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CITATIONS - Page 165

  • Diane Meunier

    J’ai compté sur tant de choses…

     Mais à présent je pars,

     Non en un ciel menteur aux songes profus

     Mais

     Sur la pointe aigue d’une cime aphasique et glacée

     D’où je plonge au cœur chaud des abimes rouges

     Qui accueillent les esprits sombres

     Et les chérissent

     Sans marché

     Sans transaction

     Sans concession

    Sans confession

      

    La lumière est un leurre qui éblouit les rêveurs de vie

     Pour les aveugler

     Et les brûler froidement

      

    Je ne suis pas vaincue

     Je n’ai pas peur

     Je suis enfant du néant purifiant

     pacificateur

     

      

     in Poèmes en poche

     

     

  • Vénus Khoury Ghata

    Qui a dit qu’il était mort

     On a simplement clos les volets de ses paupières

     Et allumer un cierge pour rassurer son ombre

     

    Son nom gravé dans la pierre ?

     C’est pour apprendre aux oiseaux la dictée

     Et ce trou de cimetière ?

     C’est pour compter les orteils du cyprès

     Pour l’abriter puisqu’il pleut dans sa maison

      

    Qui parle d’enterrement ?

     Il a déménagé dans la terre

     Pour percer avec un chardon 

     

      in la Voix des arbres

     

     

     

     

  • Anne Mounic

     

    La chute ?

    Attendre d’autrui ce que seul on peut faire advenir.

    Nous sommes tous férocement chassés du paradis.

    La ruse consiste à l’emporter en soi, dissimulé

    Aux profondeurs inaliénables.

     

    in cobra sous le chant, médusé, dansant, conquis pour un instant

     

     

  • Jean Gédéon

     

    C’est ce qui est autour

     qui va s’élargissant

     comme l’onde remuée.

      

    Pour atteindre les sens,

     C’est ce qui est autour

     Qui réduit les distances en leur temps relatif

      

    C’est ce qui est autour

     qui humanise l’homme

     en sa centralité.

      

    Le cœur et sa pitié.

      

    La source et l’embouchure.

      

     in Crispations

     

     

  • Nathalie Nabert

    La proie sommeille

     sur la paroi,

     festin d’alouettes

     dans le rougeoiement

     de l’ordre.

      

    Et ma voix crie

     entre les cernes

     de la bête sacrifiée.

     Je suis la voix

     qui ne se tait pas, glaneuse ajourée

     dans le plomb de la nuit.

      

    in Eclats

     

  • Jean-Paul Gavard Perret

     

    Une poussière d’image et d’ange jusqu’à ce que du vieux sexe ne demeurent que ses plis en éboulis de cercles. Conjuguer le moite au fond du reflet. Le jour sommeille. Mouvement de repli. Coupure, couture, clôture. Sutures au plus profond et la perle du nom – un peu de sperme ou de sang. Blanc de culotte et le dénuement. Alors vider le ciel du jus de son corps. Isoler l’histoire. Tenir encore, tenir, dans ce blanc de métal ou les embruns de sa rouille.

     

     

  • Nathalie Nabert

     

    De nos mains sèches

    et frileuses, qu’avons-nous fait 

    du jardin d’argile 

    et de la prouesse du lys ? 

    Gardien fantoche de l’enclos, 

    qu’avons-nous fait 

    de nos corps visionnaires 

    rêvant de lunes incertaines ? 

     

    in Eclats

     

     

  • Alexandre Vallasidis

    Quand écrire ne suffira plus, ni sa clarté, ni son fouillis, ni les images retournées du corps à secourir. Quand j’aurai raté de peu la vie délicate dans ce coin du monde, ce trottoir doucement inquiet, les jeunes gens, le soleil de biais, la marche lente.

     

     (…)

     

    Quand je serai cloué pour de bon à cette ville, lavé de toute enfance, nu, cherchant dans la grande avenue commerçante un morceau de ma clavicule ou de mon sein ; criant, marmonnant, parlant…

     

     (…)

     

    Et que j’aurai rejoint dans le plus grand des silences cette confrérie, dans ma ville, des sans logis, sans famille, sans merveilles de l’orient en poudre et sachets, sans guenille, sans histoire. Quand je serai cette ville. Quand je sauterai de haut, et disparu, démuni du fiel, et cousin du safran ou du pin, aimé, chéri.

     

     Quand je gisant menu…