Jorge Luis Borges
Dieu meut le joueur et le joueur, la pièce.
Quel dieu, derrière Dieu, commence cette trame
De poussière et de temps, de rêves et de larmes ?
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Dieu meut le joueur et le joueur, la pièce.
Quel dieu, derrière Dieu, commence cette trame
De poussière et de temps, de rêves et de larmes ?
L’homme se distingue de l’animal en ceci
qu’il est doué d’arrière-pensées.
L’État se fait toujours appeler Patrie
lorsqu’il est sur le point de commettre un meurtre.
Rien ne sert d’être vivant le temps qu’on travaille.
Il en est du poète comme de l'araignée. C'est aussi de son propre fond qu'il tire les fils ténus dont il tisse sa toile, et cette toile sans consistance, dès qu'il a fini de l'ourdir, il la contemple avec le même puéril orgueil et la même sereine immobilité, mais il n'y prendra jamais autant de lecteurs que l'araignée de mouches, et, en prit-il autant, il n'a point, hélas ! la ressource de les manger.
in La Proie du Néant (Notes d'un pessimiste)
La nuit entre par tous les mots.
Car la nuit trompe ses vieux amants.
Les mots sont l’océan de nos barques de pierre.
Nous avons mis des siècles à dépouiller la nuit de nos chimères.
Car nous avons gagné le droit du large, chacun
Dans son manteau d’écailles et d’horizons.
Chacun dans le gisant des mots, l’étoile au sec.
La nuit dort sur le flanc, vieux chien de nos poitrines.
in Je ne suis jamais sorti de Babylone
Sans oublier qu’il existe des mots carnassiers envers d’autres mots plus débonnaires, pacifiques ou simples d’esprit. Les mots carnanssiers n’en font qu’une bouchée. Toute cette histoire est un vrai carnage. Toute cette histoire se passe à l’intérieur de ma gorge, dans un lac d’eaux mortes sommeillant à la fourche de l’os hyoïde.
À tout moment la vie abonde, ruisselle, irrigue ce quotidien auquel nous ne savons pas nous arrêter. C'est du plus ordinaire que filtre l'eau de la source. Mais il y a tant à débroussailler avant d'être à même de le comprendre, de l'admettre.
in Dans la lumière des saisons
Les passereaux emportent les destins, frères aux jabots de feu, fées aux longs yeux d’amantes, pluies sacrées. L’étreinte à l’âge des clavicordes.
Chants de nos cygnes intimes, trouvés morts dans l’aurore, quand le ciel lentement se défait de ses linges de femmes sur le seuil.
Ce goût de vieux futur dans la bouche indécise.
in Je ne suis jamais sorti de Babylone
Dans la cour, les guerriers mangent la chair des tours.
Buvez, mangez. Anne est nue dans sa tour.
Anne au genou fier, aux chevilles légères. Anne du vent.
Mais de la nuit, que savons-nous, bergère des ifs blancs ?
in Je ne suis jamais sorti de Babylone
Il y a des gens qui, à propos de certains problèmes, font preuve d’une grande tolérance. C’est souvent parce qu’ils s’en foutent.
Tout l’impensé du monde est sur nos traces.
Même si je salive de m’abreuver au cosmos