Carte des étoiles pawnee
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Je suis née sur les rives de la Méditerranée, à Hyères. Hyères les palmiers. Autrefois Olbia, Ὀλβία, "la Bienheureuse", la cité du sel grecque, qui deviendra Pomponiana la romaine. Un important site massaliote a été découvert, avec un sanctuaire dédié peut-être à Artémis d'Ephèse, souveraine des bêtes sauvages, déesse de la fertilité, que les romains assimilèrent à Diane.
Diane, c’est le prénom de ma mère.
Artémis d’Ephèse habite des régions portant en grec le nom d'eschatiai : les confins extrêmes des territoires des hommes, les montagnes, les bois et les forêts obscures ; elle descend aussi vers l'Océan, vers les embouchures, les lagunes, les marécages et les bords des lacs et des fleuves. Elle affectionne les zones fangeuses, limoneuses, et surtout - selon les Anciens - l'alliance de la terre, de l'eau et du sel. La déesse parcourt l'espace sauvage qui limite de toutes parts les territoires des hommes, elle ne descend que rarement dans les villes.
Comme moi.
cg in Universelle
L’historien Camille Jullian désigne les XVe et XVIe siècles comme le début de la période à laquelle le catholicisme s’est imposé au Pays basque. La nouvelle religion aurait alors amplifié l’utilisation d’un symbole plus ancien. La christianisation tardive, dans ces parties éloignées des voies d’accès romaines, a pu être la cause de la survivance de la religion basque primitive, jusqu’à des stades très tardifs, en comparaison avec le reste de l’Europe. Preuve de cela, les restes de sites païens dans les contreforts de l’Aralar encore dans le XIIIe siècle. Étant donné ceci, il n’est pas étonnant que la déesse-mère Mari ait survécu jusqu’à nos jours, bien que dans beaucoup de cas elle a été démonisée par l’Église.
La religion basque originelle est centrée sur Mari, divinité féminine qui incarne "la nature". Elle est aussi appelée Anbotoko Mari, Anbotoko Dama (la dame d’Anboto) ou Murumendiko Dama (dame de Murumendi), Maya, Lezekoandrea et Loana-gorri. Étymologiquement, son nom signifie «celle qui donne», il est formé par le radical verbial -ma- signifiant donner et le suffixe -ari qui indique une activité (Lanari → travailleur).
Parmi les primitives déesses-mères européennes, elle est la seule qui soit arrivée jusqu’à nos jours. Elle est le personnage mythique le plus significatif des traditions basques, étant la maîtresse de tous les génies telluriques. Elle est la créatrice, la Grande Mère qui enfanta le monde.
Mari est décrite conduisant dans le ciel un chariot tiré par des chevaux ou des béliers (comme Thor ?). Ses idoles portent habituellement une pleine lune derrière la tête. Elle est souvent aperçue habillée de rouge. Elle est aussi vue comme une femme du feu, une femme-arbre, et une femme-foudre. De plus, elle est identifiée avec des animaux rouges (vaches, béliers, chevaux…), et avec le grand bouc-noir.
Il est difficile de croire qu’une déité si importante, seule divinité réellement connue des Basques avant la Chrétienté (avec son amant), ai un nom dérivé de Marie l’icône chrétienne. De toute façon, il est bien évident que la proximité dans les noms a pu aidé à fondre le culte païen de la déesse Mari dans une vénération chrétienne de la Vierge Marie. De nos jours, à chaque fin de messe au Pays basque, le dernier chant liturgique est toujours donné en l’honneur de la Vierge Marie.
Il lui est associé la divinité mâle Sugaar, représentation des colères du ciel, tonnerres et orages. Mari vit sous terre, normalement dans une caverne en haute montagne, où elle et son amant Sugaar se rencontrent chaque vendredi (la nuit de l’Akelarre ou le rendez-vous des sorcières) pour concevoir des orages qui apporteront la fertilité à la terre et au peuple. Contrairement aux dieux des religions patriarcales, Mari ne puni pas, on est libre d’avoir ou non des relations avec elle. Ce qui veut aussi dire que les catastrophes naturelles ne sont pas interprétées comme des châtiments.
« Et dans la religion naturelle Basque, dont l’une des images centrales était la Dame (ou Dame Mari), on célébrait les rites essentiels de la regénération et de la fertilisation appelés Akelarre. Cela peut expliquer l’importance de la chèvre (Aker) et du crapaud, symboles respectivement de fertilité et de fécondité. Tout cela remet en question le modèle familial patriarcal (basé sur le pater familias) hérité de l’Eglise romaine. Cela ne pouvait être toléré » - Josu Naberan , "Le Retour du Sugaar"
On dit que Mari est servie par une cour de sorginak (sorcières). Son culte est déterminant pour la fertilité-fécondité, elle emmène la pluie ou la grêle (mauvais temps). Suivant où elle se trouve, il y aura du bon ou mauvais temps. De ses forces telluriques dépendent les récoltes, dans l’espace et le temps, la vie et la mort, la chance, la tolérance et le malheur.
"La déesse Mari est dans la culture basque la personnification de la Mère Nature" – Andrés Ortiz-Oses, professeur d’herméneutique à l’Université de Deusto
Anboto a toujours été associée à la magie et à la mythologie. Dans une caverne près de son sommet, la légende raconte que Mari, la dame d’Anboto, a sa principale résidence. La légende dit qu’on peut la voir souvent à l’entrée de la caverne par beau temps, peignant ses beaux cheveux blonds avec un peigne d’or au soleil.
Des cultes plus archaïques de cette déesse ont été trouvé à Karrantza (Biscaye) et datent de la culture magdalénienne entre 15.000 et 8.000 avant JC (fin du Paléolithique supérieur, nord de l’Espagne, France, Suisse et l’Allemagne). Il s’agit d’un temple souterrain dédié à une déesse primitive, au fond d’une grotte.
Le stalagmite de la grotte de Zelharburu (à Behera en Navarre) est une autre des grandes découvertes de l’origine du culte de la déesse Mari. De nombreuses études ont démontré que ce stalagmite a joué le rôle d’idole dans le culte de la déesse pré-chrétienne Mari au pays Basque.
Harpeko Saindua signifie en basque « la sainte (ou le saint) de la grotte ». On peut aussi trouver les graphies arpeko et saindia, xaindua, xaindia. Harpeko Saindua désigne une stalagmite de la grotte de Zelharburu, à Bidarray, en Basse-Navarre (Pyrénées-Atlantiques). Une légende raconte qu’un jour, une jeune bergère était partie chercher ses chèvres. Elle alla vers les rochers sous les falaises de l’Artzamendi. Ne la voyant pas revenir, les hommes partirent à sa recherche. L’un d’eux découvrit l’ouverture d’une grotte, et il trouva la jeune fille pétrifiée, figée à jamais dans le rocher. Selon certains témoignages recueillis par le père Barandiarán, c’est une traînée lumineuse (semblable à celle que peut laisser le passage de Mari) dans le ciel qui indiqua l’emplacement de la grotte. À cause de l’eau qui en coulait goutte à goutte, on l’appela la « sainte qui pleure ». On commença à y venir, de très loin, pour solliciter ses vertus thérapeutiques : ses fidèles recueillaient sur des linges l’eau suintant, et elle était supposée guérir les maladies de peau et des yeux lorsqu’on en frottait les parties atteintes. Un grand pèlerinage avait lieu chaque année pour la Trinité. Les fidèles plaçaient des bougies devant la stalagmite, et laissaient des offrandes : pièces de monnaie, petites croix, vêtements des malades, mouchoirs. La pratique des offrandes n’est pas spécifique au Pays basque, et remonte à bien avant le christianisme. Avant la « sainte de la grotte », c’est la figure de Mari, la grande déesse des Basques, qu’on y vénérait. Aujourd’hui, il est courant d’appeler ce personnage saint Bidarray.
Une autre légende présente Mari comme l’épouse du seigneur de Biscaye, Diego López I de Haro. Ce mariage symbolise la légitimité de la dynastie, comme les déesses irlandaises épousées par les rois de cette île, comme un acte religieux de légitimation. De même, dans la Grèce antique, les lignées des anciens rois se prétendent descendre des dieux ou demi-dieux olympiens (Hercule, Zeus…) qui épousèrent de force les déesses-mères de l’ancien règne matriarcal. Dans tous les cas, Mari impose des conditions à son époux : tant qu’il garde sa foi chrétienne, il est obligé de la garder en dehors de la maison. Pourtant, une fois, apparemment après avoir découvert que sa femme avait une patte de chèvre au lieu d’un pied humain normal, il ne put s’empêcher de se signer de la croix. Après cet acte religieux, Mari pris sa fille, sauta par la fenêtre, disparu, et ne revint jamais.
Un autre personnage fondamental de la mythologie est Amalur littéralement «Mère Terre». Le radical AMA- signifie mère, et dérive du radicale verbial -MA-, qui on l’a vue signifie donner; alors que LUR signifie terre. Amalur est souvent assimilée à Mari, mais elle est parfois considérée comme sa fille. Dans la mythologie basque on considère la terre Lur comme étant la mère du soleil (Eguzki) et de la lune (Ilargi Amandre), elles aussi féminines, et surnommées "grands mères". Lorsque la lune monte à l’orient, on lui dit : « Ilargi amandrea, zeruan ze berri ? » « Lune grand-mère, quoi de neuf dans le ciel ? ».
Sugaar (autres noms : Sugar, Sugoi, Maju) est la partie mâle d’une déité pré-chrétienne basque associée aux orages et à la foudre. Contrairement à son amante Mari, il subsiste peu de légendes à son propos. L’essentiel de son existence est de se joindre périodiquement (le vendredi, à deux heures de l’après-midi) à Mari dans les montagnes pour y générer des orages. On peut présumer qu’il est associé au ciel. Il est en général représenté par un dragon ou un serpent.
Sugaar est habituellement représenté sous la forme d’un serpent, symbole phallique probable, inscrit dans un lauburu (litt. quatre têtes) une sorte de croix gammée. La recherche sur la symbolique originelle amène à une période antérieure à la christianisation de la contrée, qui fut longue et chaotique, étant donnée la configuration encaissée du relief pyrénéen et conservatrice des populations rurales. Suivant les auteurs, le symbole fait référence au cycle de la vie, à la rotation du soleil, du ciel et de la terre.
Akelarre (du basque aker : « bouc » et larre : « lande »), est le terme basque pour désigner l’endroit où les sorcières (sorginak en basque) célèbrent leurs réunions et rituels, ainsi qu’un lieu de la mythologie basque (lieu des amours des divinités Mari & Sugaar). Les légendes leur donnent un rôle d’assistantes (ce sont très fréquemment des femmes) à la déesse Mari. Sorgin (sor + gin créatrice/-teur) se traduit en français par sorcière. La Sorgina étaient à l’origine une sorte de shaman, de femme-médecine.
Le sorgin pouvait être un homme mais était traditionnellement une femme. La sorginak, ou sorcière basque, occupe un rôle analogue à ceux des chamanes des autres peuplades à travers le monde. Elles étaient celles qui connaissaient les secrets de la procréation et de la naissance, et par conséquent avaient le rôle de sages-femmes. Les sorginak connaissaient aussi les secrets des plantes et leurs utilisations, elles étaient donc guérisseuses. Aussi, en raison de leur lien avec le monde spirituel, elles étaient conseillères, oracles et prêtresses. Leur rôle dans la culture traditionnelle basque est attestée par de nombreux noms de lieux qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui : Sorguiniturri "source sorgin" à Goldaratz et à Ataun, Sorguierreka "rivière sorgin" à Motrico, Sorguinkoba "grotte sorgin" sur le mont Amboto, Sorguinzilo "gouffre sorgin" à Morga, ainsi qu’à Cegama et Ataun, Sorguintxulo "petit gouffre sorgin" à Hernani, Sorguinziolak "cavernes sorgin" à Ascain, Sorguingaztañeta "Castañal de sorgin" à Ispáster, Sorguineche"maison sorgin" qui est un dolmen à Arrizala, Sorguinenleze "grotte sorginas" à Zugarramurdi, Sorguinzuloeta "emplacement du gouffre sorgin" à Ataun.
Dans la nuit du vendredi dans un lieu appelé souvent Akelarre ou Eperlanda (prés de la perdrix), les sorgiñak célébraient des rites magico-érotiques. Leurs cérémonies les plus sacrées célébraient la fertilité et la fécondité. Lors de ces célébrations, les cohortes de sorcières vénéraient généralement un bouc noir (akerbeltz en basque), auquel le christianisme a associé le culte de Satan. C’était l’une des raisons des chasses aux sorcières, persécutions brutales et sanglantes menées par l’Eglise catholique. Un des akelarre les plus connus est celui célébré dans la grotte de Zugarramurdi (Navarre). On donna au rite le nom du lieu où il se célébrait. Akelarre est le nom du pré situé devant la dite grotte.
Aker ou Akerbeltz est une divinité souterraine ressemblant à un bouc, capable de commander une foule de génies et de déclencher des tempêtes dans la mythologie basque. Aker signifie « bouc » en basque. Au bouc étaient associées des notions de pouvoir et de protection sur les animaux d’élevage. Dans de nombreuses maisons, on conservait un bouc noir (Akerbeltz) afin d’assurer une protection de l’ensemble du bétail. Le grand Bouc Noir était un attribut de la déesse Mari. Une dalle votive romaine lui est dédiée en ces termes : Aherbelts Deo ("au dieu Aherbelts").
Avec le christianisme, Aker est devenu une représentation du diable. Akelarre (lande du bouc) est le lieu où se déroule le sabbat. Aker était le maître de cérémonie dans ces soirées orgiaques avec les sorcières (sorginak). Il est associé au diable. Les grands procès de sorcellerie qui eurent lieu aux XVIe et XVIIe siècles en Labourd, et à Zugarramurdi, ont permis de définir (et dans une certaine mesure, de créer) les conditions du culte réel ou supposé d’Akerbeltz : adoration, offrandes de pain, d’œufs, d’argent, danses… Du point de vue anthropologique, les akelarreak (pluriel en basque) sont des réminiscences de rites païens qui se célébraient clandestinement car non autorisés par les autorités religieuses de l’époque.
Pierre de Rosteguy de Lancre est un magistrat français né à Bordeaux en 1553 et mort en 1631, surtout connu pour avoir participé à un épisode de chasse aux sorcières dans le Labourd. Cette commission devait « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l’emprise des démons », faire la lumière, en particulier à Saint-Jean-de-Luz, sur les actes des réfugiés juifs et mauresques expulsés d’Espagne et du Portugal, mais aussi sur les mœurs réputées libres des femmes de marins en l’absence de leurs maris, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes.
Ainsi selon Pierre de Lancre, la « sorcière » doit être punie parce qu’elle représente une menace pour la stabilité des structures sociales : son indépendance (sexuelle ou conjugale), le pouvoir qui lui est accordé dans le domaine familial ou religieux constituent un danger. L’abandon du nom du père, par exemple, n’est pas le moindre indice d’un dysfonctionnement de la société :
Ils laissent ordinairement leur cognom et leur nom de famille, et mesme les femmes les noms de leurs maris, pour prendre le nom de leurs maisons, pour chétives qu’elle soyent (p. 45)
Cette menace affecte personnellement le magistrat bordelais, séduit par la beauté des Labourdines, et frustré peut-être, non seulement dans sa condition d’homme, mais également dans sa condition de juge, face à l’inertie de l’institution judiciaire, et décidé à faire régner l’ordre, ou sa conception personnelle de l’ordre. Rostéguy de Lancre est également connu pour cette observation, faite pendant sa mission, concernant les bains de mer de Biarritz, qu’il juge contraires à la morale : « ce mélange de grandes filles et de jeunes pêcheurs qu’on voit à la côte en mandille, et tout nus en dessous, se pêle-mêlant dans les ondes »…
Cet épisode de chasse aux sorcières resta dans les mémoires, et la légende en amplifia quelque peu les dimensions. Un dénommé Reuss, dans un ouvrage sur la sorcellerie publié en 1872, parla de six cents personnes torturées, puis exécutées, parmi lesquelles des femmes, des enfants, des prêtres.
En réalité, l’ampleur de l’opération fut moindre : les études publiées en 1938 dans la revue du Musée de Bayonne lors de la grande exposition de 1938 sur la sorcellerie ramenèrent ces chiffres entre soixante et quatre-vingts exécutions, avec l’audition de quatre à cinq cents témoins.
La commission, contrairement à ce qu’affirme la légende, dura seulement 4 mois : fin septembre, les marins revinrent de Terre-Neuve et s’opposèrent violemment à certaines exécutions. La plus grande émeute eut lieu lors de l’exécution de Marie Bonne.
La mission finit le 1er novembre 1609, contrairement aux ordres du roi. Des sorcières du Labourd furent emprisonnées au fort du Hâ jusqu’en 1610 en provenance de nombreuses paroisses et de villes, dont Dax. En 1613, il y en avait encore qui attendaient d’être jugées par le parlement de Bordeaux.
Dans certaines cérémonies, et comme cela se pratique toujours avec les chamans du monde entier, les sorginak usaient de substances psychoactives, pour accéder à des états de conscience particuliers. Cette pommade, formée par la combinaison alchimique de plusieurs plantes différentes, la sorginak l’étalait sur son corps et était appelée gantzugailu. Elles prononçaient des mots sacrés avec lesquels elles accédaient au vol chamanique, qui permettait de se déplacer dans l’espace et dans le temps : « sasi guztien guztien Odei ganeti aizpiti ETA » (au-dessus de tous les ronces et sous chaque nuage).
Les différentes voies d’administrations de substances hallucinogènes n’étaient pas très connues. Lorsque la quantité administrée approchait la dose létale, elle devenait très dangereuse par voie orale. C’est pour cela que ces substances étaient appliquée sous forme d’onguent, par voie vaginale ou rectale. Ces deux dernières administrations ont pu être à l’origine de légendes sur le caractère sexuel de ces réunions de sorcières ou de l’usage de chaudron pour la préparation de potions. Théorie fausse ou qui diffère de la vérité (abordée même par les étudiants en pharmacie), qui dit que c’est de ces pratiques de substances hallucinogènes appliquées aux muqueuses du vagin, avec une sorte de petit pinceau, que doit venir l’origine de la représentation, aujourd’hui très répandue, des sorcières avec un bâton entre les jambes. Un bâton… ou bien, certainement : un balai.
D’un autre côté, beaucoup de crapauds sont vénéneux par contact et sa peau est également hallucinogène. C’est pour cela aussi que les crapauds font partie de l’imagerie associée au monde de la sorcellerie. Quelque chose de semblable se retrouve au sujet des champignons vénéneux, comme l’Amanita muscaria, plus connue sous le nom d’« amanite tue-mouches », associée dans les contes pour enfants au lieu où vivent les génies. Ainsi la culture populaire et internationale de représenter les sorcières avec un balai entre les jambes aurait pour base et origine logique le Pays basque.
Les Basajaunak, génies protecteurs agricoles et pastoraux, mi-hommes mi-ours, sont peut-être à l’origine de la tradition européenne de l’ours en peluche, animal totémique protecteur des nourrissons. Les « Mairiak » ou « Jentilak », des géants païens, sont considérés avec les Sorginak (sorcières) comme étant les bâtisseurs des mégalithes, dolmens et cromlechs du Pays Basque. Ces sépultures sont nommées jentil-baratza « jardin des gentils », ou jentil-arria « pierre des gentils ».
Jentilak (au pluriel basque), parfois traduit en français par les Gentils (chez les Hébreux anciens ce terme désignait les non-juifs, les païens, et par extension dans l’antiquité romaine les barbares, les étrangers) sont des personnages de la mythologie basque qui, pense-t-on, représentaient le peuple basque pré-chrétien. Comme les géants de la mythologie grecque, ils disposent d’une force surhumaine et ont la mauvaise habitude de lancer de gros rochers sur leurs ennemis. Ces géants et leur déesse Mari auraient disparu avec l’arrivée du christianisme.
Une légende raconte leur extinction. Ils virent un jour une étrange lueur dans le ciel. Ils ne connaissaient pas cette lumière et allèrent chercher le plus ancien et le plus sage d’entre eux. Lorsque les yeux fatigués de celui-ci analysèrent le phénomène, il leur dit : « cette lumière annonce l’arrivée de Kixmi (Christ), c’est la fin de la race basque ». Tous les jentilak se mirent à courir vers un gouffre pour se cacher au fond de la terre. La présence de légendes identiques sur le fond, dans les Pyrénées centrales, est un des témoignages de l’extension ancienne de la culture basque. Une autre version raconte que l’un d’eux se « sauva » en se convertissant au christianisme. Il est devenu Olentzero qui, comme le Père Noël, distribue des cadeaux aux enfants pour Noël.
Le Pays Basque a pour particularité d’en avoir la plus grande concentration des Pyrénées avec l’autre extrémité de la chaîne. Autre particularité, on y trouve beaucoup de cromlechs et de cercles de pierre, certains étant concentrés et formant de véritables nécropoles. Car la plupart de ces monuments sont liés à des rites funéraires. Dans la vallée du Baztan, pas moins de 600 mégalithes sont connus. Ils ont été érigés par les premiers groupes humains qui ont peuplé la vallée jusqu’à l’arrivée des Romains. Romains qui, tels l’historien Pline, seront les premiers à s’intéresser aux mégalithes du Baztan. Les premiers mégalithes basques remontent au milieu du quatrième millénaire avant notre ère, mais la tradition a perduré jusqu’à l’âge du fer et même jusqu’à l’arrivée des Romains. Il s’agit en général de tombes. Dans le Baztan, on sait désormais que des populations vivaient et mourraient dès 1 300 avant notre ère.
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/paganisme/paganisme-basque/
D’après le Talmud et la Kabbale du judaïsme, la véritable première femme d’Adam, Lilith (en hébreu : לילית), fut répudiée, puis chassée du paradis par Yahvé, parce qu’insoumise à son époux, et sexuellement libérée. Diabolisée, elle est désormais en enfer la concubine des démons, incarne l’appétit sexuel féminin, et est la reine des succubes, ces démons féminins qui vampirisent l’énergie sexuelle des hommes dans leur sommeil. Elle est un avatar déchu de la grande Déesse-Mère universelle.
« Le Saint – béni soit-il – avait créé une première femme, mais l’homme, la voyant rebelle, pleine de sang et de sécrétions, s’en était écarté. Aussi le Saint – béni soit-il – s’y est repris et lui en a créé une seconde. » - Yehouda Bar Rabbi (Genèse Rabba 18:4)
Le mythe de Lilith vaut un détour, car souvent interprété comme simple enjeu de domination du masculin sur le féminin, il se lit pourtant clairement comme enjeu de pouvoir sur la reproduction. Le personnage de Lilith, ou Naama, connu de l’épopée de Gilgamesh comme avatar de la Grande Déesse-Mère, sera évacué des textes bibliques à l’exception d’un seul oubli (Isaïe, 34 14). Avant Ève, dans les anciennes légendes hébraïques, Lilith est la première femme. Elle sera éliminée de la création car elle aurait voulu dominer l’homme en se mettant au-dessus pendant l’acte sexuel. À lire les textes de plus près sur cette Lilith étymologiquement dérivée d’« Esprit du vent » (qui fécondait autrefois), c’est en réalité et une fois de plus l’engendrement qui est au cœur du conflit entre père et mère, voici ce qu’en rapporte le Zohar :
Sur la requête d’Adam, le Tout-Puissant envoya à la recherche de Lilith trois anges, Snwy, Snswy et Smng. La trouvant au bord de la mer Rouge, les anges la menacèrent : si elle ne retournait pas auprès d’Adam, cent de ses enfants mourraient chaque jour. Elle refusa, clamant qu’elle avait été expressément créée pour faire du mal aux nouveaux-nés. Cependant, elle dut jurer que, chaque fois qu’elle verrait l’image des anges sur une amulette, elle perdrait son pouvoir sur l’enfant.
Au moment où elle se sauve avec les esprits des petits enfants, trois esprits saints lui arrachent ces esprits et les déposent devant Dieu. C’est pourquoi l’Écriture recommande aux hommes : ‘’Sanctifiez-vous et soyez saints.’’ Si l’homme est saint, il ne la craint pas et les trois anges gardent son enfant, sur lequel Lilith n’a pas de prise, ainsi qu’il est écrit : ‘’Nul ne t’atteindra et la plaie ne s’approchera pas de ta tente.’’ Si l’homme n’est pas saint, Lilith vient et lui ravit ses enfants. Mais pour l’homme qui n’est ni saint ni impur, Lilith n’a de pouvoir que sur le corps de l’enfant et non sur son âme.
Naama subsiste encore et réside au milieu des récifs de la mer. Elle apparaît aux hommes en songe, leur sourit et les échauffe pour en exciter le désir, et à cet effet se frotte contre eux. Le désir seul lui suffit, et elle n’en demande pas davantage, attendu que le désir seul la féconde et la rend enceinte. Elle enfante alors d’autres démons. Les fils (bâtards) qu’elle a eut des hommes se mêlent aux femmes des hommes (adultère ?), qu’ils fécondent, et ils leur font enfanter des démons. Tous s’en vont à Lilith qui les élève.
La coutume juive voulait que, lors d’une naissance, on suspende un médaillon figurant Lilith enchaînée au-dessus du lit de l’enfant et aux quatre murs de la chambre, ou encore, en attendant qu’un nouveau-né mâle soit définitivement mis à l’abri par la circoncision, on dessinait un anneau avec du charbon de bois sur le mur de la chambre en inscrivant ces mots : « Adam et Ève. Lilith dehors! ».
On comprend mieux aussi la suspicion patriarcale à l’encontre du plaisir sexuel, caractéristique mythique des relations entre femmes et hommes avant la domination paternelle, comme ses agricultrices cananéennes adoratrices d’une déesse fameuses pour leurs orgies : le plaisir sexuel était associé à la fécondité des femmes, façon pour les femmes de prendre aux hommes leur sperme et leur pouvoir de reproduction. Femme aux formes sexuelles exagérées, Lilith est représentée avec un ventre énorme renfermant des torrents de sperme, le mythe dit que le plaisir est la porte ouverte à sa prise de pouvoir sur l’engendrement :
Les mauvais esprits sortent en foule et font le tour du monde dans l’espoir de surprendre quelqu’un qui, nu, entretenant des relations conjugales à la lumière d’une lampe : car les enfants nés de ces relations seront épileptiques parce que les esprits démoniaques s’attachent à ces enfants dès leur naissance. Ceux qui sont atteints par cette infirmité finissent par être possédés par la femelle des démons, appelée Lilith, qui les tue. Pour être préservé des atteintes de Lilith, il convient de diriger sa pensée vers son Maître (mari) au moment des relations conjugales (…). Il convient aussi de tenir sa tête couverte pendant les relations et cela durant trois jours ; car c’est durant ce délai que se fait la conception.
Parfois Naama vient dans le monde et échauffe l’homme et, au moment où le désir de celui-ci est excité, il se réveille et a des relations avec sa propre femme. L’enfant né en ces conditions est un enfant de Naama, puisque le désir allait à elle, bien que l’acte ait été accompli sur la femme légitime. L’homme qui a eu de telles relations a causé une ébréchure à la lune. Lilith veille sur son enfant comme sur les autres enfants de Naama. Elle ne les tue pas et elle les visite à chaque nouvelle lune, et joue avec eux.
Gen. I, 27 : « Dieu créa l’Homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu, il les créa mâle et femelle. »
Lilith fut crée en même temps qu’Adam, avec la même argile, et donc l’égale de l’homme. Dieu est à la fois mâle et femelle. Ève, contrairement à Lilith, fut crée plus tard, à partir d’une des côtes (un des côtés ?) de son époux.
« Caïn, qui se querellait avec Abel pour [la possession de] la première Ève, le tua… pour être sûr d’en être le seul possesseur. À eux deux, ils engendrèrent la portion diabolique de l’humanité, comme Adam et Ève en engendrèrent la portion bénéfique… » – Yehouda Bar Rabbi (Genèse Rabba 22:7→30)
Puisqu’elle refuse d’être épouse, elle sera privée de maternité. Pour la punir, Dieu la condamne à voir tous ses enfants mourir à la naissance. Désespérée, elle décide de se suicider. Les anges lui donnent le pouvoir de tuer les enfants des Hommes (jusqu’à la circoncision, au huitième jour pour les garçons, et jusqu’au vingtième jour pour les filles). Pour se venger, Lilith devient le serpent qui provoque la Chute d’Ève, et incite Caïn à tuer Abel.
Moralement comme psychiquement, Lilith fonctionne alternativement comme image du démon sexuel et comme femme fatale stérile (la prostituée), là où Ève est davantage vue comme la femme docile à l’homme, aussi idéale que génitrice (l’épouse). Lilith n’était pas qu’une femme, c’était aussi "Celle qui savait", surnom qui lui fut donné par Bélial à cause de sa grande intelligence.
Le mythe de Lilith (la Ghula chez les Arabes, al-Lat chez les préislamiques) trouve son origine dans celui de Lil et de Lamme (sumérien), Lamashtu (akkadien), déesse sumérienne, « fossile mythologique provenant d’un substrat socio-religieux archaïque. » Jacques Bril, Lilith ou la Mère obscure. Lilith provient de lil-itu, déesse sumérienne des vents du sud et épouse du dieu Enlil. Elle serait aussi une déformation de Elat (qui signifie déesse), la prononciation hébraïque d’Allat (féminin d’Allah, le dieu), la déesse-mère suprême des arabes païens de l’antiquité. Lire Matriarcat arabe pré-islamique : la déesse-mère Allat de La Mecque.
Lilith est le premier symbole de l’inversion des valeurs, puisque, de déesse primordiale, les nouveaux dieux pères l’ont transformée en fille diabolique du grand dieu Anu. Lamashtu-Lilith est expulsée des cieux par son père et rejoint les démons et les animaux sauvages. Pour se venger des dieux, elle s’attaque aux nourrissons, donc aux innocents, qui n’ont pas encore pu commettre de faute contre les dieux. La tradition la rend responsable des maladies et de la mort des nouveau-nés. La mortalité infantile étant importante à cette époque, c’est donc l’ancienne grande Mère, Donneuse de vie, qui se retrouve responsable de la mort des enfants.
Considérée comme un démon dévorateur, elle est liée à une déesse mère. Démon dévorateur, déesse-serpent, déesse ailée (donc alliant les caractères chthonien et aérien), Lilith correspond pour l’archéologue Marija Gimbutas à la déesse mère dont on retrouve la trace depuis le paléolithique supérieur. On la retrouverait également dans la « déesse aux serpents » de la civilisation minoenne, mais également sous les traits d’Isis, la déesse ailée de l’Égypte ancienne. Elle aurait été reprise par la tradition juive aux temps de la captivité de Babylone. Aux temps bibliques, elle est une représentation symbolique du matriarcat préexistant au patriarcat. Dotée d’une sexualité illimitée et d’une fécondité prolifique, tout en étant symbole de frigidité et de stérilité, épouse, fille et double du diable, elle rassemble, dans la culture judéo-chrétienne, les côtés négatifs attribués à la féminité archaïque, celle qui ne peut être l’épouse de l’homme. Chez les sumériens, la déesse de la fertilité et de l’amour (Inanna) avait également une grande importance. Sous l’influence des sémites elle prendra cependant un aspect de plus en plus guerrier.
Elat possède une main célèbre, que beaucoup de gens du moyen-orient portent aujourd’hui comme talisman porte-bonheur, en ne sachant pas que c’est la main de leur ancienne déesse : la déesse Allat pour les musulmans, et à la déesse Elat pour les juifs. Autant les juifs que les musulmans l’utilisent. Les musulmans l’appellent désormais la Main de Fatima. Fatima est un autre nom de la même déesse arabe. Les juifs l’appellent la Main de Myriam, mais l’utilisation de cette main protectrice de la Déesse est la même : chasser le mauvais œil. L’œil sur l’amulette “se retourne” vers la source de la malédiction. Rejetée par les sunnites, elle est en revanche très importante chez les chiites. Fatima était un autre nom pour Al-lat. On l’appelle aussi la Créatrice, la Source du Soleil et de l’Arbre du Paradis, l’Arbre de Vie. On dit que Fatima a existé dès le début du monde matériel. Mohammed a appelé sa propre fille comme la déesse Fatima, mais son culte était toujours violemment réprimé par les musulmans.
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/judaisme/lilith/