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FUSIONS POÉTIQUES - Page 16

  • Yvonne Späne - Big eyes

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    Je touche aux bas-fonds où rampent folies, insanités. Tunnels lugubres, lancinants. Je me creuse au-dedans pour accueillir la vie mais mes yeux ne surprennent que la mort. Mort des mouches, mort du souriceau, mort dans l’âme que je traîne d’un matin à l’autre.

     

    in Ourse (bi)polaire

     

     

  • Stephanie Law

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    Veuillez, je vous prie, me laisser procéder à ma défragmentation. Laissez-moi me rassembler, me ressembler, contempler, le temps qu’il faudra, la belle couleur orangée de cette tisane qui n’a rien coûté si ce n’est le gaz pour amener l’eau à ébullition. Il y a encore quelques sources buvables et gratuites. Il y a encore des fleurs sur des arbustes qu’on débroussaille aux tractopelles. Il y a cette incroyable faculté du monde végétal de continuer à germer, à jaillir, à grandir, à pousser sans qu’on ne le lui demande. Quelques boutons de pissenlit, quelques feuilles de mélisse et le corps jouit d’être compris, tandis que les oiseaux cherchent ce qu’il faut pour faire leurs nids.

     

    Les animaux, les arbres, les plantes partagent le même bateau-terre, le même espace et de quel droit le leur interdisons-nous ? De quel droit les détruisons-nous ?

     

     

    in Ourse (bi)polaire

     

     

     

  • Tessa Horrock - Pebbles

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    Le crayon est mon antenne, la peau est mon antenne, mes poumons avalent le vent, le cœur fait tambour avec le tonnerre. La bête est rusée, elle tourne, ne s’approche pas directement, elle a pissé à peine et tout reste sur sa soif. Un avion, ridicule moucheron, vient la narguer, son moteur résonne comme un chant de cathédrale, ça énerve la bête qui souffle des naseaux, gronde. Pour l’accueillir comme il se doit, avec respect, je lui offre de mon vin de gaillet et nous buvons ensemble, elle tourne plus vite, rugit sourdement mais je sais qu’elle tiendra sa grêle loin de mes plantes. Nous avons un pacte. Je laisse sa respiration s’unir à la mienne, l’air est un élément avec qui je partage de grandes affinités. La bête me répond avec force et douceur à la fois, le vin de gaillet répand sa saveur légèrement amère dans ma gorge. La bête est tout près, elle bouscule les objets, courbe les arbres, elle ne va pas tarder à mordre, mais elle est lumineuse et la voilà qui pisse sa joie sans retenue. Les gouttières recueillent : eau d’orage, le plus euphorisant des parfums. La bête me couve maintenant, tout s’est assombri, ma peau frissonne et je sens à quel point elle retient sa force pour ne rien détruire. Je reste dehors, un peu à l’abri sur la terrasse, entourée des chevaux de vents qui diffusent leurs prières. Je tiens un galet poli dans ma main, gris sombre et dense, comme si je tenais l’orage lui-même. La lumière est incroyable, la bête m’a prise à l’intérieur d’elle-même et tout est calme.

     

    in Le livre des sensation

     

     

  • Zehra Doğan

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    un bouquet pourrissant

    dans le crépuscule de paille

    l’obsession d’une prairie

    bourgeon de tourterelle

    feuille de pommier

    le mystère ruisselle

    dans un losange de lumière

    sur les veines de l’initiée

    nous goûterons ce miel sidéral

    la sueur des calices au goût de citron

    la saveur tendre d’une pluie défenestrée

    l’encre douce de l’âme

     

     

    cette flaque à boire à la frêle cuillère

    entre l’os et l’humus

    dans les maquis du silence

    avec la sève des nuages

    et la sublime audace

    de nos chapelles ardentes

    pour se convaincre que la salive

    et le feu de nos rêves

    peuvent conjurer la sombre

    et stridente rage

    des temps de mort

     

     

     

  • Andreea Dumuta

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    il y a peut-être un sens à l'insensé, atroce compris, vu de l'autre côté de ce monde qui se croit matériel. Pour savoir il faut voir, pour croire il faut toucher, pensaient les uns, disaient les autres, alors nous voyons jusqu'où peuvent aller les ténèbres humaines, nous touchons le fond des blessures les plus purulentes, nous nous enfonçons dans la matière avec une arrogance et un désespoir sans fin. Un claquement de doigt, une nano-fraction de seconde à l’échelle du temps cosmique, avant de retrouver notre intégrité véritable, atomisée d'amour

     

    in Philosovie

     

     

  • Ben Mc Laughlin

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    BELLE AU BOIS DORMANT


    Belle endormie
    au bois charmant
    jolies fleurettes
    et lapins blancs


    Parfums de terre feuilles
    dans tes robes froissées
    attirent la lumière
    et les insectes zélés


    Belle assoupie
    au charme d'antan
    les framboises sont mûres
    mais nul prince tu n'attends


    La nature te suffit
    et c’est toi qui règnes
    princesse sauvage
    d’un château dans les arbres

     

    in Toboggan de velours

     

     

     

     

  • Alexander Zavarin

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    Prendre la route

    qui grimpe vers la douceur

    comme une écharpe vaporeuse

    autour du cou de la lumière

     

    lancer au ciel quelques prières

    légères comme des pièces de cuivre

    d'une monnaie qui n'aurait plus cours

     

    se gorger du silence

    d'un sommeil d'oiseau

    qui a passé la nuit

    à boire de l'encre

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Auteur inconnu

     

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    Désir, marcher, marcher, rejoindre le point de départ, le point de nulle part et puis mourir, les yeux gorgés de beauté intense, grands ouverts sur l'espace jusqu'à ce que le froid et la chaleur ne soit plus qu'une seule et même brûlure.

     

    in Journal 1997