Francis Krembel
Aime t-on la personne
Au souffle près de soi ?
Ou la vaine statue taillée
Impatiemment
Par les ciseaux abrupts d’un quotidien, trop peu regardant.
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Aime t-on la personne
Au souffle près de soi ?
Ou la vaine statue taillée
Impatiemment
Par les ciseaux abrupts d’un quotidien, trop peu regardant.
Une salamandre au mur m’attire et m’écrase en elle ; je plonge dans un grand bac de lumière, de flammes, de bras tous maternels et beaux. Conneries ! Même un chien devient ma mère ! J’la vois partout, la sens qui tremble avec la terre et des volcans ! partout ! dis-je, des milliers de jets de pierres, de feu, et cet immense partout donc je n’aurais jamais profité !
Quelque part en montagne,
le temps cède.
- J’aimerais justement aller à cet étang du Miroir.
- Allez-y donc.
- Est-ce que c’est un endroit qu’on a envie de peindre ?
- C’est un endroit où l’on en a envie de se noyer
in Oreiller d’herbes
Ils m’ont dit que tes mains seraient
Moitié sapin moitié rizière
Aussi pâles que les bouleaux
Aussi dorées que les volcans
Ils m’ont dit que tes dents seraient
Moitié tigre moitié panthère
Blanches et serrés comme un roc
Dures et bleues comme un couteau
Ils m’ont dit que tes yeux seraient
Moitié iris moitié jachère
Les bourgeons d’un saule amoureux
La rive fleurie d’un ruisseau
in Métissage
Le monastère du torrent bleu
Quand surgit la lune aux monts d'Est
il médite en sa chambre des sommets
Dans la forêt vide, nul feu n'éclaire sa veille
Esseulé dans la nuit, il puise à la source froide
Trente années de vie, sans redescendre jamais
au monastère du Torrent bleu
Le loup ravale sa faim de loup,
La carpe gobe une émeraude,
L’aigle reploie ses précipices,
Toi seul tu reste indécis ;
in Ce que l’on ne peut dire…
Parfois il faut boire, pour désigner l’indicible,
Découvrir des territoires d’absence
Et retrouver l’ivresse de la langue. Force obscure de la vie.
C’est le seul mérite d’être élevé au rang des hommes.
AMER INDIEN.
Son cœur soulève une canine de puma.
Oser un pas
vers cet orgueil dressé.
Visage d'avant le pillage
la cruauté
l'alcool et les bacilles
l'indifférence.
Visage d'un Paradis massacré
d'un Premier Homme
histoire d'un silence.
Sur ses avant-bras pendent
des cascades de colliers.
« One dollar »
articule l' Indien sans ciller.
Contretemps du rêve
accroc aux armoiries du Paradis
partir sans se retourner
peur de lire le mépris
sur des lèvres guarani.
Le fleuve était gros.
Un concert de crapauds imprima son sillon
s'y lova l' Homme-Blason.
Océan
que n'as-tu englouti
les caravelles de Colomb?
Humain perdu
à jamais tu rends visite
à l' Humaine qui m' habite.
Errance, ma patrie. Fraternelle, les nuages. Ne pouvoir vivre sans les sentences d’horizon. Avancer sur la terre fumante. (...) Même sous les ronces et les averses, l’exultation m’est familière.
in Veille le vent
Le poète n’a pas peur du néant
in Pensée et poésie
Toute complainte débute sur l’enfance déchirée
Tout blé en herbe pleure les poignards de la faucheuse
in Enfance
Orages d’été,
Herbes de terres arables,
Des jardins, des landes et des marais.
Je salue votre unique identité,
Celle du vivant,
De la république des oiseaux.
Il vit dans une cité que des communicants obscènes ont rebaptisée résidence
Comme si on pouvait changer son quotidien crasseux par leur mot plus classieux
Il regarde autour de lui et se demande pourquoi le ridicule n’envoie pas ces cons en enfer
Il ne cesse de penser à son frère overdosé et sa cousine qui racole à l’école de la vie
in Droit de cité
En ce moment les mots de la gorge sont divorcés des images de tête, ce qui est assez difficile à vivre. Le même inconvénient atteint parfois les gestes eux aussi coincés quelque part, dans des nœuds coulants, sous les tendons des mains ou plaqués sous la peau, englués dans les mailles d’un fascia. On peut concevoir des oedèmes formés par des gestes captifs.
A l’intérieur, il pleut des mots. Des paysages de tête