Jocelyn Pook - Yellow Fever Psalm
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Lasse des épaves, la fantaisie se cabre, glane des comas dans les chardons. On passe le gant de crin sur nos sourires de lézards, tout en ignorant les rituels des cyclopes qui gardent les mines de pollen.
in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018
à pleines mains plonger dans la poussière les excrétions la boue de soi
ce que nous avons rejeté pour être conforme au modèle.
in Une brèche dans la tapisserie des ombres
Je voudrais des ailes. Aile comme lumière, aile comme légère.
Hélas…. Mes ailes lasses.
Je touche aux bas-fonds où rampent fous et insanités. Tunnels lugubres, lancinants. Je me creuse au-dedans pour accueillir la vie mais mes yeux ne surprennent que la mort. Mort des mouches, mort du souriceau, mort dans l’âme que je traîne d’un matin à l’autre.
L’âme… Une superstition ?
Ainsi donc j’étais folle et je ne le savais pas. J’avais oublié. Je l’avais trop bien caché, dissimulé dans mes brouillards, mes fumées. Folle sans aile. Sans amour. Sans amour surtout. Toujours à me frotter au côté crin de la vie.
Peau douce mais le cœur si friable.
A force d’user ma solitude, elle est devenue fine et translucide.
Fragile, si fragile…
2002
in Ourse bipolaire
Ils m’ont enfermée dans la Prose —
Comme lorsque j’étais une Petite Fille
Ils m’enfermaient dans le Placard —
Parce qu’ils me voulaient « calme » —
Calme ! S’ils avaient pu jeter un œil —
Et espionner dans mon esprit — le visiter —
Ils auraient aussi bien pu enfermer un Oiseau
Pour trahison — à la fourrière —
*
They shut me up in Prose —
As when a little Girl
They put me in the Closet —
Because they liked me "still" —
Still! Could themselves have peeped —
And seen my Brain — go round —
They might as wise have lodged a Bird
For Treason — in the Pound —
un poème d'adolescence
enfouir dans l’argile
les cendres de palabres
quand l’onde fraîchit
courir vers la forêt
danse effilochée des sentiers
s’imprégner du chant
sur la peau de la pluie
foudre de joie
fulgurante lucidité
primitive
in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018
J'emmerde les artistes et les poètes qui se pensent à part.
Le mot ART ne devrait pas exister, à la place il faudrait lire VIE.
Pulvériser ces ghettos qui font que les poètes ne fréquentent que les poètes. Tracer, tresser des ponts, se faire passeurs d’ailes.
Que le poète s’enivre avec le plombier, que le plombier danse avec les ballerines, que les danseuses recoiffent les infirmières, que les infirmières peignent les maçons, que les maçons bâtissent des charpentes d’étoiles,
que les étoiles fassent des confitures, que les grand-mères fassent la révolution, que les révolutionnaires fassent du yoga, que les yogis fassent des plans sur les comètes qui ouvriraient des bars pour les poètes qui s’enivreraient avec les policiers en tricotant des alouettes pour faire rire les plombiers.
Que tout se mêle se mélange, semer l’ange bleu de chez Armani, costard de travail, babouches bleu blanc rouge et baguette au sésame. Que tout s’enlace dans l’immense orgie de l’humanité réconciliée et dans un grand feu de joie à ciel ouvert, toutes les machinations du monde seraient jetées.
in Chroniques du hamac