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CITATIONS - Page 141

  • Jean-Marie Kerwich

     

    La douleur était mon professeur de lettres. J’étais le premier des derniers, au fond de la classe. Je me revois les bras croisés sur mon pupitre. Sur mon cahier j’écrivais des pensées qui ressemblaient à des chemins de blé. Chaque phrase était pareille à une feuille morte ou un caillou qui devenait un poème — quand je ne savais même pas ce qu’était un poème.

     

     

     

  • Jean-Marie Kerwich

     

    LA TRACE 

    De la poubelle coule une longue traînée d'huile qui serpente sur le quai de livraison. Elle semble danser tant elle se déhanche sur le sol. Dans le soleil elle prend des allures de princesse déchue. Parfois sa partance vers l'égout devient sacrée car elle sent que sa mort est proche. Vous devez vous demander en lisant ces lignes de quoi je veux parler. Quelle importance, cette huile qui coule d'une poubelle ! Pour moi ça a de l'importance car je suis pareil à elle. On a utilisé son âme pour faire frire l'indifférence des bureaucrates de la cantine comme on utilise la grâce si précieuse d'un grand poète pour agrémenter la vie des puissants. Je coule de cette poubelle qu'est le manque d'humanité des hommes. Je me laisse couler sur la page, mon écriture se déhanche : je vais vers l'égout des nantis, je m'apprête à mourir comme cette huile ondoyante si gracieuse dans son cheminement sur ce quai. C'est fait : sa tête est tombée dans l'égout, mais elle laisse sur le quai l'infatigable trace de sa grâce.

     Marseille, terrain des voyageurs

     

     

     

  • Jean-Marie Kerwich

     

    J’ai vu un ange qui boitait. Il m’est apparu simplement : j’étais assis sur un banc et je voulais allumer du tabac. L’ange me vit et vint allumer mon tabac. Je sais maintenant que tous les hommes devraient boiter. Mais qui en ce monde mériterait d’avoir cette magnfique démarche ? Les prétentions, les audaces, les parades sont à présent à mes yeux les vraies infirmités.

     

     

     

  • Jean-Damien Roumieux

     

    Sagesse de l’épine sous le faste des roses. Ici, les cris d’orfraie, là-bas, le rire et l’indolence de la mer. S’abandonner au vent. Le sentier sur le roc conduit à satiété.

     

     

    in Veille le vent

     

     

  • Abdelmadjid Kaouah

     

    Je plante mon arbre
    là où l’eau broie la chevelure du soleil
    écartelé entre deux ateliers de violence
    et c’est l’amour sur les chemins parallèles
    des hommes
     

     

    in Par quelle main retenir le vent