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CATHY GARCIA-CANALES - Page 216

  • Saskia Boelsums - Bargerveen

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    Lasse des épaves, la fantaisie se cabre, glane des comas dans les chardons. On passe le gant de crin sur nos sourires de lézards, tout en ignorant les rituels des cyclopes qui gardent les mines de pollen.

     

    in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018

     

     

     

     

  • Pascal Perrot

     

    à pleines mains plonger dans la poussière les excrétions la boue de soi

    ce que nous avons rejeté pour être conforme au modèle.

     

     in Une brèche dans la tapisserie des ombres

     

     

  • Nadia Anjuman, poétesse afghane assassinée pour avoir voulu devenir poète...

     
    Mon cœur impatient
    A l’aube
    Rêve de la nuit solitaire
    Serré et las
    Il fait du vacarme des jours
    Son excuse
    Mais quand vient le soir
    Le même cœur
    Se met à chanter l’aurore
    Et quand vient la nuit
    Les branches de ses rêves
    Se mettent à bourgeonner
    Inconscient de lui-même
    Il s’envole sans limite
    Vers le ciel
    Ah ! si seulement
    Cueillir la lune
    Si seulement la nuit
    Pouvait pour le prix
    D’une seule étoile
    Racheter ma courbure
    Si seulement l’aube
    Pouvait ne point jaillir
    Alors cette cité de la nuit
    Je l’habillerais de lumière
    Et mon regard
    Serait pour l’éternité
    Buveurs d’étoiles pures
    Que faire de ce cœur
    Brodeur de rêves
    Ce cœur
    Qui noie mon être
    Dans un tissu d’imaginaire
    Jusqu’à quand cette vieille sorcière
    Me jettera ses charmes de vierge ?
     
     
     
     
     

  • Judith en den bosh

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    Je voudrais des ailes. Aile comme lumière, aile comme légère.

    Hélas…. Mes ailes lasses.

     

    Je touche aux bas-fonds où rampent fous et insanités. Tunnels lugubres, lancinants. Je me creuse au-dedans pour accueillir la vie mais mes yeux ne surprennent que la mort. Mort des mouches, mort du souriceau, mort dans l’âme que je traîne d’un matin à l’autre.

     

    L’âme… Une superstition ?

     

    Ainsi donc j’étais folle et je ne le savais pas. J’avais oublié. Je l’avais trop bien caché, dissimulé dans mes brouillards, mes fumées. Folle sans aile. Sans amour. Sans amour surtout. Toujours à me frotter au côté crin de la vie. 

     

    Peau douce mais le cœur si friable. 

     

    A force d’user ma solitude, elle est devenue fine et translucide. 

    Fragile, si fragile…

     

     

    2002

    in Ourse bipolaire

     

     

  • Emily Dickinson

    Ils m’ont enfermée dans la Prose —
     Comme lorsque j’étais une Petite Fille
     Ils m’enfermaient dans le Placard —
     Parce qu’ils me voulaient « calme » —

     Calme ! S’ils avaient pu jeter un œil —
     Et espionner dans mon esprit — le visiter —
     Ils auraient aussi bien pu enfermer un Oiseau
     Pour trahison — à la fourrière —

    *

    They shut me up in Prose —
     As when a little Girl
     They put me in the Closet —
     Because they liked me "still" —

     Still! Could themselves have peeped —
     And seen my Brain — go round —
     They might as wise have lodged a Bird
     For Treason — in the Pound —

     

    un poème d'adolescence 

     

     

  • Wolfgang Suschitzky

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    enfouir dans l’argile

    les cendres de palabres

    quand l’onde fraîchit

    courir vers la forêt

    danse effilochée des sentiers

    s’imprégner du chant

    sur la peau de la pluie

    foudre de joie

    fulgurante lucidité

    primitive

     

    in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018

     

     

     

     

     

     

  • Daniel Masclet - La fille au pot de confiture - Quai d'Orléans - Paris - 1950

    Daniel Masclet-Quai-dOrléans,-Paris,1950-La-fille-au-pot-de-confiture.jpg

     

    J'emmerde les artistes et les poètes qui se pensent à part.

    Le mot ART ne devrait pas exister, à la place il faudrait lire VIE.

     

    Pulvériser ces ghettos qui font que les poètes ne fréquentent que les poètes. Tracer, tresser des ponts, se faire passeurs d’ailes.

     

    Que le poète s’enivre avec le plombier, que le plombier danse avec les ballerines, que les danseuses recoiffent les infirmières, que les infirmières peignent les maçons, que les maçons bâtissent des charpentes d’étoiles, 

    que les étoiles fassent des confitures, que les grand-mères fassent la révolution, que les révolutionnaires fassent du yoga, que les yogis fassent des plans sur les comètes qui ouvriraient des bars pour les poètes qui s’enivreraient avec les policiers en tricotant des alouettes pour faire rire les plombiers. 

     

    Que tout se mêle se mélange, semer l’ange bleu de chez Armani, costard de travail, babouches bleu blanc rouge et baguette au sésame. Que tout s’enlace dans l’immense orgie de l’humanité réconciliée et dans un grand feu de joie à ciel ouvert, toutes les machinations du monde seraient jetées.

     

    in Chroniques du hamac