Anatole France
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Une poussière d’image et d’ange jusqu’à ce que du vieux sexe ne demeurent que ses plis en éboulis de cercles. Conjuguer le moite au fond du reflet. Le jour sommeille. Mouvement de repli. Coupure, couture, clôture. Sutures au plus profond et la perle du nom – un peu de sperme ou de sang. Blanc de culotte et le dénuement. Alors vider le ciel du jus de son corps. Isoler l’histoire. Tenir encore, tenir, dans ce blanc de métal ou les embruns de sa rouille.
De nos mains sèches
et frileuses, qu’avons-nous fait
du jardin d’argile
et de la prouesse du lys ?
Gardien fantoche de l’enclos,
qu’avons-nous fait
de nos corps visionnaires
rêvant de lunes incertaines ?
in Eclats
Dans la nuit où couvent des rêves de dérive,
les lampadaires ont des yeux de bêtes malades.
in La solitude du poète
C’est difficile de manger la vie
Quand l’amour n’a plus de dents
Quand écrire ne suffira plus, ni sa clarté, ni son fouillis, ni les images retournées du corps à secourir. Quand j’aurai raté de peu la vie délicate dans ce coin du monde, ce trottoir doucement inquiet, les jeunes gens, le soleil de biais, la marche lente.
(…)
Quand je serai cloué pour de bon à cette ville, lavé de toute enfance, nu, cherchant dans la grande avenue commerçante un morceau de ma clavicule ou de mon sein ; criant, marmonnant, parlant…
(…)
Et que j’aurai rejoint dans le plus grand des silences cette confrérie, dans ma ville, des sans logis, sans famille, sans merveilles de l’orient en poudre et sachets, sans guenille, sans histoire. Quand je serai cette ville. Quand je sauterai de haut, et disparu, démuni du fiel, et cousin du safran ou du pin, aimé, chéri.
Quand je gisant menu…
Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe,
Il se retournerait et ce serait la nuit.
in L’allée
Alger jette sa baie de lumière
Au ciel effilé d’éclats
Parenthèse d’azur la mer
Courtisane aux pieds lascifs
Je cherche des pinceaux pour déjouer la brume
A l’horizon laiteux
Cette démangeaison du ciel au goût de fruit
in Lumière
Seigneur, les mitraillettes marmottent à tue-tête.
Nos dents n’ont rien mâché depuis belle lurette.
Depuis dix mille ans le sourire s’est exilé de nos visages
Car avec rage des roquettes font des commérages
in Prières aux dieux
Ma vie est assez pleine : rien de spécial : quelques mensonges qui se prennent pour des vérités afin de survivre, sidéré, stupéfait, tétanisé devant la beauté du monde et la médiocrité féroce du genre humain. Mauvais genre d'ailleurs
in La nostalgie de l'hérésie
Il y a dans ma tête
Une bête
Qui ricane quand je parle
Aux gens
Intelligents
Sans bête
Dans leur tête
in Poèmes en poche
On fera la course en sabots de cheval, les pieds dans le même sac d’étoiles
On fera de grandes fêtes en l’air pour faire lever toutes les têtes
On jettera nos épluchures sur les toitures et des confettis de papier-toilette
Aussi des plumes bien dures pour faire tomber les maisons et libérer les rues
Et que les arbres dansent tout nus pour ne pas qu’on les voie
Nous chercherons d’autres pays qui n’existent pas
(alors on en inventera)
Et aussi des endroits sucrés où on se lèchera les pieds
En bouquet de violettes
Ça sera chouette !
in Poèmes de poche
lune
poudre blanche
nocturne
ombragée
d’une chouette
et
comme
impalpable
l’éclatante
lumière
Entends le vent violet
Qui parcourt le port désert
Fait vibrer les cordages
Sur les hauts mats nus
A jamais sans voile désormais
in Minotaure Obscur
La nuit se couche au bord des routes
comme un grand chien très doux
et tu cherches à apaiser les étoiles
en les prenant dans tes cils.
in Plein d’amour