Shannon Wright - You'll be the death
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Ils ont peur de la vie, ce qu’ils aiment, c’est la mort, pas la vraie mort, mais la mort telle qu’ils l’imaginent, je veux dire la rigidité des pierres. C’est ça, leur amour de la mort : un attachement renfrogné à des modèles immuables.
in Marguerite de Porète
Penser est difficile, c'est pourquoi la plupart se font juges.
par Jean Azarel
La quatrième de couverture donne le « la » époumoné de ces « Tondues » à qui l’écrivaine Perrine Le Querrec lègue ses mots et le peintre Jacques Cauda son crayon à dessin.
« N’a-t-on jamais demandé aux hommes s’ils avaient couché avec une allemande, les a-ton transbahutés sur des charrettes à travers villes et villages sous les huées ? A-t-on jugé leur sexualité, a-ton jugé leur chair, leur pénis, leur cœur ? »
Ceux qui se targuaient de clamer hier « Je suis Charlie », auront-ils le cran (sic) de clamer aujourd’hui « Je suis tondu(es) » ? A défaut de tignasse, je n’en mettrais pas ma main à couper, mais qu’importe…
En un peu plus de trente pages courageuses (merci aussi à l’éditeur Z4), un épisode sinistre de l’histoire de France passe la mémoire enfouie à la Marie-Rose pour rendre moins lisse le crâne du souvenir.
En même temps que tombent les chevelures tombent les masques des maîtres de l’exemplarité et rebondit le destin des femmes à travers les siècles. Le duo Le Querrec / Cauda scalpe au sécateur le non dit intemporel des outrages faits au « sexe faible ». Quand l’une écrit avec le vif de ses entrailles, l’autre fomente ses noirs dessins. Perrine s’exprime en urgentiste, Jacques décolore le trait. A chacun, chacune, sa partition dans un témoignage essentiel : donner à entendre pour effacer le silence de la langue, donner à voir pour gommer le silence des yeux.
« Le silence des femmes. Ce silence de la peur de la honte un silence séculaire la langue mordue la tête tondue. Silence reste à ta place attends mon retour attends ton tour sur la ligne brisée de ton départ sans espoir d’arrivée. Et les cheveux tombent et les femmes tombent et la raison tombe et l’humanité tombe et je tombe le corps attaqué au sommet ».
A l’heure où les extrémismes de tout poil font sortir du bois la bête du totalitarisme, Perrine Le Querrec et Jacques Cauda nous appellent à bien plus que la vigilance, ils crient la rage de résister et le refus du laisser-faire. Leur crédo universel renvoie dos à dos le dévoiement des religions alibis de l’horreur, le diktat sexuel, le plaisir trouble du bourreau face à sa victime, l’oppression originelle du fort sur la faible.
« L’ennemi est désigné c’est l’ennemie, la femme c’est l’ennemie la faute le trouble l’incendie les bombes la menace. La chevelure c’est l’ennemie. Baudelaire. La poésie. La liberté. La sensualité. L’être profond. Les violences varient. Les violences spécifiques
A coups de ciseaux à coups de fouet à coups de pierre à coups d’acide à coups de rasoir à coups d’insultes à coups de verges. »
Loin des philosophes bénis oui-oui habiles à couper en quatre les cheveux de la réalité pour légitimer le déni, à contre courant des castes revanchardes pseudo-féministes, ce livre va au-delà de la demande d’égalité des sexes. Il est un vibrant plaidoyer pour le respect du « moi » de la femme, son essence et son intégrité, dusse-t-il en coûter aux hommes le partage du pouvoir qui va avec, et le vertige de la peur qui change de camp. « Nous sommes métisses / Nous sommes l’épouvante et la puissance / L’utopie et la faille / L’inégalité flagrante vivante souffrante vibrante rayonnante / Nous sommes une bouche le langage – des seins un cœur- des bras l’étreinte – des cuisses la force – des yeux la perception – deux cerveaux l’intelligence – un sexe la vie / Une chevelure / Une femme. »
« Les Tondues » Z4 Éditions. 12 euros.
Publié le 11 novembre 2017 – 38 Pages – Couverture souple en dos carré collé – Impression intérieure Noir & blanc- 15,24 cm x 22,86 cm http://z4editions.fr/publication/les-tondues/
Un long hiver
au départ ce fut le printemps
qu'ils prenaient pour l’éternité
puis ce fut l’amertume
les rêves assoiffés
puis les coups
puis les plaies
elles ont pourries
c’était foutu
mais quelque chose s’est détaché
et à continuer à regarder
ce qu’ils pensaient être important
est tombé, s’est décomposé
comme l’enveloppe qui entoure la graine
on ne voit rien sur la terre nue et froide
mais quelque chose en eux est resté là
à regarder.
cg in Le baume, le pire et la quintessence
(Photo avant cuisson)
Cuisiner chez moi, c'est être à l'écoute des aliments, je n'ai pas le problème de "qu'est-ce que je vais faire à manger aujourd'hui ?", c'est eux qui me disent et il n'y a jamais aucun gaspillage. Aujourd'hui quelques pommes fatiguées, improvisation ! ça fera un dessert/petit déj.... Des pommes fatiguées donc, un fond de coulis de framboise (cadeau), un peu de crème de marron (cadeau) de la poudre d'amande, un reste de pain d'épice (cadeau), un peu de beurre, un peu d'eau de source. J'ai beurré le plat, puis déposé les pommes évidées, pelées parce que vieilles pommes pas jolies extérieurement (mais délicieuses à l'intérieur), mis dans chaque trou un petit morceau de beurre, du coulis de framboise, de la poudre d'amande, un petite noisette de crème de marron. J'ai émietté le reste de pain d'épices-dattes-noix-gingembre, rincé le pot de coulis avec un peu d'eau que j'ai versé délicatement dans le fond en humidifiant le pain d'épice et au four. Et puis cuisiner, ça repose la tête après des heures de travail intello !
L'hiver mes doux enfants est en nous oui en nous
Cette cul de buée
(sur cette fumier de vitre)
M'empêche de voir ces grands cons d'arbres.
in D'herbe noire