Fugitive lu par Jacmo
Note parue dans la revue Décharge n°162 - Juin 2014
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Note parue dans la revue Décharge n°162 - Juin 2014
GUERRES
ET AUTRES GÂCHIS
poèmes de Cathy Garcia
illustrations de JL Millet
A paraître en juin aux Ed. Nouveaux Délits
32 pages, agrafé et imprimé sur beau papier calcaire 100gr
et 250 gr pour la couverture (papier recyclé)
10 € plus 1,20 de port
"Il y aura bien comme de coutume des traîtres des lâches
Des gens simplement comme vous et moi
Il y aura comme toujours du sang de nombreux ossuaires
Du sordide et une fleur peut-être nucléaire
Pour que tout puisse recommencer les plus jamais ça !
Tout comme avant, au bon vieux temps. "
Les pères sont toujours en train de faire une guerre,
et quand ils en reviennent, les enfants ont grandi
et les mères sont mortes.
René Barjavel
in Colomb de la lune
Pour commander voir : http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/
Plasticienne autodidacte, elle compose ce qu’elle appelle des gribouglyphes, mélange de diverses techniques et de collages. Elle obtient un premier Prix de poésie à 18 ans. Ses premiers recueils sont publiés en 2001. Elle illustre plusieurs revues littéraires et des recueils d’autres auteurs. Elle crée en 2003 la revue de poésie vive Nouveaux délits. Son travail est présenté publiquement depuis fin 2008 et sur le net. Fin 2009, elle fonde l’association du nom éponyme Nouveaux délits. Elle s’exprime aussi à travers la photo, pas en tant que photographe professionnelle, mais en tant que poète ayant troqué le crayon contre un appareil photo :
Après Claques et boxons et Les mots allumettes, Cathy Garcia revient en ce mois de mars 2014 avec un recueil court de poésie prosaïque très intéressant qui fait à la fois la part belle aux souvenirs des tragédies antiques, aux flottements des corps en souffrance, à la beauté des matériaux. Il y a aussi de belles envolées sur les aurores, la lumière de la lune, d’où jaillissent fulgurances, contemplation, rédemption.
« Une tragédie antique ensevelie dans le jardin des masques… L’oiseleuse pleure dans les fumées de myrrhe. Un corps de femme à lapider, encore et encore… Juste un saccage de coquelicots. Conjuration du vide… La meute aime le rut… ».
Chaque fragment hybride est court et complété par une illustration personnelle de l’auteur.
« Je marche… je dois marcher… Je cours et je danse… ». Cette ode à la fragilité de la vie se déroule avec douceur sous nos yeux, et cette sensation est renforcée par la grande qualité de plume de Cathy Garcia. On y voit, on y sent, on imagine la vie d’un individu égaré en pleine nature. On lit et on regarde se dérouler, en petites en grandes attentes, la vie d’un personnage, qu’on imagine être une femme, croqué au trait noir. Les instants heureux ou douloureux de la vie sont là, esquissés en quelques traits et liés les uns aux autres, par les ressacs des histoires d’amour, de séparation ou de transition. On entend des cris sourds parfois et se dessine (et se devine) alors une couleur particulière, différente à chaque page, à chaque murmure souffrant. Et l’air, la lumière, le souffle reviennent vite pour combler les manques, les trahisons, les inépuisables toxicités. Animée de tourments intérieurs et d’observations éclairées sur la mémoire et la fuite, l’histoire de chaque scène se déploie sous nos yeux, on la regarde et on l’aide à son déroulé en touchant du doigt les mots qui sursautent et s’empilent, parsemés. Les mots qu’on aimerait remettre dans la main du personnage, pour ne pas la voir s’enfuir et souffrir. On devine des coupures entre les phrases, qui renforcent la narration de cette histoire, ode poétique au temps, à l’errance, à l’exil.
Ces fragments d’une femme naufragée renforcent les émotions que l’on ressent, en résonance, à l’écoute et au visionnage de cette vie, notre vie, qui passe entre douceurs et tristesses. C’est vrai ! Comme le dit l’auteur, « notre bonheur est bossu ».
« Je marche et glisse dans la nuit, je compte les spectres. Un spectre, deux spectres, trois spectres… Quatre spectres… Les violoncelles saluent la vanité des cérémonies… Tout brûle, irrattrapable capharnaüm ».
Laurence Biava
http://www.lacauselitteraire.fr/fugitive-cathy-garcia
LE CHE ET LA TROISIEME RENCONTRE DE POETES DU MONDE A CUBA.
À Holguín, Cuba, depuis 20 ans se réalise un évènement culturel où la meilleure expression de l’art jeune du pays s’unie aux participants du monde pour faire de « Romerías de Mayo » le Festival Mondial des Jeunesses Artistiques.
Cette année sera dédiée, entre autres, au Che créateur. Pour cette raison, la Troisième Rencontre de Poètes du Monde à Cuba « L’Ile en Vers » et poètes du monde a fait appel aux membres du mouvement à envoyer un poème dédié au CHE. Les poèmes seront publiés dans les réseaux sociaux cubains et aussi dans une anthologie en hommage au Comandant Ernesto Che Guevara. L’anthologie sera éditée au Chili par Apostrophes Editions. Les bénéfices qu’on obtiendra de cette anthologie servirons pour financer les projets de notre mouvement, dont l’un d’eux, est d’inviter chaque année un poète cubain à notre rencontre « Sur les Traces du Poète » qu’on organise chaque année au Chili depuis 2005.
Mon poème RÊVE-Ô-LUTION a été traduit par Luis Arias Manzo pour figurer dans cette anthologie.
RÊVE-Ô-LUTION*
Rêve-ô-lution
A los fuegos a las banderas a las barricadas de arena
A la rubicunda del néctar derramado bajo las mesas
A los niños que caen por el amor de una idea
Rêve-ô-lution
A los discursos exaltados a las masas sublevadas
Al coraje de aquellos que tú isas en el pináculo
Al esplendor y la grandeza del desfile
Rêve-ô-lution
Que ellos no traicionarán a los suyos, los tuyos
Qué gloria gana poder
No tendrán para ellos ni sabor ni deseo
Rêve-ô-lution
Que los niños desaparecidos bajo las bombas la metralla
Bajo los tanques bajo las piedras tetarán el seno de tu gloria
Saludarán el arbitrario con sus muertos enterrados
En el corazón como medallas
Rêve-ô-lution
Que tu canción no sea jamás corrompida desviada
Recomprada revendida sueño oh sueño
Que los hombres no prefieren
El aire con sabor a cobardía
Rêve-ô-lution
Que todos los que transitarán por tus tribunales
Reconocerán ahí una justicia incorruptible
Izada a la altura de tus ideales en que jamás
Tendrás de qué enrojecer
Rêve-ô-lution
Que la simple evocación de tu nombre haga nacer
La gran verdad esta espina a todas las frentes
En que algunos de apresurarán
De nombrar corona
Rêve-ô-lution
En nombre del pueblo
Sueña y entretiene la corte
Canta-oh-lución
Y brindemos por nuestros sueños
Felices bufones
*Rêve-ô-lution, juego de palabras : Rêve=Sueño , Ô=Oh, Lution= lución (de revolución)
Traducción de Luis Arias Manzo
RÊVE-Ô-LUTION
Rêve-ô-lution
Aux feux aux drapeaux aux barricades de sable
Au vermeil du nectar répandu sous les tables
Aux enfants qui tombent pour l’amour d’une idée
Rêve-ô-lution
Aux discours exaltés aux masses soulevées
Au courage de ceux que tu hisses au pinacle
À la splendeur et la grandeur du défilé
Rêve-ô-lution
Qu’ils ne trahiront pas les leurs les tiens
Que gloire gain pouvoir
N’auront pour eux ni saveur ni attrait
Rêve-ô-lution
Que les enfants des disparus sous les bombes la mitraille
Sous les tanks sous les pierres tèteront le sein de ta gloire
Salueront l’arbitraire avec leurs morts piqués
Sur le cœur comme des médailles
Rêve-ô-lution
Que ta chanson ne soit jamais corrompue détournée
Rachetée revendue rêve ô rêve
Que les hommes n’y préfèrent
L’air mielleux de la lâcheté
Rêve-ô-lution
Que tous ceux qui transiteront par tes tribunaux
Y reconnaîtront une justice incorruptible
Hissée à la hauteur d’idéaux dont jamais
Tu n’aurais à rougir
Que la simple évocation de ton nom fasse éclore
La grande vérité cette épine à tous les fronts
Que certains s’empresseront
De nommer couronne
Rêve-ô-lution
Au nom du peuple
Rêve et amuse la cour
Chante-ô-lution
Et trinquons à nos rêves
De joyeux bouffons
(extrait de Pandémonium II, livre d’artiste)
http://www.poetasdelmundo.com
Extrait de l'émission Les poètes du 20 mars sur Radio Occitania, où les femmes sont à l'honneur, que vous pouvez écouter en cliquant sur :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
« Fugitive » de Cathy GARCIA (55 pages, 12 €, illustrations de l’auteure) est aussi un livre d’art du fait de la parfaite mise en page de cet éditeur perfectionniste, et de la qualité des illustrations de cette poétesse qui excelle aussi dans l’art plastique. Une artiste totale ! Celle qui fait paraître cette revue que nous aimons citer « Nouveaux-Délits » et qui a déjà publié 17 livres de poésie, atteint avec ce dernier volume une maturité impressionnante. L’écriture s’est resserrée, gagne en densité. La langue impose son rythme, sans pas superflus, car il s’agit de marcher avant tout.
Je dois marcher. Suivre mon ombre.
Tendue de peaux mortes, elle tangue, la mâchoire rouillée.
Elle tangue sous le couteau et ses cauchemars sont des drones.
Le guetteur lui parle de vie majuscule.
Elle entend funérailles, rubis teinté de mort.
Passe un ogre de désir et elle chavire encore, les flancs fracassés.
Comme l’affirmait MACHADO, le chemin se fait en marchant, il faut donc marcher et peu importe d’atteindre une destination, l’essentiel est de ne jamais quitter le chemin, de ne jamais interrompre la marche, sous peine d’anéantissement.
Je dois marcher.
Voltige de lunes dans les ténèbres tamisées.
Visions éclatées de l’oracle.
Je vois l’ange tatoué d’éclipses.
L’âpre déchirement tellurique.
Du ciel baraté s’échappe une tornade.
Exodes, insurrections, liturgies volcaniques.
Dilution de soufre à la fonte des orages.
J’avance entre déflagration, vertige,
Et le souffle rauque des vents solaires.
Si pour échapper à ce qu’ARTAUD nommait « cette sempiternelle anonyme machine appelée société » dont les impitoyables rouages brisent celle qui tente de s’y soustraire, il ne reste que marcher, alors il faut marcher, et dans cet élan, rejoindre enfin l’unité qui nous unit et nous confond dans un absolu qui nous délivre.
Pluie de cœurs en torches. Moisson brûlante de coquelicots.
Je marche, je cours, je suis la sorcière parfumée d’épices.
Voyez les déluges rougissant entre mes seins d’ambre.
Je cours et je danse.
La terre est une et nous sommes un.
Tous de passage, mouvement et empreinte.
Chair de rocaille dans l’herbe maigre où sieste le serpent.
Mais marcher sans cesse, c’est être « fugitive », comme la vie. Un très beau livre !
Après l'article de Jean Gédéon du 19/09/2013 consacré à la revue Nouveaux Délits, nouveau coup de projecteur sur Cathy Garcia et particulièrement sur les deux derniers recueils publiés chez Cardère en 2012, les mots allumettes et 2014, fugitive. Cathy Garcia est très présente sur le web et on y trouve, entre autres expressions, beaucoup de ses écrits. De la poésie mais également des notes de lecture, des extraits de carnets de voyage. L'ensemble traduit le profond engagement de l'auteur dans la création.
La poésie de Cathy Garcia est une poésie qui happe. Elle est lyrique et organique, elle dit le corps et ce que l'on ressent du corps, elle dit le poids de la lassitude, des doutes et la volonté inéluctable d'avancer. Elle va au mot juste, au souffle des mots.
Le mot juste. Un silence pointé. Un baiser.
Le mot juste, pas un souffle. Le premier déchire les poumons. Le dernier les recoud.
Le mot juste, pas un soufflet. Le mot juste ne dit pas je t'aime mais le fait. Il ouvre le cœur, ça fait mal, mais l'air est juste.
L'air qui sépare le mot de la mort.
In les mots allumettes, © Cardère, 2012, p.9
****
Mes yeux sont des miroirs en flammes, mon sexe un coquillage dans ta paume fraîche.
Poumons, torse, seins, veines. Météores de désir aux frontières de chair. Écume de jasmin.
Les dés sont jetés. Exil de la flèche en déroutante verticalité. Incision. Je décrypte le signe.
La chair, la sève et le squelette des rêves. La substantielle énigme de verre.
In les mots allumettes, © Cardère, 2012, p.19
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Je marche.
Je dois marcher.
Le ciel a mordu. Les chiens sont lâchés.
Dans les poitrines, les cœurs s'épavent.
On offre les hirondelles aux crocs du boucher.
Partout s'installent des cirques funèbres.
Les ébréchés se font berner par les miroirs.
Torpeur… Foutoir irrespirable.
Je dois marcher.
In fugitive, © Cardère, 2014, p.7
****
Je marche. J'écoute.
Secret du ricochet. Beauté de la chute.
Sève des reins. Sang de tourbe.
Chemins de cornes et de pluie.
In fugitive, © Cardère, 2014, p.29
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Pluie de cœurs en torches. Moisson brûlante de coquelicots.
Je marche, je cours, je suis la sorcière parfumée d'épices. Voyez les déluges rougissant entre mes seins d'ambre.
Je cours et je danse.
La terre est une et nous sommes un.
Tous de passage, mouvement et empreinte.
Chair de rocaille dans l'herbe maigre où sieste le serpent.
In fugitive, © Cardère, 2014, p.37
Internet
Un dossier de presse complet par le Garage Donadieu
Un article dans Recours au poème
Des articles signés Cathy Garcia dans Ia Cause littéraire
Les éditions Cardère
Contribution de PPierre Kobel
En ligne surhttp://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/ le 25/03/2014
Dans ce recueil, je retrouve d'emblée ce que j'aime dans l'écriture de Cathy Garcia.
Une révolte, un mouvement compulsif : "Je marche / Je dois marcher", comme il est écrit plusieurs fois, au début de "Fugitive".
Avec en prime, des raccourcis bien puissants : "Dans la chambre sépia, on a désarmé les chiens", de l'auto-ironie, "Dédale se marre", des comptines fantastiques : "Je compte les spectres./ Un spectre, deux spectres, trois spectres...", un appel aux forces cosmiques "Exodes, insurrections, liturgies volcaniques", "Dilution de souffre à la fonte des orages". Et ma foi, une bonne dose de surréalisme.
Bref, tout ce qui fait qu'une écriture n'est pas que de l'écriture.
La marche de la fugitive est bien sûr ici la preuve qu'elle cherche à échapper aux mensonges de la vie quotidienne.
Mais peu à peu, ce mouvement de marche s'essouffle et puis la fugitive tombe dans l'immobilité, ramasse son corps. Serait-ce la victoire des réalités glauques ? Plutôt un simple dénouement, la réunion avec des choses de la terre accueillantes, et même avec des couleurs.
A la fin du recueil, il n'est pas certain que la marche ne reprendra pas encore.
Je suis même sûr du contraire. Mais c'est de l'espoir toujours, qui renait.
Un poème sur deux dans "Fugitive", est accouplé à des images qui figurent sur la page gauche du recueil. Des images en noir et blanc, en partie figuratives, qui sont également l'oeuvre de Cathy Garcia et qui semblent ponctuer l'itinéraire à parcourir.
Un beau recueil de poésie, comme je les aime, bien concentré.
Ci-desous un poème extrait de "Fugitive" pour la route :
"Irréversible, mais large comme un fleuve.
Je ramasse les cauchemars un par un.
Ils se nourrissent les uns des autres. Leur masse grossit.
Dans leurs ténèbres, je joue à ronce amère.
Colombe de sang, crachat de suie".
Pour vous procurer "Fugitive", qui est vendu au prix de 12 € rendez-vous sur le site de l'éditeur Cardère Editeur : http://www.cardere.fr
Note en ligne sur : http://poesiechroniquetamalle.centerblog.net/
illustrations Jean-Louis Millet, Éditions
Nouveaux Délits, St. Cirq-Lapopie.
Impressions d’Afrique
Refusant le pathétique Cathy Garcia rallonge le sursis de bonheurs trop brefs. S’adressant aux voyageurs autour du monde ou autour de leur chambre elle offre un peu d’étrange et d’étranger : paysages ou hommes qu’elle a aimés et parfois pour lesquels elle a souffert, flux qui l’enlacèrent et qui l’ont furtivement ou profondément métamorphosés. Ils rentrent encore par les pores de sa peau « sans digue / Ni barrage ». Ils se cristallisent avec sobriété et violence abrupte. Remontent du ventre les sensations où le passé reprend chair. C’est comme si la poétesse était nue mais pouvait se déshabiller encore par le chant primitif qui disloque sa distance aux terres rouges et ramène l’harmonie dans leur sillage. Le livre emporte vers les chaleurs étouffantes. La transe remonte dans le tam-tam du corps, le t’âme-t’âme de l’écriture charnelle en battement de mesure et démesure. Reste sur chaque page des marges substantielles (le blanc) que le graphisme boit. La poésie devient application de l'espace sur lui même. En retrait : rien de trop.
Cathy Garcia enfouit et déploie. Tout est suspens et retombée dévoilant la profondeur du contact par les mots torches. Mots noirs, peau blanche. L'inverse aussi. Voix nue. Emprise et prise de vue. L’auteure trouve l’aptitude à dire l'impossible, à régurgiter l'émotion si longtemps retenue par pudeur. S’allonge progressivement le geste sur lequel l’attention doit porter. C’est un retour sans l'aller au-delà de l’aller sans retour. Un fond, un bruit, un fluide, un flux. Lumière et non éclairage. L'oxygène de l’écriture - mais aussi l'azote des terres tropicales, l’aridité des déserts. L'ellipse et l'énoncé. Nécessité du secret. Impératif de la parole. Son tissu si fin pourrait tomber en pièces sans l’énergie qui le tend là où le poème évitant le récit vient à bout du seuil infranchissable pour « Rejoindre le départ / Le point de nulle part / Ensablé de beauté ».
Jean-Paul Gavard-Perret
Publié sur http://www.lelitteraire.com/?p=10538
Ailleurs simple, toujours disponible (12 euros + port à l'Association Nouveaux Délits - Létou - 46330 St Cirq Lapopie)
Cardère éditeur - poésie - Mars 2014
Un livre de 60 pages au format 140 x 210 imprimé en noir sur bouffant ivoire 80g
illustrations originales de l’auteur
prix public 12 euros
ISBN 978-2-914053-74-7
Publié avec le soutien du Centre National du Livre
Fugitive est un ouvrage en vers libres qui nécessite une lecture chronologique. Comme dans les deux premiers recueils de Cathy Garcia que nous avons publiés (Le poulpe et la pulpe en 2011, Les mots allumettes en 2012), on est dans un récit abstrait, avec un axe fort, de l’action, et ici une exhortation quasi externe : je marche, je dois marcher ! En miroir, le lecteur pourrait/devrait entendre : reconstruit ton propre récit, avance ! Ce texte court tire sa force de sa cohérence essentiellement.
Le vocabulaire est riche, « brut », plutôt terrestre (pollen, étoiles, silex, transhumances, tourbe, loups, humus, rosée, glaise, vendanges, jachères, sources, rapace, moisson, rocaille, granit…) Les expressions sont souvent violentes, de l’ordre du tragique ou de la tragédie (Les bêtes désarticulées ; Visions éclatées de l’oracle ; Un corps de femme à lapider ; sinistres bouillies de chimères) ; on respire toutefois avec de rares mots tendres (la douce chair des roses ; la nacre d’un ange).
On est parfois au bord de la provocation, de l’outrance sulfureuse (La meute aime le rut ; Je suis la sorcière parfumée d’épices. Voyez les déluges rougissant entre mes seins d’ambre ; Allongée. Au bord de la jouissance ; ouvrir mes cuisses libère mes odeurs de femme). On y trouve quelques constructions originales mais parlantes (liturgies volcaniques ; je panthère avec la mort).
La situation de fuite, de traque, donne à ce recueil-récit une grande énergie où transpirent la colère, la frustration, la hargne, la révolte, mais aussi la soif de (sur)vie, l’animalité, une sorte d’optimisme quasi atteint. Nous avons avec l’écriture de Cathy Garcia, le côté féminin de celle de Serge Bec, en particulier dans Psaume dans le vent.
Moissons de silex dans les épaves des siècles.
Les vertiges de la faim scandent l’espérance et les couteaux.
Bleu des corps exhumés. Sinistre bouilli de chimères.
Fleurs révulsées, filets de sang.
Je mords la douce chair des roses.
Dans le delta de lumière, la nasse trouée de lune, retient les racines et les rêves broyés des errants. Toutes les frontières sont des plaies mal cicatrisées.
Cathy GARCIA, Ailleurs simple, illustrations Jean-Louis MILLET. Éditions Nouveaux Délits, décembre 2012. «A tous les voyageurs mobiles ou immobiles» avec, de ses propres mots : «un peu de rêve, d’étrange et d’étranger même» -Cathy Garcia signe avec Ailleurs simple un recueil de poèmes à siroter avec succulence, en vers libres et selon son rythme, en suivant ou non le fil anachronique des pages.
La couverture couleur d’argile annonce si j’ose écrire, la couleur des textes, leurs paysages et leur style. On est en effet dans une poésie comme brute, animale, végétale, minérale, parcourue dans le sens inattendu du poil comme l’est souvent le contre-courant suivi par l’éditrice de la revue et du blog Nouveaux Délits. Une poésie sauvage.
Sans digue
Ni barrage
Torrents
Montés du ventre
Les chants
De terre et d’eau
Corps peints
Menez la danse
Tambours
Sauvages
On soulève et l’on heurte sur les chemins du désert et de terres rouges -«cuites au bleu de ciel»- des racines rebelles qui font lever le pied, le nez ; qui font s’arrêter , pour s’interroger, regarder. Le temps d’un arrêt d’instantané, transe montante.
L’animal
La boue
Les feux
Les transes
Pour repartir aussi vite. Pour
Marcher
Marcher sans fin
Rejoindre le départ
Le point de nulle part
Ensablé de beauté
La poésie de Cathy Garcia prend corps au sein même de la nature –ici ce sont des contrées africaines, les terres du sud que révèlent les mots et les images de cet Ailleurs simple, & l’invitation au voyage vaut le coup d’œil. On «panthère avec la mort» (pour reprendre cette belle construction verbale de l’auteur à retrouver dans Fugitive, son tout nouveau recueilà paraître c/o Cardère en mars 2014), on panthère avec la frousse et l’envie d’avancer au milieu d’une brousse sauvage où les félins passent, entre autres, et où la poésie s’aère au gré des déserts, des savanes, des feulements lancés ici et là. En tant que voyageur immobile le lecteur a cette impression que procure la force évocatrice des mots, a l’impression que les forces élémentaires et la faune et le végétal le touchent au corps et au cœur de son voyage. Des images passent comme des caravanes traçant et éclairant le désert, ainsi ce «soleil de chevrotine», comme des signes légendaires ainsi ce chien mangeur d’étoiles, l’homme des collines, ces carcasses /Os de lune… -dans ce grand poème d’argile où la nuit s’ancre / Au port aride.
Des esprits aymaras
Soufflent doucement
Sur ses paupières.
Des esprits soufflent en cet Ailleurs simple, doucement sur les étendues d’or et rouges des poèmes…
Mc Dem, pour la revue Traversées :
Ailleurs Simple, Ed. Nouveaux Délits 2012
Tirage limité et numéroté - 40 pages
13 € (plus 1 europour le port)
Pour commander, envoyer un chèque à l'ordre de :
Association Nouveaux Délits Létou 46330 St Cirq-Lapopie
Vous trouverez ci-joint a paraitre Fugitive.pdf le bon de souscription pour mon livre Fugitive à paraître en mars prochain chez Cardère éditeur, illustrations originales de l'auteur également.
Merci de faire circuler largement.
Appel à souscription également pour À hauteur d'ombre de Marie-Françoise Di Fraja, qui sort également en mars chez Cardère et dans lequel figurent huit de mes photographies.
Merci !
Lien de l'éditeur : http://www.cardere.fr/
Dès lundi (si tout va bien), Assortiment de crudités, le recueil que vous attendez tous sera disponible chez quelques libraires (ceux qui nous font une confiance aveugle): La dérive à Huy, Decallonne à Tournai, Le comptoir à Liège, Littérath à Ath, Librairie Volders (rue Volders) à Bruxelles, DLivre à Dinant...
Sinon, les auteurs pourront vous en fournir et il reste la possibilité de commander en envoyant un petit mail à l'éditeur: cactus.inebranlable@gmail.com...
On se fera un plaisir de vous l'envoyer.
et tous les autres :
Hermaphrodite endormi IIs. après JC
Eh oui ! On trouve des histoires de cul même dans les dictionnaires, aussi j’espère que vous ne vous êtes pas levés le cul devant, autrement dit que vous êtes de bonne humeur afin de ne pas lire ce qui suit à l'écorche-cul, c’est à dire au regret, en rechignant. L’idéal serait d’y aller de cul et de tête, avec ardeur, sans précaution et sans mesure. De toute façon vous voilà mis à cul, il est trop tard pour…reculer. Si vous montrez le cul, c’est que vous avez peur et dans ce cas il ne vous reste plus qu’à prendre votre cul à deux mains et courir… Pour vous aider à courir plus vite, je peux aussi vous bonder le cul, une autre façon de dire un bon coup de pied au derrière, mais vous pourriez m’avoir dans le cul si je fais ça… me détester quoi !
Vous êtes toujours là ? C’est que nous sommes d’accord, bon, de là à dire que nous sommes comme cul et chemise … mais enfin, parlons bien, parlons cul.
Les culs terreux sont aux champs et les culs bénis à l’église mais en hiver, à l’église comme aux champs, c’est cul gelé. Si c’est cul nu c’est qu’on n’a rien dans les poches et qu’on est tellement mal vêtu qu’on nous voit le cul de tous côtés, pas comme ces coquettes qui se mettent tout sur leur cul, dépensières au possible, élégance oblige… Et puis elles en font des manières, bouches en cul de poule ! Quant à leurs maris ce sont dit-on des peigne-cul qui de plus, veulent peta plus aut que soun cuou, comme on dit en Provence. Vous m’avez compris… M’enfin l’argent fait pas le bonheur et paraît que la nuit chez ceux-là, c’est plutôt l'hôtel du cul tourné… C’est pas souvent que les coquettes se retrouvent cul par dessus tête !
Mais revenons à ceux qui sont à cul, les pauvres, le cul sur la paille, qui l’ont dans le cul : tout ça pour dire sans ressource, perdus, vaincus et plein le cul du coup ! Tout ce qui leur reste c’est de faire beau cul, prendre philosophiquement parti de leur malheur, l'accepter... C’est la vie, il y en a qui gagnent et d’autres qui baisent le cul de la vieille… Les chanceux, parait qu’ils ont le cul bordé de nouilles quoiqu’en Provence on dit avé lou cuou borda d'anchoio, nouilles ou anchois, au choix ! Et puisqu’on est en Provence, savez-vous ce que c’est que le papier pour écrire au pape ? Le papier-cul bien-sûr puisque écrire au pape c’est caguer (pisser c’est chanja l'aigo dis óulivo, changer l’eau des olives). C’est à tomber sur le cul ! De vrais poètes ces Provençaux ! Quant à nos amis du Québec, s’ils ont le feu au cul c’est qu’ils sont en colère, et s’ils aiment se pogner le cul, autant dire qu’ils aiment se les rouler, s’évacher* sur le canapé… voire même y cogner des clous**.
Voilà, ça suffit comme ça et celui qui n'est pas content n'a qu'à tourner son cul au vent.
* s’étendre, se reposer ** s’endormir
Cathy Garcia, quatrième de couverture du numéro 9 de la revue Nouveaux Délits