Aigue marine
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L’historien Camille Jullian désigne les XVe et XVIe siècles comme le début de la période à laquelle le catholicisme s’est imposé au Pays basque. La nouvelle religion aurait alors amplifié l’utilisation d’un symbole plus ancien. La christianisation tardive, dans ces parties éloignées des voies d’accès romaines, a pu être la cause de la survivance de la religion basque primitive, jusqu’à des stades très tardifs, en comparaison avec le reste de l’Europe. Preuve de cela, les restes de sites païens dans les contreforts de l’Aralar encore dans le XIIIe siècle. Étant donné ceci, il n’est pas étonnant que la déesse-mère Mari ait survécu jusqu’à nos jours, bien que dans beaucoup de cas elle a été démonisée par l’Église.
La religion basque originelle est centrée sur Mari, divinité féminine qui incarne "la nature". Elle est aussi appelée Anbotoko Mari, Anbotoko Dama (la dame d’Anboto) ou Murumendiko Dama (dame de Murumendi), Maya, Lezekoandrea et Loana-gorri. Étymologiquement, son nom signifie «celle qui donne», il est formé par le radical verbial -ma- signifiant donner et le suffixe -ari qui indique une activité (Lanari → travailleur).
Parmi les primitives déesses-mères européennes, elle est la seule qui soit arrivée jusqu’à nos jours. Elle est le personnage mythique le plus significatif des traditions basques, étant la maîtresse de tous les génies telluriques. Elle est la créatrice, la Grande Mère qui enfanta le monde.
Mari est décrite conduisant dans le ciel un chariot tiré par des chevaux ou des béliers (comme Thor ?). Ses idoles portent habituellement une pleine lune derrière la tête. Elle est souvent aperçue habillée de rouge. Elle est aussi vue comme une femme du feu, une femme-arbre, et une femme-foudre. De plus, elle est identifiée avec des animaux rouges (vaches, béliers, chevaux…), et avec le grand bouc-noir.
Il est difficile de croire qu’une déité si importante, seule divinité réellement connue des Basques avant la Chrétienté (avec son amant), ai un nom dérivé de Marie l’icône chrétienne. De toute façon, il est bien évident que la proximité dans les noms a pu aidé à fondre le culte païen de la déesse Mari dans une vénération chrétienne de la Vierge Marie. De nos jours, à chaque fin de messe au Pays basque, le dernier chant liturgique est toujours donné en l’honneur de la Vierge Marie.
Il lui est associé la divinité mâle Sugaar, représentation des colères du ciel, tonnerres et orages. Mari vit sous terre, normalement dans une caverne en haute montagne, où elle et son amant Sugaar se rencontrent chaque vendredi (la nuit de l’Akelarre ou le rendez-vous des sorcières) pour concevoir des orages qui apporteront la fertilité à la terre et au peuple. Contrairement aux dieux des religions patriarcales, Mari ne puni pas, on est libre d’avoir ou non des relations avec elle. Ce qui veut aussi dire que les catastrophes naturelles ne sont pas interprétées comme des châtiments.
« Et dans la religion naturelle Basque, dont l’une des images centrales était la Dame (ou Dame Mari), on célébrait les rites essentiels de la regénération et de la fertilisation appelés Akelarre. Cela peut expliquer l’importance de la chèvre (Aker) et du crapaud, symboles respectivement de fertilité et de fécondité. Tout cela remet en question le modèle familial patriarcal (basé sur le pater familias) hérité de l’Eglise romaine. Cela ne pouvait être toléré » - Josu Naberan , "Le Retour du Sugaar"
On dit que Mari est servie par une cour de sorginak (sorcières). Son culte est déterminant pour la fertilité-fécondité, elle emmène la pluie ou la grêle (mauvais temps). Suivant où elle se trouve, il y aura du bon ou mauvais temps. De ses forces telluriques dépendent les récoltes, dans l’espace et le temps, la vie et la mort, la chance, la tolérance et le malheur.
"La déesse Mari est dans la culture basque la personnification de la Mère Nature" – Andrés Ortiz-Oses, professeur d’herméneutique à l’Université de Deusto
Anboto a toujours été associée à la magie et à la mythologie. Dans une caverne près de son sommet, la légende raconte que Mari, la dame d’Anboto, a sa principale résidence. La légende dit qu’on peut la voir souvent à l’entrée de la caverne par beau temps, peignant ses beaux cheveux blonds avec un peigne d’or au soleil.
Des cultes plus archaïques de cette déesse ont été trouvé à Karrantza (Biscaye) et datent de la culture magdalénienne entre 15.000 et 8.000 avant JC (fin du Paléolithique supérieur, nord de l’Espagne, France, Suisse et l’Allemagne). Il s’agit d’un temple souterrain dédié à une déesse primitive, au fond d’une grotte.
Le stalagmite de la grotte de Zelharburu (à Behera en Navarre) est une autre des grandes découvertes de l’origine du culte de la déesse Mari. De nombreuses études ont démontré que ce stalagmite a joué le rôle d’idole dans le culte de la déesse pré-chrétienne Mari au pays Basque.
Harpeko Saindua signifie en basque « la sainte (ou le saint) de la grotte ». On peut aussi trouver les graphies arpeko et saindia, xaindua, xaindia. Harpeko Saindua désigne une stalagmite de la grotte de Zelharburu, à Bidarray, en Basse-Navarre (Pyrénées-Atlantiques). Une légende raconte qu’un jour, une jeune bergère était partie chercher ses chèvres. Elle alla vers les rochers sous les falaises de l’Artzamendi. Ne la voyant pas revenir, les hommes partirent à sa recherche. L’un d’eux découvrit l’ouverture d’une grotte, et il trouva la jeune fille pétrifiée, figée à jamais dans le rocher. Selon certains témoignages recueillis par le père Barandiarán, c’est une traînée lumineuse (semblable à celle que peut laisser le passage de Mari) dans le ciel qui indiqua l’emplacement de la grotte. À cause de l’eau qui en coulait goutte à goutte, on l’appela la « sainte qui pleure ». On commença à y venir, de très loin, pour solliciter ses vertus thérapeutiques : ses fidèles recueillaient sur des linges l’eau suintant, et elle était supposée guérir les maladies de peau et des yeux lorsqu’on en frottait les parties atteintes. Un grand pèlerinage avait lieu chaque année pour la Trinité. Les fidèles plaçaient des bougies devant la stalagmite, et laissaient des offrandes : pièces de monnaie, petites croix, vêtements des malades, mouchoirs. La pratique des offrandes n’est pas spécifique au Pays basque, et remonte à bien avant le christianisme. Avant la « sainte de la grotte », c’est la figure de Mari, la grande déesse des Basques, qu’on y vénérait. Aujourd’hui, il est courant d’appeler ce personnage saint Bidarray.
Une autre légende présente Mari comme l’épouse du seigneur de Biscaye, Diego López I de Haro. Ce mariage symbolise la légitimité de la dynastie, comme les déesses irlandaises épousées par les rois de cette île, comme un acte religieux de légitimation. De même, dans la Grèce antique, les lignées des anciens rois se prétendent descendre des dieux ou demi-dieux olympiens (Hercule, Zeus…) qui épousèrent de force les déesses-mères de l’ancien règne matriarcal. Dans tous les cas, Mari impose des conditions à son époux : tant qu’il garde sa foi chrétienne, il est obligé de la garder en dehors de la maison. Pourtant, une fois, apparemment après avoir découvert que sa femme avait une patte de chèvre au lieu d’un pied humain normal, il ne put s’empêcher de se signer de la croix. Après cet acte religieux, Mari pris sa fille, sauta par la fenêtre, disparu, et ne revint jamais.
Un autre personnage fondamental de la mythologie est Amalur littéralement «Mère Terre». Le radical AMA- signifie mère, et dérive du radicale verbial -MA-, qui on l’a vue signifie donner; alors que LUR signifie terre. Amalur est souvent assimilée à Mari, mais elle est parfois considérée comme sa fille. Dans la mythologie basque on considère la terre Lur comme étant la mère du soleil (Eguzki) et de la lune (Ilargi Amandre), elles aussi féminines, et surnommées "grands mères". Lorsque la lune monte à l’orient, on lui dit : « Ilargi amandrea, zeruan ze berri ? » « Lune grand-mère, quoi de neuf dans le ciel ? ».
Sugaar (autres noms : Sugar, Sugoi, Maju) est la partie mâle d’une déité pré-chrétienne basque associée aux orages et à la foudre. Contrairement à son amante Mari, il subsiste peu de légendes à son propos. L’essentiel de son existence est de se joindre périodiquement (le vendredi, à deux heures de l’après-midi) à Mari dans les montagnes pour y générer des orages. On peut présumer qu’il est associé au ciel. Il est en général représenté par un dragon ou un serpent.
Sugaar est habituellement représenté sous la forme d’un serpent, symbole phallique probable, inscrit dans un lauburu (litt. quatre têtes) une sorte de croix gammée. La recherche sur la symbolique originelle amène à une période antérieure à la christianisation de la contrée, qui fut longue et chaotique, étant donnée la configuration encaissée du relief pyrénéen et conservatrice des populations rurales. Suivant les auteurs, le symbole fait référence au cycle de la vie, à la rotation du soleil, du ciel et de la terre.
Akelarre (du basque aker : « bouc » et larre : « lande »), est le terme basque pour désigner l’endroit où les sorcières (sorginak en basque) célèbrent leurs réunions et rituels, ainsi qu’un lieu de la mythologie basque (lieu des amours des divinités Mari & Sugaar). Les légendes leur donnent un rôle d’assistantes (ce sont très fréquemment des femmes) à la déesse Mari. Sorgin (sor + gin créatrice/-teur) se traduit en français par sorcière. La Sorgina étaient à l’origine une sorte de shaman, de femme-médecine.
Le sorgin pouvait être un homme mais était traditionnellement une femme. La sorginak, ou sorcière basque, occupe un rôle analogue à ceux des chamanes des autres peuplades à travers le monde. Elles étaient celles qui connaissaient les secrets de la procréation et de la naissance, et par conséquent avaient le rôle de sages-femmes. Les sorginak connaissaient aussi les secrets des plantes et leurs utilisations, elles étaient donc guérisseuses. Aussi, en raison de leur lien avec le monde spirituel, elles étaient conseillères, oracles et prêtresses. Leur rôle dans la culture traditionnelle basque est attestée par de nombreux noms de lieux qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui : Sorguiniturri "source sorgin" à Goldaratz et à Ataun, Sorguierreka "rivière sorgin" à Motrico, Sorguinkoba "grotte sorgin" sur le mont Amboto, Sorguinzilo "gouffre sorgin" à Morga, ainsi qu’à Cegama et Ataun, Sorguintxulo "petit gouffre sorgin" à Hernani, Sorguinziolak "cavernes sorgin" à Ascain, Sorguingaztañeta "Castañal de sorgin" à Ispáster, Sorguineche"maison sorgin" qui est un dolmen à Arrizala, Sorguinenleze "grotte sorginas" à Zugarramurdi, Sorguinzuloeta "emplacement du gouffre sorgin" à Ataun.
Dans la nuit du vendredi dans un lieu appelé souvent Akelarre ou Eperlanda (prés de la perdrix), les sorgiñak célébraient des rites magico-érotiques. Leurs cérémonies les plus sacrées célébraient la fertilité et la fécondité. Lors de ces célébrations, les cohortes de sorcières vénéraient généralement un bouc noir (akerbeltz en basque), auquel le christianisme a associé le culte de Satan. C’était l’une des raisons des chasses aux sorcières, persécutions brutales et sanglantes menées par l’Eglise catholique. Un des akelarre les plus connus est celui célébré dans la grotte de Zugarramurdi (Navarre). On donna au rite le nom du lieu où il se célébrait. Akelarre est le nom du pré situé devant la dite grotte.
Aker ou Akerbeltz est une divinité souterraine ressemblant à un bouc, capable de commander une foule de génies et de déclencher des tempêtes dans la mythologie basque. Aker signifie « bouc » en basque. Au bouc étaient associées des notions de pouvoir et de protection sur les animaux d’élevage. Dans de nombreuses maisons, on conservait un bouc noir (Akerbeltz) afin d’assurer une protection de l’ensemble du bétail. Le grand Bouc Noir était un attribut de la déesse Mari. Une dalle votive romaine lui est dédiée en ces termes : Aherbelts Deo ("au dieu Aherbelts").
Avec le christianisme, Aker est devenu une représentation du diable. Akelarre (lande du bouc) est le lieu où se déroule le sabbat. Aker était le maître de cérémonie dans ces soirées orgiaques avec les sorcières (sorginak). Il est associé au diable. Les grands procès de sorcellerie qui eurent lieu aux XVIe et XVIIe siècles en Labourd, et à Zugarramurdi, ont permis de définir (et dans une certaine mesure, de créer) les conditions du culte réel ou supposé d’Akerbeltz : adoration, offrandes de pain, d’œufs, d’argent, danses… Du point de vue anthropologique, les akelarreak (pluriel en basque) sont des réminiscences de rites païens qui se célébraient clandestinement car non autorisés par les autorités religieuses de l’époque.
Pierre de Rosteguy de Lancre est un magistrat français né à Bordeaux en 1553 et mort en 1631, surtout connu pour avoir participé à un épisode de chasse aux sorcières dans le Labourd. Cette commission devait « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l’emprise des démons », faire la lumière, en particulier à Saint-Jean-de-Luz, sur les actes des réfugiés juifs et mauresques expulsés d’Espagne et du Portugal, mais aussi sur les mœurs réputées libres des femmes de marins en l’absence de leurs maris, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes.
Ainsi selon Pierre de Lancre, la « sorcière » doit être punie parce qu’elle représente une menace pour la stabilité des structures sociales : son indépendance (sexuelle ou conjugale), le pouvoir qui lui est accordé dans le domaine familial ou religieux constituent un danger. L’abandon du nom du père, par exemple, n’est pas le moindre indice d’un dysfonctionnement de la société :
Ils laissent ordinairement leur cognom et leur nom de famille, et mesme les femmes les noms de leurs maris, pour prendre le nom de leurs maisons, pour chétives qu’elle soyent (p. 45)
Cette menace affecte personnellement le magistrat bordelais, séduit par la beauté des Labourdines, et frustré peut-être, non seulement dans sa condition d’homme, mais également dans sa condition de juge, face à l’inertie de l’institution judiciaire, et décidé à faire régner l’ordre, ou sa conception personnelle de l’ordre. Rostéguy de Lancre est également connu pour cette observation, faite pendant sa mission, concernant les bains de mer de Biarritz, qu’il juge contraires à la morale : « ce mélange de grandes filles et de jeunes pêcheurs qu’on voit à la côte en mandille, et tout nus en dessous, se pêle-mêlant dans les ondes »…
Cet épisode de chasse aux sorcières resta dans les mémoires, et la légende en amplifia quelque peu les dimensions. Un dénommé Reuss, dans un ouvrage sur la sorcellerie publié en 1872, parla de six cents personnes torturées, puis exécutées, parmi lesquelles des femmes, des enfants, des prêtres.
En réalité, l’ampleur de l’opération fut moindre : les études publiées en 1938 dans la revue du Musée de Bayonne lors de la grande exposition de 1938 sur la sorcellerie ramenèrent ces chiffres entre soixante et quatre-vingts exécutions, avec l’audition de quatre à cinq cents témoins.
La commission, contrairement à ce qu’affirme la légende, dura seulement 4 mois : fin septembre, les marins revinrent de Terre-Neuve et s’opposèrent violemment à certaines exécutions. La plus grande émeute eut lieu lors de l’exécution de Marie Bonne.
La mission finit le 1er novembre 1609, contrairement aux ordres du roi. Des sorcières du Labourd furent emprisonnées au fort du Hâ jusqu’en 1610 en provenance de nombreuses paroisses et de villes, dont Dax. En 1613, il y en avait encore qui attendaient d’être jugées par le parlement de Bordeaux.
Dans certaines cérémonies, et comme cela se pratique toujours avec les chamans du monde entier, les sorginak usaient de substances psychoactives, pour accéder à des états de conscience particuliers. Cette pommade, formée par la combinaison alchimique de plusieurs plantes différentes, la sorginak l’étalait sur son corps et était appelée gantzugailu. Elles prononçaient des mots sacrés avec lesquels elles accédaient au vol chamanique, qui permettait de se déplacer dans l’espace et dans le temps : « sasi guztien guztien Odei ganeti aizpiti ETA » (au-dessus de tous les ronces et sous chaque nuage).
Les différentes voies d’administrations de substances hallucinogènes n’étaient pas très connues. Lorsque la quantité administrée approchait la dose létale, elle devenait très dangereuse par voie orale. C’est pour cela que ces substances étaient appliquée sous forme d’onguent, par voie vaginale ou rectale. Ces deux dernières administrations ont pu être à l’origine de légendes sur le caractère sexuel de ces réunions de sorcières ou de l’usage de chaudron pour la préparation de potions. Théorie fausse ou qui diffère de la vérité (abordée même par les étudiants en pharmacie), qui dit que c’est de ces pratiques de substances hallucinogènes appliquées aux muqueuses du vagin, avec une sorte de petit pinceau, que doit venir l’origine de la représentation, aujourd’hui très répandue, des sorcières avec un bâton entre les jambes. Un bâton… ou bien, certainement : un balai.
D’un autre côté, beaucoup de crapauds sont vénéneux par contact et sa peau est également hallucinogène. C’est pour cela aussi que les crapauds font partie de l’imagerie associée au monde de la sorcellerie. Quelque chose de semblable se retrouve au sujet des champignons vénéneux, comme l’Amanita muscaria, plus connue sous le nom d’« amanite tue-mouches », associée dans les contes pour enfants au lieu où vivent les génies. Ainsi la culture populaire et internationale de représenter les sorcières avec un balai entre les jambes aurait pour base et origine logique le Pays basque.
Les Basajaunak, génies protecteurs agricoles et pastoraux, mi-hommes mi-ours, sont peut-être à l’origine de la tradition européenne de l’ours en peluche, animal totémique protecteur des nourrissons. Les « Mairiak » ou « Jentilak », des géants païens, sont considérés avec les Sorginak (sorcières) comme étant les bâtisseurs des mégalithes, dolmens et cromlechs du Pays Basque. Ces sépultures sont nommées jentil-baratza « jardin des gentils », ou jentil-arria « pierre des gentils ».
Jentilak (au pluriel basque), parfois traduit en français par les Gentils (chez les Hébreux anciens ce terme désignait les non-juifs, les païens, et par extension dans l’antiquité romaine les barbares, les étrangers) sont des personnages de la mythologie basque qui, pense-t-on, représentaient le peuple basque pré-chrétien. Comme les géants de la mythologie grecque, ils disposent d’une force surhumaine et ont la mauvaise habitude de lancer de gros rochers sur leurs ennemis. Ces géants et leur déesse Mari auraient disparu avec l’arrivée du christianisme.
Une légende raconte leur extinction. Ils virent un jour une étrange lueur dans le ciel. Ils ne connaissaient pas cette lumière et allèrent chercher le plus ancien et le plus sage d’entre eux. Lorsque les yeux fatigués de celui-ci analysèrent le phénomène, il leur dit : « cette lumière annonce l’arrivée de Kixmi (Christ), c’est la fin de la race basque ». Tous les jentilak se mirent à courir vers un gouffre pour se cacher au fond de la terre. La présence de légendes identiques sur le fond, dans les Pyrénées centrales, est un des témoignages de l’extension ancienne de la culture basque. Une autre version raconte que l’un d’eux se « sauva » en se convertissant au christianisme. Il est devenu Olentzero qui, comme le Père Noël, distribue des cadeaux aux enfants pour Noël.
Le Pays Basque a pour particularité d’en avoir la plus grande concentration des Pyrénées avec l’autre extrémité de la chaîne. Autre particularité, on y trouve beaucoup de cromlechs et de cercles de pierre, certains étant concentrés et formant de véritables nécropoles. Car la plupart de ces monuments sont liés à des rites funéraires. Dans la vallée du Baztan, pas moins de 600 mégalithes sont connus. Ils ont été érigés par les premiers groupes humains qui ont peuplé la vallée jusqu’à l’arrivée des Romains. Romains qui, tels l’historien Pline, seront les premiers à s’intéresser aux mégalithes du Baztan. Les premiers mégalithes basques remontent au milieu du quatrième millénaire avant notre ère, mais la tradition a perduré jusqu’à l’âge du fer et même jusqu’à l’arrivée des Romains. Il s’agit en général de tombes. Dans le Baztan, on sait désormais que des populations vivaient et mourraient dès 1 300 avant notre ère.
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/paganisme/paganisme-basque/
D’après le Talmud et la Kabbale du judaïsme, la véritable première femme d’Adam, Lilith (en hébreu : לילית), fut répudiée, puis chassée du paradis par Yahvé, parce qu’insoumise à son époux, et sexuellement libérée. Diabolisée, elle est désormais en enfer la concubine des démons, incarne l’appétit sexuel féminin, et est la reine des succubes, ces démons féminins qui vampirisent l’énergie sexuelle des hommes dans leur sommeil. Elle est un avatar déchu de la grande Déesse-Mère universelle.
« Le Saint – béni soit-il – avait créé une première femme, mais l’homme, la voyant rebelle, pleine de sang et de sécrétions, s’en était écarté. Aussi le Saint – béni soit-il – s’y est repris et lui en a créé une seconde. » - Yehouda Bar Rabbi (Genèse Rabba 18:4)
Le mythe de Lilith vaut un détour, car souvent interprété comme simple enjeu de domination du masculin sur le féminin, il se lit pourtant clairement comme enjeu de pouvoir sur la reproduction. Le personnage de Lilith, ou Naama, connu de l’épopée de Gilgamesh comme avatar de la Grande Déesse-Mère, sera évacué des textes bibliques à l’exception d’un seul oubli (Isaïe, 34 14). Avant Ève, dans les anciennes légendes hébraïques, Lilith est la première femme. Elle sera éliminée de la création car elle aurait voulu dominer l’homme en se mettant au-dessus pendant l’acte sexuel. À lire les textes de plus près sur cette Lilith étymologiquement dérivée d’« Esprit du vent » (qui fécondait autrefois), c’est en réalité et une fois de plus l’engendrement qui est au cœur du conflit entre père et mère, voici ce qu’en rapporte le Zohar :
Sur la requête d’Adam, le Tout-Puissant envoya à la recherche de Lilith trois anges, Snwy, Snswy et Smng. La trouvant au bord de la mer Rouge, les anges la menacèrent : si elle ne retournait pas auprès d’Adam, cent de ses enfants mourraient chaque jour. Elle refusa, clamant qu’elle avait été expressément créée pour faire du mal aux nouveaux-nés. Cependant, elle dut jurer que, chaque fois qu’elle verrait l’image des anges sur une amulette, elle perdrait son pouvoir sur l’enfant.
Au moment où elle se sauve avec les esprits des petits enfants, trois esprits saints lui arrachent ces esprits et les déposent devant Dieu. C’est pourquoi l’Écriture recommande aux hommes : ‘’Sanctifiez-vous et soyez saints.’’ Si l’homme est saint, il ne la craint pas et les trois anges gardent son enfant, sur lequel Lilith n’a pas de prise, ainsi qu’il est écrit : ‘’Nul ne t’atteindra et la plaie ne s’approchera pas de ta tente.’’ Si l’homme n’est pas saint, Lilith vient et lui ravit ses enfants. Mais pour l’homme qui n’est ni saint ni impur, Lilith n’a de pouvoir que sur le corps de l’enfant et non sur son âme.
Naama subsiste encore et réside au milieu des récifs de la mer. Elle apparaît aux hommes en songe, leur sourit et les échauffe pour en exciter le désir, et à cet effet se frotte contre eux. Le désir seul lui suffit, et elle n’en demande pas davantage, attendu que le désir seul la féconde et la rend enceinte. Elle enfante alors d’autres démons. Les fils (bâtards) qu’elle a eut des hommes se mêlent aux femmes des hommes (adultère ?), qu’ils fécondent, et ils leur font enfanter des démons. Tous s’en vont à Lilith qui les élève.
La coutume juive voulait que, lors d’une naissance, on suspende un médaillon figurant Lilith enchaînée au-dessus du lit de l’enfant et aux quatre murs de la chambre, ou encore, en attendant qu’un nouveau-né mâle soit définitivement mis à l’abri par la circoncision, on dessinait un anneau avec du charbon de bois sur le mur de la chambre en inscrivant ces mots : « Adam et Ève. Lilith dehors! ».
On comprend mieux aussi la suspicion patriarcale à l’encontre du plaisir sexuel, caractéristique mythique des relations entre femmes et hommes avant la domination paternelle, comme ses agricultrices cananéennes adoratrices d’une déesse fameuses pour leurs orgies : le plaisir sexuel était associé à la fécondité des femmes, façon pour les femmes de prendre aux hommes leur sperme et leur pouvoir de reproduction. Femme aux formes sexuelles exagérées, Lilith est représentée avec un ventre énorme renfermant des torrents de sperme, le mythe dit que le plaisir est la porte ouverte à sa prise de pouvoir sur l’engendrement :
Les mauvais esprits sortent en foule et font le tour du monde dans l’espoir de surprendre quelqu’un qui, nu, entretenant des relations conjugales à la lumière d’une lampe : car les enfants nés de ces relations seront épileptiques parce que les esprits démoniaques s’attachent à ces enfants dès leur naissance. Ceux qui sont atteints par cette infirmité finissent par être possédés par la femelle des démons, appelée Lilith, qui les tue. Pour être préservé des atteintes de Lilith, il convient de diriger sa pensée vers son Maître (mari) au moment des relations conjugales (…). Il convient aussi de tenir sa tête couverte pendant les relations et cela durant trois jours ; car c’est durant ce délai que se fait la conception.
Parfois Naama vient dans le monde et échauffe l’homme et, au moment où le désir de celui-ci est excité, il se réveille et a des relations avec sa propre femme. L’enfant né en ces conditions est un enfant de Naama, puisque le désir allait à elle, bien que l’acte ait été accompli sur la femme légitime. L’homme qui a eu de telles relations a causé une ébréchure à la lune. Lilith veille sur son enfant comme sur les autres enfants de Naama. Elle ne les tue pas et elle les visite à chaque nouvelle lune, et joue avec eux.
Gen. I, 27 : « Dieu créa l’Homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu, il les créa mâle et femelle. »
Lilith fut crée en même temps qu’Adam, avec la même argile, et donc l’égale de l’homme. Dieu est à la fois mâle et femelle. Ève, contrairement à Lilith, fut crée plus tard, à partir d’une des côtes (un des côtés ?) de son époux.
« Caïn, qui se querellait avec Abel pour [la possession de] la première Ève, le tua… pour être sûr d’en être le seul possesseur. À eux deux, ils engendrèrent la portion diabolique de l’humanité, comme Adam et Ève en engendrèrent la portion bénéfique… » – Yehouda Bar Rabbi (Genèse Rabba 22:7→30)
Puisqu’elle refuse d’être épouse, elle sera privée de maternité. Pour la punir, Dieu la condamne à voir tous ses enfants mourir à la naissance. Désespérée, elle décide de se suicider. Les anges lui donnent le pouvoir de tuer les enfants des Hommes (jusqu’à la circoncision, au huitième jour pour les garçons, et jusqu’au vingtième jour pour les filles). Pour se venger, Lilith devient le serpent qui provoque la Chute d’Ève, et incite Caïn à tuer Abel.
Moralement comme psychiquement, Lilith fonctionne alternativement comme image du démon sexuel et comme femme fatale stérile (la prostituée), là où Ève est davantage vue comme la femme docile à l’homme, aussi idéale que génitrice (l’épouse). Lilith n’était pas qu’une femme, c’était aussi "Celle qui savait", surnom qui lui fut donné par Bélial à cause de sa grande intelligence.
Le mythe de Lilith (la Ghula chez les Arabes, al-Lat chez les préislamiques) trouve son origine dans celui de Lil et de Lamme (sumérien), Lamashtu (akkadien), déesse sumérienne, « fossile mythologique provenant d’un substrat socio-religieux archaïque. » Jacques Bril, Lilith ou la Mère obscure. Lilith provient de lil-itu, déesse sumérienne des vents du sud et épouse du dieu Enlil. Elle serait aussi une déformation de Elat (qui signifie déesse), la prononciation hébraïque d’Allat (féminin d’Allah, le dieu), la déesse-mère suprême des arabes païens de l’antiquité. Lire Matriarcat arabe pré-islamique : la déesse-mère Allat de La Mecque.
Lilith est le premier symbole de l’inversion des valeurs, puisque, de déesse primordiale, les nouveaux dieux pères l’ont transformée en fille diabolique du grand dieu Anu. Lamashtu-Lilith est expulsée des cieux par son père et rejoint les démons et les animaux sauvages. Pour se venger des dieux, elle s’attaque aux nourrissons, donc aux innocents, qui n’ont pas encore pu commettre de faute contre les dieux. La tradition la rend responsable des maladies et de la mort des nouveau-nés. La mortalité infantile étant importante à cette époque, c’est donc l’ancienne grande Mère, Donneuse de vie, qui se retrouve responsable de la mort des enfants.
Considérée comme un démon dévorateur, elle est liée à une déesse mère. Démon dévorateur, déesse-serpent, déesse ailée (donc alliant les caractères chthonien et aérien), Lilith correspond pour l’archéologue Marija Gimbutas à la déesse mère dont on retrouve la trace depuis le paléolithique supérieur. On la retrouverait également dans la « déesse aux serpents » de la civilisation minoenne, mais également sous les traits d’Isis, la déesse ailée de l’Égypte ancienne. Elle aurait été reprise par la tradition juive aux temps de la captivité de Babylone. Aux temps bibliques, elle est une représentation symbolique du matriarcat préexistant au patriarcat. Dotée d’une sexualité illimitée et d’une fécondité prolifique, tout en étant symbole de frigidité et de stérilité, épouse, fille et double du diable, elle rassemble, dans la culture judéo-chrétienne, les côtés négatifs attribués à la féminité archaïque, celle qui ne peut être l’épouse de l’homme. Chez les sumériens, la déesse de la fertilité et de l’amour (Inanna) avait également une grande importance. Sous l’influence des sémites elle prendra cependant un aspect de plus en plus guerrier.
Elat possède une main célèbre, que beaucoup de gens du moyen-orient portent aujourd’hui comme talisman porte-bonheur, en ne sachant pas que c’est la main de leur ancienne déesse : la déesse Allat pour les musulmans, et à la déesse Elat pour les juifs. Autant les juifs que les musulmans l’utilisent. Les musulmans l’appellent désormais la Main de Fatima. Fatima est un autre nom de la même déesse arabe. Les juifs l’appellent la Main de Myriam, mais l’utilisation de cette main protectrice de la Déesse est la même : chasser le mauvais œil. L’œil sur l’amulette “se retourne” vers la source de la malédiction. Rejetée par les sunnites, elle est en revanche très importante chez les chiites. Fatima était un autre nom pour Al-lat. On l’appelle aussi la Créatrice, la Source du Soleil et de l’Arbre du Paradis, l’Arbre de Vie. On dit que Fatima a existé dès le début du monde matériel. Mohammed a appelé sa propre fille comme la déesse Fatima, mais son culte était toujours violemment réprimé par les musulmans.
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/judaisme/lilith/
A travers les éléments qui suivent, il semble que l’on soit passé d’une déesse-mère unique (Ashérah), à un couple divin marié (Ashérah et Baal), puis pour finir, à un dieu-père unique (Yahvé). On découvrira que les sacrifices d’enfant furent une pratique courante pour les divinités associées à Baal.
Pâques est la fête de l’équinoxe du printemps, le retour de la vie de la déesse-mère Ishtar (Easter) :
Ishtar fut une déesse primordiale mésopotamienne, qui avec l’arrivée du patriarcat, fut affublée d’un mari, Baal. Avec le temps, Baal devint Yahvé, et Ishtar devint Asherah. Puis elle fut effacée sous le nom de Shekinah, l’esprit saint féminin du ménorah, l’arbre sacré de vie.
L’Ancien Testament est le premier livre sacré à ne faire intervenir aucune divinité féminine et ose ce que les patriarcats précédents n’avaient pas fait : éradiquer toute trace de culte féminin. Lorsque la Grande Déesse était considérée comme immortelle, immuable, toute-puissante, le concept de filiation par le père n’était pas encore connu. Si la Déesse a longtemps régné seule dans les mythes de Sumer, un frère-époux apparaît à ses côtés au premier temps patriarcal, puis suivent des dieux Pères alors que la déesse devient fille-épouse avant d’être bibliquement éliminée. Yahvé est le premier Dieu sans concurrence féminine qui vient clore la mise en place progressive des patriarcats dans cette région du monde avant-gardiste pour avoir vu débuter le néolithique, son agriculture et l’élevage.
Yahvé (El, le dieu) eut une compagne, Asherah (de l’hébreu אשרה), qui est le prénom d’Elat (la déesse). Elle était vénérée avant -600. Asherah est souvent vue comme la version cananéenne de la déesse Athirat (ou ʼAṯirat), une importante déesse-mère au culte répandu au Moyen-Orient. Asherah est connu dans la Bible comme la "Reine du Ciel" (Jérémie 7.18, 44.17) et est appelée "Artémis" par les Ephésiens dans le livre des Actes (chapitre 19). Le mot "Asherah" est trouvé au moins 40 fois dans l’Ancien Testament. Il fait référence à un objet en bois utilisés dans le culte de la parèdre de Baal, c’est-à-dire Asherah.
Anat, déesse sémitique de Palestine, sera recyclée en épouse de Baal qui s’accapare de son pouvoir de fertilité, et se fait appeler à sa place, « le Seigneur des sillons des champs », après avoir vaincu un serpent monstrueux nommé Léviathan, encore un symbole de la déesse Mère (épisode révélé par les fouilles de Ras-Shamra, ancienne Ugarit). C’est un comportement récurrent dans l’histoire du patriarcat, de diaboliser son ennemi, afin de justifier les pires exactions à son encontre. À noter une fois de plus que les rédacteurs de la Bible s’inspireront de ces récits mythiques antérieurs :
« … Yahvé châtiera avec son épée dure, grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux, il tuera le dragon qui habite la mer. » Isaïe 27,1.
« Réveille-toi, Seigneur, réveille-toi vite et agis avec vigueur. Réveille-toi comme autrefois, dans le lointain passé. N’est-ce pas toi qui abattis le monstre Rahab, le dragon des mers ? » Isaïe 51, 9.
En effet, Léviathan, symbole de la grande Mère, ressurgit sans cesse dans la mémoire et le cœur du peuple hébreu.
Les autels, les piliers et les idoles, condamnés par Yahvé, étaient placés dans les bosquets d’arbres. Le nom de la déesse Cananéenne Asteroth signifie “arbre sacré” mais cette traduction est redondante dans la mesure où tous les arbres étaient sacrés pour les peuples antiques de l’Europe et du Proche Orient. Les arbres étaient révérés comme divins avant que des images sculptées d’arbres fussent érigées pour être vénérées.
La représentation d’Asherah est un arbre, le palmier-dattier, utilisé dans son culte par les canaanites et les phéniciens. Leurs dattiers sont appelés asherim. Son nom phénicien vient du grec dattier. Ils habitaient les cités-états phéniciennes de Sidon et de Tyr (Liban). La phénicienne Jézabel épousa Ashab, roi samaritain d’Israël, et amena avec elle l’adoration de ces arbres. Cette pratique passe en Israël et sera combattue par le prophète Élie, et dénoncée par Jérémie. Les tribus d’Israël emmèneront cette pratique avec eux à Babylone.
Et dans la Bible il est expliqué que c’est seulement lors des réformes de Josias et d’Ezéchias que fut enlevé du temple de Jérusalem l’emblème d’ASHERAH (un poteau sacré appelé "ASHERE"). Le Pentateuque en parle quatre fois comme des idoles à détruire :
Présente dans les récits précédents connus de cette région, Lilith disparaît du travail de copier/coller et de réécriture biblique sélective. Si le culte de la déesse existe toujours en Palestine au moment où émerge Yahvé, ce sont les empereurs chrétiens de Rome et de Byzance qui firent fermer les derniers temples de la Déesse vers l’an 500 de notre ère.
« Vous détruirez tous les lieux où les nations que vous allez chasser servent leurs Dieux, sur les hautes montagnes, sur les collines et sous tout arbre vert. Vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs statues, vous brûlerez au feu leurs idoles, vous abattrez les images taillées de leurs Dieux et vous ferez disparaître leurs noms de ces lieux-là » [Deutéronome 12, 2-3].
Dans les faits, ce sont bien les cultes du féminin qui sont visés : Montagne, Arbre, Serpent honni, pierres levées et pieux sacrés,
figurines représentant une femme debout soutenant ses seins avec ses mains, déesses nues de la fertilité consacrée à l’ancienne déesse Asherah épouse de YHWH. Vers la fin du VIIIe s. av. J.C., on se mit à proclamer que seul YHWH devait être honoré, en y incluant une revendication territoriale, et c’est au VIIe s. av. J.C., pendant le règne du roi Josias, que les dirigeants de Jérusalem ont jeté l’anathème sur la moindre trace de vénération des déités étrangères, extirpant les rituels propitiatoires pour la fertilité de la terre et la bénédiction des ancêtres avec la destruction de tous les sanctuaires locaux, le Temple de Jérusalem devant être reconnu comme « l’unique » lieu de culte, avec aussi la purification de l’idolâtrie initiée par Salomon avec son harem de femmes et dont le « cœur ne fut plus tout entier à Yahvé », qui suivit même Astarté, « reine du ciel », à laquelle des Juives offraient encore des gâteaux peu avant la destruction du royaume de Judée par Nabuchodonosor en 586 avant J.-C.
Même la Bible recèle le souvenir de ces temps de paix sous l’égide de la déesse Mère. Le prophète biblique raconte comment il vint à Pathros en Egypte après la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor. Il y rencontra un groupe de réfugiés israélites en colère. Ceux-ci reprochaient au prophète sa loyauté envers celui qu’eux-mêmes regardaient comme un dieu mâle usurpateur du ciel, Jéhovah, auquel ils attribuaient tous leurs malheurs. Jérémie interpelle les Judéens résidant en Égypte parce qu’ils rendent hommage à Astarté, la reine du Ciel, alors qu’Yahvé a interdit de rendre un culte à d’autres dieux que Lui. Défiant le saint homme, ces gens lui annoncèrent qu’ils allaient retourner aux coutumes de jadis et brûler l’encens devant la Reine du Ciel, lui adresser des offrandes et des libations :
« Ce que tu as dit au nom du seigneur, nous ne l’acceptons pas. De toute façon nous allons remplir nos promesses de brûler de l’encens à la Reine du Ciel et de lui verser des libations, comme nous le faisions, nous et nos pères, nos rois et nos chefs dans les villes de Juda et de Jérusalem. Nous avions alors du pain à satiété, nous étions dans l’abondance et nous ne savions pas ce que c’était que le malheur. Or depuis que nous avons cessé d’offrir l’encens à la Reine du Ciel et de lui verser des libations, tout nous manque, et nous périssons par le glaive et la famine. » Jérémie, 44, 16 à 18.
On retrouve plus de quarante fois le mot Hébraïque asherah dans les cinq premiers livres de la Bible, parfois pour indiquer “la présence cultique puissante de la divinité féminine appelée Asherah”, parfois pour indiquer les idoles en bois sculpté utilisées pour la représenter. Asteroth-Asherah-Astarte était originaire de la Palestine et du Proche-Orient mais elle appartenait à un vaste panthéon de divinités d’arbres que l’on trouve sur toute la planète: les tendres hamadryades de la mythologie Grecque, telle que Daphné le laurier; l’Isis Egyptienne qui est souvent représentée comme un tronc d’arbre bourgeonnant d’une abondance de rameaux feuillés; et les apsaras sensuelles aux yeux de biche de la mythologie Hindoue, dont la Reine Maya, la mère du Bouddha. Lorsque les cultes de la Déesse furent supprimés, lorsque ses idoles furent mises à bas, lorsque ses bosquets feuillés furent dévastés, les Juifs inventèrent la menorah pour remplacer ce qu’ils avaient détruit. Le chandelier aux sept branches est une abstraction schématique émanant de la nature, une imitation spectrale d’une asherah, un arbre-sacré.
La ménorah (hébreu : מְּנוֹרָה IPA [mnoː'ɾaː]) est le chandelier (ou candélabre) à sept branches des Hébreux, dont la construction fut prescrite en Exode 31 à 40 pour devenir un des outils du Tabernacle et plus tard du Temple de Jérusalem. Ce mot « Menorah » provient du préfixe « Mé » indiquant la provenance d’une chose, associé à la racine hébraïque Norah, Nourah, de Nour,Nor (flamme) au féminin. MéNoRah signifie donc « de la Flamme », « qui provient de la Flamme » ; cette flamme, selon la Kabbale, n’est autre que la Schékhinah ou présence féminine de Dieu.
Les vieilles gravures du Néguev montrent que, à l’époque où ils étaient encore polythéistes, les Hébreux adoraient le dieu YAH (YAHWE) et sa parèdre la déesse ASHERAT ou ASHERAH. Sur ces gravures, le nom de YAH est souvent associé à un bélier ou un taureau alors que celui d’ASHERAH est associé à une MENORAH. ASHERAH était également connue par les Cananéens d’Ougarit (Syrie) sous le nom d’ATHIRAT. Elle semble avoir été représentée par un poteau de bois car son nom pouvait être traduit par "Bosquet", "Jardin", "Arbre" ou "Lieu sacré". En fait, il est possible que ce poteau n’ait pas été un mat lisse mais ait porté sept branches. Un tel poteau d’ASHERAH muni de sept branches pouvait donc avoir la forme d’un chandelier MENORAH. Un "ARBRE DE LUMIERE" comme disent certains.
D’ailleurs la description de la MENORAH, dans Exode 25, 31-40, montre qu’elle a un aspect trés végétal.
"Et tu feras un chandelier d’or pur : le chandelier sera fait d’or battu ; son pied, et sa tige, ses calices, ses pommes, et ses fleurs, seront tirés de lui.
Et six branches sortiront de ses côtés, trois branches du chandelier d’un côté, et trois branches du chandelier de l’autre côté.
Il y aura, sur une branche, trois calices en forme de fleur d’amandier, une pomme et une fleur ; et, sur une autre branche, trois calices en forme de fleur d’amandier, une pomme et une fleur ; ainsi pour les six branches sortant du chandelier.
Et il y aura au chandelier quatre calices en forme de fleur d’amandier, ses pommes et ses fleurs ;
et une pomme sous deux branches sortant de lui, et une pomme sous deux branches sortant de lui, et une pomme sous deux branches sortant de lui, pour les six branches sortant du chandelier ;
leurs pommes et leurs branches seront tirées de lui, le tout battu, d’une pièce, d’or pur.
Et tu feras ses sept lampes; et on allumera ses lampes, afin qu’elles éclairent vis-à-vis de lui.
Et ses mouchettes et ses vases à cendre seront d’or pur.
On le fera, avec tous ces ustensiles, d’un talent d’or pur.
Regarde, et fais selon le modèle qui t’en est montré sur la montagne."
Une autre descriptions se trouve dans Zacharie 1,2-3 et 7 :
"Et il me dit : Que vois-tu ? Et je dis : Je vois, et voici un chandelier tout d’or, et une coupe à son sommet ; et ses sept lampes sur lui ; sept lampes et sept conduits pour les lampes qui sont à son sommet ; et deux oliviers auprès de lui, l’un à la droite de la coupe, et l’autre à sa gauche… (Ces sept lampes) ce sont là les yeux de l’Éternel qui parcourent toute la terre.
Il est même possible que le buisson ardent, par lequel YAHWE a prix contact avec Moïse dans le désert, soit la même chose que cet ARBRE DE LUMIERE. En effet, il manifestait la présence de Dieu… hors, dans le temple de Jérusalem, le chandelier MENORAH était également le symbole de la présence de Dieu. Cette "présence de Dieu" portera plus tard le nom de SHEKINAH, et on en parlera parfois comme si elle était une entité à part entière. On ira même jusqu’à en faire une sorte de parèdre de YAHWE sous le nom de MATRONIT (Matrone). Certains rabbins assimilaient aussi la SHEKINAH à l’ESPRIT SAINT de Dieu, celui-ci étant un nom féminin dans les langues sémitiques.
Shekinah, Shechinah, Shechina, ou Schechinah (hébreu: שכינה), est l’orthographe anglaise d’un nom hébreu grammaticalement féminin de Dieu dans le judaïsme. Le mot signifie originale «demeure» ou «présence», et désigne la demeure de la Présence Divine de Dieu, en particulier dans le Temple de Jérusalem.
Quand aux Judéo-Chrétiens Nazaréens, ils faisaient de cet ESPRIT SAINT féminin la mère de Jésus. Saint Jérôme a écrit à ce sujet :
“Dans cet évangile écrit ‘selon les Hébreux’, qui est lu par les Nazaréens, le Seigneur dit : ‘Il y a un instant, ma mère, le Saint-Esprit, m’éleva’ (…) Selon l’évangile écrit en langue hébraïque que les Nazaréens lisent (…..) nous trouvons ceci : ‘Il arriva que, tandis que le Seigneur remontait de l’eau, toute la source du Saint-Esprit descendit et reposa sur lui et lui dit : Mon Fils, parmi tous les prophètes, je t’attendais pour que tu viennes et que je puisse reposer en toi. Car tu es mon repos, tu es mon fils premier-né qui règnes pour toujours’."
Et Origène en concluait ceci (dans In Jer. 15,4) :
“C’est une preuve dans leur croyance (aux Nazaréens) que l’Esprit-Saint est la mère du Christ."
De là, il n’y aurait plus qu’un pas à faire pour dire que la trinité chrétienne du Pere, du Fils et du Saint-Esprit correspond en fait à une famille divine composée d’un Dieu-père, d’un Dieu-fils et d’une Déesse-mère. Étrange manière utilisée par la déesse ASHERAH pour réapparaitre auprés de YAHWE ! Et c’est d’autant plus paradoxal que les Hébreux avaient essayé de se débarasser de cette déesse en en faisant le démon ASHTAROTH.
Chez les anciens Egyptiens, ce qui se raproche le plus de l’Arbre de Vie de la déesse ASHERAH c’est le SYCOMORE (ficus sycomorus) de la déesse HATHOR (déesse de l’amour et de la fertilité). Cet arbre poussait dans le monde des morts et servait à nourrir et désaltérer les BA (âmes) afin de leurs rendre la vie.
Aujourd’hui encore, les fouilles archéologiques sont quasi-interdites en Arabie Saoudite, à croire que cela en dérangerait certains.
Le patriarcat s’est installé progressivement par la guerre à partir du IVème millénaire avant Jésus-Christ, et semble commencer à Sumer en Mésopotamie. Les anciennes déesses-mères ont été conquises, assimilées, puis remplacées, par les nouveaux dieux-pères (Olympiens, Aesirs nordiques…). Il en est de même avec les divinités matriarcales arabes (Allat, Uzza, Manat), désormais dominées par les nouveaux dieux conquérants venus de Babylone (Hu-Baal).
L’évolution des différents types de mariages arabes pré-islamiques témoigne de la patriarcalisation progressive de la péninsule arabique. L’islam n’en est que la dernière étape.
L’étoile et le croissant, aujourd’hui vus comme des symboles de l’Islam, ont longtemps été utilisés en Asie Mineure et par certains peuples turcs, avant l’arrivée de l’Islam. L’origine du croissant et de l’étoile comme symboles date des temps de Babylone et de l’Égypte ancienne. Il a été suggéré que les tribus turques, durant leurs migrations d’Asie centrale vers la Turquie aux alentours de 800 après JC, ont adopté ce symbole des tribus et états locaux dans la zone du Moyen-Orient actuel, qui a adopté à son tour ces symboles. On retrouve aussi trace de ce symbole dans les cultes pré-islamiques du proche-orient aux côtés d’autres symboles et rituels païens adoptés par l’islam. Il est à noter que le symbole lunaire accompagné de l’étoile a également été adopté par d’autres divinités, pour Artémis chez les Grecs, Diane chez les Romains. L’adoption des rites païens au sein de l’église catholique romaine explique aussi le rapport étroit entre la lune et la Marie virginale. Le croissant de lune est en rapport avec les cycles menstruels, symbole du pouvoir de procréation des femmes.
Drapeau de guerre Ottoman (1453-1798), orné de Zulfikar, le sabre trouvé par Mahomet
L’origine du drapeau est sujette à de nombreuses légendes en Turquie, et certaines contredisent l’histoire du drapeau ottoman. Parmi les légendes les plus répandues, on trouve :
La Mecque était le sanctuaire pré-islamique le plus important de toute la péninsule arabique. A l’origine, la ville n’était pas au centre de la religion musulmane, les croyants se tournant vers Jérusalem. La direction de la prière (la kiblah) répond à des règles très strictes énoncées par Mohammed dans le Coran. Au début, la kiblah correspond à la direction de Jérusalem (s.2, v.36), pour satisfaire les convertis d’origine juive ou chrétienne. Puis, afin d’asseoir définitivement son autorité tout en contentant la masse des nouveaux fidèles d’origine païenne, la kiblah se tourne vers la Mecque, haut lieu millénaire païen. La vénération de la pierre fut une occasion pour Mohammed de ramener vers lui les païens.
A la Mecque (مكة), avant l’Islam, la tribu des Quraïch (قريش) adoraient une triade de trois divinités féminines, il s’agit d’Allat (اللآت), al-‘Uzza (العُزة) et Manat (مناة), ils citaient leurs noms au cours de leurs tournées (الطواف) autour du Ka’ba (الكعبة). Selon Ibn al-Kalbi, les Quraysh avaient coutume de faire le tour de la Ka’aba en disant : "Au nom d’Allat, d’ʿUzza, et de Manat la troisième idole. Elles sont réellement les "al-gharānīq" (femmes de condition supérieure ) Dont il faut demander l’intercession." Comme aujourd’hui, les pèlerins se rasaient la tête.
Alors que pour les Nabatéens (Pétra en Jordanie), Allat était la mère de tous les dieux, pour les autres Arabes, Allat, al-‘Uzza et Manat étaient les filles d’Allah (الله جل جلاله), et étaient les intermédiaires entre Dieu et les hommes pour obtenir ses bénédictions. Allah (le-dieu) est le titre du dieu lunaire Sîn-Hubal (Baal), pièce rapportée tardivement de Mésopotamie dans le panthéon arabe, qu’il domina par la suite à La Mecque. De ce dieu, très peu de temples, de représentations, et de traces écrites nous sont parvenues jusqu’à aujourd’hui. Le terme Allah est antérieur à l’islam puisque le père de Mahomet s’appelle lui-même Abd’Allah, c’est à dire, "le serviteur du dieu".
Ka’aba signifierait cube en arabe, mais la Ka’aba elle-même serait l’ancienne "Kaabou", du mot grec qui signifie ‘jeune fille’, et désigne la déesse Astarté, c’est-à-dire Aphrodite dans la mythologie grecque qui correspond à la Vénus Romaine et l’al-‘Uzza (العزى) des Arabes considérée comme la déesse de la fertilité. Les anciens chroniqueurs rapportent qu’avant l’avènement de l’islam (jahilya, l’ère de l’ignorance), il y avait 24 ka’bas dans la péninsule arabique, mais celle de La Mecque était vénérée par toutes les tribus. Selon des recherches saoudiennes, il existait dans la région de nombreuses Ka’bas (tawaghit) consacrées chacune à une divinité, auxquelles les fidèles se rendaient certains jours déterminés pour procéder à des rites comprenant entre autres une déambulation circulaire et des sacrifices. Les plus importants semblent avoir été les ka’abas des déesses Allat à Taif, d’Uzza à Nakhlah et de Manat près de Qudayd.
Elle fut célébrée par sept prêtresses nues qui gravitaient sept fois autour de cette pierre, une fois pour chaque planète (soleil / lune / mars / mercure/ vénus/ Jupiter / saturne). A ce jour, les hommes qui gardent la Kaaba sont encore appelés "fils de l’Ancienne Femme","fils de Saba", en arabe "Beni Shaybah". La déesse Allat avait un surnom, ou un titre supplémentaire, Saba prononcé Shaybah, signifiant sage-femme, ou, "Celle de l’ancienne sagesse". Avant l’Islam, les gardiens du Sanctuaire étaient des prêtresses appelées "Bathi-Sheba","filles de l’Ancienne Sage Femme". Bethsabée, "fille de Saba" signifie, ‘‘prêtresse de la maison de Saba". Les musulmans ont gardé ce sanctuaire cubique, et marchent encore autour, tout comme on le faisait à l’époque où on vénérait la Déesse.
Vénérer une pierre est typiquement païen. On appelle ces pierres divines béthyle (de l’hébreu béthel "pierre sacrée"), et est une pratique polythéiste classique de l’antiquité. La pierre de la Kaaba n’échappe pas à cette règle. Cette pierre faisait en effet l’objet de vénération pré-islamique. Le culte pré-islamique des pierres peut être rapproché à des cultes lithiques des bétyles qui furent répandus dans tout le Proche Orient dès la plus haute antiquité. En effet ce culte rendu à une pierre n’est pas isolé dans l’Antiquité : on peut citer la pierre noire d’Émèse dont Héliogabale fut le grand-prêtre avant de devenir empereur romain, la pierre noire de Dusares à Petra, et c’est sous la forme d’un bétyle qu’en 204 avant J-C que Cybèle, la déesse-mère phrygienne de Pessinonte, fait son entrée à Rome. Dans de nombreuses cités orientales, des pierres sacrées sont l’objet de la vénération des fidèles, telles l’Artémis de Sardes ou l’Astarté de Paphos. En Arabie ce n’était pas une exception car le culte des pierres était omniprésent dans la société pré-islamiques. Par exemple la "pierre rouge" était la divinité de la ville arabe au sud de Ghaiman, ou la "pierre blanche" dans la Kaaba d’al-Abalat (près de la ville de Tabala, au sud de La Mecque).
Beaucoup d’occidentaux, surtout des sages-femmes, ont observé que l’écrin de la pierre noire, à l’angle de la Kaaba, a une forme de vulve, avec une tête de bébé qui en sort. Le mot Hajj (pèlerinage islamique à La Mecque) est dérivé de «Hack» qui veut dire friction en langue Arabe car il y avait un rituel païen dans lequel les femmes frictionnaient leur partie génitale sur la pierre noire espérant ainsi augmenter leur fertilité.(Dr.Jawad Ali dans son livre «L’histoire des arabes avant l’Islam» partie 5,page 223). Elle enduisaient la pierre avec le sang des menstrues et tournaient nues tout autour.
La Lapidation de Satan (arabe : رمي الجمرات, Ramy al-Jamarat signifiant « lancer [de pierre] sur les cibles [piliers] ») est une cérémonie pratiquée par les musulmans lors de leur pèlerinage ( Hajj ), au cours de laquelle ils jettent des pierres, qu’ils auront collectées durant une phase antérieure du pèlerinage, sur trois rochers qui symbolisent le diable.
Ce rite s’effectue le 3e jour du pèlerinage à Mina en Arabie saoudite, à 5 km à l’est de La Mecque. Les trois piliers de pierre (un petit, un moyen et un grand) furent remplacés par les autorités saoudiennes en 2006 par trois murs de pierre, pour prévenir les accidents. Si l’écrin de la Pierre Noire de la Kaaba fait irrémédiablement penser à un vagin, les 3 piliers semblent représenter des phallus, ce qui confirmerait que La Mecque ait été un sanctuaire païen dédié à des cultes de fertilité. Sur la photo ci-dessus, le pilier phallique est entouré d’un muret circulaire, qui pourrait indiquer un vestige de culte de Shiva, ce qui semble confirmé par la tenue des pèlerins, vêtus de blancs et rasés comme des brahmanes hindouistes.
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/islam/origines-islam/
Les 3 déesses-mères de l’Arabie pré-islamique, Al-Uzza, Allat et Manat
Hicham ibn al-Kalbi (737-819) est un historien arabe, compilateur des traditions orales des bédouins et des conteurs professionnels. Parmi ses œuvres existant encore il y a le Kitāb al-aṣnām (en arabe : kitāb al-aṣnām, كتاب الأصنام, livre des idoles), dans lequel il parle des idoles des arabes de la période pré-islamique. L’intérêt de ce livre est accru par les informations qu’il apporte sur l’antiquité arabe et les coutumes tribales et traditions qui seraient sinon sans doute perdues.
Suivant les régions et les époques, les arabes ont vénéré des centaines de divinités différentes.Les déesses Al-Uzza, Al-Lat et Manat formèrent une trinité dans l’Arabie pré-islamique. Leur culte a été largement répandu : des nabatéens de Pétra dans le Nord, aux royaumes légendaires de l’Arabie Heureuse dans le Sud, y compris Saba, la Sheba biblique (reine de Saba), jusque dans l’est, en Iran et à Palmyre. Elles étaient des déesses très populaires à la Mecque du temps de Mahomet. Les trois ont été vénérées sous forme de pierres aniconiques (non figuratives) non taillées, que l’on appelle des bétyles. Les "idoles" d’Al-Uzza et Al Lat étaient 2 des 360 statues païennes (1 par jour) de la Ka ‘aba qui ont été détruites par Mohammed. Certaines idoles citées dans le Coran sont d’importation yéménite, leur évocation est assez floue car le Yémen, à l’époque de Mahomet, était depuis plusieurs siècles judaïsé puis christianisé.
Al-`Uzzâ (العُزّى [al-`uzzā], l’être tout puissant) : La déesse de l’étoile du matin. Idole pré-islamique apparentée à Vénus/Aphrodite et personnalisée par un bloc de granit long d’environ six mètres.
Al-Lât (اللَّات [al-llāt], al-lât; la déesse) : Déesse du soleil représentée par une immense image de granit gris. Hérodote (484-420 avant J.-C.) signale la présence d’une divinité arabe nommée Alilat (ال + الإلَهة [al+ilaha → al-ilaha], la déesse ; alilat).
Dusares est à l’époque le principal dieu masculin accompagné de sa trinité féminine : Uzza, Allat et Manat. Dusarès serait le fils de Manat, la déesse du destin, ou de la Vierge Chaamou (prononcer Kaamou), sans doute une erreur de transcription pour Kaabou, le Cube (forme du bétyle, la pierre sacrée divine, ou la forme du sanctuaire).
Rappelons aussi que les dieux nés d’une vierge sont des cultes typiques du matriarcat (société sans père ni mari, mais pas sans oncles) : vierge étant synonyme de non-mariée, et un enfant né d’une vierge étant un enfant sans père.
Allat (en arabe : اللات, en hébreu : Elat) était une déesse de la fécondité et de la féminité vénérée en Arabie à l’époque préislamique. Son nom serait une contraction de al ilahat, déesse. Elle avait sa statue dans la Kaaba où elle était censée résider. Une inscription sur une roche à Adumattu en Arabie dit : “Puisse Allat (la Déesse) exhausser tous nos vœux.” Les anciens Arabes prêtaient serment par la prière : "Par le sel, par le feu et par Al-Lat qui est la plus grande de tous." Une autre inscription dit : "Shalm-Allat", "la paix de la Déesse" - semblable à "la paix de Dieu sur vous". Un geste de main de bénédiction accompagnait ces paroles. Avant l’avènement de l’Islam, on peut trouver le nom d’Allat dans certains prénoms composés, comme Wahaballat (Wahab – Allat – وهب اللآت), c’est-à-dire "le don d’Allat", puis Shalamallat (شلم اللآت) qui veut dire "la paix d’Allat – سلام اللآت".
Elle a été vénérée à La Mecque pendant plus de 2000 ans avant l’islam. Le fameux lieux de pèlerinage islamique de La Mecque fut à l’origine son sanctuaire. Allat signifie simplement "la Déesse" tout comme Allah signifie "le Dieu". Le T final est féminin. Al-Lat, dont le nom est une contraction d’Al-Illahat, "la Déesse ", est mentionné par Hérodote (Ve s. av-JC) comme Alilat, qu’il identifie à Aphrodite. Elle est quelquefois aussi assimilée à Athéna et est appelée "la Mère de Dieux ", ou "la Plus grande de Tous ". Elle est une déesse du printemps et de la fertilité, la déesse de la Terre qui apporte la prospérité.
La déesse arabe Allat occupe une place importante dans le panthéon syro-mésopotamien des premiers siècles de notre ère. Identifiée, dans un contexte de syncrétisme, à Athéna, elle prend des allures guerrières. Identifiée à Némésis, elle acquiert une dimension cosmique fondée, entre autres, sur la tradition astronomique babylonienne. L’iconographie complexe des reliefs du temple d’Allat à Hatra, proche de l’art palmyréen, symbolise cette accession au rang de divinité cosmique.
Son symbole est le croissant de lune (quelquefois montré avec un disque solaire reposant dedans). Le soleil en Arabie était appelé Shams, était considéré comme féminin, et pouvait représenter un aspect d’Al-Lat.Les nations Islamiques utilisent toujours l’étoile et le croissant sur leurs drapeaux. En tant que déesse de la fertilité, elle porte une gerbe de blé dans une main; et un morceau de sève d’encens dans l’autre. Son emblème a été retrouvé gravé sur de nombreux encensoirs. Elle est une déesse agricole comme les autres déesses méditerranéennes (exemple : Déméter), et aimait avoir des gâteaux aux grains cuits au four en offrande.
La déesse est parfois représentée assise sur son trône, portant un voile sur la tête et vêtue d’une tunique large ; elle tient à la main gauche une palme appuyée sur son épaule gauche. Le lion assis près d’elle indique qu’il s’agit d’une déesse maîtresse des animaux sauvages ; une inscription isolée assimile cette déesse à Artémis, la protectrice des animaux sauvages chez les Grecs (voir ci-dessous, à gauche, de Palmyre). Les lions d’Allat sont des statues trouvées au cours des fouilles du temple d’Allat à Palmyre, elles représentent un lion gardant entre ses deux pattes une antilope ; le lion représente probablement la déesse Allat protectrice de la vie sauvage identifiée par l’antilope.
Elle avait un sanctuaire dans la ville de Ta’if (الطائف), à l’est de La Mecque, et était connue de l’Arabie à l’Iran. Elle y était la divinité principale, et fut représentée sous la forme d’une pierre cubique (météorite ou roche volcanique) autour de laquelle on a édifié un sanctuaire, "La maison de la déesse". Il y était défendu de couper les arbres, pratiquer la chasse, et tuer; et celui qui s’y réfugiait ne devait pas être agressé. L’ensemble des Arabes, y compris la tribu Bani-Quraïsh (celle de Mohamed), adoraient cette déesse et faisaient des pèlerinages à son sanctuaire. Après la prise de la ville d’al-Taïf par les Musulmans, le Prophète Muhammad ordonna al-MughIra Ibn Shu’bah (المغيرة بن شعبة ) de détruire le sanctuaire d’Allat et sa statue (صنم) et de récupérer les richesses qui lui furent offertes.
Allat possède une main célèbre, que beaucoup de gens du moyen-orient portent aujourd’hui comme talisman porte-bonheur, en ne sachant pas que c’est la main de leur ancienne déesse : la déesse Allat pour les musulmans, et à la déesse Elat pour les juifs. Autant les juifs que les musulmans l’utilisent. Les musulmans l’appellent désormais la Main de Fatima. Fatima est un autre nom de la même déesse arabe. Les juifs l’appellent la Main de Myriam, mais l’utilisation de cette main protectrice de la Déesse est la même : chasser le mauvais œil. L’œil sur l’amulette "se retourne" vers la source de la malédiction. Rejetée par les sunnites, elle est en revanche très importante chez les chiites. Fatima était un autre nom pour Al-lat. On l’appelle aussi la Créatrice, la Source du Soleil et de l’Arbre du Paradis, l’Arbre de Vie. On dit que Fatima a existé dès le début du monde matériel. Mohammed a appelé sa propre fille comme la déesse Fatima, mais son culte était toujours violemment réprimé par les musulmans.
Al Uzza, al-Uzza, El-Ozza, Uzza, Izza.
Aussi appelée: Uzza Saïda ("Uzza la bénie") ou S’ida ("la bénie").
Mentionnée dans le Coran,ʿUzzā ou Uzza (arabe : عزى), était une déesse arabe pré-islamique de la fertilité, l’une des trois divinités les plus vénérées de la Mecque avec Allat et Manat. Elle était très populaire : des enfants étaient prénommés ʿAbd al-ʿUzzā (prénom très porté avant l’islam) et souvent invoquée dans les serments. Le nom ʿUzzā était symbole de beauté dans la poésie arabe pré-islamique. Surnommée la guerrière "vierge" (non mariée), elle est la plus jeune dans la triade des déesses; avec Al Lat; et Mana. Manat et Al-Lat sont considérées comme des filles d’Al-Uzza.
Al-Uzza, «la plus puissante», a été l’une des divinités les plus vénérées par les arabes. Uzzi, en hébreu aussi, signifie "puissant", d’où le nom de la fabrique des célèbres pistolets mitrailleurs israéliens. À l’origine, les Sabéens (royaume de Bilqis, la reine de Saba, dans le Yémen actuel), vénéraient Al-Uzza dont le culte s’est répandu partout en Arabie. Elle a été très populaire dans tous le Moyen-Orient, y compris à Jérusalem. Elle était la déesse de nombreuses tribus et royaumes arabes du nord de l’Arabie, de la Syrie et de l’Irak, comme c’était le cas à Palmyre et dans le royaume des Manadhziah. Elle était la déesse de l’étoile du matin et du soir, Vénus. Elle avait un temple à Pétra (bien que celui-ci n’ai pas été déterminé), et pourrait bien avoir été la déesse patronne de cette ville.
Les Grecs l’ont assimilé à Urania, l’"Aphrodite Céleste" ( "Céleste", une épithète d’Aphrodite, aussi bien que le nom d’une muse) et avec Caelistis, une déesse lunaire, le nom romain pour la déesse Carthaginoise Tanit. Al-Uzza est aussi quelquefois identifiée avec Isis. D’autres sources l’assimilent à Minerve / Athéna, qui feraient d’elle une déesse vierge (non mariée) guerrière. Hérodote affirme que la déesse suprême des Arabes était Uranie, qui, dit-il a été appelée Alilat (Al-Lat). En effet Al-Uzza était parfois confondue avec Al-Lat, conduisant certains chercheurs à se demander si Al-Lat et Al-Uzza n’étaient pas différents noms régionaux pour la même déesse.
Elle a beaucoup de points communs avec Ishtar et Astarté, elles aussi déesses de l’Étoile du matin et du soir. Elles sont toutes des déesses de l’amour et de la guerre, et les grands félins étaient sacrés pour elles aussi. Elle est montrée armée comme une bellatrix (guerrière romaine), debout près d’un arbre d’acacia, avec un Caracal, ou lynx du désert. Ashtar (Ashtar -عشتر ـ عشتار en Syrie et dans la Mésopotamie ), il s’agit d’une divinité féminine veillant à la reproduction chez les animaux, effectivement, cette planète qui est connue sous le nom de " l’étoile du matin – نجم الصباح " , et " l’étoile du soir – نجم المساء " est visible dans le ciel pendant deux périodes de l’année. Durant la première période, elle apparaît comme un astre très brillant à l’est avant le lever du soleil, et durant la deuxième période, elle est visible à l’ouest, après le coucher du soleil. Justement, ces deux périodes correspondent au cycle naturel de la reproduction chez beaucoup d’animaux, d’où son nom de la " planète de l’amour, de la fertilité et de la beauté ", Aphrodite des Grecs, Vénus des Romains, et aussi " al-‘Uzza – العزى " des Arabes. Al-‘Uzza était la déesse qui symbolisait la saison de l’hiver comme Allat qui fut la déesse de l’été.
Al-Uzza incarne la confiance, la vigilance et la préparation. Elle est très protectrice, et est une alliée de taille dans les batailles. Elle a été honorée par les Koreischites (la tribu de Mohammed) comme une de leurs déesses les plus importantes. Ils se disaient "fils d’Uzza" et imploraient sa protection dans les batailles. Les Arabes déplaçaient les pierres qui incarnaient les divinités, pour les ériger au milieu des champs de batailles, parce qu’ils croyaient que leur présence parmi les combattants les protégeait et leur donnait le courage et l’aide nécessaires pour leur apporter la victoire et vaincre leurs ennemis. D’après les historiens arabes, Bani (la tribu) Quraïsh, avait déplacé les pierres d’Allat et Al-Uzza dans la bataille d’Uhud "وقعة أُحد", contre la jeune l’armée islamique conduite par le prophète Mohammed.
Al-Uzza avait son sanctuaire de Nakhlah dans une vallée de palmeraies, sur la route de La Mecque vers l’Irak. Il y avait trois arbres d’acacia sur lesquels on disait qu’elle était descendue. Certains érudits pensent qu’elle a même peut-être été la divinité tutélaire de La Mecque. En l’an 8 Hégire, après la prise de la Mecque par les Musulmans, le prophète Mohammed confia à Khalid Ibn al-Walid (خالد بن الوليد) la mission de détruire la statue de la déesse, démolir son sanctuaire et couper son arbre.
C’est la plus ancienne divinité chez les Arabes; son culte très répandu pourrait précéder ceux d’Al-Uzza et d’Al-Lat. C’est une divinité féminine, représentée par une pierre noire non sculptée, installée au bord de la mer rouge à Qadid (قديد), dans une région située entre Médine et la Mecque. Le terme Manat (مناة), Manawayat, ou Menata est dérivé des termes arabes, al-muna (المنى) et al-manyyah (المنية), c’est-à-dire la "mort – الموت", le "destin – القدر", la ruine et la destruction. Manat fut aussi chez les Arabe la déesse de la justice (العدالة) et de l’équité ( الانصاف ). Saint-Épiphane du 4ème siècle l’appelle La Mère de Dusarès, le dieu local de la montagne, en l’appelant par son titre Chaamu ou Chalmous, qui signifie "jeune fille ou vierge".
Al Manat était associée avec Némésis la déesse pré-olympienne de la vengeance, elle même liée à Cybèle, Artémis et Déméter.
Elle est connue à partir des inscriptions nabatéennes : des tombes ont été placées sous sa protection, lui demandant de maudire les profanateurs. Elle est mentionnée dans la poésie, portant les défunts à leur tombe, et leur tendant la coupe de la mort. Elle est représentée par une vieille femme avec une coupe, et les symboles dans le bas de sa robe épellent son nom dans la langue sabéenne (qui n’utilise pas de voyelles et s’écrit de droite à gauche), M-N-T. La lune décroissante sur sa tête est un symbole de la mort. Son culte ne cessa qu’en l’an 8 Hégire où le prophète Mohammed confia à Aly Ibn Abi Talib (علي بن أبي طالب ) la mission de détruire sa statue (صنم).
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/paganisme/allat/
La mythologie celtique présente la particularité de n’avoir qu’un unique principe divin féminin. Dans la littérature mythique et dans la toponymie, différentes déités importantes en sont les émanations.
Comme dans la mythologie grecque (Jason & Médée, le matricide d’Oreste…), les légendes celtiques relatent souvent les conflits et tragédies résultant du passage du matriarcat "primitif" au patriarcat du "progrès". Elles témoignent de cette nostalgie d’une ancienne ère révolue, paradis perdu sous les traits du monde de Féérie, le Sidh ("l’autre monde", ou monde des esprits, car il n’y a ni enfer ni paradis chez les païens), univers parallèle ou sous les eaux, et par delà les océans, royaumes où règnent les puissantes fées, îles merveilleuses des femmes, de la jeunesse et de l’abondance, où le temps et la souffrance ne sont plus.
Merlin et les fées : ce court extrait du téléfilm Merlin montre ce qui transparaît, dans la mythologie celte, de l’antagonisme entre l’ancienne tradition matriarcale païenne, et la nouvelle tradition patriarcale chrétienne.
Le pays des fées est fondamentalement d’essence matriarcale. En témoignent ces nombreuses fées et Dames du Lac (qui donna l’Épée au roi Arthur), le plus souvent non mariées (supposées et dites "vierges" comme Diane-Artémis), qui séduisent et collectionnent les mortels valeureux. Malheur à qui osera rejeter les avances de ces dames. Les plus chanceux se verront expédiés dans "l’autre monde", lors d’une chasse, poursuivant un gibier magique, un animal blanc surnaturel (biche, cerf, sanglier… un animal totémique, héraldique, sacré), qui les attirera au travers d’une porte invisible du Sidh, afin qu’ils y réapprennent les bonnes manières amoureuses envers les femmes.
Le panthéon celtique est peuplé de nombreuses femmes telles que Brigit, déesse-mère de tous les dieux. Elle règne sur les arts, la guerre, la magie et la médecine. Mais aussi Dana, la mère primordiale de l’ancienne race elfique des Tuatha Dé Danann (fils de Dana). Ce sont des dieux, des déesses, des héros et des magiciens (Bansidh). Ils maîtrisent le druidisme, le savoir et les arts. Ils vinrent d’îles merveilleuses au nord du monde, pour régner sur l’Irlande jusqu’aux invasions Aryennes des Milésiens (celtes venus par l’Espagne en 500 av-JC). Les Tuatha Dé Danann retournèrent en partie sur leurs îles, et ceux qui restèrent se cachèrent dans des palais sous les vertes collines. Ils s’appelèrent alors les Daoine Sidh, ou Peuple des fées, du latin fata (destin), ou du Gaélique faé (vaincu). Ce détail étymologique semble confirmer que c’est bien un peuple matriarcal, les fées que les envahisseurs aryens celtes ont vaincus, en conquérant l’Irlande. Ériu (ou Erin, Eri) est une déesse souveraine de l’Irlande. Elle faisait partie des Tuatha Dé Danann. Déesse éponyme de l’Irlande, tout comme ses sœurs Banba et Fotla. Elle devient la personnification de la nation irlandaise qui prendra son nom : Eire.
Elle est l’équivalent celtique de la très populaire Gaïa. À elle seule elle représente plusieurs aspects des deux déesses terrestres Gaïa et Déméter. Elle est la mère des dieux et des humains, le « peuple de la déesse Dana » ou « Tribu de la déesse Dana » les Thuatha de Danann portent encore et toujours son nom. Elle peut-être Dana, Danu, Ana, Anna, Anu, Dôn. Déesse Mère de la terre d’Irlande, mais elle est la Terre. Elle est la mère de toute vie, autant chez les dieux que chez les humains. Son nom est si ancien, qu’on en a oublié d’où il vient. Quoi qu’il existe quelques pistes, quelques liens, de ceux qui la relient à la Diane des romains, à cette Sainte-Anne mère de la Vierge Marie mère de Jésus. Les déesses celtes sont nombreuses à avoir été avilies où réduites au statut de sainte, selon ce qui arrangeait les « romanciers » qui réécrivent l’histoire biblique de Jésus. Dana, cette grande divinité irlandaise, mère mythique de la dernière génération des dieux (dans les mythes, légendes et contes qui nous sont parvenus) qui régnèrent sur l’Irlande; les Tuatha de Danann, a laissé son nom à des rivières et aux collines jumelles nommées « Dé Chich Anann » (les seins d’Anu).
Chanson pop celtique, "Fille de Dana", interprétée par Nolwenn
Dans la mythologie celtique irlandaise, une Bansidh (prononcer bannshi) est une "femme du Sidh", c’est-à-dire de l’Autre Monde, une messagère des dieux. Si la documentation nous provient essentiellement de la littérature irlandaise médiévale, cette déité est pan-celtique ; on la retrouve notamment au Moyen Âge sous le nom de banshee et en Bretagne sous le nom de Marie Morgane, dans une forme altérée par le folklore. Ne pouvant survivre en tant que telle à la christianisation, la Bansidh deviendra au niveau du folklore, une fée, une sorcière ou une guérisseuse. Les fées sont des incarnations de la Déesse-Mère ou des druidesses.
Systématiquement, les récits insistent sur leur jeunesse et leur beauté, leur irrésistible pouvoir de séduction. Leur magie est plus puissante que celle des druides pour les affaires d’amour. Elles servent d’intermédiaire entre les dieux des Tuatha Dé Danann et les hommes. Parfois elles accordent leurs faveurs à des hommes, s’ils en sont dignes, c’est-à-dire à des héros ou à des guerriers émérites, et les emmènent avec elles, dans la « Plaine des Plaisirs », Mag Meld, un autre nom du Sidh.
On a toujours entendu dire qu’il n’y avait pas de femmes chez les druides, seuls les hommes, étaient admis. On trouve beaucoup de controverses quand à la possibilité que les femmes aient pût, un jour être Druidesses. Cependant, dans la tradition celtique se trouvait une catégorie ouverte au, sexe féminin. Appelées Banduaid, Banfhlaith ou Banfhilid, les Druidesses (tout comme les vestales Romaines) étaient gardiennes du feu. On retrouve dans le dinnsenchus de Rennes une description fort complète de leurs actions.
A l’origine, les tribus Celtes vénéraient de nombreuses divinités féminines, et des femmes étaient au service de leur culte. Enfin, à l’avènement du patriarcat, les hommes se sont attribués leurs fonctions rituelles, et ont crées la grande caste sacerdotale. Mais jamais les femmes n’abandonnèrent leur cultes, et continuèrent à servir les Déesses Celtes.
La classe sacerdotale des Celtes était ouverte aux femmes et plus particulièrement la fonction de prophétie, assumée par les vates (voir par exemple les Gallisenae de l’Île-de-Sein). Le vate, dans la société celtique protohistorique est un membre de la classe sacerdotale, au même titre que les druides et les bardes. Le vate est un devin, il s’occupe plus particulièrement du culte, de la divination et de la médecine.
On observe dans la culture Druidique et dans la philosophie religieuse pré-chrétienne une prédominance de la figure féminine. Elle est un personnage central qui jouit d’une position forte. Parmi toutes ses figures, la Déesse Mère est la plus importante. Elle est le symbole de la connaissance et de la liberté, l’axe moral de la société Celte. Ce n’est pas un hasard si dans la mythologie Irlandaise la souveraineté porte les traits d’une femme. Cette mythologie comporte depuis son origine une majorité de Déesses, et toutes ses figures féminines qui présidaient à l’agriculture et aux arts ont su et sauront toujours garder leur place.
Tacite mentionne l’existence de plusieurs femmes Druides qui vivaient sur l’île de Mona (ou Anglesey au Pays de Galles) en compagnie de guerriers celtes : ”Sur la plage, une troupe de soldats etaient cernés par un groupe de Druides qui criaient des formules et des maledictions. Les Druidesses participaient à ce rituel magique destiné à les maudire.”
Selon le géographe latin Pomponuis Mela (1er sc aps J.C) les Druidesses de l’île de Sein au large des côtes d’Armorique avaient le pouvoir de “commander les flots a travers leurs chants, de se transformer en animal, de soigner les maladies les plus insidieuses et de prédire l’avenir aux gens qui leur rendaient visite”. Des documents romains témoignent de l’habileté des Druidesses, “ces femmes à la fois pretresses et prophétesses maîtrisant la magie sur les éléments”.
La mythologie compte beaucoup de Druidesses: Aoife, Birog, Bodmall, Fionn, Fidelma… Le rôle de ces magiciennes est l’initiation guerrière et sexuelle des héros. Le grand Druide Gàine, qui se trouvait en réalité être une femme, est à ce titre exemplaire, car il confirme la place importante des femmes Druidesses dans la société celte et le pouvoir dont elle jouissait sur le peuple.
Velléda fut une Druidesse-prophétesse de la tribu des Bructères (tribu d’origine teutonique) qui vécue à l’époque de l’empereur Vespasien (69-79 après J.C). Elle dominait un vaste territoire et était l’objet d’une profonde vénération. Son rôle oraculaire était si important que son influence s’étendait jusqu’à la sphère politique.
Tacite disait encore "qu’il était interdit a quiconque d’approcher Velleda ou de s’adresser à elle, comme pour souligner la vénération qui lui etait due. Elle restait emmure dans une haute tour, d’ou un membre de sa famille tachait de transmettre les questions et les réponses, comme s’il ‘agissait d’une meditation entre une Déesse et une adoratrice. Beaucoup l’on tenue longtemps pour une divinité. Mais avant elle, ils ont aussi vénéré Aurinia et bien d’autres encore. Ce n’était pas par flagornerie ni d’en l’idée d’en faire des Déesses."
Dans la mythologie celtique irlandaise, Tlachtga est une druidesse (bandrui, ce qui signifie « femme-druide »), réputée pour la puissance de sa magie. Scathach Uanaind est une magicienne puissante et redoutable qui demeure en Écosse, certains textes évoquent l’île de Skye. Selon le récit Le meurtre du fils unique d’Aifé, Scathach est aussi la sœur d’Aífé (fille d’Ardgeimm). Elle-même initiatrice des plus valeureux guerriers, experte en magie, dans l’art de la guerre et du sexe, elle commande une bande de femmes qui éduquent les héros. Aífe est à la fois une magicienne (druidesse) et une guerrière qui réside en Écosse. Elle est en guerre avec Scáthach pour le commandement d’une armée de femmes. Le héros Cúchulainn la vainc lors d’un affrontement et lui demande de respecter trois vœux : faire la paix avec sa rivale, accepter la suprématie de Scáthach et lui accorder « l’amitié de sa hanche », ce qui donnera naissance à un fils, Conla (ou Conlaech).
Et pour finir, une description de Fidelma dans le Tain, la saga Irlandaise : "Elle avait les cheveux blonds. Elle etait enveloppee dans un manteau aux couleurs bigarrees ferme par une broche en or, et portait une tunique rouge couverte de broderies et dotee d’une capuche, ainsi que des sandales aux fermoirs dores. Son front etait large, son menton fin, la courbe de ses sourcils etaient noire et elle avait des cils noirs delicats qui jetaient une ombre sur son visage jusqu’au milieu de ses joues. Si tu l’avais vue, tu aurais cru que ses levres etaient rouges sang. Ses dents etaient comme une rangee de bijoux entre ses levres. Elle rassemblait ses cheveux en trois tresses, deux d’entre elles entouraient sa tete, tandis que la troisieme descendait le long de son dos et venait caresser ses mollets. Elle tenait dans une main un baguette legere de formes entrelacees et sertie d’or. Ses yeux avaient trois iris. Des chevaux noirs trainaient son char, et elle même etait armée."
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/paganisme/mytho-celte/
Marija Birutė Alseikaitė ou Marija Gimbutienė, généralement connue comme Marija Gimbutas est née le 23 janvier 1921 à Vilnius et morte le 2 février 1994 à Los Angeles, Californie, USA. Elle est une archéologue et préhistorienne américaine d’origine lituanienne.
Durant quinze ans, Marija Gimbutas effectue des fouilles archéologiques dans le sud–est de l’Europe méditerranéenne, révélant au monde l’existence d’une civilisation pré-indo-européenne dénommée « culture préhistorique de la déesse », ayant existé à partir du Paléolithique et perduré plus de 25 000 ans. Le langage de la déesse (titre original : The language of the Goddess, 1989), La civilisation de la déesse (1991), Déesses et dieux de la vieille Europe (1974) comptent parmi ses œuvres majeures, qui lui valent une renommée posthume mondiale. Le langage de la déesse est également le titre d’une exposition qui lui fut consacrée en Allemagne au musée Frauen à Wiesbaden en juin 1993.
En 1956, M. Gimbutas publia son hypothèse kourgane, fondée sur le rapprochement de la linguistique comparative et des données archéologiques recueillies lors des fouilles des tumulus de la culture kourgane d’Asie centrale, et destinée à lever un certain nombre d’énigmes relatives aux peuples locuteurs du proto-indo-européen (PIE), qu’elle proposa d’appeler « kourganes » (c’est-à-dire peuple des tumulus des steppes) ; il s’agissait de proposer une origine et une route de migration des proto-indo-européens vers l’Europe. Cette hypothèse, par le rapprochement entre plusieurs disciplines, exerça un impact considérable sur la science préhistorique.
Marija Gimbutas identifie la culture des kourganes à l’habitat originel des Indo-Européens. Cette culture du Mésolithique située entre la Volga et les fleuves de l’Oural se distingue par la domestication précoce du cheval. La mobilité ainsi gagnée aurait créé des groupes de cavaliers combattants, et aurait conduit à des formes de société dites patriarcales. Entre -4500 et -3000, les Indo-européens, ce « peuple de cavaliers », auraient pénétré en plusieurs vagues successives dans la région du Dniepr, l’Ouest de l’Ukraine et la Moldavie. Ils auraient transformé la culture de type agricole existante, et se seraient établis en tant qu’aristocratie dirigeante, imposant leur langue. Cette conquête de l’Europe par la culture des kourganes serait caractérisée en archéologie par la culture rubanée et par la Culture des vases à entonnoir.
De façon inattendue, Gimbutas connut la faveur du grand public grâce à ses trois derniers livres : Dieux et déesses de l’Europe préhistorique (The Goddesses and Gods of Old Europe, 1974); Le langage de la déesse (1989, thème d’une exposition au musée de Wiesbaden), et La Civilisation de la déesse (The Civilisation of the Goddess, 1991), qui passe en revue ses recherches sur les cultures néolithiques d’Europe : l’habitat, les structures sociales, l’art, la religion et la nature des savoirs.
Dans La Civilisation de la déesse, Gimbutas formalise son analyse des différences entre la société européenne primitive, selon elle de type matriarcal et articulée autour du culte d’une déesse mère, et la culture patriarcale (ou « androcratique », pour reprendre l’hellénisme de l’auteur) de l’Âge du bronze qui finit par la supplanter. Selon son interprétation, les sociétés matricarcales (« gynocentrique », « gylanique » pour reprendre les mots de Gimbutas) étaient pacifiques, révéraient les homosexuels et favorisaient la mise en commun des biens. Les tribus patriarcales des kourganes auraient, en migrant vers l’Europe, imposé aux populations matriarcales indigènes un système hiérarchique guerrier.
Une « déesse » hantait l’esprit des chasseurs de la préhistoire. Une déesse à la féminité marquée et dont la silhouette ou les traits caractéristiques – seins, fesses, pubis, grands yeux – se retrouvent partout en Europe, peints ou gravés sur les parois des cavernes, sculptés sur la pierre, l’os ou le bois. Des milliers d’années plus tard, elle subjuguait encore les paysans du néolithique. Partout en Europe, on la découvre peinte sur des céramiques ou gravée sur les objets quotidiens. Pendant près de 25 000 ans, les premiers Européens auraient ainsi voué un culte à cette déesse, symbole de nature et source de vie, qui fait naître les enfants et pousser les plantes. Puis, vers le Ve millénaire av. J.-C., des peuples indo-européens, farouches guerriers, éleveurs de chevaux, auraient pris le pouvoir sur les sociétés agraires et imposé leur langue, leur pouvoir, leurs mythes : des dieux masculins, autoritaires et violents, auraient alors refoulé dans un lointain passé les charmantes déesses préhistoriques. Voilà, à grands traits, l’histoire ancienne de l’Europe, telle que l’a reconstruite Marija Gimbutas à partir de ses nombreuses recherches archéologiques.
Née en 1921, M. Gimbutas a quitté son pays natal pour se réfugier, pendant la guerre, en Autriche, où elle débuta ses études d’archéologie et de linguistique, poursuivies en Allemagne où elle obtint son doctorat en 1946. Après la guerre, on la retrouve aux États-Unis, à l’université de Harvard, où elle est recrutée comme chercheuse, spécialiste de l’archéologie d’Europe de l’Est, domaine alors largement méconnu. C’est dans les années 1960 qu’elle se fait connaître pour sa fameuse théorie de la « culture des kourganes » qui va susciter un premier grand débat dans la communauté scientifique. Kourgane est le nom turc pour désigner les tumulus, ces sépultures monumentales collectives, apparues dans la région de la Volga, entre mer Noire et mer Caspienne, qui se sont répandues ensuite dans toute l’Europe. Les kourganes seraient, selon M. Gimbutas, les symboles les plus marquants du premier peuple indo-européen : un peuple d’éleveurs et de guerriers qui aurait envahi l’Europe et l’Inde du Nord. Par vagues successives, il aurait imposé partout sa langue et ses mythes. Avec cette théorie des kourganes, M. Gimbutas a donné une consistance archéologique à ce mythique peuple indo-européen qui, selon linguistes et mythologues, aurait constitué la souche culturelle commune de l’Europe et de l’Inde du Nord.
En 1963, M. Gimbutas entre à l’UCLA. Dans les années suivantes débute une campagne de fouilles en Europe du Sud-Est (Yougoslavie, Grèce, Italie), fouilles qui vont se prolonger une quinzaine d’années et l’orienter vers une nouvelle direction de recherche. Parmi les vestiges sortis de terre, M. Gimbutas remarque que de nombreuses poteries ont des formes féminines. Certaines arborent des signes géométriques – formes en V, en M, zigzags. On retrouve d’ailleurs ces signes sur des céramiques en forme d’oiseau.
Plus elle fouille, plus s’accumulent des traces, des traces trop fréquentes pour être négligées, ce que font pourtant la plupart de ses collègues : « L’ensemble des matériaux disponibles pour l’étude des symboles de la vieille Europe est aussi vaste que la négligence dont cette étude a fait l’objet ». Une nouvelle hypothèse émerge. Et si les figures féminines étaient des déesses ? Et les signes et figures géométriques qui les accompagnent des représentations symboliques de ces déesses (comme la croix remplace Jésus dans la symbolique chrétienne) ? Dans cette hypothèse, l’abondance des vestiges attesterait bien de la présence d’une forte présence féminine aux côtés des dieux masculins.
En 1974, M. Gimbutas publie un premier livre titré Déesses et dieux de la vieille Europe. Dans ce premier livre, elle soutient qu’un culte de trois déesses féminines était présent dans le Sud-Est de l’Europe. Par la suite, elle étendra son hypothèse à toute l’Europe et fusionnera les figures féminines en une seule et même déesse. Dans les années qui suivent, et jusqu’à sa mort en 1994, M. Gimbutas ne cessera de poursuivre cette piste. Le Langage de la déesse est en quelque sorte l’aboutissement et la synthèse de ses recherches sur la déesse de la préhistoire.
Comment décrypter la mythologie d’une société sans écriture dont les vestiges se résument à des céramiques, des outils, des objets gravés de motifs géométriques ? En règle générale, les archéologues se gardent bien de se lancer dans des interprétations symboliques, leur tâche principale se bornant à dater et à classer les matériaux retrouvés pour reconstituer des emprunts, tracer les aires culturelles et leurs contacts possibles. M. Gimbutas, elle, a osé transgresser cet interdit. Elle s’est attachée à reconstituer l’univers mental des sociétés de la préhistoire grâce à une démarche nouvelle : l’« archéomythologie ».
Voilà comment elle procède. Dans nombre de sociétés sans écriture, les artistes représentent les femmes non seulement par une silhouette féminine, mais parfois par une simple partie du corps : seins, fesses, yeux… Le triangle pubien est aussi souvent présent. La façon la plus simple, la plus géométrique et la plus universelle de le représenter consiste à tracer un V. Si le V est donc le symbole de la femme, M. Gimbutas pense que les nombreux motifs en chevron (deux V superposés) désignent aussi le sexe féminin. De même, comme on retrouve souvent associés la figure du V et des chevrons gravés sur des céramiques en forme d’oiseau, M. Gimbutas en déduit que la figure de l’oiseau est également un symbole féminin. En admettant cette convention (V, chevrons simples, doubles ou triples, figures d’oiseaux, seins…), il est alors apparu que le signe de la femme est omniprésent dans toute l’Europe du Sud-Est. Par glissements progressifs et juxtapositions de motifs, M. Gimbutas pense alors repérer toute une gamme de figures censées représenter la déesse. Elle peut apparaître sous la forme d’une déesse-oiseau et, par extension, d’un bec d’oiseau ou d’un œuf. L’eau est également associée à la divinité féminine. Elle peut être désignée par un filet qui coule (quelques traits verticaux) ou un M représentant l’onde. Par extension, tous les motifs en M sont supposés représenter l’eau, donc la déesse.
Toute la symbolique de la déesse serait en lien avec le cycle de la vie, « le mystère de la naissance et de la mort, celui aussi du renouveau de la vie – pas seulement de la vie humaine, mais de toute forme de vie sur la Terre comme dans l’ensemble du cosmos ».
La déesse est donc présente dans les rituels de naissance et de fertilité. Voilà pourquoi elle est associée à l’eau, source de toute vie, et par extension à l’oiseau d’eau, mais aussi à la grenouille et au poisson. La déesse est également liée au renouvellement des saisons et donc à la terre nourricière, à la mort et à la régénération. Au fond, toute la symbolique de la déesse renvoie aux « croyances de peuples agricoles concernant la stérilité et la fertilité. La fragilité de la vie, la menace constante de la destruction ainsi que le renouvellement périodique des processus générateurs de la nature sont parmi les plus tenaces ».
Si la démarche archéomythologique prônée par M. Gimbutas est pertinente, l’avancée scientifique est de taille. Elle donne les clés pour interpréter des signes, gravures, motifs abstraits présents dans toute la préhistoire, qui étaient jusque-là traités comme de purs motifs décoratifs ou d’énigmatiques signes que l’on s’interdisait de décrypter. Du coup, les céramiques ornées dévoilent une histoire cachée, et tous ces signes qu’on avait pris pour de simples fioritures se révèlent être un riche langage symbolique associé au culte de la déesse.
Evidemment cette entreprise de décryptage comporte bien des risques. Le premier est celui de la « surinterprétation » des signes. Mais comme le note justement Jean Guilaine en préface, « on portera au crédit de Marija Gimbutas d’avoir ouvert la voie à une archéologie symbolique. (…) Mais justement orienter une discipline foncièrement attachée à l’étude de données matérielles vers le champ de l’imaginaire impliquait déjà un certain courage intellectuel et une forme aiguë de non-conformisme ».
Source : http://matricien.org/essais/marija-gimbutas/
Le Serapeum de Saqqarah, vaste nécropole souterraine dédiée au dieu taureau Apis, est un important site de l'ère pharaonique, situé à quelques dizaines de km au sud du Caire.
Le Serapeum, dont les origines remontent à quelque 1.400 ans avant JC, sous la XVIIIème dynastie, fut découvert en 1851 par l'égyptologue français Auguste Mariette, fondateur du premier service des antiquités égyptiennes.
Il se présente sous forme de vastes galeries souterraines dans lesquelles sont disposées les tombes de granit d'une trentaine de taureaux incarnant Apis, accompagnées de stèles dont les inscriptions fournissent d'innombrables renseignements sur les règnes sous lesquels ont vécu ces animaux sacrés.
Le Serapeum de Saqqarah avait été fermé en 2001 en raison de la forte dégradation des lieux provoquée par des infiltrations d'eau et des mouvements de terrain. Il a ré-ouvert en 2012...
Alors ?
La mise à mort du taureau est un thème récurrent dans la culture patriarcale : Depuis le combat de Gilgamesh (ou Héraclès, demi-dieu patriarcal) contre le Taureau Céleste lâché par la déesse-mère Ishtar, jusqu’au meurtre du toro sur le sable de l’arène vibrante de la clameur des aficionados, que signifie cet inlassable affrontement de l’homme contre le taureau ?
Le meurtre du taureau divinisé semble être l’éradication du symbole de fertilité virile, soit la puissance génitrice mâle, mais sans reconnaissance de paternité, propre aux sociétés matriarcales. Gilgamesh et le Taureau d’Ishtar (Sumer), Baal & le veau d’or (Canaan), Ariane et le Minotaure (Crète), Jason & les taureaux d’Héphaïstos (Grèce), l’initiation par le sang du taureau de Mithra (Perse), la fête du bœuf gras (de la Grèce à la Gaule), la tauromachie (du pays de Galles à l’Espagne)…
Si l’homme apparait auprès du taureau, c’est le plus souvent pour le tuer ; la femme l’a précédé depuis la nuit des temps, mais dans une sorte de connivence tranquille, sans rien qui évoque le meurtre ; sur les roches du Mont Bégo, les sceaux de l’ancienne Mésopotamie, les bas-reliefs égyptiens, les coupes helléniques, les fresques de Cnossos, à Catal Huyuk comme à Mohenjo-Daro, les bovidés accompagnent une femme : grande déesse, ancêtre, mère de la tribu. Elle semble entretenir un rapport bien plus ancien, et plus paisible, avec les bêtes. Apis, Hathor et la lune (Egypte), les amours de Pasiphaé avec le Taureau Blanc (Crète), la razzia des bœufs de Cooley (Irlande)…
Le culte le plus répandu dans le monde antique était peut-être celui du taureau, l’animal consacré à la Grande Déesse. Même si l’on remonte aux plus anciens temps et mythes, quand la déesse régnait en maîtresse absolue, on trouve le taureau sacré derrière elle. Les fouilles de Ninive, Babylone et Ur, de même que celles des villes plus petites de la vallée du Tigre et de l’Euphrate, montrent que le taureau accompagnait le culte de la grande déesse-poisson Tiamat, souvent représentée par une sirène, comme sur un sceau découvert à Ninive [André Parrot]. Apis est le nom grec d’un taureau sacré de la mythologie égyptienne vénéré dès l’époque préhistorique. Les premières traces de son culte sont représentées sur des gravures rupestres, il est ensuite mentionné dans les textes des pyramides de l’Ancien Empire et son culte perdura jusqu’à l’époque romaine. Apis est symbole de fertilité, de puissance sexuelle et de force physique.
Épisode de l’Exode (Ex. 32) du peuple hébreu de l’Égypte vers la « terre promise ». Pendant l’ascension du mont Sinaï par Moïse, pour recevoir les tables de la Loi, les Hébreux, nouvellement libérés du joug du Pharaon, pressèrent Aaron de leur construire une idole d’or, en fondant les bracelets et colliers qu’ils avaient réussi à prendre avec eux. Il construisit un veau d’or qu’ils adorèrent à l’imitation du taureau Apis qui était adoré en Égypte. Lorsque Moïse descendit du mont Sinaï, et qu’il vit les Hébreux adorer une idole, ce qui est littéralement interdit par le Troisième Commandement, il fut pris d’une colère si grande qu’il fracassa les Tables de la Loi sur un rocher. Dieu ordonna à Moïse de tuer tous ces hérétiques, et Moïse transmit cet ordre à ceux qui, parmi son peuple, lui étaient restés fidèles :
Les minoens (Crète) vénéraient la déesse-mère de la fécondité, et le dieu-taureau fertile. La religion minoenne était tournée vers la nature et le culte de la végétation. Cela se remarque particulièrement au travers de dieux et de déesses qui meurent et renaissent chaque année, et par l’utilisation de symboles tels que le taureau (ou les cornes de taureau), le serpent, les colombes, le lion, le pavot… Dans les sociétés matriarcales, telle que fut probablement la civilisation crétoise minoenne, le mariage, la paternité, le couple et la fidélité n’existent pas. C’est probablement ce qui a permis aux grecs (patriarcaux) de les caricaturer à travers la légende du minotaure. Puisque les enfants ne connaissent pas leur père, et que celui-ci est symbolisé par un taureau, c’est que les femmes doivent s’accoupler avec des taureaux. Il serait donc logique qu’elles donnent naissance à des monstres mi-homme mi-bête.
Dans la mythologie grecque, Pasiphaé (en grec ancien Πασιφάη / Pasipháê, « celle qui brille pour tous », une épithète classique de la déesse Lune), est différemment présentée comme étant une immortelle ou une magicienne (ce qui la rattache à sa sœur, la magicienne Circé). De plus, un passage de Pausanias (III, 26, 1) montre qu’elle était associée à Séléné (déesse de la pleine lune), et vénérée dans le sanctuaire oraculaire de Thalamée (déesse de la divination) en Lacédémone, en Grèce continentale, près de la cité de Sparte, qui a conservé des usages et cultes matriarcaux pré-olympiens. Pasiphaé est surtout connue pour être la mère du Minotaure. Minos n’ayant pas tenu son engagement de sacrifier à Poséidon un magnifique taureau blanc qu’il lui avait envoyé en Crète, le dieu pour se venger rend Pasiphaé amoureuse de l’animal. Selon le pseudo-Apollodore (III, 1, 2) :
Les Pélasges adoraient la grande déesse ainsi que le dieu taureau. Les Ligures adoraient aussi le dieu-taureau du mont Bego ou le dieu-cerf du val Camonica. On peut signaler qu’à l’époque protohittite il existait dans la civilisation du Hatti un culte du cerf. Il persistera d’ailleurs, en Cappadoce un culte similaire. Les Celtes donneront le nom de "Cernunnos" aux deux formes de ce dieu.
Cernunnos est le dieu de la prospérité. Les bois symbolisent la puissance fécondante et les renouvellements cycliques, ils repoussent pendant la saison claire de l’année celtique. Une sculpture de Cernunnos trouvée à Meaux, montre le sommet de son crâne muni de deux protubérances latérales qui suggèrent la repousse prochaine de la ramure. Certains voient dans l’association deux saints bretons semi-légendaires, saint Edern et saint Théleau, tous deux traditionnellement représentés comme chevauchant un cerf, un héritage de la religion celte qui tenait la bête en grande vénération. Dans la légende galloise, Edern, qui chevauchait aussi un cerf, est le fils du dieu Nuz et l’un des premiers amants de la reine Guenièvre, l’infidèle épouse du roi Arthur.
La chute annuelle des bois suivie de repousse passait aux yeux des anciens pour être symbole de mort et de résurrection. Le cerf, on le sait était associé au culte rendu du dieu Cernunnos. Sa posture « bouddhique » et sa présence sur un sceau de la civilisation de l’Indus (représentation d’un dieu à cornes, assis en tailleur, entouré d’animaux) pourrait faire penser à une origine indo-européenne. Dans la civilisation néolithique de l’Indus (Harappa & Mohenjo Daro, Ve millénaire av. J.-C.), le dieu taureau trône aussi aux côté de la Grande Déesse Universelle.
Dans la tradition shivaïste de l’hindouisme, Shiva est considéré comme le dieu suprême et a cinq grandes fonctions : il est le créateur, le préservateur, le destructeur, le dissimulateur et le révélateur (par la bénédiction). Dans la tradition Smarta, il est considéré comme l’une des cinq formes primordiales du Dieu. Nandi est le vâhana de Shiva, le taureau blanc qui lui sert de monture.
Shiva n’est pas une divinité d’origine aryenne. Il n’est pas dans les Véda, il est une résurgence du dieu phallus des premières civilisations de l’Inde. Dans l’Inde ancienne, le lingam était le symbole du phallus, représentant le principe créateur originel tel que l’incarne Shiva, le dieu du Vivant. Ce symbole phallique constitue un rappel des anciens cultes préhistoriques de la fécondité, et son image sculptée est, dans sa stylisation, très éloignée de la nature : le lingam ressemble en fait à un tronçon de colonne, et rappelle parfois le symbole méditerranéen de l’omphalos.
Les sanctuaires de la déesse récemment mis à jour au Proche Orient révèlent des phallus de toute forme et de toute taille. Le fait que ceux-ci, et des symboles phalliques tels que les cornes de taureaux, soient le seul signe masculin découvert dans les anciens lieux saints, indique que les adorateurs originels du phallus étaient les femmes elles-mêmes.
“Ces symboles masculins étaient en rapport avec la Déesse, et c’était pour lui plaire qu’ils abondaient dans ses sanctuaires” [Jacquetta Hawkes]. Notons que dans la mythologie égyptienne, ce fut Isis elle-même, la divinité première, qui établit le culte du phallus.
Source : http://matricien.org/matriarcat-religion/paganisme/taureau/
L'Aurora consurgens est un traité d'alchimie médiéval autrefois attribué à Thomas d'Aquin, enluminé de 37 miniatures à l'aquarelle. Le plus ancien manuscrit (Zurich Zentralbibliothek MS. Rhenoviensis 172), incomplet, date de ~1420. Une version complète date d'environ 1450 (Prague, Universitni Knihovna, MS. VI. Fd. 26). Le texte est en grande partie un commentaire d'un traité arabe Xe siècle, la Tabula Chemica de Senior Zadith Filius Hamuel (ou Senior Zadith, ou encore simplement Senior), c'est-à-dire l'alchimiste arabe Ibn Umail. Une mauvaise traduction latine en avait été faite dès le XII° ou le XII° siècle. Ce texte est la description (ekphrasis) des fresques de la chambre souterraine d'une pyramide, dans laquelle une table de marbre ou d'émeraude, gravé de symboles supposés hiéroglyphiques, reposant sur les genoux d'Hermès Trismégiste, le fondateur mythique de l'alchimie. Les illustrations ont été ensuite rajoutées pour illustrer le texte dans sa version de l' Aurora consurgens. Selon la Tabula chemica, les pictogrammes furent copiés, ce qui garantit l'intégrité et la véracité de l'enseignement d'Hermès. L'Aurora consurgens est donc l'expression visuelle du mythe, important à la Renaissance, de la redécouverte du savoir antique - la transmission de ce savoir, d'origine divine, sous forme de pictogrammes hiéroglyphiques lui permet d'échapper aux déformations de l'interprétation humaine et verbale. Ce texte a notamment été traduit et commenté, Aurora Consurgens le lever de l'aurore (1966), par la psychologue Marie-Louise von Franz, collaboratrice du psychanalyste Carl Gustav Jung.