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Puisque c’est d’elle dont nous esquissons ici le procès, la tyrannie aura causé chez nous d’incalculables dégâts, à commencer par la prolifération des maladies et blessures du cerveau. Couplée au racisme, elle aura multiplié des corps boursouflés, bourrés de cicatrices, des esprits affaiblis et en quête permanente d’échappatoires. Appelons-cela la lobotomisation des esprits, par quoi il faut entendre l’émoussement de la raison et du sens commun, l’anesthésie des sens, la confusion entre le désir, le besoin et le manque, l’annihilation de tout désir autre que le désir sado-masochiste, la compulsion sadique, faut-il préciser, et sa charge de répétition, d’obéissance spontanée et d’imitation servile. (...) C’est peut-être, précisément, ce à quoi les fugitifs veulent tourner le dos – à ces salons psychiatriques que sont devenues les ex-colonies françaises d’Afrique. Ils en ont marre de se faire intoxiquer par la gamme de poisons qui servent désormais de breuvage à tous. Les fuyards veulent oublier la guerre tribale, les mains coupées, les rackets à tous les coins de rue, le policier qui se mue en plein jour en bandit et ponctionne la population, la prédation et la corruption, la botte sur la nuque, ces hyènes qui ricanent en pleine séance de torture, ces phallus gigantesques et hauts comme des pylônes et pour lesquels rien n’est inviolable, ces prisons infectes et remplies d’asticots où l’on dépouille les innocents et d’où l’on fait gémir toutes sortes de trompes, le carnaval des instincts
in De la post-colonie
Achille Mbembe, historien, enseigne l'histoire et les sciences politiques à l'université du Witwatersrand (Afrique du Sud) et à l’université de Duke (États-Unis).
Basé sur un fait vécu, Kalushi relate l’histoire de Solomon Mahlangu, un marchand ambulant de dix-neuf ans issu des rues de Mamelodi, un ghetto situé en marge de Pretoria, en Afrique du Sud. Brutalement battu par la police, Kalushi s’exile pour joindre le mouvement de libération à la suite des émeutes de Soweto en 1976. Alors que lui et son camarade Mondy revenaient d’une formation militaire à Angola, en route vers leur lieu d’assignation, Mondy perd le contrôle et tire sur deux innocents sur la rue Goch, à Johannesburg. Mondy est violemment battu et torturé tandis que Kalushi fait l’objet d’un procès régi par la doctrine de la communauté d’intérêts. L’État se prononce en faveur d’une mort par pendaison, la sentence la plus sévère qui soit. Adossé contre le mur, Kalushi utilise la salle d’audience comme dernier champ de bataille. Son sacrifice fera de lui un héros de guerre et une figure marquante des événements du 16 juin 1976, connue sur la scène internationale.
avant de partir elle lui passera autour du cou
un collier de perles d’eau, un collier de sève
elle lui lissera les mains et les embaumera
d’un crépuscule de mai
elle lui ôtera chaque plomb
de ses yeux, de sa chair
un à un elle retirera ceux qui criblent son cœur
elle prendra entre ses mains son visage
et lui baisera paupières si doucement
qu’il la prendra pour le vent.
cg in le baume, le pire et la quintessence
Cette vie, l’enchanter
d’un sourire entrevu,
de ces bonheurs fortuits
du passant amusé
et des odeurs cueillies
par hasard dans la rue.
L’enchanter à l’envie,
à petits coups de cœur,
à petits coups de chance,
en quêtant l’âme sœur
ou la clarté d’enfance
dans un regard surpris.
in De chair et de mots