Cathy Garcia - La charette
Poème de 1995, extrait de mon recueil D'ombres - mars 2017. Lu par moi-même.
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Poème de 1995, extrait de mon recueil D'ombres - mars 2017. Lu par moi-même.
Poème de 1993, extrait de mon recueil D'ombres - mars 2017. Lu par moi-même.
« D'ombres » est un recueil de courts poèmes en vers libres datés des années 1990 à 2013, qui vient d'être autoédité par Cathy Garcia à l'enseigne de « A tire d'ailes ».
Il s'agit ici surtout d'un recueil d'infortunes, portraits de SDF et de morts solitaires. Cependant, se contenter de dire cela serait ne voir dans « D'ombres » que son aspect réaliste.
En effet ces poèmes sont plus que cela, avec leur mise en scène, presque gothique parfois, et renvoient davantage à une « exaltation », certes, ténébreuse, qu'à la répétition d'un même abattement.
J'y ai souvent trouvé aussi le rythme des chansons, avec des vers coupés courts, parfois répétés, mis en apposition.
Ci-après deux poèmes extraits de « D'ombres » :
« le roi des taupes
sur le parvis de sa raison
gît sa cervelle abattue
jusqu’à oublier son nom
craché là au coin d’une rue
le souffle des rames
les croûtes et les rats
sa bonne étoile, qu'il dit
brille au cul des bouteilles
il parle aux corbeaux
que personne ne voit
je suis le roi des taupes,
qu'il dit, et je vous enterre »
«ressac
le chant des choses communes
déborde des fosses et coule
samedi dimanche
quotidien limé
parfaitement vernissé
marquer les jours d'une voix blanche
troupeau vertige
sur falaises de craie
en bas la mer Virginia
sur un pupitre de buis noir
mourir c’est s’ouvrir un peu
montrer le battement rouge
du cœur »
Les illustrations (des encres, dont celle de la couverture) sont également de Cathy Garcia.
http://poesiechroniquetamalle.blogspot.fr/2017/04/dombres-de-cathy-garcia.html
Bonzaïs Hallucinogènes
ou nano-histoires sans les nains
suivi de
CONNE PLAINTE DU POÈTE
DÉCOUVERTE
Le temps est un escargot supersonique.
Yesssssssssssssssss... !
*
MES CROCS NIQUENT DES CONS
Ceux qui ont de la chance finissent par croire qu’ils la méritent.
*
GAZ DE VIE
Il n'y a pas de réponse. Nous sommes tous peut-être des réponses à une question oubliée.
Question originelle et qui finalement n'était peut-être qu'un "quoi ?" lancé par le créateur surpris par son propre pet. Peut-être a t-il pensé alors qu'il n'était pas seul... et vois où ça nous a conduit. Le souffle, le verbe, tout ça, la poésie quoi.
Ô poète, divin péteur !
Illustrations originales (collages) de l'auteur
ISBN : 978-2-35082-334-8
54 pages au format 15 x 10 cm,
6 € (+ 1 € de port – port compris à partir de l’achat de 2 exemplaires)
https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2017/garcia-Cathy
Avec D’ombres, Cathy Garcia a rassemblé des poèmes écrits entre 1990 et 2013 qu’elle a illustrés d’encres subtiles. Au départ, il existe un extrait de son journal : « j’ai fixé le plafond où pendant longtemps, / des ombres m’ont fait des grimaces… ». Et tous ses poèmes sont fidèles à l’univers de l’auteur : ils parlent de tristesse, de solitude, de drames (et elle sait ce dont elle parle) mais pour lutter de manière aussi désespérée qu’avec espoir face à la mort qui sans cesse « remonte ses bas » et est toujours prête à venir « tirer sur ton drap ».
C’est là, écrit superbement Cathy Garcia, « soigner le noir par le noir / mettre des mots là où il ne faut pas / narguer la peur ». Il existe en conséquence, et toujours dans l’œuvre, le sens de la lutte existentielle et de l’avènement. Garcia Lorca n’est jamais loin.
Ecrire pour la créatrice ne revient pas à tracer des signes mais traverser des frontières, sortir du sillon, oser une danse qui n’a rien néanmoins de forcément nuptiale. L’auteure sait montrer l’envers des mots, scanner leur pénombre. Dans les brèches de ses images se découvrent des lieux retirés de l’être. Et la poétesse tient le coup même lorsque les âmes, ayant perdu leur blondeur d’épi, sont grises comme des chats la nuit.
jean-paul gavard-perret
Cathy Garcia, D’ombres, A tire d’ailes, 2017 — 10,00 €.
http://www.lelitteraire.com/?p=28901
poèmes écrits entre 1990 - 2013
avec huit illustrations originales de l'auteur
j'ai fixé le plafond où pendant longtemps,
des ombres m'ont fait des grimaces...
in Journal 1997
petites fictions qui parlent de mort, drame, meurtre, tristesse, solitude
une façon paradoxale de faire la nique à
la camarde à cheval un de Troie
la camarde à midi tend ses bras
la camarde remonte ses bas
viendra cette nuit tirer sur ton drap
soigner le noir par le noir
mettre des mots là où il ne faut pas
narguer la peur
Édité et imprimé par l’auteur
Tirage limité et numéroté
48 pages
Sur papier 90gr calcaire
Couverture 250 gr calcaire
100 % recyclé
Dépôt légal : mars 2017
à me commander directement (et merci !) :
10 € ( + 2 € pour le port)
aux Ed. des Carnets du Dessert de Lune
poésie, février 2017
70 pages (carré, collé) 19 x 29 cm, 18 €
Préface :
Pas dit qu’on en boirait de ce vin là, mais on a bien envie d’en savoir plus, alors on ouvre la bouteille… Et d’entrée, c’est l’uppercut, un relent d’enfance qui marche au pas et de pourriture tranquille… Et on sait très vite que oui, nous allons boire tout notre saoul, parce que voici venu l’heure du néant, et Saïd Mohamed en dix lignes nous crache le portrait du monde et ses victoires qui ne sont que défaites/Des noces d’étreintes de sang et de merde.
Un uppercut crescendo, et on n’en sort pas indemne.
Le vin des crapauds a vieilli pendant 21 ans dans la cave du poète, et il a le goût acide d’un mauvais vin nouveau, sans doute parce que le malheur, la violence, la bêtise, l’ignorance, les injustices, sont toujours les mêmes, en grappes lourdes, noires, amères, toujours plus grosses et grasses.
Nous récoltons sur nos mains le sang de nos enfants,
Tandis que nos maitres boivent le divin nectar
Des bénéfices de cette boue pétrie aux alliances vénales
Le poème ici fait sauter le bouchon de la bouteille, celle du vin des fous, du vin des nausées, du vin dont s’enivrent ceux qui ont trop vu œuvrer les bouchers adulés par un bétail sans mémoire. Il ne s’adresse même plus à ceux-là mais à l’acier lui-même, non sans ironie.
Bel acier cherche ta voie dans les entrailles,
La viande chaude et le sang doux.
Couvre-toi de gloire, bel acier.
Le vin des crapauds, pauvres crapauds, c’est pour trinquer et vomir à tous les morts pour rien, qui pavent les siècles de leurs chairs pourries.
Je voulais du vin et du silence, dit le poète, mais puisqu’il faut supporter le vain des maux, voilà le vin des mots rances.
Il faut le boire, comme on dit, jusqu’à la lie et faire la nique d’un rire sans dents aux horreurs, car du poète c'est le lot que de la guerre/ devoir encore extraire l'or de l'amour, nommer l’innommable et égrener les mots magiques, envers et contre, envers et contre… Des cendres de l’espoir, on peut toujours tracer des signes. Vraiment ?
Le poète ici, dérisoire manchot face à un énième tsunami de ténèbres, s’écroule de lui-même.
Je ne suis pas ignoble, j'ai honte de vivre.
© Cathy Garcia, le 9 novembre 2017
Postface:
Le vin des crapauds a été écrit en grande partie pendant la première guerre d’Irak, de 1990-91 Certains de ces textes ont été publiés dans la revue Kitoko Jungle Magazine de Guido Kuyl en Belgique, avec des dessins de Bob De Groof. Ensuite, Jacques Morin en a fait en 1995 un numéro de Polder avec des dessins de Fatmir Limani qui publiait lui aussi dans Kitoko. Que Jacmo soit ici remercié.
Devant les événements récents et ceux à venir provoqués par ce Nouvel Ordre Mondial, comme il a été qualifié, et qui a désigné l’Axe du Mal, les Bons et les Méchants. Ce qui n’est rien d’autre qu’un plan pour détruire les vieilles civilisations en les assujettissant mieux aux lois du marché. Construire du nouveau, sur les cendres de l’ancien qui obéit mieux à son maître. Il m’est apparu essentiel de republier l’ensemble de ces textes qui ont été retravaillés et auxquels des nouveaux poèmes sont venus s’ajouter, dont certains ont été publiés par Alain Boudet sur la Toile de l’un.
Bob De Groof, à qui j’ai fait part de mon projet, a tout de suite accepté de s’y investir et pendant un an il a travaillé à la gouge sur les grandes plaques de linogravure. Un tirage de tête sur velin d’Arches et au format 50 x 65 cm en a été fait à vingt exemplaires sur BFK Rives 250 grammes dans l’atelier à Fleur de Pierre par l’ami Étienne de Champfleury sur sa presse Marinoni Voiron de 1912.
Jean-Louis Massot des Carnets du Dessert de Lune qui me publie depuis Souffles en 2006 en fait ici une nouvelle édition. La maquette est de Morgane Pambrun typographe tombée dans les lettres dès sa plus tendre enfance et ensuite formée à l’école Estienne. Des expositions des 14 linogravures sont prévues dans diverses galeries à Paris, Bruxelles, Düsseldorf.
Ces textes et ces dessins sont notre façon de dire « Non à l’horreur ! »
Les auteurs :
Saïd Mohamed est né en Basse-Normandie d’un père berbère, terrassier et alcoolique et d’une mère tourangelle lavandière et asociale. Nomade dans l’âme, il est tour à tour, ouvrier imprimeur, voyageur, éditeur, enseignant à l’école Estienne. A aussi publié en poésie au Dé bleu et à Décharge dans la collection Polder, aux éditions Tarabuste.
Il a obtenu le prix Poésimage en 1995 pour Lettres Mortes, le prix CoPo pour l’éponge des mots en 2014. Boursier du CNL en 2015. Son blog : http://ressacs.hautetfort.com
Bob De Groof est peintre, collagiste, graveur-imprimeur, et photographe. Il a fait des assemblages, installations, du street art et a sculpté des totems.
Des expositions de ses œuvres ont eu lieu en Belgique, France, en Allemagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis. À travers les années, il a exposé une quarantaine de fois individuellement et a participé à une cinquantaine d’expositions de groupe. Ses travaux se trouvent entres autres dans des collections de pays aussi divers que les États-Unis, la Russie et le Maroc.
Faisant la connaissance de Saïd Mohamed pendant leur collaboration respective au fanzine KITOKO JUNGLE MAGAZINE, plus récemment ils ont décidé de réaliser un vieux rêve : la réédition et illustration du poème apocalyptique « Le Vin des Crapauds » écrit par Saïd.
Son site : http://www.bobdegroof.eu/tekst/engels/welkom.htm
Pour passer commande :
http://www.dessertdelune.be/store/p826/Le_vin_des_crapaud%2F%2FSa%C3%AFd_Mohamed.html
La nouvelle histoire de la chèvre de Monsieur Seguin commence où s’achève la version que nous connaissons tous :
« et au petit matin, le loup la mangea »…
Et bien dans la nouvelle histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, au petit matin, le loup ne la mange point.
Un conte pour tous, grands et petits.
Illustration couverture © Michelle Martinelli
Édité et imprimé par l’auteur sur papier 100 % recyclé
16 pages - Ed. à Tire d’Ailes (autoédition) 2008
5 €
EXTRAIT :
"Il l’a cherchée toute la journée. Il l’a appelée, appelée mais n’a aperçu que ses cousins dissipés, les chamois. Il l’a cherchée encore tout au long de la nuit, avec le secours bienveillant de la lune pleine.
Et ce n’est qu’à l’aube que le vieux Seguin, sur le point de renoncer, la voit enfin ! Elle est là, étendue sur un rocher perché à flanc de falaise. Sa toison blanche éclaboussée du même rouge qui s’épanche encore plus haut sur les neiges éternelles.
Monsieur Seguin, s’accrochant des deux mains, entreprend l’escalade. La chèvre l’observe, émet un léger bêlement et aussitôt se redresse sur ses pattes. Le regard enflammé, arc-boutée, elle pointe ses cornes. Comme elle est belle, songe Monsieur Seguin en souriant. Belle et fière aussi.
« Allez Blanchette, du calme, c’est moi ! C’est moi, Seguin !
Alors, comme ça, toi non plus tu ne te plaisais pas chez moi ?
Fallait que tu te sauves à ton tour, hein ?… »
Le vieux en soupirant s’adosse à la paroi, tout près de la chèvre, encore vaillante malgré ses blessures. Il prend sa gourde et boit quelques gorgées, puis de sa besace, il sort un morceau de pain, un autre de fromage et un peu de sel qu’il met sur son poing. La chèvre qui n’a pas manqué un seul de ses gestes, accepte le présent et vient lécher le sel.
Ils mangent ensemble, somnolent ensemble, installés sur le rocher, jusqu’à ce que le ciel bleu soit mûr et que la montagne, parée de toutes ses senteurs, se soit totalement offerte au soleil.
Comme il se sent bien là, le vieux Seguin, près de sa chèvre !
Cela fait si longtemps qu’il n’était pas monté tout là-haut, il avait oublié comme c’était beau ! Si beau et si bon ! Des bouquets de souvenirs lui reviennent en mémoire, des odeurs, des sensations.
(...)
Chez les Roms, il apprend aussi à soigner les bêtes, les chevaux surtout et plus tard parce que quelques braves gens insistent vraiment, il en soigne quelques-uns contre un peu d’argent. Ses soins sont simples mais efficaces et sa réputation commence à le précéder.
Le vieux et la chèvre n’en finissent pas d’arpenter le pays. Elle lui fait parfois quelques petits faux bonds, des rendez-vous galants très certainement, mais elle revient toujours, il n’a plus besoin d’aller la chercher, c’est elle qui le trouve.
Ils mangent à leur faim, dorment tout leur soûl, vivent comme des rois. Rois vagabonds, les seuls à jouir pleinement du monde.
Poème tiré d'Ailleurs simple (Nouveaux délits éd. 2012)
Interprétation et environnement sonore de Lionel Mazari
Cette présentation figure dans Vibrations en partage - Les Moments Poétiques d'Aurillac (2006-2013) - édité en 2014 par La Porte des Poètes et le Théâtre d'Aurillac.
Moments poétiques où j'avais eu le plaisir d'être invitée, en compagnie de Georges Cathalo, en janvier 2011. Une présentation plus que flatteuse, fallait bien deux ans pour oser la montrer ici.
Pour lire, cliquez sur l'image :
deux petites rectification/précision, la première citation est tirée des Chroniques du hamac (autoédition 2008) et non de Mystica perdita et Le poulpe et la pulpe et Trans(e)création sont un seul et même recueil (publié une première fois chez DLC sous le titre un peu long de Trans(e)création ou l'art de sabrer le poulpe et la pulpe, puis chez Cardère en 2010 (DLC ayant plié bagage), sous le titre simplifié Le poulpe et la pulpe).
Un article publié il y a 17 mois, sur lequel je viens tout juste et par hasard de tomber, les éditions de l'Atlantique avait déjà mis clé sous porte cependant, donc Eskhatiaï a repris sa forme originelle en deux recueils autoédités et disponibles sur demande : Salines, 2007 et Mystica perdita, 2009,Purgatoire du quotidien est également toujours disponible.
Et Cathy Garcia-Canales recréa la femme
Dès lors et si les poèmes de Cathy Garcia tourne autour d’elle-même il n’existe pas pour autant la moindre effusion de l’égo. Saurons-nous tout d’elle ? Non sans doute. Mais sa silhouette féminine est mise à nu comme de l'intérieur dans un mouvement poétique rappelant parfois des "glissements" à la Bacon par des effets de déchirures qui ramène l’être à sa douleur, à sa solitude. Par sa voix de fantômes la poétesse permet de faire jaillir de la masse brute de la vie l’écume des sensations et des émotions parfois telluriques. La poésie devient un lieu sobrement lyrique d’épaississement autant que d’éclaircissement Chaque texte en sa concentration comme en ses élancements produit un renversement : ce qui est matière perd en densité, ce qui est de l'ordre de l'impalpable devient matière. Le lecteur se retrouve aux sources du langage : la forme décompose le monde pour le recomposer autrement et dans l’espoir de la chimérique expatriation du feu intérieur.
Jean-Paul Gavard-Perret
Cathy Garcia-Canalès, « Eskhataï, Salines suivi de Mystica Perdita », Editions de l’Atlantique, « Purgatoire du quotitien », Editions A tire d’ailes.
Source : http://salon-litteraire.com/fr/cathy-garcia/review/1916026-et-cathy-garcia-canales-recrea-la-femme
il existe sur cette terre un peuple dont on ne parle jamais mais ils se reconnaissent entre eux ; ils s’aiment ou se haïssent mais surtout sans cesse, ils se renvoient la même question, la seule à leurs yeux qui mérite d’être posée. ils cherchent, cherchent sans répit, sinon quelques plages de mensonges et certaines formes d’oubli. cette question murmurée, implorée, chantée, hurlée, ils s’en frappent la tête. ils s’en mettent le cœur à vif. ils la boivent tel un vin rare, se saoulent et se régénèrent, la perdent pour mieux la retrouver jusqu’au bout des nuits blanches, des journées sans soleil. ils la décortiquent, l’aspirent, la crachent et l’offrent parfois sans calcul comme un bouquet de fleurs à une âme de passage.
certains disent qu’ils sont fous. et alors ?
il en faut des fous pour exorciser nos démons, pour donner corps à nos monstres et nous permettre de dormir en paix ! il en faut des fous pour se mettre à nu et se poignarder avec tous nos pieux mensonges ! il en faut des fous pour se lancer dans ce vide que nous n’affrontons pas même du regard. il en faut des fous pour aller décrocher les étoiles qui brillent derrière nos paupières cousues.
il en faut des fous pour accoucher le monde !
fous ! les fous battent la campagne et la breloque !
fous ! désaxés ! détraqués ! dérangés !
siphonnés, cinglés, piqués, cintrés, timbrés !
mabouls, marteaux ! toqués, tapés ! tordus, toc-toc,
cinoques, louftingues,
dingues et loufoques !
z’ont perdu la raison,
la boule et la boussole,
une araignée au plafond,
mais qu’importe monsieur,
les fous travaillent et pas qu’un peu
les fous travaillent du chapeau !
les fourres tout
les foutrement gais
les inspirés
chercheurs de vérité
fous téméraires
et foutu bordel !
les fous à lier
les fous de liberté
les fous d’amour
fous de bonheur
les fous de joie
les fous rire
les fous des bois
fous de toi
et fous au galop
les fous échappés
du jeu de tarot
les fous en marche
sur l’échiquier
il y a aussi les foutez-moi la paix
les foutez-vous de ma gueule
et tous ces fous qui en veulent
il y a les vieux fous sans lendemain
les fous qui combattent les moulins
les sacrés fous
les fous sacrés
qu’est qu’ils foutent
les fous ?
les fous parlent à leur chien
à leur chat au ciel
aux inconnus
et à la chenille
ne savent pas mentir
les fous respectent la terre
les fous flânent en chemin
nourrissent les oiseaux
les fous pleurent
la mort d’une fleur
les fous se rient des frontières
les fous traversent les déserts
gravissent les montagnes
franchissent les mers
à la nage ou à la rame
les fous disent paix et tolérance
brûlent leur carte d’identité
pour être sans-papier
refusent de s’alimenter
parce que d’autres sont opprimés
les fous ne ferment jamais leur porte à clé
les fous s’égarent
donnent sans compter
les fous vivent dans les arbres
les fous sèment des jardins
les fous se couchent au sol
devant les tanks les bulldozers
il y a des fous qui aiment tellement les animaux
qu’ils ne les mangent pas
il y a les fous qui balaient devant leurs pas
pour ne pas écraser le plus infime insecte
les fous parlent d’amour quand on leur fait la guerre
les fous pardonnent à leurs tortionnaires
les fous luttent résistent inventent
aiment et cultivent la différence
les fous vivent leurs idéaux
les fous crachent des poèmes
sur les façades des cités
les fous refusent télé supermarchés
refusent d’être vaccinés pucés
s’entêtent à ne pas se résigner
les fous un jour partent
sans se retourner
les fous voyagent à pied
à dos d’ânes en roulottes
il y a des fous qui vont dans une grotte
méditer pendant des années
il y a des fous qui peuvent
se passer d’électricité
les fous font de leurs rêves une réalité
les fous aiment malgré tout
les fous refusent le garde à vous
les fous croient en la justice
et pensent pouvoir dévier le monde
mais les fous craignent les fous
les fous vraiment malades
les fous nocifs les fous dangereux
les foutez-les dehors
les fous qui veulent rester entre eux
les fous offensifs
les foudres de guerre
führers et fous sanguinaires
les fous pervers
fous du violent
fous psychopathes
et fous de la gâchette
les fous furieux
les fous maniaques
les fous avides
les fouilles-merde
les fous stupides
les fous creux
fous des grandeurs
fous persécuteurs
fous réducteurs
fous délirants
fous paranoïaques
et fous de la matraque
les fous forcenés
fous d’odieux
des fous banquiers
fous scientifiques
fous fanatiques
des fous déguisés en flic
fous de fric de pouvoir
des fous politicards
fous qui veulent tout diriger
fous qui veulent tout acheter
y’a pas pire fous que ceux-là.
fous qui pensent qu’ils n’en sont pas
et qui proclament :
est fou celui qui ne pense pas comme nous…
est fou celui qui n’est pas comme nous…
et ils enferment, détruisent, asservissent et assassinent
monde foutu par ceux-là ?
planète foutue par ces fous ci ?
plutôt fou-rire !
cg, in Follement autre
Cathy GARCIA. TRANS(e)FUSÉES. Gros Textes éd., (Dé/collages de C. Garcia, Furieux ! Mortels ! Mystérieux !) – 40 pp. – 9 € - 2015 - éd. Gros textes & Association Rions de Soleil, Cave de Fontfourane - 05380 – Châteauroux-les-Alpes – http://grostextes.over-blog.com/
Rêveuse, blagueuse, baladeuse : « Avant de m’endormir, octroyez-moi mon baiser de cristal, que je puisse aller saluer les pachydermes aux défenses d’émeraudes. […] C’est en toute quiétude que je ne fais nulle rature à ce texte savant. / J’étais déjà têtue dans l’utérus, malle à la dextre, à espérer n’importe quel joueur de yo-yo ou de balafon qui m’emporterait au Zaïre ou au plafond.
Son naturel découvert, extension de la nature : « Je caresse mon chat, sa nuit de fourrure étoilée, à l’écoute des grenouilles invisibles, muscles tendus sous le caoutchouc vert, qui crient l’amour et le plaisir brut. Les feuilles grasses et brillantes de ces plantes vénusiennes chuchotent sous ma fenêtre. Tout est bien.
Affrontée aux mystères insondés de la vie incompréhensible par définition : « Attendez qu’on soit mort / Écoutez un peu / Nous n’avons pas dit notre dernier mot / Nous n’avons pas tiré notre chapeau / La vie c’est plus que ça / Beaucoup, beaucoup plus que ça / Ça commence bien avant / Et ça ne finit jamais […] Le verbe est une spirale / L’ADN est une spirale / Ce qu’on avale nous avale / Tout ça me paraît normal… »
Dans un délire précieux tel un « inexcusable delirium » : « Cristal où êtes-vous mon amour ? / Améthyste nue correcte exhibée / C’est mon verre tige de l’amour / Rubis sexuel luit la nuit / Sous son chapeau de chagrin / Et les siamois sont d’été / Sous les nuits balisées de boues de lin / Crapule ovaire mité et chien perméable / Marin d’eau rousse, capsule le cul / Je suis tombée ! »
Fureur (ou autre chose ?) vers le « réel, intranquille : « Un cœur / Qui soudain a des crocs / s’auto-dévore / Vendanges lycanthropes / À la vulve du monde / Ça m’aide la nuit / À raccommoder mes étoiles / À faire jonction / Émeute solaire // Au cadran j’ai rongé les angles / Les ai polis de ma langue / Pour en faire le cercle / Aléatoire / Non parfait / Le cercle rugueux / Du réel »
Michel HOST
_________________________________________________Le 6 / III / 2016
extrait de LE SCALP EN FEU - IX par Michel Host Décembre 2015 / Février 2016
http://www.lacauselitteraire.fr/le-scalp-en-feu-ix-decembre-2015-fevrier-2016-par-michel-host
Oiseaux fous, oiseaux ivres,
Fuyant par milliers
Le vacarme des cités tendues,
Prêtes à exploser.
Oiseaux fous,
Oiseaux ivres,
Portant haut
Le vaste drapeau déchiré
Du ciel,
Vos cris se perdent
Sur les océans migrateurs,
Vos plumes se mêlent
A leurs pleurs
Et rougissent
Les pages du monde.
Nuit d’encre
Où se noient
Les rêves
de l’albatros.
Poète ,
Marche,
Vole !
Les hommes
Riront toujours de toi !
Tailler les jours
Entailler l’os,
La marée épaisse
Des rêves écorchés.
Ôter à l’oiseau
Le droit de voler
Ôter à l’humain
Toute volonté,
Couper les ailes
Trancher la main
Fabriquer des implants
De haine,
Des lois taillées
Sur des peaux blêmes,
Et pour mieux encore
Manipuler,
Pénétrer au cœur même
du sang
Et du gène !
Brider l’oiseau
Briser l’humain,
Mais toi poète,
Marche,
Vole,
Que les Hommes,
S’il en reste,
Puissent encore rire,
De toi !
Cathy Garcia, 2001