Dirk Fleischmann
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Il faut être seul pour être grand.
Mais il faut déjà être grand pour être seul.
nos illusions seront sans sépultures
in Une brèche dans la tapisserie des ombres
chanté par Colombe Frézin...cordes : Serge Bouzouki...piano Dominique Charnay
On ne l'appelle plus
pour les fenaisons,
les vendanges ;
mais juste pour les osselets.
Son pain n'est pas de blé,
son vin n'est pas de sang.
On ne l'appelle que
pour débaptiser.
La Mort aime
les bons vivants ;
elle aime jouer
avec leurs âmes d’enfant
qu’elle raccompagne
à la Maison.
Ce qui l'amuse plus que tout,
c'est bien de les perdre en chemin,
bien loin de cette Maison
qu'elle met en pièces.
Mais ne soyez pas trop durs avec elle !
Elle ne fait que son boulot ;
derrière elle ne doit rester
que le cintre blanc des os.
in Le Tarot de Saint Cirque, Gros Textes 2020
Les femmes de mon pays portent un joug sur leurs épaules.
Leur cœur lourd et lent oscille entre ces deux pôles.
À chaque pas, deux grands seaux pleins de lait s'entrechoquent
contre leurs genoux ;
L'âme maternelle des vaches, l'écume de l'herbe mâchée
gicle en flots écœurants et doux.
Je suis pareille à la servante de la ferme;
Le long de la douleur je m'avance d'un pas ferme;
Le seau du côté gauche est plein de sang;
Tu peux en boire et te gorger de ce jus puissant.
Le seau du côté droit est plein de glace;
Tu peux te pencher et contempler ta figure lasse.
Ainsi, je vais entre mon destin et mon sort;
Entre mon sang, liquide chaud, et mon amour, limpide mort.
Et lorsque je serai sûre que ni le miroir ni le breuvage
Ne peuvent plus distraire ou rassurer ton cœur sauvage,
Je ne briserai pas le miroir résigné ;
Je ne renverserai pas le seau où toute ma vie a saigné.
J'irai, portant mon seau de sang, dans la nuit noire,
Chez les spectres, qui eux du moins viendront y boire.
Mais avec mon seau de glace, j'irai du côté des flots.
Le gémissement des petites vagues sera moins doux que mes sanglots;
Un grand visage pâle apparaîtra sur la dune,
Et ce miroir dont tu ne veux plus reflétera la face calme de la lune.
je suis
Dans ce malaise
De savoir que la beauté existe
Sans que je sache
Ce que je puis espérer encore
D’elle et du monde
Dans l’horreur de son retrait
Fabuleuse
Monstrueuse
Solitude
Tous les mythes de l’humanité
Mijotent dans ce creuset là
Creusez là
Creusez la terre
Creusez les méninges
Déroulez
Vos rêves de sommets
Vos songes de cimes
Chacun cherche le signe
Et tout n’est que fuite ou retour
Vers le pulsar primal
in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009
Ce sont mes voix qui chantent
pour qu’ils ne chantent pas, eux,
les muselés grisement à l’aube
les vêtus d’un oiseau désolé sous la pluie.
Il y a, dans l’attente,
une rumeur de lilas qui se brise.
Et il y a, quand vient le jour,
un morcellement du soleil en petits soleils noirs.
Et quand c’est la nuit, toujours,
une tribu de mots mutilés
cherche asile dans ma gorge,
pour qu’ils ne chantent pas, eux,
les funestes, les maîtres du silence.
in Les travaux et les nuits, traduction de Jacques Ancet