Omar Delawer
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Peinture mon ivresse
Des affres descendent
sur un nuage brouilleux
et caressent le crâne du ciel
les gouttes de pluie que m’offre
l’eau du grand puits
l’ange pleure sur mon épaule
me dictant le vrai désir
dès lors survole un dessin
mon regard ivre d’air frais
je plante mes griffes
sur la surface du sécant
tel un oiseau qui picore
les grains d’espoir
pour nourrir son envol
et nous siffler sa survie
je tiens la main de la plume
par son encre
pour graver une ombre en détresse
écrire un paysage en pleurs
je suis le châtaigner
qui tord ses branches
offre ses formes
à la nature sauvage
avec bienveillance
les caprices de l’humanité
me condamnent à la foudre
hommes femmes meurent orphelins
sans la chaleur d’une main
qui n’est plus
d'autres en vadrouille
le cœur laid et le rire raide
mon dessin déflore la peinture vierge
crève la couleur douce
qui enfante l’ivresse des délaissés
cette réalité si peu visible à l’œil
est impure
elle me tourmente orageusement
parce que la société est ainsi faite
croit- on que l’œuvre amuse les murs
quand celle-ci les console
comme un comprimé d’aspirine
elle apaise la douleur
les murs accueillent la peinture
qui craquelle de révoltes
chaque jour un nouveau coup de vie
nous émeut
peinture
mon souci de longue nuit
éternelle épreuve du corps
usé de taches noirâtres
tu m’éloignes de l’absurdité
des gens indifférents
tu m’inscris en exergue
de l’oubli de l’humanité
mes ombres sont des êtres
qui marchent la tête
sur le cœur
de sorte que le mien
continue de battre
pour les exclus de la joie
j’observe les cercueils rue du départ
des visages transparents
font leur offrande à l’amour
des enfants meurent au front
les larmes aux yeux le regard franc
ils naissent à la porte de la famille morte
et n’ont pas peur du vertige
dans cette guerre contemporaine
que je dénonce sans répit
cessez de violer les peaux saines
qui se nourrissent d'espoir
ogre de la forêt nomade
qui étrangle le chant des arbres
je t’envoie mes dix doigts
pour exhorter ta bouche à l’effacer
tu ne mâches pas le cri des feuilles vertes
mais elles demeurent peinture
aux oreilles musicales
ivresse aux yeux salutaires
« Combien ça dure une poule », me demande ma fille,
et je m’entends lui répondre « ça dépend des piles ».
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poules
un ofni à voir, l'acteur, Daniel Vannet, c'est le vrai personnage du film, il joue sa vie, une trajectoire incroyable et un courage à saluer absolument et Romain Léger aussi au passage !
faut parfois bousculer le paysage et oser enfin
s’écorcher la langue sur le tranchant d’un jour neuf
in Un jour, j’ai pas dormi de la nuit
Si tu croises un mammouth à l’arrêt du bus, dis-toi que tu n’es pas le seul à perdre les pédales. Lui aussi s’est sans doute trompé d’époque et de chemins.
in Sentences de solitude