Vénus Khoury Ghata
Le sycomore qui s’est levé du pied gauche
Insulte la cheminée qui l’enfume
Et gifle de ses branches la lucarne
in la Voix des arbres
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Le sycomore qui s’est levé du pied gauche
Insulte la cheminée qui l’enfume
Et gifle de ses branches la lucarne
in la Voix des arbres
Il y a dans le ventre de la colline
Une fouine aux yeux verts
Enveloppée de racines
in Eternité de la rose
La chute ?
Attendre d’autrui ce que seul on peut faire advenir.
Nous sommes tous férocement chassés du paradis.
La ruse consiste à l’emporter en soi, dissimulé
Aux profondeurs inaliénables.
in cobra sous le chant, médusé, dansant, conquis pour un instant…
C’est ce qui est autour
qui va s’élargissant
comme l’onde remuée.
Pour atteindre les sens,
C’est ce qui est autour
Qui réduit les distances en leur temps relatif
C’est ce qui est autour
qui humanise l’homme
en sa centralité.
Le cœur et sa pitié.
La source et l’embouchure.
in Crispations
La proie sommeille
sur la paroi,
festin d’alouettes
dans le rougeoiement
de l’ordre.
Et ma voix crie
entre les cernes
de la bête sacrifiée.
Je suis la voix
qui ne se tait pas, glaneuse ajourée
dans le plomb de la nuit.
in Eclats
assez
du va et vient
sans savoir
où il va
in Tabous de nous
Une poussière d’image et d’ange jusqu’à ce que du vieux sexe ne demeurent que ses plis en éboulis de cercles. Conjuguer le moite au fond du reflet. Le jour sommeille. Mouvement de repli. Coupure, couture, clôture. Sutures au plus profond et la perle du nom – un peu de sperme ou de sang. Blanc de culotte et le dénuement. Alors vider le ciel du jus de son corps. Isoler l’histoire. Tenir encore, tenir, dans ce blanc de métal ou les embruns de sa rouille.
De nos mains sèches
et frileuses, qu’avons-nous fait
du jardin d’argile
et de la prouesse du lys ?
Gardien fantoche de l’enclos,
qu’avons-nous fait
de nos corps visionnaires
rêvant de lunes incertaines ?
in Eclats
Dans la nuit où couvent des rêves de dérive,
les lampadaires ont des yeux de bêtes malades.
in La solitude du poète
C’est difficile de manger la vie
Quand l’amour n’a plus de dents
Quand écrire ne suffira plus, ni sa clarté, ni son fouillis, ni les images retournées du corps à secourir. Quand j’aurai raté de peu la vie délicate dans ce coin du monde, ce trottoir doucement inquiet, les jeunes gens, le soleil de biais, la marche lente.
(…)
Quand je serai cloué pour de bon à cette ville, lavé de toute enfance, nu, cherchant dans la grande avenue commerçante un morceau de ma clavicule ou de mon sein ; criant, marmonnant, parlant…
(…)
Et que j’aurai rejoint dans le plus grand des silences cette confrérie, dans ma ville, des sans logis, sans famille, sans merveilles de l’orient en poudre et sachets, sans guenille, sans histoire. Quand je serai cette ville. Quand je sauterai de haut, et disparu, démuni du fiel, et cousin du safran ou du pin, aimé, chéri.
Quand je gisant menu…
Ne touchez pas l’épaule du cavalier qui passe,
Il se retournerait et ce serait la nuit.
in L’allée
Alger jette sa baie de lumière
Au ciel effilé d’éclats
Parenthèse d’azur la mer
Courtisane aux pieds lascifs
Je cherche des pinceaux pour déjouer la brume
A l’horizon laiteux
Cette démangeaison du ciel au goût de fruit
in Lumière
Seigneur, les mitraillettes marmottent à tue-tête.
Nos dents n’ont rien mâché depuis belle lurette.
Depuis dix mille ans le sourire s’est exilé de nos visages
Car avec rage des roquettes font des commérages
in Prières aux dieux