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CITATIONS - Page 144

  • Olivier Verdun

    Le joyeux est reconnaissable à dix lieues à la ronde. Il empeste. Il suinte le grand large. On l’envie. On le jalouse. La joie dérange à l’instar des rêves, des voyages, des amours : on s’y abandonnerai à priori mais quelque chose en eux nous effraie et nous empêche d’aller jusqu'au bout ; on leur préfère souvent la tristesse, la contrition, le conformisme, la médiocrité, voire la haine – moins amènes mais caressant davantage la bête dans le sens du poil. En quoi la joie, plus durable, plus dense et totalisante, ne serait réduit pas au plaisir, plus éphémère, partiel, impur, protéiforme ; il est en effet des plaisirs malheureux, des plaisirs de la tristesse, des plaisirs de la haine, des joies compensatoires en quelque sorte, des joies minables, des joies frelatées de peigne-cul : lorsque nous imaginons malheureux l’être que nous haïssons, nous éprouvons une étrange ivresse, empreinte de fureur, de tristesse, de bassesse. Ainsi la médisance – l’un des grands plaisirs de l’existence.

     

    in La joie

     

     

     

  • Héléna L

     

    Une salamandre au mur m’attire et m’écrase en elle ; je plonge dans un grand bac de lumière, de flammes, de bras tous maternels et beaux. Conneries ! Même un chien devient ma mère ! J’la vois partout, la sens qui tremble avec la terre et des volcans ! partout ! dis-je, des milliers de jets de pierres, de feu, et cet immense partout donc je n’aurais jamais profité !

     

     

  • Sôseki

    -         J’aimerais justement aller à cet étang du Miroir.

     -         Allez-y donc.

     -         Est-ce que c’est un endroit qu’on a envie de peindre ?

     -         C’est un endroit où l’on en a envie de se noyer

     

     

     in Oreiller d’herbes

     

     

     

  • Georges Friedenkraft

     

     Ils m’ont dit que tes mains seraient

     Moitié sapin moitié rizière

    Aussi pâles que les bouleaux

    Aussi dorées que les volcans

     

     Ils m’ont dit que tes dents seraient

    Moitié tigre moitié panthère

    Blanches et serrés comme un roc

    Dures et bleues comme un couteau

     

    Ils m’ont dit que tes yeux seraient

    Moitié iris moitié jachère

    Les bourgeons d’un saule amoureux

    La rive fleurie d’un ruisseau

      

    in Métissage

     

     

  • Wei Ying - Wou

     

    Le monastère du torrent bleu

     

     

     Quand surgit la lune aux monts d'Est
    il médite en sa chambre des sommets
    Dans la forêt vide, nul feu n'éclaire sa veille
    Esseulé dans la nuit, il puise à la source froide
    Trente années de vie, sans redescendre jamais
    au monastère du Torrent bleu

     

     

     

  • Saïd Mohamed

     

     

    Parfois il faut boire, pour désigner l’indicible, 

    Découvrir des territoires d’absence  

    Et retrouver l’ivresse de la langue. Force obscure de la vie.  

    C’est le seul mérite d’être élevé au rang des hommes.

     

     

     

  • Guénane

    AMER INDIEN.

     

    Son cœur soulève une canine de puma.
    Oser un pas
    vers cet orgueil dressé.

    Visage d'avant le pillage
    la cruauté
    l'alcool et les bacilles
    l'indifférence. 

    Visage d'un Paradis massacré
    d'un Premier Homme
    histoire d'un silence.
    Sur ses avant-bras pendent
    des cascades de colliers.
    « One dollar »
    articule l' Indien sans ciller.

     Contretemps du rêve
    accroc aux armoiries du Paradis
    partir sans se retourner
    peur de lire le mépris
    sur des lèvres guarani. 

    Le fleuve était gros.
    Un concert de crapauds imprima son sillon
    s'y lova l' Homme-Blason.
    Océan
    que n'as-tu englouti
    les caravelles de Colomb? 

    Humain perdu
    à jamais tu rends visite
    à l' Humaine qui m' habite.

     

     

  • Jean-Damien Roumieux

     

    Errance, ma patrie. Fraternelle, les nuages. Ne pouvoir vivre sans les sentences d’horizon. Avancer sur la terre fumante. (...) Même sous les ronces et les averses, l’exultation m’est familière.

     

    in Veille le vent