Jean-Damien Roumieux
Errance, ma patrie. Fraternelle, les nuages. Ne pouvoir vivre sans les sentences d’horizon. Avancer sur la terre fumante. (...) Même sous les ronces et les averses, l’exultation m’est familière.
in Veille le vent
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Errance, ma patrie. Fraternelle, les nuages. Ne pouvoir vivre sans les sentences d’horizon. Avancer sur la terre fumante. (...) Même sous les ronces et les averses, l’exultation m’est familière.
in Veille le vent
Le poète n’a pas peur du néant
in Pensée et poésie
Toute complainte débute sur l’enfance déchirée
Tout blé en herbe pleure les poignards de la faucheuse
in Enfance
Orages d’été,
Herbes de terres arables,
Des jardins, des landes et des marais.
Je salue votre unique identité,
Celle du vivant,
De la république des oiseaux.
Il vit dans une cité que des communicants obscènes ont rebaptisée résidence
Comme si on pouvait changer son quotidien crasseux par leur mot plus classieux
Il regarde autour de lui et se demande pourquoi le ridicule n’envoie pas ces cons en enfer
Il ne cesse de penser à son frère overdosé et sa cousine qui racole à l’école de la vie
in Droit de cité
En ce moment les mots de la gorge sont divorcés des images de tête, ce qui est assez difficile à vivre. Le même inconvénient atteint parfois les gestes eux aussi coincés quelque part, dans des nœuds coulants, sous les tendons des mains ou plaqués sous la peau, englués dans les mailles d’un fascia. On peut concevoir des oedèmes formés par des gestes captifs.
A l’intérieur, il pleut des mots. Des paysages de tête
Les mouettes ouvrent et ferment
Cette parenthèse
Dans nos lignes de fugue
Où l’océan ressasse.
in Oceano Saxo Solo
Kê kê kêêê kup kup
Kê kê kêêê hiié hiié !
Mouette tu le sais
L’insolence est parfois la moindre des choses
in Oceano Saxo Solo
Lumière éteinte
Du ciel limpide une étoile se détache
Et entre par la fenêtre
Il est écrit qu’on ne part pas
En voyage à
L’aube d’un
Rêve
Laura enfant sauvait les vers de terre des coups civilisateurs et bisautés de la pelle. Elle les recueillait dans la coupelle de ses mains pour les déposer plus loin, en leur expliquant la raison d’un tel déménagement. Ainsi je vénère les lombrics.
Treize heures bourdonnent
Au clocher des mouches
La nuit secoue ses grands jupons
in Etreinte
Difficultés sur la voie
Parce qu'il a entendu tenir certains propos,
parce qu'il a lu certaines choses,
le pratiquant, s'il ne reçoit pas les conseils d'un maître de dharma,
tend quelquefois à se conformer par force
à une notion erronée de la voie.
S'il a entendu dire que le moi est une illusion,
s'il lit que les désirs sont haïssables,
il s'efforce alors de nier ses désirs,
il s'efforce de se nier lui-même.
Il tombe alors dans l'ascétisme,
dans le refoulement et la morbidité,
et par sublimation négative,
dans la distillation du mal.
Refusant de s'écouter lui-même,
incapable de suivre le naturel,
il se conforme artificieusement
à la loi d'une autorité,
qu'infantile, il s'est choisie.
Par erreur, ce faisant,
il bafoue l'homme naturel,
l'homme spontané,
l'homme véritable.
Décider par avance,
décider par artifice,
de ce que l'on doit désirer,
de ce que l'on doit cesser de désirer,
de ce que l'on doit être,c'est là, par arrogance suprême du moi,
tomber dans les domaines de Mâra.
Abandonner tout, une fois pour toute,
réaliser l'impossible,
c'est connaître la grande acceptation.
L'éveil procède d'une disparition
et non d'une affirmation,
c'est une entité illusoire qui meurt,
qui n'a jamais existé.
Dès que le connu est vu comme vide,
aucun ego ne peut être remis en question,
plus besoin de parler d'illusion,
sur quoi pourrait-on trébucher ?
Sans doute, sans hésitation,
l'affaire est tranchée,
on peut enfin rentrer chez soi,
tranquille, regarder les montagnes bleues.
in Au sud des nuages
Le grain des rêves est humide. Sable et rêve génèrent la même eau, la même femme à la voix de ténèbres. Il faut sans fin lever sa peau entre les sables de la nuit, effacer cette trace de ciel dans nos poitrines.
Depuis toujours, je polis l’airain noir de ton corps
De tous mes mots, je pèse sur le fléau des villes
Tout ce qu’on peut tirer d’un arbre au crépuscule