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  • Roberto Juarroz

     

    Parfois il semble

    que nous sommes au centre de la fête.

    Cependant

    au centre de la fête il n’y a personne.

    Au centre de la fête il y a le vide.

    Mais au centre du vide il y a une autre fête.

     

     

     

     

     

  • Silvia Grav

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    Je me sens de nouveau comme en pleine mue, c’est pour cela que je ne cherche pas pour l’instant à sortir du cocon. Chaque fois que je me retire – en apparence – du monde, c’est pour renaître une fois de plus, nouvelle, débarrassée des vieilles peaux.

     

    cg in Le livre des sensations

     

     

  • Yama-Bato

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    Temps d’un dimanche à l’arrêt, où calme et douceur s’opposent à la lourdeur cotonneuse d’un ciel à l’encre envahissante. Soyeux de la fourrure rayée du chat sur la vieille chaise longue décolorée. Le son doux d’un vent qui ne fait que nous tourner autour sans jamais entrer dans l’arène. Chant d’oiseau soliste, feuille qui tombe. Étranges sensations qui se télescopent, saveur douce amère, plus douce cependant qu’amère. Feuille qui tombe et tourbillonne, insecte volant étrange attiré par le crayon, chanson flûtée toujours de l’oiseau soliste.

     

    cg in Le livre des sensations

     

     

     

     

     

  • Pommes de terre accompagnées

     

     

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    Pommes de terre, faisselle de brebis, un concombre lemon maison, un demi oignon long rose, deux gousses d'ail, herbes fraîches maison (persil, ciboule de Chine, ciboulette, fenouil, aneth, pourpier), huile d'olive, tomates maison (variétés anciennes), haricots beurre maison, sel, poivre.

     

    Faire cuire pommes de terre et haricots beurre à la vapeur douce. Mixer la faisselle avec le concombre, oignon, ail et les herbes fraîches, saler, poivrer. Servir les pommes de terres tièdes avec cette sauce. Servir avec tomates et quelques haricots beurre et un filet d'huile d'olive.

     

     

     

     

  • La rancuno du Quercy

     

    druideAu XIIe siècle, les moines cisterciens fondèrent aux portes du Quercy l’abbaye de Loc-Dieu, lieu de Dieu, locus dei, à la place du locus diaboli, le lieu du diable. Car cette région qui s’étendait des causses de Martiel à la vallée du Lot, profondément isolée, fut longtemps dédiée à la religion druidique. Subsistèrent des légendes et des monuments informes, lorsque les druides disparurent au début du VIe siècle, dans la vallée de Lantouy, proche de Cajarc. Quand le christianisme n’arrivait pas à détruire les superstitions et les pratiques païennes, l’Église se résignait à les absorber. Dans les campagnes les plus retirées, les saints du paradis remplaçaient les petits dieux du paganisme, en prenant leur habitacle mais aussi en contractant leurs habitudes.

    Pour désigner la dévotion aux saints guérisseurs, le dialecte en Occitanie usait d’un terme bizarre : la rancuno. C’est-à-dire le sentiment de rancune. Comment un saint pouvait-il être rancunier ? C’était incompatible avec l’état de sainteté. Et pourtant durant des siècles, du Rouergue occidental aux paysages quercynois qui s’étendent de Caylus à Limogne, en passant par Vidaillac, de Puyjourdes à Calvignac, d’autres lieux à la ronde, les dévotions populaires recouvraient le culte des fontaines vouées aux vocables de saints qui avaient supplanté les dieux indigètes habités par des passions et des sentiments humains : colère, orgueil, amour, rancune… À la moindre offense qu’ils recevaient des hommes, ils se vengeaient en les accablant de malheurs et de maladies, et il fallait les apaiser par des offrandes. Ce qui heurte complètement nos conceptions actuelles, on va retrouver au dix-septième siècle des saints à la fois protecteurs et punitifs. Au lieu d’appeler le prêtre et de prier Dieu seul, en sachant que le saint agit en intercesseur auprès de Dieu, on simplifiait la démarche en croyant à l’action directe du saint.

    Dans un village, il y avait toujours une femme dévote dévouée à la paroisse qui désignait le saint responsable de la maladie, en demandant dans les plus brefs délais un pèlerinage à sa chapelle. Cette femme, aux apparences de sorcière spécialisée, s’appelait en patois « la recoumandière ».

    Le malade et ses proches accomplissaient « la rancuno de Sent » – la rancune du saint – ce qui explique que le peuple classait les saints comme des magiciens et des médecins, en attribuant à chacun une spécialité en dehors de laquelle il était sans connaissances et sans action.

    Dans les environs de Cajarc, l’évolution du mot rancuno ne s’est pas arrêtée au sentiment exprimé. Employé au pluriel et associé au pèlerinage de St-Jean-de-Laur : los roncunos de Sent-Jon-de-Lau, il doit se traduire par : « les écrouelles ».

    L’explication de cette acceptation nouvelle est simple : au pèlerinage de St-Jean-de-Laur, on demandait la guérison des maladies scrofuleuses : adénites, abcès froids et, principalement, des écrouelles, affection courante autrefois. Dans le Trésor du Félibrige, Mistral nous dit qu’en Dauphiné, les écrouelles s’appellent le « mal de St-Jean ».

    La spécialisation des saints peut connaître des mutations parfois étonnantes. Les ophtalmies relevaient encore sous Napoléon III du pèlerinage de Camboulan, aux confins du Rouergue et du Quercy, village rattaché à la commune d’Ambeyrac. Unique en France, un pèlerinage à la rancuno de Camboulan devenait à la Belle Époque indispensable dans la guérison du « mal vieux » : affection des enfants en bas âge, manifestée par le symptôme d’un front ridé comme celui des vieillards. Après l’office religieux, les familles accomplissaient une partie de pêche dans le Lot et un repas sur l’herbe. En 1925, la rancuno de Sent ne nourrit plus depuis longtemps l’animosité du saint. Reste l’appellation qui va se perdre dans la nuit des temps.

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    La rancuno de St Namphaise

    Des hauteurs de St-Jean-de-Laur, les habitants du village avaient accompli, dans les années 1850, la rancuno de St Namphaise, pèlerinage en période caniculaire, jusqu’aux ruines d’une chapelle du monastère de Lantouy, de l’époque mérovingienne, située au fond d’une profonde vallée. On attribuait sa fondation à St Namphaise. Les pèlerins souhaitaient ardemment l’arrivée de la pluie. Il y avait une terrible sécheresse qui sévissait dans la contrée. Au retour des pèlerins épuisés qui gravissaient sur plusieurs kilomètres la côte de St-Jean-de-Laur, le ciel s’obscurcit. Le vent se leva. La pluie rouge, couleur de sang, tomba sur la procession. Cela sema l’inquiétude. Les prières redoublèrent. Une demoiselle Pégourié raconta la mésaventure aux anciens du village. Rien ne s’était passé à St Jean de Laur. Pas un nuage, pas une goutte d’eau. Difficilement crédible l’histoire de la pluie rouge. Pourtant les paroissiens certifièrent sur l’honneur l’authenticité du récit. On décréta que St Namphaise n’était pas content et qu’il fallait mieux le laisser tranquille. Très vite la superstition reprit le dessus : l’endroit était maudit, la légende redoutable de l’enfant égorgé donnait le frisson, tous ceux qui s’approcheraient du gouffre de Lantouy seraient aspirés par les mains du diable, malgré ses eaux verdâtres et paisibles. [Archives paroissiales, Cahors]

    La Vie Quercynoise