Christian Monginot
Il ne manque rien à rien. Que pourrait-il manquer à ce jeu nu de fictions et d’artifices ? Même l’absence n’est pas manque, mais songe ajouté au songe, et celle de Dieu, vertige ajouté au vertige.
in Voix Inverse
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Il ne manque rien à rien. Que pourrait-il manquer à ce jeu nu de fictions et d’artifices ? Même l’absence n’est pas manque, mais songe ajouté au songe, et celle de Dieu, vertige ajouté au vertige.
in Voix Inverse
Quand
Le soleil montre
Les dents de sa tête
De mort
Quand
Les morts montrent
Les dents
Debout dans la ville
Quand
On plante des fleurs
Au bord des fenêtres
Tellement
Tout est gris
Et sourds les voisins
Que la fiente
De pigeon fait un fond
De teint
Aux carreaux des jours
Quand
Le ciel n’a plus de pneu
De rechange
Que les nuages
Roulent sur des essieux
Rouillés
Et qu’on rechape
Les vieux dessins creux
Des constellations
C’est qu’un poème passe
Comme on dit
D’un ange
Durant une conversation
in Te Spectem
Le figuier s’est dépouillé :
Ses branches nues
Laissent ici et là
Quelques fruits ahuris.
Je sais la force des mots, la force des mots tocsin.
Pas de ceux-là qui savent ravir les foules.
Des autres, qui de terre feraient sortir les morts,
Et les cercueils défilent d’un pas de chêne sonore.
Souvent, ni lus, ni imprimés, les mots tombent au panier,
Mais ils en sortent et ils galopent le mors aux dents,
Tonnant pendant des siècles et les trains viennent en rampant,
Lécher leurs mains calleuses.
Je sais la force des mots. Moins que rien.
Moins que des pétales sous le talon d’une danse.
Et l’homme pourtant, de toute son âme, des lèvres, de la carcasse…
mais combien de fois ai-je oublié mon nom
combien de fois me suis-je oublié parmi vous
je suis parfois si loin de tout
un vagabond enjambant son humanité
in Sang & Broussailles
Les morts éclaboussent les ruines.
J’apprends les songes et les cailloux.
in Sang & Broussailles
L’incendie de créer n’appartient qu’à ceux qu’un désert peut nourrir
in Architecture nuit
ne pas dire le cri
déjà sorti des gorges tranchées
seulement étancher sur le sable
le sang non encore bu
La guerre a toujours
Sur le tableau de l’histoire
Reçu la consigne
D’effacer
Ce sentier, personne
Ne s’y aventure, sinon
Le couchant de l’automne.
La vie ! La vie !
Comme un buvard
Qui boit le ciel
in Te Spectem (Traversées n°56)
J’aimerais traîner, la nuit, perdu dans la misère, arpentant les pavés d’un bidon ville à Buenos Aires. Et sentir soudain le tranchant d’une lame qu’enfonce un gamin dans le creux de mes reins.
Et me dire enfin : « c’est fini ». M’effondrer sur le sable, la nuit…
in Les rêveries d’un cerisier en fleurs (Décharge 147)
Écouter les oiseaux, une machine ronfler au loin, le coucou. Rejeter cette dégueulasserie humaine, ce grand n’importe quoi à devenir fou et folle. Puisque tout est permis, participer aveuglément en brandissant mon grand n’importe quoi à moi, comme flamboyante vérité.
cg in A la loupe
Pour apprivoiser la folie
rien ne vaut
un grain de poésie
in Opium de personne