Jacques Canut
Je n’irai nulle part, ne sachant
d’où je viens.
in Sirènes
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Je n’irai nulle part, ne sachant
d’où je viens.
in Sirènes
Prenant une pierre
Pour oreiller, je voyage
Avec les nuages
un éclat qui se dissimule
une broussaille enfouie
et la clairvoyance du sang
à travers les racines
in Sang & Broussailles
même pas l’os blanc
ni le sable
tout juste la cendre
du silence
in Saraswati n°10
Sept fois à terre, huit fois debout
Ce monde de rosée
Est un monde de rosée
Pourtant et pourtant
La nuit
elles ne dorment pas,
elles épongent le lait de lune
In De brins et de bribes
Miel d’orage et foudre dans ma bouche.
Quelle voix revient par ma gorge animale ?
in Sang & Broussailles
Aimer un être, cela n’est pas seulement brûler de le posséder, c’est souhaiter qu’il s’épanouisse. Il n’est pas de moment plus sacré, plus suave, que celui où l’avidité qui nous jetait vers lui est suspendue par l’intérêt que nous lui portons, où nous ne pensons plus à le saisir parce que nous sommes ravis de le contempler, et où le besoin de l’avoir disparaît dans l’émotion de le voir vivre.
in Savoir aimer
sans défricher
la région du cœur
l’œil est perdu jusqu’au pubis
en un lieu désolé
à terme le sang les larmes
s’en retirent c’est la mer
in Au juste amont du songe
L’amour de ce côté
Est une ancienne histoire
Ce qui nous lie encore
C’est un hasard
Inqualifiable
J’ai fait courir les parois d’une caverne
à la poursuite des âmes et des troupeaux.
L’imaginaire participait à la danse des flammes
Pour y trouver les couleurs privées de mots,
arracher du foyer les brûlures de la faim.
in Dit de la conscience en chemin
L’homme est vertige. Vin et calcaire.
in Sang & Broussailles
On ne peut pas réveiller une personne qui fait semblant de dormir.
Lumières. Pluies.Océans sauvages. Emportez-moi dans la moelle frénétique de vos articulations.Emportez-moi ! Il suffit d’un soupçon de clarté pour que je naisse viable. Pour que j’accepte la vie. La tension. L’inexorable loi de la maturation. L’osmose et la symbiose. Emportez-moi ! Il suffit d’un bruit de pas, d’un regard, d’une voix émue, pour que je vive heureux de l’espoir que le réveil est possible parmi les hommes.
Emportez-moi ! Car il suffit d’un rien, pour que je dise la sève qui circule dans la moelle des articulations cosmiques.
in L’oiseau schyzophone