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CITATIONS - Page 171

  • André Laude

     

    un seul visage qui s'avance avec les pépiements
    d'oiseaux les brindilles sèches de l'aube
    et le sang exalté fourbu fracture majestueusement les tiroirs
    des marées
    une fiancée touchante danse dans le globe de la lampe
    une loutre bleu tend son long cou de fenouil
    le plus clair de mon temps scintille aux tempes du matin neuf
    un seul visage qui s'empourpre de gestes d'amour de baisers fluides
    un seul visage un rire cassant la glace le reflet dans une vitrine
    d'un Passage d'une mouette qui proclame la fonte des ombres
    une brouette chargée de soleil roule le long de l'avenue
    contemplée par des fillettes en tabliers de silence
    un seul visage qu'on accueille avec cette inquiétude de l'adolescence
    griffée par les rumeurs et les appels
    qu'on accueille avec des fleurs de neige et de mutisme
    qu'on soulève au creux des paumes jusqu'à la lumière vraie qui
    coule des pierres des métaux des corps humains
    dans la ville les fêtes se rassemblent et convergent vers
    une poitrine de feu
    les morts se dissolvent dans l'éther léger de l'instant

     

    in 19 lettre brèves à Nora Nord

     

  • André Laude

     

    Sauvagement noue sa bouche à ma bouche
    un serpent de soif
    un serpent de minéral pur
    Sauvagement saigne entre mes jointures l'ange
    décapité
    sur ordre secret
    de juges dont les voix
    se répercutent au loin de colline pelée à paroi sèche

     

    in 19 lettres brèves à Nora Nord

     

     

  • André Laude

     

    O Dieux – parce que je ne sais pas très bien
    à qui m'adresser
    entre quelles mains indifférentes
    remettre ma plainte contre Inconnu –
    Ne m'enlevez pas la vivante qui a brûlé mes lèvres d'une joie
    sauvage autant qu'un galop de mustang dans la prairie cheyenne
    Qui a écarté mes genoux afin que se lève le soleil unique vital
    selon la loi non écrite mais proclamée par la gorge de l'eau, la queue de paon du crépuscule
    sur les jardins indestructibles
    Qui a délivré l'oiseau de gel encagé entre mes épaules toujours crucifiables
    Qui a de ses longs doigts minces musiciens inspirés creusé d'immortelles galeries dans mon souffle
    où il fait beau où il fait terreur et fiévreuse incantation

     

    in 19 lettres brèves à Nora Nord