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CATHY GARCIA-CANALES - Page 333

  • John McKirdy Duncan - A Sorceress, 1898

    John McKirdy Duncan (1866-1945)   A Sorceress, 1898 ~ .jpg

     

    La peau respire, brille comme les plantes. Cette envie de se retourner envers, endroit, comme un gant pour sentir encore et encore plus avec la chair, les veines, les organes et les muscles, les os. Sentir à quel point nous sommes fait de la même étoffe que les fleurs, les nuages, le vent, la pluie et que nos limites ne sont là que pour jouir de toutes les sensations possibles.

     

    cg in Le livre des sensations

     

     

     

  • Kamel Yahiaoui

     

    Le murmure des châtaigniers

     

    je dirai ce matin est encore plus curieux que la rosée du verbe
    j'éteindrai ma lumière mon fourneau ma voix
    je porterai ma plume mon crayon et mes feuilles
    j'irai à travers les chemins cueillir un semblant d’arôme des cépages
    l'odeur des braises fiévreuses la nuit venant
    le murmure des châtaigniers sédatifs
    j'écouterai le bruissement d'un rêve courant les champs
    je fredonnerai la chanson des labours d'hiver
    sur mon chemin un oiseau sifflera l'air du festin des vergers
    le soir venu j'irai saluer mon cheval au ruisseau des tendresses justes
    sur lui je courrai jusqu'à l’étouffement de ma peur
    je partirai loin loin loin des démangeaisons de la gueuse
    j'écouterai le feu d'une caresse d'une jouissance d'une peau
    la vie porte en elle les biens et les méfaits des hommes
    je me réserve à la clarté de l'âme
    mon cheval m'a dit la noirceur du cœur humain
    mes yeux égarés dévident l’absence de l'humanité
    là-bas l'horizon pleure la raison de l'Afrique
    ici l'Occident danse la cause de la faim
    lune mon amante déhanche le cri de l'ange
    nous n'avons pas les syllabes de la marche
    un instant juste une virgule pour astreindre l'amour
    à mon oreille à mon regard à mon cœur
    il sera esclave à mon temps
    pour que ma main déboîte l'armure de la mélancolie
    l'astre des lueurs se doit d'être au rendez-vous
    je signerai pour sûr la flamme du courage
    mon chat sur mon dos je creuserai l’abcès du soleil

     

     

     

  • Kamel Yahiaoui

     

    Peinture mon ivresse

     

    Des affres descendent
    sur un nuage brouilleux
    et caressent le crâne du ciel
    les gouttes de pluie que m’offre
    l’eau du grand puits
    l’ange pleure sur mon épaule
    me dictant le vrai désir

    dès lors survole un dessin
    mon regard ivre d’air frais
    je plante mes griffes
    sur la surface du sécant
    tel un oiseau qui picore
    les grains d’espoir
    pour nourrir son envol
    et nous siffler sa survie

    je tiens la main de la plume
    par son encre
    pour graver une ombre en détresse
    écrire un paysage en pleurs
    je suis le châtaigner
    qui tord ses branches
    offre ses formes
    à la nature sauvage
    avec bienveillance

    les caprices de l’humanité
    me condamnent à la foudre
    hommes femmes meurent orphelins
    sans la chaleur d’une main
    qui n’est plus
    d'autres en vadrouille
    le cœur laid et le rire raide

    mon dessin déflore la peinture vierge
    crève la couleur douce
    qui enfante l’ivresse des délaissés
    cette réalité si peu visible à l’œil
    est impure
    elle me tourmente orageusement
    parce que la société est ainsi faite

    croit- on que l’œuvre amuse les murs
    quand celle-ci les console
    comme un comprimé d’aspirine
    elle apaise la douleur
    les murs accueillent la peinture
    qui craquelle de révoltes
    chaque jour un nouveau coup de vie
    nous émeut

    peinture
    mon souci de longue nuit
    éternelle épreuve du corps
    usé de taches noirâtres
    tu m’éloignes de l’absurdité
    des gens indifférents
    tu m’inscris en exergue
    de l’oubli de l’humanité

    mes ombres sont des êtres
    qui marchent la tête
    sur le cœur
    de sorte que le mien
    continue de battre
    pour les exclus de la joie
    j’observe les cercueils rue du départ
    des visages transparents
    font leur offrande à l’amour

    des enfants meurent au front
    les larmes aux yeux le regard franc
    ils naissent à la porte de la famille morte
    et n’ont pas peur du vertige
    dans cette guerre contemporaine
    que je dénonce sans répit
    cessez de violer les peaux saines
    qui se nourrissent d'espoir

    ogre de la forêt nomade
    qui étrangle le chant des arbres
    je t’envoie mes dix doigts
    pour exhorter ta bouche à l’effacer
    tu ne mâches pas le cri des feuilles vertes
    mais elles demeurent peinture
    aux oreilles musicales
    ivresse aux yeux salutaires