Edward Weston - Epilogue (1919)
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Jan Frans De Boever (Gand, 8 juin 1872 - 23 mai 1949) était un peintre belge. Il suivit les cours à l'Académie Royale des Beaux-Arts de sa ville natale sous la direction de Louis Tytgadt, dont il épousa plus tard la nièce. Il fut introduit par Tytgadt dans le milieu de la haute bourgeoisie et de la noblesse ; ainsi il devint vite un portraitiste respecté et une valeur sûre aux Salons officiels de Gand, Anvers, Bruxelles et Liège. Soudainement, en 1909, il modifia complètement son style. Il commença à peindre des femmes lascives évoluant dans un décor morbide. Ses tableaux seront submergés de squelettes et d'un érotisme sans bornes. Des femmes quasiment nues étaient représentées comme servantes du diable, des esclaves qui devaient établir son royaume sur terre. À ses yeux, l'homme devenait un jouet flasque, contraint à se soumettre à ses moindres caprices. En 1914, il commença, à la demande de son mécène Speltinckx, l'illustration du recueil de poésies "Les Fleurs du mal" de Charles Baudelaire. En 1924 seulement, la série de 157 gouaches sera complète ; 86 de ces gouaches ont été retrouvées. On les considère parfois comme le chef-d'œuvre de De Boever. Dès qu'il eût trouvé son propre style, c'est-à-dire un genre de symbolisme particulier adhérent au décadentisme, il refusa toute évolution. Littérature, musique et mythologie seront les sources de son inspiration artistique. Son art semblait destiné au succès jusqu'en 1935, lorsque l'effet de la crise financière finit par toucher sa clientèle. Il baissa fortement le prix de ses tableaux, mais en vain. Pourtant ceci ne l'empêche pas de continuer à peindre à sa façon et dans le même genre, jusqu'à son décès en 1949.
The Brilliance of Ordinary
Spring green
Half of me
Jack did as he was told
Winter solitude
Two flights up
Just before
Overyonder
While you were sleeping
Jamie Heiden, photographe, vit dans le Wisconsin profond avec son mari et ses deux enfants . Ils ont deux chevaux, deux chèvres , un chien, deux chats, douze poules et un montant correspondant de tâches à faire. Tant et aussi longtemps qu'elle se souvienne, elle a été une collectionneuse d'images. Depuis son premier appareil photo il y a 30 ans, à travers ses études collégiales en photographie et à sa transition vers le monde numérique, elle a découvert la joie de créer. Et pour elle, cet acte de créer est une nécessité. Toutes ses images commencent par une photographie numérique. D'autres photographies sont ensuite superposées au-dessus de cette image de base. Jamie s'efforce de capter la féérie du quotidien. http://jheidenphoto.net/
LETTRE À UN AMI
il y a ces rêves que l'on lance
à la crête des vagues
et ceux que l'on balance
au fond d’un trou
il y a les langues
qui se nomment
celles qui se donnent
toutes en contorsions
papilles humides
soûles de désir éloquent
qui soupçonne la profondeur
de l'amour qui nous façonne ?
est-ce à son image ?
qui a dit qu'elle était sage ?
courts-circuits des corps
il y a des anges
un doigt posé sur nos lèvres
qui sourient à nos folies
des courants qui dérangent
des sentiments qui démangent
il y a tous ces mots jetés
à qui veut les saisir
ces cœurs bousculés
sur les quais du plaisir
1996
in Histoires d'amour, histoire d'aimer
1929
1930
Né en 1952, Jacek Yerka est un artiste peintre polonais dont les tableaux relèvent du surréalisme et dont l'univers visuel peut aussi se rattacher au courant du réalisme magique.
Hosoe a utilisé le danseur Tatsumi Hijikata comme l'un de ses modèles afin de créer un conte surnaturel où un esprit hante la campagne japonaise. Dans ces photographies, le fantôme se cache au sein du paysage et terrorise les fermiers et les enfants. Ces photos sont publiées dans le livre "Kamaitachi".
Betty Love - 1928
Photographe américain (1893-1962)
Frida Khalo
Apogée, octobre 2011, 123 pages, 15 €
Elle s’appelle Lucie, elle est jeune, belle et pleine de vie. Il s’appelle Émilien, il est jeune, beau et il joue merveilleusement bien de la mandoline. Ils sont tous deux orphelins, fous amoureux et veulent se marier. Seulement voilà, Émilien est malade.
« Elle le savait atteint par le bacille honteux. Ses proches la mettaient en garde, avec plus ou moins de franchise ou d’élégance, mais tous lui faisaient le même grief : on n’épouse pas quelqu’un qui va mourir ; un mariage, c’est d’abord de l’espoir ».
Mais l’amour rend immortel et rien ne pouvait détourner les tourtereaux de leur rêve d’union.
« Veux-tu toujours t’envoler avec moi, même si l’arrêt est brutal ?
(…)
Oui, Émilien, avec toi j’irai même en enfer ».
Aussi, passés leurs vingt-et-un ans, ils s’épousèrent envers et contre toutes les langues perfides. Un an passera, durant lequel le bonheur des jeunes mariés commence déjà à perdre de l’éclat. Le bacille s’est fait discret mais Émilien compense sa maladie par des excès de bon vivant, et une rechute l’oblige à partir en sanatorium. Avec la distance, les lettres se remplissent de mots d’amour, mais Lucie commence à sentir le poids de cette fatalité qui menace et peu à peu en elle, commence à se livrer une guerre des sentiments, une guerre secrète. En même temps, en Espagne, gronde la menace d’une autre guerre, une guerre qui se répand très vite d’un pays à l’autre avec la montée en puissance d’« un petit nerveux avec la moustache de Charlot, atteint d’une faim sans fond appelée annexion ». Très vite, la France elle aussi, est en guerre, mais pour l’instant cela ne semble que des mots. Émilien après avoir dû reporter plusieurs fois son retour, finit par rentrer du sanatorium. Il ne pouvait partir au combat, son état en avait fait un réformé définitif.
« Émilien revient, reposé, tendre, toujours plus habile, émouvant à la mandoline, mais toujours aussi contagieux et Lucie, d’un trait rageur, raya le mot guérison dans le dictionnaire ».
Vient la débâcle, « la guerre n’était plus “bidon”, elle devenait oppressante ». Lucie et Émilien vivent à Lorient, un port militaire, et tandis que Lucie se débat avec sa guerre civile intérieure, son horreur grandissante de la maladie mêlée de sentiments de jalousie après la découverte d’une photo dans le portefeuille d’Émilien, arrive le moment où « deux jours plus tard, les Allemands pénétraient dans la ville. Ce fut un tel fracas de moteurs et de chenilles que les vitres et les nerfs tremblèrent pendant des heures. Désormais, les drapeaux nazis flottaient partout, rouges avec des croix noires, araignées du chagrin ».
Désormais, il faudra faire avec ! « Longtemps cette phrase pour les Bretons sous-entendit : avec les femmes et le mauvais temps. Depuis la guerre, le champ des calamités tendait vers l’infini ».
L’auteur nous fait vivre ce Lorient occupé comme si nous y étions. En plus de sa véracité historique, l’écriture a le don de nous faire vivre de l’intérieur cette période terrible, et l’histoire de Lucie n’est pas juste une fiction, l’auteur y glisse une grande part de vérité aussi, parce qu’il est nécessaire d’affronter le passé, pour libérer le présent, et que la recherche de la vérité n’obscurcit pas forcément l’horizon. Dans le chaos des bombardements, de la peur, des restrictions, des arrestations, Émilien et Lucie vont chacun tracer comme ils peuvent leur chemin. Survivre. Émilien participant à la résistance malgré ou peut-être à cause de son état, Émilien qui fume encore et donc l’état ne cesse d’empirer. Émilien qui sera arrêté et jeté au cachot, puis relâché parce que même pas bon à être gardé prisonnier, et Lucie qui continue à travailler comme accompagnatrice de bus, qui rend service comme elle peut, ramenant des vivres de la campagne. Lucie qui un jour par hasard, à Pontivy, « s’apprêtait à entrer dans l’Hôtel des Voyageurs pour y prendre une menthe avant le retour, lorsqu’un homme en sortit, chapeauté, ganté, grand, beau comme au cinéma. Leurs regards s’effleurèrent, ils s’offrirent un sourire, elle en fut chamboulée ».
Cet homme, ce Monsieur Gentil auquel elle ne pourra cesser de penser, s’appelle Alex, elle le saura parce qu’elle le reverra, et il souhaitera rencontrer Émilien et ils deviendront amis, puis elle et lui, deviendront amants, mais à la grande déception de Lucie, c’est avec Émilien qu’il aura une véritable complicité. Émilien qui ne fera aucune remarque quand le ventre de Lucie commencera à s’arrondir, et d’ailleurs elle mettra du temps à admettre qu’en temps de guerre, un ventre qui s’arrondit, ce n’est pas par excès de gourmandise. Et elle vivra comme une ultime trahison le départ des deux hommes pour une virée en Gironde, alors qu’elle doit rester seule et enceinte. « Elle vécut ce départ comme un abandon. À qui en voulait-elle le plus ? À ce mari, habité par la vie, guettée par la mort, qui riait de tout, même de son ventre qui bientôt lui lécherait le menton ? À cet homme beau “comme rêve d’amour”, passager énigmatique, tentateur chaleureux s’encombrant d’un sac d’os et de bacilles ? À la vie dont elle n’avait jamais trouvé le sens ? Le verdict de sa guerre civile intérieure refusa de trop accabler le condamné ; mais monsieur Gentil devint “une sorte de démon qui a embobiné Émilien” ».
Ainsi viendra au monde une petite fille et Lucie refusera tout ce qui vient d’Alex, il devient le centre de sa rage, de son chagrin, tandis qu’Émilien meurt peu à peu, tandis qu’au dehors la guerre continue. « Lucie se fichait bien des salauds de miliciens, de la France combattante, de l’armée secrète et des FTP. Sa lutte à domicile lui suffisait. La mort, elle l’avait à sa porte, tapie jusqu’à l’heure dite, écrite quelque part ».
La Guerre secrète est une tranche de vie, arrachée à l’oubli, au déni aussi qui habitera Lucie, longtemps, très longtemps, même si cela n’est pas raconté dans le livre. Une histoire, comme il en existe tant et tant, mais chacune en réalité est unique, bouleversante et devient un vrai roman quand elle est racontée avec autant d’amour et de talent.
Cathy Garcia
La ville de Lorient ayant été détruite par les Alliés en 1943, Guénane est née au cœur de la Bretagne. Après des études de Lettres à Rennes où elle a enseigné, elle a longtemps vécu en Amérique du Sud. En 1968, elle envoya son premier manuscrit, Résurgences, à l’éditeur René Rougerie. En 2014 devrait paraître son quatorzième recueil, Un Rendez-vous avec la dune. Elle a publié aussi 12 livrets chez La Porte, dont Venise ruse en 2012, des livres d’artiste et une dizaine de récits et romans dont le dernier, Dans la gorge du diable, chez Apogée en 2013. www.guenane.fr
Note parue sur : http://www.lacauselitteraire.fr/
Ivan Iakovlevitch Bilibine (1876-1942) était un peintre russe, illustrateur de livres et décorateur de théâtre, membre de l’association Le Monde de l’Art. La caractéristique du style de Bilibine est la représentation graphique. Bilibine commençait son travail sur un dessin par une esquisse de la composition à venir. Des lignes noires ornementales délimitent nettement les plages de couleurs (technique inspirée du vitrail), ajoutant du volume et de la perspective aux aplats. Le remplissage à l’aquarelle du dessin en noir et blanc ne fait que souligner les lignes initiales de contour. Pour l’encadrement des dessins, Bilibine utilise généreusement les motifs ornementaux. Pour l'évocation des paysages illustrant les contes russes, Bilibine associe une composante décorative et symbolique, indépendante du sujet proprement dit et servant de toile de fond, et une autre campant le décor spécifique de l'histoire : cette association caractérise le style moderne, russe aussi bien qu'occidental. Il est le premier dans l'histoire du livre russe à avoir réussi une synthèse des principes de la peinture et de ceux de l'art graphique imprimé. La fermeté de son trait lui avait valu le surnom d'Ivan Main-de-fer. On a relevé chez lui des influences telles que celle de l'illustrateur britannique Aubrey Beardsley, mais aussi des artistes graphiques français de l'époque (Boutet de Monvel) ou encore de la gravure japonaise (Hokusai).
Les Divinités naturelles
La misère humaine, 1967
The Holy Spirit - 1965
Le sacre du printemps, 1960
Jane Graverol, née en 1905 à Ixelles et morte en 1984 à Fontainebleau, est une peintre surréaliste belge, fille du peintre et graveur Alexandre Graverol qui a fréquenté les poètes symbolistes à Paris et connu Verlaine. Après des études à l'Académie des Beaux-arts de Bruxelles où elle suit les cours de Constant Montald et Jean Delville, elle s'installe, après une première exposition à Bruxelles en 1927, quelques années plus tard à Verviers. Séparée de son second mari, le musicien Guillaume Dortu, elle préside à partir de 1938 l'Union artistique et littéraire de Verviers et y expose ses œuvres,. Influencée d'abord par André Lhote puis, après guerre, par Magritte et Chirico, sa peinture est dès 1946 qualifiée de surréaliste lors de son exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. En 1949 Jane Graverol rencontre Magritte, Louis Scutenaire, Camille Goemans et Marcel Lecomte. « Jane Graverol me vint un soir trouver et me fit tout à trac : « Y a rien ici. Faisons quelque chose ». Nous avons fait Temps mêlés, c'était en octobre 1952 », a raconté André Blavier, bibliothécaire à Verviers depuis 19421. Le premier numéro de la revue paraît en décembre. En mars 1953, lors d'un vernissage d'une exposition de Magritte qu'elle organise dans la cave de Temps mêlés, Jane Graverol rencontre Marcel Mariën avec qui elle vivra durant une dizaine d'années une liaison tumultueuse. La même année Temps mêlés publient sous le titre Jane Graverol une plaquette rassemblant des textes de la plupart des surréalistes belges. Mariën et Jane Graverol fondent avec Paul Nougé la revue Les Lèvres nues, subversive, anticléricale et staliniste, qui paraît en avril 1954, domiciliée chez Jane Graverol, à Verviers puis en juin 1955 à Bruxelles. Les Lèvres nues publient en janvier 1956 Histoire de ne pas rire, recueil des écrits théoriques de Nougé. En 1959 Jane Graverol prend une part active à la réalisation du film de Mariën, L'Imitation du cinéma, auquel participe Tom Gutt, farce érotico-freudienne contre l'Église, qui provoque un scandale suivi d'une plainte déposée au parquet de Bruxelles. Le film sera encore projeté à Liège, à Anvers dans une salle des fêtes et à Paris au Musée de l'Homme puis, la demande d'autorisation repoussée, interdit en France. Dans les années 1960 Jane Graverol rencontre André Breton, à New York Marcel Duchamp puis partage l'existence de Gaston Ferdière. Installée en France, elle continue d'exposer régulièrement en Belgique. Elle peint en 1964 La Goutte d'eau, tableau (conservé au Musée de l'art wallon à Liège) dans lequel elle rassemble les portraits des principaux surréalistes belges. « Ces quelque quinze personnes sont on ne peut plus harmonieusement mises en rapport sans rien perdre de ce qu'elles ont individuellement de plus significatif. «La goutte d'eau » : on ne pouvait rêver intitulation plus poétique mais il y va aussi d'une coupe pratiquée dans le plus beau tissu de l'aventure durant un demi-siècle : cette eau a les vertus d'un plasma d'une sève, », lui écrit en 1966 André Breton. Dans le legs « Irène Scutenaire-Hamoir », le couple n'ayant pas d'enfant, dont Tom Gutt est l'exécuteur testamentaire, au Musée royal d'art moderne à Bruxelles (Musées royaux des beaux-arts de Belgique figurent cinq œuvres de Jane Graverol.