Philippe Claudel
Elle a lampé à la bouteille un oubli aux couleurs de lune morte
in Barrio Flores
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Elle a lampé à la bouteille un oubli aux couleurs de lune morte
in Barrio Flores
Comme si nos révolutions s’étaient accomplies avec des anges de pureté, pas avec de sales types dépenaillés et sectaires, qui faisaient rouler des têtes dans des paniers pleins de son. Dont le ventre gargouillait. Qui pour briser le néant qu’on avait donné pour prix de leur existence, pillaient, violaient, massacraient !
in Rupture des stocks
L'éclat de la lumière qu'un être est capable de tirer de soi en se meurtrissant aux silex de la route se mesure à l'épaisseur de la nuit, à la profondeur des abîmes dans lesquels il peut avancer sans sombrer.
in Les Yeux d'Ezéchiel sont ouverts
je veux chanter le dépouillement
l’abandon
les chemins avalés à nu
je veux chanter la pierre sur laquelle mon pied a buté
car c’est elle qui m’a appris à danser
à dégager mon corps de l’attraction des astres
c’est elle qui a réveillé l’acrobate qui dormait en moi
qui m’a sculpté des ailes
et je sais le prix des envolées à l’ampleur de la chute
chaque fois que je suis tombé
j’ai laissé un peu de moi sur la route
voilà pourquoi je vais léger
et démultiplié
Nul ne connaît l’histoire de la prochaine aurore
C’est bien d’avoir une femme, même si elle ne fait rien,
elle peut au moins te couvrir de ses gros seins
Reste que les oies sauvages
N’ont d’yeux que pour le ciel
Du haut de leur mille ans d’oisiveté
in Sans aucun doute peut-être
Le vent redouble
Tu dis que tu as froid
Pourquoi ne deviens-tu pas vent
Il y eut brutalement un désert impeccable
in Le décapsuleur
Le coquillage a traversé
Des millénaires
Pour jaser à ton oreille
Il connaît la source
D’où jaillissent les étoiles
in Fossile
Ma nuit……
Ma nuit
M’habille en colt
En souris
En vertèbres
Joyeuse impatiente et nue elle
Digère ma vie
Ma nuit
m’habille de plumes
de morves
et de larmes
gigantesque présence elle
dégaine mes nerfs
Ma nuit
s’esquive en moi
en cratères
en orient
magnifique lumière nue elle
assoiffe ma vie
Ma nuit…
Les orbites grandes ouvertes
Tous fils de Hyeronimus Bosch
Essuyant douleur, souffrance
Où est le bien, où est le mal
Leurs membres deviennent mandibules et pattes d’insectes
Leurs corps se couvre de plumes et d’écailles
Leur bouche se fait bec ou persifleuse
Ils sont oiseaux, reptiles ou batraciens
Ils sont chaos
Jugement dernier
Ou fin du monde
Je n’écris pas pour vous
qui alignez vos cocas
vos pizzas sur la toile
cirée
de vos cages
on invoqua Dieu,
on imprima son nom sur l’argent,
mais Dieu ne s’imposa pas.
Personne ne sais le moment
où l’un se convertit dans l’autre,
où se confondirent chèques et prières ;
Dieu en personne ne parvenait plus à rester lui-même
s’il ne portait pas sa carte dorée.
in In God we trust
L’éternité pour incarner un rôle secondaire
in Coïncidences personnelles