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MES LECTURES

  • Les vertiges de la forêt de Rémi Caritey


    Les-vertiges-de-la-foret_Transboreal_Remi_Caritey.jpg(...) Je me grise de l’ondulation puissante, de la souplesse organique du tronc, comme agrippé au col d’un troll endormi, dodelinant d’un sommeil antique. Je fais corps avec cette pulsion de rêves archaïques ; ce faisant, je reviens peut-être à quelque chose du début de la vie, quelque chose d’avant la naissance, un balancement calme, irrépressible, continu et consolateur.

    (…) Un manteau d’humanité, qui réchauffe les solitaires bercés par les voix de la Création, relie ceux qui se mettent à l’écoute des rêves de la Terre, nous renvoie à un sanctuaire intérieur, un lieu de ravissement, où les désirs sont sans objet parce que c’est la Terre qui nous possède, et de notre abandon à cette possession jaillit une paix totale.

    (…) Tout faisait appel à la capacité non pas de saisir, mais d'honorer et de rejoindre.

    (…) Ce creuset de l’animisme et du sacré, je rêve d’une écologie politique qui oserait s’y refonder.


    (…) Marcher dans la nuit sous la lune, s’approcher d’une clairière en croyant voir les reflets d’un étang et découvrir un cercle de graminées reliées au firmament : voilà qui renvoie à la pulsation profonde du monde et qui réveille le sauvage en nous. Et que veut-il ce sauvage ? Le privilège de la lenteur. Vivre au rythme de ses rêves. Célébrer la beauté de toute chose. Mesurer son action à l’aune de son corps, de son âge, de la simplicité de ses besoins. Laisser ses pensées suivre leur cours, grandir, s’épurer, avec pour seul stimuli les voix de la nature. La forêt nous immerge dans un milieu vivant, totalement animé. Anima, l’âme des choses. Un milieu qui nous éloigne de la pulsion de conquête et nous rapproche d’une pulsation vitale, universelle.

    (…) Et comme ces hommes élevés par les forêts ancestrales il nous faudra, au sortir de notre traversée des pins, un temps infini pour retrouver un rythme intérieur à peu près compatible avec la marche du monde, et un semblant d’intérêt pour le tumulte.

     

    Transboréal éd. 2018

     

     

     

    Né à Remiremont en 1957, Rémi Caritey conserve l’empreinte de la forêt vosgienne, dont il avait ressenti enfant toute la magie. Lycéen, il pratique la photographie et le tirage en noir et blanc. Il acquiert une caméra 8 mm et met en scène jardins, montagnes et amis. Pour ne pas porter d’uniforme en forêt, il écarte le métier de garde forestier et, afin de ne pas entrer en photographie dans un cadre scolaire, il opte pour des études d’architecture intérieure aux Beaux-Arts de Nancy. En 1977, diplôme en poche, il reprend son cheminement photographique en toute liberté, y compris celle d’une année sans déclenchement afin de tester le renoncement à sa passion.

    Ces années de formation autodidacte à la photographie et au cinéma sont aussi celles des premières saisons de récolte de graines d’arbres, pour lesquelles Rémi Caritey fréquente les plus beaux massifs répertoriés en tant que peuplements semenciers par l’Office national des forêts. Ces récoltes s’effectuent à la cime des arbres et, outre le plaisir – et le danger – d’escalader des géants, sont prétexte à des bivouacs prolongés, que ce soit dans les Landes, les Pyrénées, le Massif central, le Luberon, le Bassin parisien, le Jura ou les Vosges, ou bien en Alsace et en Normandie? Des journées entières dans les arbres !

    Rémi Caritey découvre l’Afrique en 1981, par le biais d’une amie sociologue au Sénégal. En 1985, il applique un regard ethnographique sur son village natal et réalise une série de portraits d’automobilistes lors du passage à la station-service – vue comme l’oasis des pays développés. Cette série d’images, « Station en service », donnera lieu à plusieurs publications et expositions. Photographe pour Libération à cette date, il prend les portraits du jour et couvre l’actualité socioculturelle. Il réalise par ailleurs L’Autocar qui, s’attachant aux pas de ses protagonistes, révèle le miroir aux alouettes d’un voyage organisé en Thaïlande. En 1989, il s’éloigne du journalisme pour renouer avec la lenteur en voyage, et s’établit pour un an dans un village de Casamance, à Diakène-Diola, où il installe son laboratoire. Dans un studio de toile, en lumière du jour, il photographie ses voisins et les objets de leur vie quotidienne. Ce travail, « Eebiteye », sera exposé en 1990 et publié dans L’Autre Journal ainsi que dans Le Monde diplomatique.

    De retour dans les Vosges, Rémi Caritey renoue avec le rythme des bivouacs saisonniers en forêt en vue de récolter les graines des arbres, alternant avec des séjours au Sénégal où il retrouve les habitants de Diakène-Diola, dorénavant réfugiés à Dakar. Entre 1990 et 1994, il produit en 16 mm ?il-Village, un journal d’exil qui relie l’Afrique et les Vosges. En 1996, il s’installe en Côte d’Ivoire, où il photographie les chantiers de la Société de développement des forêts. Il réalise aussi Gardiens de la terre pour lequel il fréquente la confrérie des chasseurs dozos afin de présenter comment les communautés s’insèrent avec sagesse et respect dans leur environnement naturel : une insertion contrariée par l’administration qui se sent menacée par cette autorité traditionnelle à laquelle elle prétend se substituer. Dans Hippotrague, il filme en outre la création du parc national du mont Sangbé, pour laquelle se pose la question de délocaliser cinq villages, un parc national se devant d’être inhabité. C’est un troublant dossier que celui de l’application d’une stricte réglementation à un territoire de vie : exclure l’humain de la nature pour mieux la préserver !

    Les troubles politiques qui secouent la Côte d’Ivoire à partir de 2000 mettent un terme à tous les projets de Rémi Caritey. Son rapatriement en France signifie un retour aux forêts et aux récoltes saisonnières, quoique sa figure de l’arbre se soit enrichie des visions africaines. Son activité professionnelle multimédia s’articule désormais autour de l’écosystème forestier. En 2005, il rencontre José Le Piez, le créateur des Arbrassons, et esquisse le film L’Arbre en nous sur ces pièces d’arbre sculptées qui, caressées, résonnent d’harmoniques et évoquent l’instrument sacré qui apaise les génies de la forêt en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les Vertiges de la forêt, paru en 2011, est né de cette longue fréquentation des forêts en vue de la récolte de graines. De ces récoltes de graines de chêne, douglas, épicéa, érable, mélèze, pin maritime principalement, sont issus des milliers d’hectares de feuillus et de résineux qui nous rejoindront par le biais de l’architecture, de la menuiserie, de la lutherie et, peut-être même, sous la forme du papier de ses prochains livres.

    En 2012, Rémi Caritey expose à Andrésy, sur l’île Nancy située à la confluence de l’Oise et de la Seine, dans le cadre de « Sculpture en l’île ». Il y présente « Filigrane », une série de photographies qui relient la forêt fluviale aux sylves tropicales. Il publie également dans le catalogue de cette exposition plusieurs portraits d’arbres insulaires, choisis pour leur singularité. Ce travail d’écriture se poursuit les années suivantes et aboutit, en 2017, à l’édition par la ville d’Andrésy d’un recueil de textes, Le Sentiment de l’arbre, offert aux visiteurs. Ce recueil est au format d’une carte géographique, sur laquelle on retrouve l’emplacement des « arbres singuliers » du site. On découvre également, dans les plis de cette carte, des graines récoltées par l’auteur à l’automne 2016, qui font des visiteurs de l’île des agents de dissémination de cette forêt insulaire.

    En 2017, Rémi Caritey publie également, chez Gérard Louis, Un arbre couleur pourpre, Quatre saisons à la Pépinière. Né d’une rencontre avec les jardiniers de la ville de Nancy, ce journal d’un arbre est une invitation à cheminer dans l’arborescence d’un hêtre pourpre historique, au cœur du parc nancéen de la Pépinière. En 2020, à la suite d’une résidence de territoire à la maison Laurentine, à Châteauvillain, en Haute-Marne, il publie La Forêt heureuse aux éditions Liralest/Le Pythagore. Il préside depuis 2023 l’association Préservons l’environnement du col des Hayes, qui vise à faire en sorte que soit prise en compte la réalité des bouleversements climatiques dans les projets d’aménagement du massif vosgien, en particulier en ce qui concerne la réouverture d’une carrière de granit dans le périmètre d’un espace naturel sensible.



  • On n'en taire pas les fantômes de Marine Leconte

    marine-leconte-on-nen-taire-pas-les-fantomes.jpegJ'ai lu On n'en taire pas les fantômes de Marine Leconte, pas facile d'accès, j'en ai aimé justement ce cheminement qui dit, ne dit pas, comme quelque chose qui tente de s'échapper encore et encore, j'ai aimé les illustrations aussi parfaitement en osmose, j'y ai ressenti de l'enfermement, de la douleur, de la rage, mais aussi la force et la capacité d'échapper à chaque nasse que les mots pourraient refermer, c'est très personnel, on reste sur le bord mais on ressent fortement.

    "Les mots sortent gluants de sa bouche
    on dirait de la purée de presque taire"

    Des mots valises, des mots qui se retournent, font voir l'endroit sur leurs envers, ce qui bascule, des mots qui disent autre chose à l'intérieur, déminés "des flagrances

    qui de loin lui arrivent"

     

    Il y a des fleurs paraffinées qui s'égouttent, des corbeaux, l'homme géométrique et la petite, puis l'issue peut-être en des répétitions, comme formules de conjuration :

    "Répète
    Tu es l'antédiluvienne
    Répètes comment tu t'épelles
    Reprend
    Articule
    Moins 
    Marge 
    Mâche"

     

    Paru chez L'Ire de l'Ours, 2024.

     

     

  • Faire jardin de Pierre Gondran dit Remoux

    Faire-jardin.jpgFaire jardin

    comme d'autres font leur vie

     

    J'ai pleuré en refermant ce livre, il m'a touchée, vraiment beaucoup, il est magnifique, délicat, juste, déchirant, planté comme une belle stèle de schiste... pour que le vent qui sent la mer n'éparpille pas tout. Faire jardin, c'est à la fois une histoire de mémoire et de perte, de vie et de mort.

     

    grand jardin à guêpe dans la peau du lait

    en parfum de cheval épandu

    parsemé d'huîtres à nacre piquetée de coups de bec

     

    Terre qui donne naissance et terre qui enfouit, jardin des gestes perpétués et des douleurs muettes, jardin où le rouge-gorge a un œil crevé, où les doryphores poissent, écrasés, entre de petits doigts, où l'or des feuilles de bouleau peut guérir la griffure des roses. Jardin où fleurs, outils, souvenirs sont vieux.

     

    à mains jamais gantées aux ouïes noires de terreau

    retendre les fils de fer des contre-espaliers

    chauler les poiriers de blanc

    aiguiser

    aiguiser encore et encore

     

    réparer

     

    (...)

     

    faire jardin

    — de ses ongles noirs

     

    sous les ombelles vibrant miel de la haie de sureau

    à l'ombre acide du pin (qui empoisonne même ses enfants)

     

    Jardin où erre le père silence, puis juste le silence, jardin où doivent brûler la ronce et le matelas taché brun de mort. Jardin (cet enfant exigeant que tu jalousais) auprès duquel (se) construire n'a pas été possible.

     

    une charpente sans ses tuiles
    une charpente morte qui vogue dans les limbes
    des bois coupés

     

    L'écriture de Pierre Gondran dit Remoux, en petites touches, délicates, respectueuses, juste ce qu'il faut de douceur, ce qu'il faut de cru, pour dire le vrai et même la mise en page est au service de ce qui est dit et n'a pu être dit. Faire jardin s'adresse à la fille, à la fille du jardinier.

     

    entre ses mains-outils si peu de caresses

     

    (...)

     

    tu te dis

    "peut-être le jardin était-il le langage de mon père"

     

    La petite fille et puis l'adulte, il y a des plaies à refermer, l'or du bouleau sera t-il suffisant ?

    ton père ce printemps-là comme tu es née

    est-il venu à la maternité couteau à greffer en poche ?

    (...)

    Comment faire jardin à l'ombre acide du pin ?.

     

    CGC

     

     

    gondran-pierre.jpgPierre Gondran dit Remoux est né en 1970 à Limoges. Ingénieur agronome de formation, ce Parisien d'adoption n'a pas oublié l'étang limousin de l'enfance et vit entouré d'animaux, d'aquariums et de plantes, comme autant de compagnons nécessaires pour traverser la ville.

     

     

    Paru aux éd. Unicité en novembre 2024.

     

     

     

     

     

     

  • Vassili Peskov -  Des nouvelles d'Agafia, ermite dans la Taïga

     

    Des-nouvelles-d-Agafia-ermite-dans-la-taiga-3711986905.jpg

    Née en 1945 dans la forêt sibérienne, Agafia est la dernière survivante de la famille Lykov, famille de vieux-croyants (issus d'un schisme du XVIIe siècle) retirée dans la taïga depuis 1928 pour une incroyable robinsonnade d'un demi-siècle, puis « découverte » en 1978 par un groupe de géologues. Vassili Peskov révéla cette aventure dans le livre Ermites dans la taïga, qui s'achevait sur le désir d'Agafia de continuer à vivre solitaire et en autarcie. Par la suite, de nombreux lecteurs se sont interrogés sur le destin de cette femme courageuse qui avait choisi de ne pas revenir à la civilisation.

    Dans ce récit, basé sur des voyages effectués de 1992 à 2008, on voit l'héroïne évoluer au fil des ans malgré elle, en raison notamment de l'involontaire notoriété que lui a apportée le livre de Peskov. Tandis que son amitié perdure avec Erofeï, de nouveaux candidats à la vie érémitique dans des conditions primitives et difficiles rejoignent Agafia, dont Sergeï, artiste peintre, et l'étonnante Nadia, venue elle aussi se perdre au fin fond de la Sibérie.

    A la fois récit de vie d'une femme hors du commun et documentaire, cet ouvrage évoque dans leur absolue nécessité des notions comme la puissance de la foi et la relativité de la civilisation.

     

    Vassili Mikhaïlovitch Peskov, né le 14 mars 1930 à Orlov, dans l'oblast de Voronej, et mort le 12 août 2013 à Moscou, est un écrivain, journaliste, photographe, voyageur et écologiste russe.

     

    Paru chez Actes Sud - Babel Aventure, 2013


    Et je les ai lus dans l'ordre inverse du temps, ce qui était très intéressant finalement, donc je viens de finir celui-ci qui précède celui au-dessus, paru chez Actes Sud, même collection, en 1992 :

     

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    "Une famille de vieux-croyants démunis à l'extrême, subsistant dans une cabane misérable, en pleine taïga, coupés de la civilisation depuis... 1938 : telle est l'incroyable réalité décrite par Vassili Peskov, qui raconte ici avec passion et minutie l'aventure des ermites de notre temps, puis les vains efforts de la plus jeune d'entre eux, Agafia, pour se réadapter au monde. Nouvelle version du mythe de Robinson, manuel de survie dans la taïga, histoire de femme aussi, ce livre riche et multiple a rencontré lors de sa parution chez Actes Sud en 1992 un succès qui ne s'est jamais démenti. Et Agafia, sa magnifique héroïne, vit toujours, loin du " siècle ", dans la sauvage solitude de la taïga."

     

    Je me demande ce qu'est devenue Agafia, elle a eu 80 ans l'an dernier, alors j'ai cherché et je suis tombée sur des vidéos, elle qui ne voulait même pas être photographiée au début, "péché"  chez les Lykov. Une des plus récentes doit être celle-ci :

     

     

     

     

     

  • Mathilde Hinault - Pas une vie en l'air

    Un livre fort, qui m'a fortement touchée, écho.

     

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    "Pour la première fois une mère raconte la tentative de suicide de l’enfant. Comme Virginie Despentes n’avait rien trouvé du viol dans la littérature, Mathilde Hinault n’a rien lu à propos de la tentative de suicide de l’enfant. Alors elle a écrit… Des mots qui interpellent, bouleversent et nous amènent à réfléchir, à tenter de comprendre l’insaisissable et ce qui se joue tout autour : le silence, la psychiatrie, la violence, le tabou, l’humain, si profondément humain. Comme écrit à l’arme automatique, Pas une vie en l’air est structuré en fragments courts qui partagent en direct, en temps réel pourrait-on dire, les ressorts d’une expérience fondatrice pour tous ses protagonistes."

     

    Quelques extraits que j'ai récoltés :

     

    Bonne nouvelle
    dit la police
    le téléphone a borné
    le fils est vivant

     

    Maman, je voulais mourir
    cela a eu lieu
    il faut vivre avec
    est-ce qu’on a assez de souffle
    pour remonter à la surface après ?

     

    (...)

     

    Pas de chance

    dit l'infirmier

    les mineurs sont accueillis dans une unité spécialisée,

    groupes de paroles, ateliers, travail sur la confiance,

    l'estime de soi

    pour les adultes, l'affectation dans un service dépend du

    lieu de résidence, ouest, est, nord, sud de la ville

    toutes pathologies confondues

    il a dix-huit ans et deux mois

    l'âge, c'est l'âge

    il a dix-huit ans et deux mois, il a voulu mourir

    et dans la salle commune

    on regarde Peppa Pig

     

    (...)

     

    Je voulais t'appeler

    on lui parle en métaphore, la cire dans les oreilles, on ne

    veut pas savoir

    amitié amnésique

    on a peur de cette mort

    tabou

    et suspicion, et si ça tournait pas rond chez elle ?

     

    (...)

     

    Je ne prends plus de patient ; première disponibilité dans

    neuf mois ; à la retraite à la fin de l'année ; en

    consultation ; laissez un message sans retour de ma part...

    et puis il y a les réponses glaçons

    une ordonnance de l'hôpital pour un mois

     

    (...)

     

    Le milieu de la psychiatrie est en crise

    septembre les assises de la santé mentale elle entend

    faire de la quantité, contention et chambre d'isolement,

    désertions de la psychiatrie publique, non-attractivité,

    psychiatrie de triage

    et pourtant elle y croit

     

    (...)

     

    ici, la maison est vide

    désertée

    on craint la contagion

    de celui dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom

     

    (...)

     

    il faudra voir avec votre mutuelle pour la prise en charge,

    cent-cinq euros

    le psychiatre parle dépassement d'honoraires

    elle veut juste une date

    le soir dans le lit elle pense

    un jeune pas de famille pas d'argent

    il meurt

     

    (...)

     

    le fils passe ses journées en pyjama

    gestes lents et pas glissant

    traversée d'une nuit infinie

    elle le pyjama, ça l'angoisse

    pas contrariant le fils

    enfile un jogging

     

    (...)

     

    Tu as bonne mine

    elle mange bien, elle dort bien, elle travaille bien,

    elle sourit quand il le faut, elle se tait aussi

    c'est bien, c'est pratique, automatique

     

    (...)

     

    ça tourne en rond

    son cerveau a imprimé la mort

    même si elle n'a duré qu'une nuit

     

     

    Mathilde Hinault écrit pour comprendre et apprendre. Enseignante dans l’Isère elle prépare un Doctorat en Littérature française. Finaliste du Grand Prix Poésie RATP, son poème est publié dans l’anthologie Cent Poèmes pour voyager chez Gallimard (2022). Pas une vie en l’air est son premier recueil.

     

     Parution 14 novembre 2024, Les Carnets du Dessert de Lune, Collection Lune de Poche 

    https://dessertdelune.com/catalogue/pas-une-vie-en-lair/

     

     

     

     

  • Amandine Cau - Danser avec le vent - marins, bergers, solitudes

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    Le berger n’est pas riche. Il est certes sur SA montagne. Et ce sont SES brebis. Mais pas dans le sens de posséder. Dans le sens de connaître.
    Connaître. Il n’y a pas de sentier convenu.

     

    (…) Suivre ce flot, se laisser emporter par lui, creuser la draille où il s’engouffre, déborde, change le cours ou quitte le lit de la rivière. Le troupeau est mouvement.

     

    (…) Le berger regarde. Il ne garde pas, ce sont elles qui le gardent. Qui gardent son âme.

     

    (…) Je sens le vent, le froid, l’humidité, le baiser du soleil, mon corps nu dans l’océan et la rivière sur mes doigts. Cela me réveille, me dégourdit l’esprit, me fait oublier aussi bien mes certitudes que mes incertitudes. Je suis vivante.

     

    (…) Je ne sais pas ce qui manifeste chez ces êtres là ce besoin si pressent d’honnêteté, ce rejet si convulsif de tout ce qui éloigne l’homme de sa vérité, mais il y a probablement quelque chose de l’ordre d’une blessure au cœur et d’un élan, aussi. Ce mélange de larmes et de rire, d’accident tragique et d’amour inouï.

     

    (…) cette vie de fou où l’on nous prie d’avancer tout en restant assis, où le temps nous presse, où l’on nous presse, de quoi ?

     

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    « J’ai passé dix ans à côtoyer la mer. Elle m’a rendue heureuse. Et puis, un jour, je suis partie. J’en avais assez qu’elle me porte. J’avais envie de vivre sans elle. J’avais envie de me prouver que mes deux jambes pouvaient me pousser toutes seules. Je me suis tournée vers la montagne, par esprit de rupture et par conviction. L’horizon ne pourrait plus m’appeler. Il serait cerné par une silhouette chargée de me retenir. Lorsque la chaîne de montagne me fit face, avec un troupeau de 1600 brebis à surveiller, quelle n’a pas été ma surprise de constater à quel point je ressentais exactement les mêmes sensations qu’en mer. »

    Publié chez Gros Textes en 2021 dans un contexte purement poétique, Marins, bergers, solitudes véhicule par ses photographies et surtout par son texte un propos absolument hors les drailles. Le métier de berger – de bergère en l’occurrence –, y est décrit en termes extrêmement sensitifs, dans les différentes facettes d’une relation brute avec l’environnement, la nature, les animaux domestiques et sauvages, le temps et l’espace, l’existence, le face-à-soi (les solitudes)…L’originalité du livre tient à l'évidente proximité des sensations entre marins et bergers, entre navigatrice et bergère.

     


    Collection HORS LES DRAILLES
    Préface Michel Zalio, postface Guillaume Lebaudy
    88 p., illustré couleur, 24x16,5,

    Cardère éd., octobre 2022

    https://cardere.fr/pastoralisme/183-danser-avec-le-vent-9782376490302.html

     

     

  • Sœur Catherine - Récits d’une ermite de montagne

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    éd. du Relié, 2019

     

    Viens de terminer ce livre, que j'ai trouvé très intéressant même si certaines parties plus axées sur le religieux me demandent un effort car je me sens toujours à l'étroit dans une religion bien définie, par contre l'expérience de l'érémitisme me parle beaucoup et m'est d'une certaine façon très familière.

     

    « … Et c’est ainsi qu’on se retrouve presque vingt-cinq ans sur une crête de montagne battue par les vents, dans un ermitage accessible seulement à pied, après une heure trente de portage avec tout le nécessaire sur le dos.

    Heureusement, dans un paysage d’une beauté rare… Un ermitage sans confort : pas d’eau, pas d’électricité, pas de téléphone bien sûr. L’habitation consistait en une toute petite cabane précaire en planches, mais il y avait une chapelle rustique et aussi cette petite grotte difficile d’accès où l’on accédait par une étroite corniche.

    Est-on plus ermite en vivant dans une grotte qu’en vivant tout simplement dans une maison à l’écart d’un village ? J’avoue que la grotte est entrée dans ma vie de solitaire sans que je sois allée la chercher : il y avait une invitation. La grotte, ce n’était pas une option personnelle, mais un appel de Dieu...

     

    (...)  Comme on le voit, le temps passé aux tâches domestiques et au bricolage est vraiment important : c’est la rançon d’une vraie pauvreté acceptée pour Dieu, de la précarité des installations. Il y a toujours une planche qui se décloue, un bout de toit qui s’arrache, un objet tombé au pied de la falaise et qu’il faut aller récupérer. Des journées emplies de rien, mais des riens indispensables. Ces combats dérisoires rabotent le sentiment d’être quelqu’un, d’avoir une importance. C’est tout d’abord angoissant, déstabilisant, avant de devenir un soulagement, une libération : j’ai très peu d’importance. Ma vie est une petite vie cachée, sans ambition, dégagée de tous les paraître, de tous les rôles, postures et autres masques. Enfin libérée de l’obligation d’efficacité, de productivité, de compétence, de justifier mon existence. La pure gratuité, être simplement parce que Dieu m’a donné d’être. Pas d’enjeu, uniquement la quête de Dieu en toutes choses, dans la paix.

     

    (…) une façon de vivre différente fait se craqueler le vernis d’où surgit l’esprit de clan, la solidarité dans le conventionnel pouvant aller, hélas, jusqu’à l’ostracisme.

     

    (…) En gérant ainsi son quotidien, puis sa semaine, ses mois et ses années, on comprend l’équilibre humain et le sien propre. On comprend en profondeur ce qui est humain et ce qui ne l’est pas, ce qui déshumanise et au contraire ce qui construit, fortifie chaque jour davantage. J’ai découvert même un art de vivre qui a renouvelé mon amour de la vie.

     

    (…) Car dans le secret et le retrait, l’ermite descend dans les profondeurs de la réalité, au-delà des apparences et des faux-semblants. À notre époque, on le sait, se dévoilent de plus en plus les manipulations individuelles, mais aussi de groupes, de masse, qui peuvent conduire le monde, les société, les personnes au chaos et à la déshumanisation. La mission des contemplatifs n’est pas de s’isoler d’un tel monde devenu incompréhensible et infréquentable. Mais de proposer une vision du monde issue de leur contemplation en phase avec le réel le plus profond, le plus durable et d’aider, si nécessaire, les personnes au cœur du monde à assumer leur action, par un échange bienveillant et respectueux.

     

    *

     

    De 1995 à 2017 : vie de solitude dans un ermitage de montagne très rude et très retiré (le but étant de suivre tout l'itinéraire spirituel décrit par sainte Thérèse d'Avila et saint Jean de la Croix. Depuis 2017, Sœur Catherine est toujours ermite. Elle s’assume matériellement pour vivre. Elle donne occasionnellement des séminaires sur l’oraison et la vie spirituelle en milieu interreligieux.

     

     

     

  • Kent Nerburn - Ni loup ni chien

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    Traduction de Charles Pommel • Préfaces de Robert Plant et Kim Pasche • Dessins de Baudoin

     

    "Je décrochai le téléphone à la seconde sonnerie. J’entendis de la friture sur la ligne avant que la voix ne lance :
    – Vous êtes Nerburn ?
    C’était une femme. Je reconnus le ton saccadé d’un accent indien.
    – Oui, répondis-je.
    – Vous ne me connaissez pas, continua-t-elle, sans même donner son nom. Mon grand-père veut vous parler.

    Dan, vieil Indien de la tribu des Lakotas, contacte l’écrivain Kent Nerburn pour l’entraîner dans un road trip au cœur de l’Ouest américain. Au gré des kilomètres et des rencontres, Dan livre son histoire et celle de son peuple, au-delà des mythes et des stéréotypes.
    Empreint de douleur, teinté d’humour, Ni loup ni chien est le dialogue entre ces deux hommes, qui luttent pour trouver une voix commune. Un document sans concession sur la culture amérindienne et sur la façon – vio­lente et vorace – dont les États-Unis se sont construits."

     

    Kent Michael Nerburn est né en 1946 à Minneapolis, dans le Minnesota. Il a fait des études d’histoire américaine à l’université de Stanford, puis à celle de Berkeley. Il a publié plus d’une quinzaine de livres – des essais ainsi que des ouvrages de creative non fiction – sur la culture amérindienne et américaine. Il a remporté le Minnesota Book Award en 1995 pour Ni loup ni chien, qui est aujourd’hui au programme de nombreux cursus universitaires d’histoire aux États-Unis. Nerburn a fondé et dirigé le Project Preserve, un projet d’histoire orale dans la réserve ojibwée de Red Lake, dans le nord du Minnesota.

     

    ISBN : 9782373852776
    Collection : La Grande Collection
    Domaine : États-unis
    Période : XXIe siècle
    Pages : 448
    Parution : 17 mai 2023

     

    *

     

    En ce qui me concerne, c'est un livre d'une absolue nécessité, en voici quelques extraits :

     

    « - Tu sais ce que ça veut dire, l’heure indienne ? avait-il répondu pendant un cours avec des étudiants de l’université du coin. Ça veut dire : « Quand je serai d’humeur et prêt ».

     

    « - T’inquiètes pas. C’est comme ça à l’indienne. Quand t’es là, t’es là. Quand t’es parti, t’es parti. C’est pas un problème d’être parti, tant que t’es vraiment là quand t’es là. »

     

     

    « La première, c’est les batailles. À chaque fois que le peuple blanc gagnait, c’était une victoire. À chaque fois que nous gagnions, c’était un massacre. Quelle était la différence ? Il y avait des corps par terre et les enfants perdaient leurs parents, que les corps soient indiens ou blancs. Mais les blancs utilisaient leur langue pour rendre leurs tueries bonnes et nos tueries mauvaises. Eux « gagnaient », nous « massacrions ». Je ne sais même pas ce qu’est un massacre,  mais ça évoque des femmes mortes et des petits bébés aux gorges tranchées. Si c’est ça, c’était le peuple blanc qui massacrait plus que nous. Pourtant, j’ai rarement entendu quelqu’un parler des massacres commis par les Blancs. »

     

    « Je pense que vous devriez être prudents. Les mots sont comme des pierres. Même s’ils sont très beaux, si vous les jetez sans réfléchir, ils peuvent blesser quelqu’un. »

     

     


    « - Il y a les meneurs et les maîtres. Nous les Indiens, sommes habitués aux meneurs. Quand nos meneurs ne mènent pas, nous nous éloignons d’eux. Quand ils mènent bien, nous restons avec eux. Les Blancs n’ont jamais compris cela. Votre système créé des maîtres par la loi, même s’ils ne sont pas des meneurs.
    (…)
    « Comment un calendrier peut nous dire combien de temps untel sera un meneur ? C’est insensé. Un meneur est un meneur aussi longtemps que le peuple croit en lui et aussi longtemps qu’il est la meilleure personne pour le diriger. Tu ne peux mener que tant que le peuple te suit. »

     

     


    « - Aucun Indien vivant n’ose penser trop souvent au passé. Si nous regardions trop longtemps dans le passé, nous serions trop en colère pour vivre. Vous essayez de vous rattraper en nous présentant comme des héros et des sages dans tous vos films et vos livres. C’est bien pour vous. Mais aujourd’hui encore, je peux aller au musée, y trouver le crâne de ma grand-mère dans une boite et entendre quelqu’un en parler comme d’un vieil objet. T’aurais envie que le crâne de ta grand-mère soit chez moi dans une boîte ? Tu ne serais pas en colère ? 
    (…)
    Aujourd’hui, dans les musées, il y a les crânes de mes grands-parents, des couvertures et des tambours sacrés sur les murs pour que les gens riches les regardent. Vous les visitez et vous racontez combien tout ça est sacré. Vous dites que c’est sacré parce que rien de ce que vous possédez n’est sacré. Mais ce n’est plus sacré parce que vous en avez extrait le sacré, comme vous le faites pour tout, si bien que désormais, nous avons peine à le sentir nous-mêmes. Vous avez tué notre peuple, vous nous avez pris ce qui était sacré et avait déclaré que cela prouvait que vous étiez meilleurs que nous. »

     

     

    « C’est un bel endroit », Dan rétorque : « C’est pas juste un endroit, ça, c’est de la parlotte de blanc. La terre est vivante. On se tient sur elle, on fait partie d’elle. »

     

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  • Robin Wall Kimmerer - Tresser les herbes sacrées - Sagesse ancestrale, science et enseignements des plantes

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    Totale résonance.

     

    "En dépit d'innombrable différences culturelles, de nombreux peuples autochtones dans le monde ont un point commun : nous sommes enracinés dans des cultures de gratitude."

     

    " (...) le leadership est enraciné dans le service à autrui et dans la sagesse, et non dans le pouvoir et l'autorité"

     

    "Il a découvert que l'arrogance du pouvoir pouvait déclencher une croissance illimitée une sorte de création cancéreuse effrénée conduisant à la destruction."

     

    "Générosité, entraide, gratitude…Une magistrale leçon de vie du monde végétal.

    Botaniste, chercheuse de pointe en biologie et amérindienne issue de la nation Potawatomi aux États-Unis, Robin Wall Kimmerer est une conteuse extraordinaire. Elle partage ici ses connaissances scientifiques des plantes et les légendes de ses ancêtres pour illustrer la culture de la gratitude dans laquelle nous devrions vivre. S’appuyant sur sa triple dimension de scientifique, femme et indigène, elle nous révèle comment d’autres êtres vivants – verge d’or, fraises, courges, algues, avoine odorante… – nous offrent des cadeaux et des leçons, même si nous avons oublié comment les écouter. Ses réflexions nous montrent comment nous sommes appelés à une relation réciproque avec le reste du monde vivant. Car ce n’est que lorsque nous entendrons les langues des autres êtres que nous serons capables de comprendre la générosité de la terre et d’apprendre à donner en retour."

     

    Robin Wall Kimmerer est mère, scientifique, professeure émérite et membre inscrite de la nation Potowatomi. Son premier livre, Gathering Moss, a été récompensé par la John Burroughs Medail pour ses écrits exceptionnels sur la nature. Ses textes ont été publiés dans de nombreuses revues scientifiques. Elle vit dans l’État de New York, où elle est professeure distinguée de biologie environnementale à SUNY (The State University of New York), fondatrice et directrice du Center for Native Peoples and the Environment (Centre pour les peuples autochtones et l’environnement).  

    https://www.lelotusetlelephant.com/produit/58/9782017140641/tresser-les-herbes-sacrees

     

     

     

  • Marc-André Selosse - Jamais seul

    9782330077495.jpgEnfin retrouvé suffisamment de concentration pour terminer ce livre méga intéressant de Marc-André Selosse, vraiment j'ai énormément appris et même si c'est un peu ardu par moment, c'est un livre incontournable pour appréhender le vivant, en réformer nos visions hygiénistes et nos manies du contrôle totalement obsolètes et même ridicules, bref à lire vraiment !!

    https://www.actes-sud.fr/jamais-seul

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Dresser des pierres Planter des bambous - Nan Shan

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    Le moment de relire ce livre paru en 2002

     

    "À ne pas comprendre l’unité de la Voie,
    le mouvement et la quiétude conduisent à l’échec.
    Si vous vous arrachez au phénomène, celui-ci vous engloutit ;
    si vous poursuivez le vide, vous lui tournez le dos."
     
    Tiré du Xinxin Ming, un court poème du bouddhisme zen attribué au patriarche chinois Sengcan au VIe siècle. C'est le plus ancien texte sacré du zen.
     
     

     

     

  • Alain Gaudé - De sang et de lumière

    "Ci-gît un peu de l'homme d'où qu'il soit,
    Car en ces terres le mot "frère" a été oublié.
    Et lorsque les pelleteuses auront fait place nette,
    Lorsqu'elles auront piétiné ce que vous avez patiemment construit
    Elles s'apercevront peut-être,
    Mais trop tard,
    Que ce sur quoi elles roulent,
    Ce qu'elles tassent,
    Et font disparaître,
    C'est notre dignité."

     

     

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  • Marius Chivu - La ventolière en plastique (Vîntureasa de plasti)

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    Je lis encore des livres qu'on m'a envoyé il y a 10 ans ou plus, les SP (service de presse sauvages comme on dit et ça continue parfois), d'éditeurs ou auteurs qui me sont inconnus (ou pourquoi j'ai arrêté les notes de lecture....), celui-ci lu récemment m'a particulièrement touchée dans le flot des publications que m'envoyait cette édition luxembourgeoise de qualité extrêmement inégale.

    "Publiée en 2012, la Ventolière en plastique (Vîntureasa de plastic), immédiatement remarquée par la critique roumaine, a obtenu le prix de la Meilleure Première Œuvre poétique décerné par l’Association des écrivains de Roumanie, ainsi que le prix de la revue Observator cultural. Ces poèmes d’une grande sensibilité sont dédiés à la relation entre un fils et sa mère, paralysée et amnésique après un accident vasculaire cérébral. C’est un merveilleux chant d’amour filial, avec des associations de mots et d’images d’une grande intensité émotionnelle."

     

    Né en 1978 à Horezu (Roumanie), Marius Chivu est écrivain, traducteur, journaliste, critique littéraire, et rédacteur en chef des revues Dilemateca et Dilema Veche. Il a traduit les œuvres d’Oscar Wilde, Lewis Carroll et Tim Burton.

     

     

  • Les sirènes de Bagdad de Yasmina Khadra - Julliard 2006

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    Une découverte pour moi, troisième tome d'une trilogie trouvé dans une boîte à livres, un livre qui prend une dimension peut-être plus forte presque 20 ans après, sa principale qualité étant de nourrir une réflexion sur l'être humain et toutes les pulsions va t-en guerre des uns et des autres aggravées par les différences culturelles, le poids de trop de traditions ou au contraire du manque de repères, le danger du mépris de l'autre, le mal que ça fait et continue de faire, la violence engendrant toujours plus de violence, de douleur, de misère matérielle et morale, de dépressions sans fin où l'humain vidé de toute substance est prêt à commettre tout et surtout n'importe quoi sans même avoir la possibilité de connaitre l'amour, c'est ce manque d'amour qui nous tue toutes et tous et partout dans le monde, c'est notre point commun, notre lien. N'ayant pas lu d'autres livres de l'auteur, je ne saurais dire si celui-ci est meilleur ou moins bon mais j'en ai apprécié la lecture, simple et vivante, lu facilement entre les lignes, saisi, il me semble, ce qui en est le message le plus important.

     

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    « Le coup parti, le sort en fut jeté. Mon père tomba à la renverse, son misérable tricot sur la figure, le ventre décharné, fripé, grisâtre comme celui d'un poisson crevé. et je vis, tandis que l'honneur de la famille se répandait par terre, je vis ce qu'il ne me fallait surtout pas voir, ce qu'un fils digne, respectable, ce qu'un Bédouin authentique ne doit jamais voir – cette chose ramollie, repoussante, avilissante; ce territoire interdit, tu, sacrilège: le pénis de mon père. Le bout du rouleau ! Après cela, il n'y a rien, un vide infini, une chute interminable, le néant. »

    Connu et salué dans le monde entier Yasmina Khadra explore inlassablement L'histoire contemporaine en militant pour Le triomphe de l'humanisme. Après Les Hirondelles de Kaboul (Afghanistan) et L'Attentat (Israël ; Prix des libraires 2006) Les Sirènes de Bagdad (Irak) est le troisième volet de la trilogie que l'auteur consacre au dialogue de sourds opposant l'Orient et l'Occident. Ce roman situe clairement l'origine de ce malentendu dans les mentalités.