Jean-Baptiste Pedini
Une lumière déchiquetée que l’océan reprise
in Plein phare
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Une lumière déchiquetée que l’océan reprise
in Plein phare
Philippe Azar : « Skin diamond »
Patrick Boutin : « Ombre au tableau » et « #gray »
Caroline Cranskens :« La dépouille »
Éric Cuissard : « Innocence »,« Signe » et « Complicité »
Colette Daviles-Estinès : cinq poèmes
Carine-Laure Desguin : trois textes
Michel Diaz : trois poèmes en prose
MokhtarEl Amraoui : trois poèmes
Cathy Garcia : « Bon anniversaire, Papa ! »
Hoda Hili : « Nasses » (six poèmes très courts)
François Jégou : deux haïkus et des fragments poétiques
Géry Lamarre : « Jardin » (cinq haïkus)
Marceline-Julienne : trois autres extraits de L’Odyssée des Conques
Stève Michelin : trois poèmes extraits de « Sur les chemins d’Emmaüs »
Ana Minski : « Le sillage des grues », un poème et un dessin
Charles Orlac : cinq poèmes sans titre
Éric Pouyet : « Juste la lumière » (photographie) Fereshteh Sari (poétesse iranienne) : « La solitude » (poème traduit par Babak Sadeq Khandjani)
SCZ : deux poëmes-collages extraits de la suite inédite « Minuit »
Clément G. Second : un poème sans titre
Florence Vandercoilden : trois poèmes extraits de Dans mon érographie (inédit)
Sabine Venaruzzo : « Et maintenant j’attends »
Note de lecture : Cahiers de la Kolymaet autres poèmes de Varlam Chalamov
Guillemet de Parantez : le don de mots
trad. portugais Danielle Schramm
éd. Métailié, septembre 2016
Déjà remarqué pour L’Apocalypse des travailleurs, son premier roman pour lequel il avait reçu le prix Saramago, Valter Hugo Māe revient ici avec un roman prenant, qui nous plonge sans ménagement dans les noirceurs de l’âme humaine ; mais pas les spectaculaires, non, plutôt les noirceurs banales, quotidiennes, les petites et grandes lâchetés, la bêtise commune, qui peuvent provoquer tout autant de malheur et de désespoir autour d’elles. Ce qui surprend, c’est que s’il nous conduit là où meurt tout espoir, c’est pour nous hisser jusqu’à la lumière, nous montrant ce que l’humain peut aussi avoir de plus beau et qui est d’une telle simplicité qu’on se demande vraiment pourquoi cela reste tellement hors de notre portée.
C’est vraiment un grand écart qui est réalisé ici, et Le fils de mille hommes devient une sorte de roman-médecine. Après avoir posé les bases, Valter Hugo Māe nous raconte plusieurs histoires où on découvre les origines, le vécu douloureux, difficile et même sordide des différents protagonistes, puis un fil va venir ensuite coudre ensemble toutes ces histoires. Ce fil passe par Crisóstomo, un petit pêcheur de 40 ans, un homme bon mais désespérément seul. Or, c’est cet immense désir de l’autre, soutenu par la générosité qu’il a en lui, qui va permettre de réunir en une grande famille hétéroclite une bonne partie des personnages malmenés et estropiés de ce roman. Il serait dommage de trop en dire, mais l’essentiel tient en un mot : l’amour. L’amour qui surpasse tout, transforme tout, panse les plaies, rend beau ce qui était laid, dissout les préjugés.
Aussi le roman sombre et impitoyablement réaliste, par cette magie de l’amour, va se transformer contre toute attente en conte, non pas de fées, mais d’humanité et ça fait vraiment du bien.
L’humain, on le sait, est capable du pire, et plus la situation est mauvaise, miséreuse, plus on souffre du mépris, de la haine et de ceux qui profitent de notre faiblesse. Le roman prend place quelque part en bord d’océan au Portugal, mais cela pourrait être ailleurs, ce qui est raconté ici a une portée universelle. Les personnages dont il est question ne vivent pas dans le même monde que les surfeurs, c’est une communauté rurale, pas très éduquée, superstitieuse, vivant sous l’ombre d’un Dieu avare en miracles : des paysans, des pêcheurs, des ouvriers, des servantes, des honnêtes gens comme on dit, pas toujours très honnêtes, surtout les hommes, voire capables du pire, fondamentalement intolérants à toute différence. Alors, peu importe le lieu finalement, car les paysages principaux ici sont humains et les paysages humains peuvent être d’une laideur et d’une violence inouïes. Puis, il y a ceux qui, malchanceux, semblent devoir être d’éternelles victimes.
Comme la naine dont on ne saura jamais le nom, la mère de Camilo morte en accouchant. Camilo qui ne saura jamais rien d’elle, ni de ses quinze pères potentiels. Comme Isaura, pauvre fille crédule déshonorée à seize ans et qui demeure avec sa mère qui sombre peu à peu dans la folie, tandis que le père demeure mutique et impuissant, comme il l’a toujours été. Le qu’en-dira-t-on étant la plus haute valeur de référence, bien plus que l’amour et la bienveillance. Antonino, le fils de Matilde qui n’a jamais eu le courage de le tuer, de lui arracher la tête ou de le pendre à une branche avec un bâton dans le cul pour que tout le monde le voie, mais seule contre tous, pas le courage non plus de l’aimer suffisamment pour ne pas être dévorée de honte. Que ces deux-là, la pauvre et laide Isaura et l’ignominieux Antonino, finissent mal mariés et l’apparence est à peu près sauve, la haine retourne couver ses œufs, calmée pour un temps. Même la charité ici cache mal la bêtise des gens, cette banale méchanceté larvée, dont Valter Hugo Mãe trace un portrait sans concession.
Aussi quel bonheur, quand celles et ceux qui en ont tant souffert trouvent enfin sur leur route, qui semblait n’être à jamais qu’une impasse, un havre de paix et d’amour et que les justes gagnent. Des justes, il en suffit d’un parfois, le cœur, les mains et la porte grandes ouvertes, et le monde petit à petit se répare, devient meilleur, et de cette terre bien travaillée, bien nourrie, naissent des graines de bonheur et de justice. Et c’est ainsi qu’une pauvre maison de modeste pêcheur trop seul, devient un palais pour famille nombreuse, et tous les orphelins, grands ou petits, tous les enfants abandonnés, peuvent y prendre racine et devenir à leur tour des justes qui changent le monde.
« Camilo n’était plus seulement un jeune garçon. Il devenait à ce moment-là un homme avec le courage qu’il fallait pour aimer quelqu’un. Son courage s’était développé, il avait appris la beauté, il avait aussi changé le monde ».
C’est donc un roman vraiment salutaire et qui n’a, n’en déplaise aux cyniques, rien de naïf, de simplet, bien au contraire, c’est avec une grande intelligence et dans une langue belle, riche, nourricière, qu’il met à l’honneur la sensibilité, la tolérance, la bienveillance, la simplicité, l’attention à l’autre, le sens de l’accueil et de l’hospitalité, cette faculté de voir la beauté chez l’autre, ce qui est important, essentiel, commun à tous les êtres : le besoin d’amour, le besoin d’aimer et d’être aimé.
Cela semble une évidence ? Valter Hugo Mãe nous invite, l’air de rien, à regarder en nous et autour de nous.
Cathy Garcia
Valter Hugo Mãe est né en Angola en 1971 et vit actuellement au Portugal. Poète, musicien et performer, il écrit également des critiques artistiques et littéraires pour plusieurs magazines portugais. En 2007, il a reçu le prix Saramago pour son premier roman et, en 2012, le prix Portugal Telecom.
Note publiée sur le site de La Cause Littéraire
They made it clear from the start that the slightest deviation from the norm would be punished. They turned everything into prisons, even our own bodies. Wear pink. Play with dolls. Look in the mirror. Go to school. Learn to smile when they abuse you. Diet, wax, apply make-up, and swallow your medication. Follow fashion. Work. Consume. Be silent. Give him a porn star experience. Get married. Shop, cook, wash, iron, dust, vacuum, scrub and polish. Work a 15-hour shift (but don’t call housework ‘work’). Get into debt. Have children. Stay married (or they’ll destroy you and your children). Watch TV. Wear stilettos. Obey their laws. Save for your old age. Now repeat after me: ‘I am free’. Just to make sure I knew who my masters were they spat on me, groped me, pinched me, grabbed me and shoved me at school, in the street, in homes, on buses, in parks, pubs, clubs, everywhere. They shouted at me from cars, building sites, pub windows and doors, everywhere that I was a slut, an ugly bitch, a fat slag, a stupid cow, a skinny cow, a sexy dog, that they would fuck me, hit me, damage me, and destroy me. They made grunting noises and flapped their tongues. They raped me, beat me, pulled the hair out of my head, and kicked me. They threatened to kill me and told me to kill myself. They always wanted to know my weight, size, age and height as though this information was useful for their plans. They harassed me when I studied or worked, they just wouldn’t leave me alone. Then they told me I lacked a sense of humour. … They told me to practise positive thinking and to cleanse myself of toxic emotions. They told me to live in the ‘Now’ like a toddler, or a goldfish with a five-second memory. They treated me like a child, demanded that I behave like a child and look like a 15-year-old, and then they told me I was immature and childish. They said, “Consider yourself lucky, this is a democracy and we’ve given women the freedom to choose their own lives and be what they want to be.” When I mentioned the word ‘misogyny’ they called me a man-hater. When I spoke up against fascist pornography they told me I needed a good fuck. “The answer to your problems,” they said, “is between our legs.” When I spoke about the rise of rape culture they told me I definitely needed a good fuck. But by then I had stopped taking it personally. “Listen,” I said, “what we really need is a vigorous, earth-shaking, relentless, uninhibited, wild, passionate, intoxicating, angry, unapologetic, long-overdue, exciting, luscious revolution.” Because this was never personal, this was always political."
“The fascism that has no name” in Misogyny Re-Loaded
Les parents quand ils faisaient la grève, c’était pour des augmentations de salaire.
Les fils, aujourd’hui, ils font grève pour continuer à travailler.
in Les maîtres du printemps