotros somos ricos, muy ricos y por eso las petroleras, hidroeléctricas, mineras y otras
están en nuestras tierras,
¡es por eso!
Nos han empobrecido con su ideología,
con su historia, con su lengua, con su educación y hasta nos dicen terroristas.
¿De qué país de primer mundo me hablan, de qué país avanzado dicen venir?
pues si ser avanzado, de primer mundo y civilizado significa no respetar la tierra
y la vida, prefiero entonces ser un salvaje.
Son en los suelos usurpados a nosotros que excavan sin importar la vida de niños que se envenenan de rabia, odio, de gases y químicos que les producen mal formaciones,
daños irreparables a sus sistemas inmunológicos y hasta cáncer.
¿Por qué no hacer pública esta guerra que nos han declarado?
¿por qué no gritar a los cuatro vientos que hoy,
en pleno siglo XXI el modelo económico capitalista impulsado por los supremacitas blancos nos está matando?
¿Por qué no gritar a los cuatro vientos
que lentamente han comenzado un proceso de control del agua en nuestro territorio?
Sabemos que esto no parará,
sino que al contrario en el Wallmapu solo habrá más muertos.
¡Hey, despierta!
aquí no se están respetando los tratados internacionales
y se están violando los derechos humanos.
Cómo pueden decir tan descaradamente que luchan contra el terrorismo,
cuando la historia nos muestra como han sido ustedes los que han esclavizado millones de personas, han usurpado nuestras tierras, matado nuestros abuelos
y continúan haciendo guerras?
Es por eso que me vuelvo a comer mis lágrimas, no he de llorar,
pues el llanto no nos salvará, sino la acción
y es por eso,
es por eso que te invito a luchar.
Je mange de nouveau mes larmes.
A qui puis-je demander,
pourquoi il y a ceux qui vivent bien et ceux qui vivent mal ?
S’il n’y a pas une réponse concrète, que puis-je comprendre de cette réalité ?
Comment dois-je l’affronter ?
Nous autres sommes riches, très riches et c’est pourquoi les compagnies pétrolières, hydroélectriques, minières et autres
sont sur nos terres,
c’est pour cela !
Ils nous ont appauvri avec leur idéologie,
avec leur histoire, leur langue, leur éducation et nous appellent même terroristes.
De quel pays du premier monde me parlent-ils,
de quel pays avancé disent-ils venir?
car si être avancé, du premier monde et civilisé, cela signifie ne pas respecter la terre et la vie, je préfère alors être un sauvage.
Ce sont dans les sols qu’ils nous ont usurpés qu’ils excavent en se foutant de la vie des enfants qui s’enveniment de rage, de haine, de gaz et de produits chimiques leur provoquant des malformations,
dommages irréparables à leurs systèmes immunitaires, et même des cancers.
Pourquoi ne pas rendre publique cette guerre qu’ils nous ont déclarée ?
pourquoi ne pas crier aux quatre vents qu’aujourd’hui,
en plein 21ème siècle, le modèle économique capitaliste impulsé par les suprématies blanches est en train de nous tuer ?
Pourquoi ne pas crier aux quatre vents
qu’ils ont lentement commencé un processus de contrôle de l’eau sur notre territoire ?
Nous savons que cela ne s’arrêtera pas,
mais qu’au contraire au Wallmapu il y aura seulement plus de morts.
Hey, réveilles-toi!
ici les traités internationaux ne sont pas respectés
et les droits de l’Homme sont violés.
Comment peuvent-ils dire avec autant d’insolence qu’ils luttent contre le terrorisme,
lorsque l’histoire nous démontre comment ce fut eux qui réduisirent en esclavage des millions de personnes, qui ont usurpé nos terres, tué nos ancêtres
et qui continuent à faire la guerre ?
C’est pour cela que je mange de nouveau mes larmes, je ne dois pas pleurer,
puisque les pleurs ne nous sauverons pas, sinon l’action
et c’est pour cela,
c’est pour cela que je t’invite à lutter.
(traduction de José Antonio Benitez Torres - Québec, pour Nouveaux délits n°29 - juillet 2008)
A la tierra de los sueños.
Llenas de dolor esta noche mis palabras,
madre
en mi largo caminar la vida no ha sido fácil y
hoy siento que me voy.
¡Tengo miedo a dejarte!
por favor te pido me permitas entrar en tu vientre y
descansar por siempre en el Konünwenu,
desde ahí podré mirarte mientras me embarco
a la tierra de los sueños.
Pour la terre des rêves.
Pleines de douleur cette nuit mes mots,
mère
durant mon long parcours la vie ne fût pas facile et
aujourd’hui je sens que je m’en vais.
J’ai peur de te laisser !
S’il te plaît je te demande la permission d’entrer dans ton ventre et
me reposer à tout jamais dans le Konünwenu,
de là je pourrais te regarder pendant que je m’embarque
pour la terre des rêves.
(traduction de José Antonio Benitez Torres - Québec, pour Nouveaux délits n°29 - juillet 2008)
(c)Juan Carlos Carrilaf
Ini rume ñamvm noel chillafe
Feyti vlkantun che mu rume kvmelay, pigeken
Ka fey ti mawizantu ayiwigvn .ti pu aliwen
ñi kallfv folil mu egvn
ka ñi chagvll negvmi ti kvrvf
chalilerpuy vñvm egu ti Pvnon Choyke
Feyti vlkantun alvkonchi wirarvn
feyti pu lalu
kiñe pin ti tapvl rimv mew
feyti weñagkvn feyti wecheche
ñi petu zugu ñi kewvn
welu ñami ñi pvllv
Feyti vlkantun, ti vlkantun fey
kiñe pewma feyti afvl chi mapu
tami ge ka iñche ñi ge, vlcha
allkvfe piwke, ka feychi vl zugulvn
Ka zoy pilayan, ini rume penolu
ti llafe ini rume ñamvn nolu
Kas vlkantun fey ñi vl tañi pu Kuyfikeche
pukem antv mu vy lu ka chonglu
feyta chi kisu zwam weñagkvn
La clef que personne n'a perdue
La poésie ne sert à rien, me dit-on.
Et dans le bois les arbres se caressent
avec leurs racines bleues et agitent leurs branches
dans l'air, saluant avec les oiseaux la Croix du Sud.
La poésie est le profond murmure des assassinés,
la rumeur des feuilles en automne, la tristesse
envers le garçon qui conserve la langue
mais qui a perdu l'âme
La poésie, la poésie est un geste, le paysage,
tes yeux et mes yeux, jeune fille, les oreilles, le coeur
la musique elle-même. Et je n'en dis pas plus, car
personne ne trouvera la clef que personne n'a perdue.
Et la poésie est le chant de mes ancêtres
le jour d'hiver qui brûle et éteint cette mélancolie si personnelle.
La llave que nadie ha perdido
La poesía no sirve para nada, me dicen
Y en el bosque los arboles se acarician
con sus raíces azules y agitan sus ramas
al aire, saludando con pájaros la Cruz del Sur
La poesía es el hondo susurro de los asesinados
el rumor de hojas en el otoño, la tristeza
por el muchacho que conserva la lengua
pero ha perdido el alma
La poesía, la poesía, es un gesto, el paisaje
tus ojos y mis ojos muchacha, oídos corazón
la misma música. Y no digo más, porque
nadie encontrará la llave que nadie ha perdido.
Y poesía es el canto de mis antepasados
el día de invierno que arde y apaga esta melancolía tan personal.
On peut entendre ici une lecture en mapudungún, la langue mapuche (traduite en français également) d'Elicura Chihuailaf Nahuelpan :
http://www.cipmarseille.com/pop_audio.php?id=752
Ma quête est avant tout d'ordre spirituel, mais de par ma chair et mon sang, j'aime aussi la vie dans ce qu'elle a de plus terrestre. J'aspire à me rapprocher du vivant, à être davantage à l'écoute de mon corps, danser, respirer, bouger, penser librement ! Je ne peux pas aller contre cette évidence, mon âme est sauvage.
cg in Calepins voyageurs et après ?