Nathalie Nabert
Dans chaque homme humilié
s’est noyé le rouge-gorge
au cri perçant;
os légers, os bruissant
sur mon visage
comme des sentinelles.
In Eclats
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Dans chaque homme humilié
s’est noyé le rouge-gorge
au cri perçant;
os légers, os bruissant
sur mon visage
comme des sentinelles.
In Eclats
en appétit
d’oiseau
le silence
fouille
la futaie
plus rien
à se mettre
sous la plume ?
in Ecailles de nuit
J’ai compté sur tant de choses…
Mais à présent je pars,
Non en un ciel menteur aux songes profus
Mais
Sur la pointe aigue d’une cime aphasique et glacée
D’où je plonge au cœur chaud des abimes rouges
Qui accueillent les esprits sombres
Et les chérissent
Sans marché
Sans transaction
Sans concession
Sans confession
La lumière est un leurre qui éblouit les rêveurs de vie
Pour les aveugler
Et les brûler froidement
Je ne suis pas vaincue
Je n’ai pas peur
Je suis enfant du néant purifiant
pacificateur
in Poèmes en poche
Qui a dit qu’il était mort
On a simplement clos les volets de ses paupières
Et allumer un cierge pour rassurer son ombre
Son nom gravé dans la pierre ?
C’est pour apprendre aux oiseaux la dictée
Et ce trou de cimetière ?
C’est pour compter les orteils du cyprès
Pour l’abriter puisqu’il pleut dans sa maison
Qui parle d’enterrement ?
Il a déménagé dans la terre
Pour percer avec un chardon
in la Voix des arbres
Le sycomore qui s’est levé du pied gauche
Insulte la cheminée qui l’enfume
Et gifle de ses branches la lucarne
in la Voix des arbres
Il y a dans le ventre de la colline
Une fouine aux yeux verts
Enveloppée de racines
in Eternité de la rose
La chute ?
Attendre d’autrui ce que seul on peut faire advenir.
Nous sommes tous férocement chassés du paradis.
La ruse consiste à l’emporter en soi, dissimulé
Aux profondeurs inaliénables.
in cobra sous le chant, médusé, dansant, conquis pour un instant…
C’est ce qui est autour
qui va s’élargissant
comme l’onde remuée.
Pour atteindre les sens,
C’est ce qui est autour
Qui réduit les distances en leur temps relatif
C’est ce qui est autour
qui humanise l’homme
en sa centralité.
Le cœur et sa pitié.
La source et l’embouchure.
in Crispations
La proie sommeille
sur la paroi,
festin d’alouettes
dans le rougeoiement
de l’ordre.
Et ma voix crie
entre les cernes
de la bête sacrifiée.
Je suis la voix
qui ne se tait pas, glaneuse ajourée
dans le plomb de la nuit.
in Eclats
assez
du va et vient
sans savoir
où il va
in Tabous de nous
Une poussière d’image et d’ange jusqu’à ce que du vieux sexe ne demeurent que ses plis en éboulis de cercles. Conjuguer le moite au fond du reflet. Le jour sommeille. Mouvement de repli. Coupure, couture, clôture. Sutures au plus profond et la perle du nom – un peu de sperme ou de sang. Blanc de culotte et le dénuement. Alors vider le ciel du jus de son corps. Isoler l’histoire. Tenir encore, tenir, dans ce blanc de métal ou les embruns de sa rouille.
De nos mains sèches
et frileuses, qu’avons-nous fait
du jardin d’argile
et de la prouesse du lys ?
Gardien fantoche de l’enclos,
qu’avons-nous fait
de nos corps visionnaires
rêvant de lunes incertaines ?
in Eclats
Dans la nuit où couvent des rêves de dérive,
les lampadaires ont des yeux de bêtes malades.
in La solitude du poète
C’est difficile de manger la vie
Quand l’amour n’a plus de dents