Armand le poète
La mort est le domaine de ce qui existe deux fois
in Là ou pas là ?
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La mort est le domaine de ce qui existe deux fois
in Là ou pas là ?
Qui dénude cette saison
à penser ?
de la réalité des prés à
l’égarement des simples
abeilles une eau
quelconque efface
l’écriture des eaux.
Est-ce la perspective
D’une rivière en feu
Gaspard Hons
J’ai mordu ce monde, mes dents ont heurté quelque chose de très dur. Peut-être est-ce une pierre ? Je commençais à étouffer quand le vertige jaune a commencé à m’emporter. J’ai réussi à serrer les mâchoires, j’ai arraché un morceau du monde et je suis tombé à la renverse…
in Les loups
je suis enterré dans un asile de cris écarlates
dans le poil de la peur
dans la lettre N qui est une galaxie un roman de la Table Ronde
dans la lettre N qui est la perle noire cachée dans l'huître du soleil
dans la lettre N qui est bambou de douleur monnaie de songe et
torche éclairant tendrement la paroi
dans la lettre N qui est Saint-Jean d'Eté
Ne me tuez pas de regards-couteaux
ne me battez pas jusqu'à l'évanouissement
ne me jetez pas pour me distraire
des cacahuètes des rubans des morceaux de miroirs des fleurs
je n'y suis pas
je suis ailleurs
sur une terre que nulle souffrance d'homme
n'avait encore foulée
avant mon irruption brutale d'alcool farouche
d'incendie détraqué.
in 19 lettres brèves à Nora Nord
ici meurt sauvagement le vent
j'écris la perte le manque absolu
A grandes rafales de sang
je balaie le carrelage de l'aube
où mon corps chaud encore
diminue devient invisible
où mon index de lune froide
pointe encore un tropique
le ventre de la mère
sauvé de la destruction par la langue chair et suffocation.
in 19 lettres brèves à Nora Nord
Crainte d’une faille dans la mécanique
par où s’engouffrerai l’entre-deux
innommable.
Ce lieu de personne
avec ses chemins de broussailles têtues
où se cognent les rêves.
in Matières premières
Il y a
dites-vous
encore
trop
de
leçons
mal apprises
trop de lacunes
de confusion
de trous
d’excroissances
d’amalgames
de fautes de
syntaxe de style de goût de jeunesse de frappe de non-concordances des temps
d’ailleurs incertains
d’ici controversés
de lendemains qui
chantent faux
de pannes inexpliquées
d’erreurs d’aiguillage
d’étourderies de montage
de retards d’exécution
de mauvaises passes
de situations d’échec
de macérations oubliées
de vapeurs non identifiées
de colportages intempestifs
d’exagérations perdues
de pendules mal réglées
de fiches non répertoriées
d’artistes égarés en
quadruple file et
qu’on ne revoit plus
toute la sainte
journée
in Le rappel des titres
Être poète c’est être en permanence en instance d’expulsion
in la poésie m’emmerde
Je suis un et indivisible monument du ratage
de votre chaîne de production de couillons.
in Le projet terreur
Le présent nous étouffe et déchire les identités. C’est pourquoi je ne trouverai mon moi véritable que demain, lorsque je pourrai dire et écrire autre chose. L’identité n’est pas un héritage, mais une création. Elle nous crée, et nous la créons constamment. Et nous ne la connaîtrons que demain. Mon identité est plurielle, diverse. Aujourd’hui, je suis absent, demain je serai présent. J’essaie d’élever l’espoir comme on élève un enfant. Pour être ce que je veux, et non ce que l’on veut que je sois.
Je veux parler d’un désert monstrueux, le désert parfaitement planétaire, parfaitement mondialisé. Le désert de l’Homme par l’Homme, celui qu’il édifie dans son cœur, lui l’orgueilleux qui marche sans mémoire.
in Itinéraires vers le silence
Si la chance est avec toi, pourquoi te hâter ?
Si la chance n'est pas avec toi, pourquoi te hâter ?
Le poisson attrapé est toujours petit,
le poisson échappé est toujours grand.
Un enfant marche en sifflotant aux limites du visible
il n'a pas du tout l'air craintif.
A ses tempes des boucles de neige doucement tremblent
Il est du pays d'au-delà des moissons déchiquetées
par les pics d'au-delà les grands murs lépreux qui se taisent
Il est du pays des alchimistes et des brûleurs de souches pourries
in 19 lettres brèves à Nora Nord
Souffles jumeaux de la marche et du métier de se taire. Celui de renoncer au silex des mots, à leur envie de puissance, à leur impatience de torrent, eux qui devraient toujours se cantonner à la source, où l’ombre porte encore nourriture et secret.
in Itinéraires vers le silence