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CITATIONS - Page 185

  • Chief Luther Standing Bear, Teton Sioux

     

    Le monde était une bibliothèque et les pierres, les feuilles, l’herbe, les ruisseaux, les oiseaux et les animaux en étaient les livres qui partageaient, pareils à nous, les bienfaits et les tourments de la terre. Nous apprîmes ce que seul apprend celui qui étudie la nature : à ressentir la beauté.

     

     

  • Sylviane Werner

     

    Offre-moi des départs et des rades

    le bât fardé de nos fourreaux m’évide

     il pleut des bordées de bruyères

     

    il pleut

     

    Arrime-moi tout près de Nantes

    aux bleus-matins

     aux rets de rouille

     

    in Désir

     

     

  • Jeremy Narby

     

    La métaphore est ce qui permet de nommer les choses correctement, c'est-à-dire indirectement. C'est le langage double et entrelacé des chamanes, tsai yoshto yoshto comme disent les Yaminahua, language-twisting-twisting.

     

     

     

     

     

     

  • Yves Béal

     

    Tu me donnes ta brûlure, un cœur à découdre les routines, déjouer les complots. Arrive cette heure où nos yeux, au lieu de se courber sur l’ombre, s’ouvrent, s’écarquillent, encore à dire « sans doute ».

      

    Le quotidien peut bien égrener sur notre dos sa malice grinçante, nous naissons de partout, la bouche plus affamée encore.

     

     Voilà, sans corde et sans fil, ce qui nous lie, ce que nous sommes.

     

    in Beaucoup plus que l’aube…

     

     

  • Revue Nouveaux Délits - édito du numéro 49

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    Oct. nov. déc. 2014

     

     

    En guise d’édito :

     

    Le missionnaire européen était assis accroupi avec les Indiens Hurons en grand cercle autour d’un feu de camp. C’était une position à laquelle il n’était pas habitué, et il avait le sentiment qu’elle ne l’aiderait pas à convaincre les Indiens de partager son point de vue. Néanmoins il leur a exposé courageusement l’idée selon laquelle il n’était pas un mais deux. En l’entendant les guerriers ont éclaté de rire et ont commencé à jeter de gros bâtons et de la poussière dans le feu. Un étrange mélange de terreur et de ressentiment a alors envahi le cœur du missionnaire. Lorsque les rires ont cessé, il a poursuivi son exposé. Avec patience, il a expliqué aux sauvages que ce corps fait de chair et de sang qu’ils voyaient assis devant eux n’était qu’une coquille extérieure, et qu’en lui un corps invisible plus petit habitait, qui un jour s’envolerait pour vivre dans les cieux. Les Hurons ont gloussé de plus belle, en se faisant des signes de tête entendus tout en vidant les cendres de leurs pipes en pierre dans le feu crépitant. Le missionnaire avait le sentiment d’être profondément incompris, et était sur le point de se lever pour regagner sa tente, vexé, lorsqu’un vieil homme près de lui l’a arrêté en lui saisissant l’épaule. Il lui a expliqué que tous les guerriers et les chamans présents dans le cercle connaissaient l’existence de ces deux corps et qu’ils avaient également de petits êtres qui vivaient en eux, au cœur de leurs poitrines, et qui s’envolaient eux aussi au moment de la mort. Cette nouvelle a réjoui le missionnaire, et l’a convaincu que les Indiens étaient désormais sur le même chemin spirituel que lui. Avec un zèle renouvelé, il a demandé au vieil homme où, selon son peuple, ces petits êtres intérieurs s’en allaient. Les Hurons ont tous recommencé à rire, et le vieil homme a désigné du doigt la cime d’un énorme cèdre millénaire dont la silhouette se dressait dans la lueur du feu. Il a dit au missionnaire que ces « petits êtres » allaient au sommet de cet arbre puis descendaient dans son tronc et ses branches, où ils vivaient pour l’éternité, et que c’était pour cela qu’il ne pouvait pas l’abattre pour construire sa petite chapelle.

    Sam Shepard in Chroniques des jours enfuis

     

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