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  • Defty K Menglesis - we arrived to find

    Defty K Menglesis we_arrived_to_find.jpg

    Entre les tranches de murs, on s’asperge, on s’enfonce. On manque se dissoudre dans le code réciproque. On exulte, on bégaie. On dilapide aux confins sa raison, ses raisins. On écluse l’ordinaire.

    Miettes et cicatrices.

    On se souvient des intempéries, des couleurs de peaux et du faucon de nos cerveaux calleux mutilé par les langues de contrition. Il nous faut vivre pourtant, en petites grappes de soleil insolent.

     

    cg in Manuscrit des carcasses

     

     

     

     

  • Isabelle Bonat-Luciani

     

    On va se séparer doucement, là
    voilà,
    gentiment,
    comme on est venus
    de l'un à l'autre
    de l'autre à l'un.
    On va apprendre à se désapprendre,
    là, doucement
    comme on est devenus
    un peu
    de l'un en l'autre
    à se chercher l'horizon.
    On va en rester là, les deux pieds
    alignés bien droits.
    On va garder pour après
    C'est toute une vie ça, tu sais.
    Et tout sera comme avant.

    Il suffit d'écarter le coeur
    et le ventre
    De couper à la racine
    que ça ne repousse pas
    Couper chaque membre
    l'un après l'autre
    et demeurer silencieux à ce qu'on croit bouger encore.

    Il suffit d'arracher les yeux
    qu'il n'y ait plus de ciel trop grand
    Il suffit d'ôter la peau, qu'une autre vienne
    la même
    mais pas tout à fait.
    Il suffit de tailler les hanches
    comme on taille les arbres pour qu'un printemps plus vif renaisse
    Il suffit de remuer ce qui n'est pas tout à fait mort
    Ailleurs
    Laisser la place à ce qui fut
    Chercher d'où vient le courant des eaux mortes du fleuve
    Etreindre une fois encore les regrets
    les mêmes
    sans que l'on sache lequel est usure lequel est usé
    On n'a jamais su vraiment
    si on voulait savoir tout à fait

    Il suffit d'être
    sans toi
    Il suffit qu'aimer ne suffit pas
    là, gentiment
    du fond de nos inutiles

     

     

     

     

  • Microbe 99

    mic 99_couvn.jpgc'est l'avant dernier numéro (snif) de la célébrissime revue belge Microbe, avec Mireille Disdero aux commandes pour ce numéro où j'ai le plaisir de figurer en très bonne compagnie (illustrations d'Alissa Thor ainsi que les photos ci-dessous) :

     

    Mic 99_n.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Trop intelligent pour être heureux, Jeanne Siaud-Facchin

     

     Comment définir cette population, au delà de ce que les médias montrent, de l’impression trompeuse d’un simple effet de mode et des débats de terminologie, et pourquoi s’en préoccuper? Le mythe d’un surdoué « hyper-performant » et « sur-avantagé » domine dans les esprits (y compris chez certains thérapeutes), avec en fond les confusions régnant autour de la notion d’intelligence, alors même que les psychologues reçoivent de plus en plus de patients, enfants et adultes en souffrance, présentant ce profil singulier, vulnérables psychiquement, car leur mode de fonctionnement est atypique. L’intellect et l’émotionnel se mêlant en eux de manière permanente, leur personnalité se construit singulièrement avec ces ressources-là, puissantes mais avec des bases inhabituelles, qui doivent être reconnues, intégrées et exploitées pour devenir une force et non source de trouble. La terminologie utilisée est souvent discutable en raison des confusions que les différents termes impliquent, le terme « zèbre » que [je] leur préfère et ai choisi a l’avantage de les affranchir de ces a priori : le zèbre, difficilement apprivoisable, se fond dans le décor tout en s’y distinguant par des caractères (leurs rayures) propres à chaque individu… ça colle.

    Les recherches en neurosciences menées sur cette population tendent à démontrer des particularités neurobiologiques, et viennent en appui des observations des thérapeutes sur la singularité de cette pensée. Mais elles ne disent pas comment vivre avec les difficultés qu’elle pose au niveau du « ressentir », du « dire », du « faire ». Et c’est pourtant tout l’enjeu, dont la reconnaissance constitue le point de départ, y compris chez l’adulte, car ce mode de fonctionnement ne disparaît pas avec les années et, bien souvent, le surdoué vit avec un image erronée de qui il est, presque étranger parmi les autres, en recherche, en souffrance.

    Si l’on reprend les éléments du développement d’une personne surdouée, on note que dès la naissance, il existe des singularités (langage, motricité, comportement). Les premières réactions de l’entourage poseront les premières bases de l’estime de soi. Durant l’enfance viennent s’ajouter les problématiques d’adaptation de ces particularités avec la scolarité, c’est alors que naissent les premières désillusions, l’ennui, les difficultés de socialisation qui vont entamer cette estime et une certaine confiance en l’autre. C’est là aussi que les relations avec les adultes et notamment les parents vont se complexifier. A l’adolescence, les problématiques identitaires, les choix de vie nécessaires et une lucidité affinée viendront encore renforcer angoisses, sentiments de vacuité et écorner un peu plus l’image de soi. Des pathologies spécifiques pourront alors apparaître, nécessitant des prises en charges psychologiques adaptées à ce fonctionnement singulier. Arrivée enfin à l’âge adulte, la personne surdouée demeure avec ce sentiment de différence, l’impression de ne pas vraiment être un « adulte » tel qu’elle l’imaginait.

    Se découvrir surdoué implique un dépassement de l’image de soi, souvent négative, et une prise en compte de toutes les composantes de la personnalité des surdoués, au delà de la sur-efficience. A l’âge adulte cela débute souvent par l’intermédiaire de diagnostics posés dans l’entourage ou à travers des rencontres, des lectures, qui font office de miroirs. Sauter le pas vers le bilan psychologique est difficile et courageux, et ce sera le seul moyen pour valider ses hypothèses. Le diagnostic se fait à partir d’une évaluation intellectuelle (en général, il s’envisage à partir d’un score de QI de 130) associée à une exploration de la personnalité par un psychologue expérimenté. La démarche diagnostique est toujours une démarche globale, d’autres éléments (hors QI) devront impérativement être considérés, et seul le psychologue peut effectuer ce travail. Quel que soit le résultat, le bilan permet à la personne de mieux se comprendre. Plusieurs étapes se distinguent dans le cheminement post-bilan : soulagement, puis doutes (tests, compétence du psychologue… tout est bon lorsque l’on se trouve avec cette difficulté de se reconstruire une image différente de soi), puis colère (sentiment de gâchis, peur de ne pas se montrer à la hauteur, maintenant que l’on sait). Le diagnostic est un choc qui fait parfois perdre le nord, et après lequel l’objectif « faire » (en faire quelque chose) masque celui bien plus essentiel d’ « être », d’être enfin soi. Se faire accompagner pourra alors être d’une aide précieuse. On pourra choisir de le dire à certaines personnes de son entourage pour être enfin compris ou pas, ce qui importe surtout c’est ce que le diagnostic va changer dans le regard que l’on porte sur soi, car c’est ce regard-là qui modifiera celui des autres. On pourra choisir encore de rencontrer d’autres personnes concernées par la douance et parfois cela fera avancer très vite si l’on sait en contourner les écueils (ghettoïsation notamment).

    Si chaque personnalité est unique, on relève plusieurs facettes communes. On peut tout d’abord noter qu’une certaine typologie se dessine chez les surdoués : ceux qui acceptent le cadre (qu’ils s’étouffent dans une vie banale, au risque de développer des dépressions ou qu’ils utilisent toute leur énergie à réussir engoncés dans ce cadre, à ne montrer aucune faiblesse au risque de développer une angoisse chronique), ceux qui s’affrontent au cadre (créatifs, mais frustrés, en colère, souvent découragés), ceux qui évoluent sans cadre (vivant leur vie mais errants dans le flou, désabusés). Bien entendu, ces groupes ne sont pas figés et l’on peut passer de l’un à l’autre au cours de la vie. Quel que soit son fonctionnement, accéder au sentiment de réussite est vital mais souvent utopique pour un surdoué, or l’idée traditionnelle de ce qu’est la « réussite » ne convient généralement pas à l’image qu’il s’en fait lui. Le bonheur semble un idéal lointain pour cet adulte dont l’âme d’enfant demeure vivace, accolée au sentiment contradictoire d’être « sans âge » (hypermaturité), et de n’être pas indépendant d’un contexte global (dans l’espace et dans le temps). Il est perpétuellement tiraillé entre ce qu’il pense et ce qu’il peut mettre en application, en décalage aussi, et souvent en difficulté lorsqu’il s’agit de vivre le moment présent.

    Être un adulte surdoué n’est pas simple, et cela tient autant à la manière dont la personnalité s’est construite qu’au fonctionnement spécifique qui perdure, avec des facettes qui peuvent se retrouver chez d’autres types de personnalités, mais dont l’intensité n’a pas d’égales : lucidité acérée, sentiment de peur omniprésent, sentiment de culpabilité, sensation d’incomplétude, ennui permanent, envie, empathie, hypersensibilité et hyperconscience, sentiment de solitude, amitiés ambivalentes entre engagement indéfectible et repli lié à la peur de la déception, incompréhension réciproque entre soi et le monde, idéalisme, hypercontrôle, absences… chacune de ces caractéristiques colore la personnalité d’une teinte unique. Chacune de ses caractéristiques recèle en elle de nouvelles sources de douleur psychique potentielle.

    Pour le cas de la femme surdouée, d’autres éléments encore sont à prendre en compte. Elle adoptera plus fréquemment une stratégie d’hyperadaptation qui pourra finir par devenir très lourde à porter (douleurs cristallisée plutôt qu’extériorisées), d’autant qu’elle trouvera rarement une aide extérieure (elles intimident). Si elle est mère, il lui faudra également gérer les relations avec son enfant (souvent surdoué également) et avec le monde scolaire, ce qui la replacera face à ses propres démons, notamment face à cette peur de ne pas être à la hauteur. Quant à construire un couple… il lui faudra pouvoir réussir à être elle-même sans faire peur ou être vécue comme « castratrice »…

    Si l’on considère ce couple, on notera que, fréquemment, les deux personnes qui le composent sont surdouées, leurs failles et leurs forces répondant positivement à celles de l’autre. Le diagnostic lorsqu’il n’est pas posé avant la formation du couple va apporter un élément nouveau, le couple sera nécessairement repensé et réajusté à la lumière de cette nouvelle information. Parfois une thérapie sera nécessaire. Un couple de surdoués n’est pas nécessairement un couple heureux, de nombreux paramètres entrent en ligne de compte…

    Pour finir, il paraît important de parler des surdoués qui vont bien, car ils existent, même si les psychologues les connaissent moins (ils ne consultent pas). On peut cependant appréhender, à travers les enfants et adolescents qui grandissent sereinement, les composantes probables de l’accès à l’épanouissement pour un surdoué avec principalement une estime de soi solide, et un développement mesuré entre adaptation et affirmation de soi. A l’âge adulte, la résilience, la plasticité cérébrale, la capacité à saisir les petits bonheurs de la vie et à utiliser ses ressources particulières (intelligence, hypersensibilité, créativité, capacité à rebondir, empathie, énergie notamment) seront les clés du mieux-être, rien n’est donc perdu. Un surdoué devra simplement garder en tête les mécanismes qui peuvent laisser place à des pathologies et peuvent faire sombrer. Les thérapeutes, eux, devront retenir que si la douance n’est pas une pathologie, elle peut induire une souffrance qui se manifestera d’une manière toute particulière. Connaître et reconnaître ce fonctionnement sera indispensable à un diagnostic correct et une prise en charge adaptée.

    « Rien n’est jamais joué tant que l’on est en vie »!

     

     

     

  • Les adultes surdoués - quel rapport à l'identité ? Rapport à la norme ? Handicap ? Don ? Et après ?

     

    Modératrice : Caroline Sordia
    Avec Monique de Kermadec, Catherine Besnard-Péron.

    Catherine Besnard-Péron (Coach, psychothérapeute, adultes à haut potentiel intellectuel).

    Monique de Kermadec ( Psychologue Clinicienne, Psychanalyste membre de l'Association de Psychanalytique de France, membre de l'International Psychoanalytical Association, membre de l' American Psychological Association, membre au World Concil for Gifted Children, membre de l'EPWN, auteure de "Pour que mon enfant réussisse" (Albin Michel, 2010),"l'Adulte surdoué","Apprendre à faire simple quand on est compliqué" (Albin Michel, 2011), Le Petit Surdoué (Albin Michel,2 septembre 2013).

    Table ronde menée dans le cadre de l'Intelligence Day, le 12 octobre 2013 à Nantes. Journée organisée par Mensa Pays de la Loire.

    "Être à haut potentiel intellectuel n'est pas définitivement pas être quantitativement plus intelligent mais fonctionner avec une intelligence qualitativement différente. Être à haut potentiel, c'est aussi et peut-être surtout, être au monde avec une hypersensibilité, une réactivité émotionnelle exacerbée, une réceptivité afflictive, une extrême empathie dont l'ampleur et l'intensité envahissent le champs de la pensée."

    Jeanne Siaud-Facchin " les enfants à haut potentiel : aspects théoriques, réalités cliniques ", in Sylvie Tordjman (dir.), Aider les enfants à haut potentiel en difficultés, ed P.U.R., Rennes, 2010, p.18.

    L'intelligence Day rassemble des professionnels et des associations autour de la question de l'intelligence et plus particulièrement du haut potentiel intellectuel. Consciente de la nécessité d'informer à propos d'un sujet encore trop méconnu ou soumis aux a priori, de la nécessité de faciliter les échanges entre les différents acteurs du haut potentiel intellectuel, Mensa Pays de la Loire organise une journée de tables rondes et invite à cette occasion des professionnels et des associations à échanger sur leurs recherches, leurs pratiques et les possibilités pouvant être proposées aux personnes à haut potentiel intellectuel.