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CATHY GARCIA-CANALES - Page 244

  • Alejandro Jodorowsky

    Nous ne sommes pas des anarchistes qui nous rebellons contre Dieu, la Science ou l’État. Pas du tout. Un combat pareil n’apporte au pauvre que des coups de bâton et une pluie de balles… L’État, et à travers lui, le capital, peut prendre toutes les formes, il a gagné la bataille pour deux ou trois siècles. Rien ne viendra changer le cours de l’Ère industrielle. Les vers ont commencé à dévorer le fromage et nul ne peut les arrêter. La production ne cessera pas avant la dégradation complète de la planète. Peu y survivront. Dans un futur proche les pauvres auront peut-être de meilleurs costumes, ils seront mieux logés et nourris, mais ils continueront à être pauvres ; c'est-à-dire qu’ils seront de plus en plus endettés vis-à-vis du pouvoir, et que s’ils n’y laissent plus leur sang et leurs poumons, ils devront payer avec quelque chose d’aussi précieux que leur rire, et leur intelligence aussi. Le pauvre deviendra un imbécile casé et grave. La conclusion évidente ? L’essentiel est de survivre ! Que l’effondrement de la société ne nous détruise pas…

     

    (…) Mais venons-en au fait : le pouvoir n’est pas créatif et les riches s’ennuient. Ils possèdent tout sauf eux-mêmes. C’est logique. Pour se trouver soi-même, il faut tout lâcher et eux, au contraire, s’approprient tout. Vous me suivez ?

     

    in L’arbre du Dieu pendu

     

     

     

     

  • Paul Cupido

    Paul Cupido 0.png

     

    Toutes les sagesses et philosophies humaines convergent vers un même point, alors ouvrons bien nos écoutilles, toutes ! Et acceptons à quel point nous sommes ignorants mais servons-nous aussi de tous ces flambeaux posés depuis le début du monde pour éclairer notre voie d'humanité ! À l'échelle cosmique, notre temps ne tient même pas dans une fraction de secondes.

     

    in Ourse (bi)polaire, 2018

     

     

     

     

     

  • Vladimir Holan, poète tchèque (1905-1980 )

    SOUVENIR

    Après avoir combien d'heures en long et en large
    sans en trouver des pimprenelles, nous sommes
    sortis des bois,
    et nous nous sommes arrêtés à midi juste dans les
    bruyères.
    L'air était sec jusqu'au fer blanc. Nous regardions
    vers l'autre pente, couverte d'une épaisse végétation,
    de différents buissons et arbres. Ils étaient stupéfaits
    comme nous.
    Je voulais justement demander quelque chose,
    quand parmi cette masse immobile, droite, ensorcelée
    jusqu'à frémir de froid,
    un arbre,
    et cela dans un seul endroit,
    commença soudain à frissonner,
    comme un accord de sixte, mais qui n'eût émis aucun son.

    Tu aurais dit un cri de l'allégresse du cœur,
    et donc l'aventure elle-même,
    mais cet arbre se mit ensuite à murmurer,
    comme murmure l'argent parce qu'il noircit,
    comme tressaille la jupe d'une femme qui touche
    les vêtements d'un homme en lisant des livres dans un asile.

    Mais cet arbre se mit ensuite à trembler et à s'agiter,
    mais comme s'il était tremblé et agité par quelqu'un
    qui eût regardé jusqu'au fond de l'abîme aux yeux 
    noirs de l'amour ...
    c'était pour moi
    comme si j'avais dû mourir à l'instant même ...

    "N'aies pas peur," dit mon père, " c'est un tremble ! "
    Mais encore aujourd'hui je me souviens comme il a pâli
    quand nous y sommes arrivés un peu plus tard
    et quand nous avons aperçu sous lui une chaise vide ....

     

    Traduction : Dominique Grandmont

     

     

     

  • Lene Kilde

    Lene Kilde - béton et fil de cuivre_o.jpg

     

    Ils savent tous tendre la main

    Tous ces peuples qui chavirent

    Avec des armes sur leur sein 

    Leurs enfants jouent dans les rues

    Qu'il tombe de l'eau ou des bombes

    Ils aiment tous courir pieds nus

    Même s'ils trébuchent sur des tombes

     

    cg in Guerres et autre gâchis, Nouveaux Délits éd., 2014

     

     

     

  • Michel Baglin

    Cette vie l’éclairer
    à la danse des flammes
    sur une hanche nue,
    aux feux de camps des femmes,
    à l’étoile allumée
    sur un visage ému.
    L’éclairer d’allégeances
    faites à la lumière,
    à la terre, à la pluie, 
    au navire en partance,
    à la fontaine claire
    comme à l’alcool des nuits.

    in De chair et de mots